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Accueil du site > Tribune Libre > Sauver le capitalisme : s’en remettre à ses seins, plutôt qu’à (...)

Sauver le capitalisme : s’en remettre à ses seins, plutôt qu’à Dieu (XXIII)

Et puis il y a bien un auteur qui, comme disent les américains "connect the dots", assembler tous ces morceaux diffus pour en extraire une conclusion. Or cet auteur est français, c'est Paul Virilio, qui dans son très étonnant et indispensable ouvrage va nous donner la clé du legs laissé par Howard Hughes, sans pour autant avoir écrit quelque chose de spécifique à son propos. Howard Hughes a beaucoup passé de temps à fabriquer des armes, on l'a vu. L'intérêt est peut-être de savoir quelle descendance elles ont pu fabriquer. Et là, Virilio nous a trouvé un lien intéressant, sinon fondamental, entre ce qui a été fait au Viet-Nam et ce qui se passe actuellement à la frontière du Mexique, en exhumant de sa formidable mémoire un projet qui n'avait pas eu le temps de voir le jour au complet et qui a été reconverti presque tel quel à la frontière séparant les Etats-Unis du Mexique. Le lien entre les militaires et le civil, dénoncé par Eisenhower quand il quitte le pouvoir n'ont jamais été aussi évidents, les liens expliquant que l'industrie militaire américaine ne peut que déboucher sur une militarisation des esprits. Howard Hughes, qui a vécu des deux côtés, entre Hollywood et les engins de guerre, cet homme fou à lier n'était que le premier représentant d'une société Orwellienne devenue toute aussi folle qui n'a de cesse de surveiller ces concitoyens, sous les ordres d'un gouvernement aussi paranoiaque que pouvaient l'être Howard Hughes et Richard Nixon. En ce sens, Howard Hughes était un génie, à part que ce qu'il a trouvé il ne l'avait nullement cherché. Passionné de vitesse, Hughes avait trouvé sans le savoir qu'elle impliquait la loi de la peur... (*)

La guerre du Viet-Nam qui a duré si longtemps, au yeux des américains a été l'objet d'inventions dans le domaine de la guerre qui marquent encore les gens aujourd'hui. Hughes y avait activement participé avec sa notion d'avion presse-boutons. Un ouvrage fondamental, celui de Paul Virilio, résume toute l'étendue de ce qui a changé la guerre, mais aussi la mentalité nouvelle du combattant. La Guerre du Viet-Nam est la première, par exemple, qui a pu être suivie en direct à la télévision (les extraits qui vont suivre sont les traductions du texte à partir de l'anglais, car je ne dispose pas des originaux, hélas et le regrette : je les avais, les ai prêtés, et on ne me les a pas rendu ; hélas !). "Depuis le Vietnam et partout depuis les années soixante-dix, la médiatisation de la bataille est devenu de plus en plus prononcée. A l'époque de la guerre de Corée un Sabre USAF demandait plus de quarante kilomètres pour rattraper et abattre à vue un Mig-15, mais au Vietnam (comme dans la Guerre des Six Jours) un Phantom avait besoin d'un système de tir sophistiqué si il voulait avoir un espoir de faire tomber un Mig-21. Il fallait pour ça une veille efficace sur les mouvements ennemis. Ce sera l'utilisation des dispositifs infra-rouge et de télévision en faible éclairage, combinée avec les moyens les plus avancés de destruction aérienne comme le chasseur-bombardier F-105 Thunderchief, le Phantom, et l'hélicoptère de combat Huey Cobra. Les avions de transport (le Douglas AC-47 et, surtout, le Hercules C-130) ont été transformés en relais en vol avec les derniers équipements électroniques : ciblage laser, capacité à guider les bombes avec une précision absolue, une vision nocturne et un système d'amélioration d'images ; le tout contrôlé par ordinateur, et comme arme des canons multiples Miniguns, les descendants de l'arme ancienne Gatling qui pouvaient tirer six mille coups à la minute."

"Avec cette alerte-système sophistiqué, rendu nécessaire par le fait que les mouvements de l'ennemi avait généralement lieu la nuit, le black-out était une chose du passé, et l'obscurité le meilleur allié du combattant, tandis que la lumière du jour le théâtre est aussi devenu une salle obscure pour les combattants de l'ombre. Ainsi, les Américains ont fait des efforts frénétiques pour surmonter cette cécité en ayant recours à de la pyrotechnie, des appareils électriques et électroniques, dont la plupart employées à intensifier la lumière, la photogrammétrie, la thermographie, infra-rouge à balayage, et même spécialement inventé pour l'occasion le film infra-rouge. Tous ces systèmes d'armes ont entraîné une nouvelle mise en scène de la guerre, l'utilisation massive d'images de synthèse, et de feed-back automatique des données. Ils ont également donné lieu à la défoliation chimique, par laquelle il est finalement devenu possible de nettoyer l'écran de la végétation parasite." Les premières lunettes à amplification de visée de ce type ayant été inventées par William Spicer de la Stanford University, le créateur du Stanford Synchrotron Radiation Laboratory ! 

En fait, Hughes deviendra un des leaders du marché de la vision nocturne, avec Raytheon, équipant notamment les A-6 Intruders au Viet-Nam. "Dans le milieu des années 1970, l'USNavy a reconnu la nécessité de mettre à jour son parc de bombardiers A-6 avec un système permettant le largage par tous les temps des armes guidées de précision. L'A-6 est alors équipé du système Digital Integrated Attack Navigation Equipment (DIANE), qui permettra des opérations tous temps. Le A-6 sera responsable de la plupart des opérations de frappe pendant mauvais temps pendant le conflit du Vietnam. La tourelle TRAM sera progressivement modernisée dans la flotte A-6E, et montée sous le nez de l'avion, à l'arrière du radôme à bulbe.  L'image FLIR était affichée chez le bombardier- navigateur sur l'écran "tête basse", la tourelle étant contrôlée par une manette de commande courte qui portait également les commutateurs nécessaires pour faire fonctionner le système (ici dans le rectangle rouge sur la photo). La TRAM avait trois yeux ; le plus important, au centre étant la fenêtre de visualisation de la caméra FLIR. La caméra avait une capacité de zoom, a effet complet d'agrandissement accompli en trois secondes, sans perte intermédiaire de l'image. Dans des conditions opérationnelles, le A-6 détectait au radar la cible, puis passait au large champ de vision FLIR afin de localiser précisément et d'identifier la cible. Le radariste pouvait alors zoomer sur la cible et la regarder de près, activer le laser et verrouiller le système de suivi de la cible. L'avion pouvait alors libérer ses bombes et s'en aller vers sa base, l'électronique maintenant le faisceau laser verrouillé sur la cible."

Virilio a compris qu'au Viet-Nam, on est passé à la guerre électronique, celle que les découvertes allemandes de la fin de la guerre laissait amplement envisager. L'ordinateur y est devenu roi. Dans mon encyclopédie de la vie du XXe siècle que représente ma revue américaine, j'en ai retrouvé la preuve. On y trouve un article très intriguant pour l'époque sur comment conduire la guerre, mais à distance, avec un ordinateur, un gros Mainframe à carte perforées, des telex et des téléphones, qu'on remplacerait aisément aujourd'hui par des portables, des satellites d'imagerie, des GPS et Internet. Ou tout simplement des miliitaires en col blanc et cravate qui travaillaient au tableau noir et à la règle à la calcul. C'est dans le numéro de janvier 1963, sous le titre de "Les usine pensantes... un élément vital de la défense nationale américaine". Des scientifiques en fait, formés pendant la guerre à un exercice délicat : celui d'harmoniser les escortes au milieu des convois de Liberty Ships afin d'avoir la meilleure efficacité défensive. Un vrai casse-tête. Baptisés les "opsearchers" (les chercheurs opérationnels) étaient bien des civils au service des militaires. L'ordinateur qui avait servi un peu plus tard, je vous l'avais raconté il y a bien longtemps, à lutter contre les insaisissables Viet-Congs lors de l'Operation...Phoenix.  "Dans le magazine Counter-spy de 1975, Phoenix, inventé en 1967 par Nelson Brickham, de la CIA, est ainsi décrit comme étant une des horreurs du XXème siècle" (**) vous disais-je alors. Le fichage des populations viet-namiennes, voilà à quoi servait avant tout les gros ordinateurs mainframes. Les mêmes mainframes dont se servait Howard Hughes, au même moment, pour gérer sa société d'aviation (Hughes Airwest). Mais on leur trouva vite un autre emploi, à cet ordinateur, raconte Virilio : "en Octobre 1967, le centre de surveillance électronique de Nakhon Phanom en Thaïlande collectait, l'interprétait et affichait sur l'écran les données envoyées au sol à partir des intercepteurs, relayés par les Lockheed-Bat Cat" raconte Virilio : or ce fameux "BatCart" c'était le Lockheed EC-121 Warning Star, un Constellation cher à Hughes, muni de deux énormes antennes, l'une sous le fuselage, rotative, l'autre sur le dessus et fixe. Un avion radar apparu en 1954 et l'ancêtre véritable des Awacs. Décollant des bases qui servent aussi aux opérations de la CIA. La base de Nakhon Phanom utilisait elle une antenne TSQ-96, visible ici à  Bergstrom AFB au Texas.  L'autre type d'antenne étant une TSQ-81, pour le système TACAN, visible ici, bombardé sur le site de l'éperon de Phou Pha Thi au Laos. Ce sont ces antennes qui traçaient la route pour les bombardements, sous le nom de système PAVE PHANTOM.

"Dans ces bureaux", note Virilio, "le nouveau point nodal de la guerre, un IBM 360-35 un ordinateur triant automatiquement les données, produites en « instantané » qui montrait l'heure et le lieu où les intercepteurs avait été activés. Sur la base de ces informations, les analystes établissaient un calendrier des mouvements de l'ennemi qui était transmis aux équipages des chasseur-bombardiers des groupes "Skyspot" qui ont permis également, en 1962, à un moment où il y avait déjà dix mille conseillers américains au Vietnam, la première guerre électronique de l'histoire, conçue à Harvard et au MIT. Cela a commencé avec le parachutage au goutte à goutte de capteurs tout au long de a route Hô-Chi-Minh, et cela a continué en 1966 avec le développement de la Ligne McNamara, composée de capteurs acoustiques (Acouboy, Spikeboy et sismique (Adsid, Acousid, ici inséré dans un conteneur) des détecteurs répartis le long des routes d'accès au Laos, autour des bases de l'armée américaine et surtout autour du bastion de Khe Sanh. A cette époque, le professeur à Harvard Roger Fisher a développé le concept stratégique « de barrage sol-air », en s'appuyant sur la la technologie récente des Etats-Unis, car il devenait urgent de disposer de nouvelles méthodes de collecte de l'information à disposition. Et c'est ainsi qu'Eastman Kodak venu avec sa base de film en Mylar et le Dr Edwin Land de Hycon Société avec l'appareil photo haute résolution - qui tous deux ont jeté les bases pour la reconnaissance aérienne régulière sur l'Union soviétique." C'est ce que décrit Patrick McGoohan dans le film préféré d'Howard Hughes, qui évoque des procédés empruntés entièrement aux recherches des nazis. C'est dans le numéro 266 de Sciences et Mécanique de juillet 1968 que l'on trouvera plusieurs pages consacrées à ce projet de "Ligne McNamara". L'idée était venue aux américains après la lecture d'ouvrages historiques sur la Ligne Morice, une barrière de barbelés qui avait bloqué 90% des approvisionnements du FLN par la Tunisie. Le projet s'appelera tout d'abord "Project Nine" et ensuite "Dye Marker". Elle fut employée pour alerter ce qui allait devenir la terreur des viets-congs, le C-130 Pave Spectre et son énorme canon, appellé sur place grâce aux "dards" émetteurs plantés par les Skywarriors notamment. Ou les Neptune, spécialement modifiés pour ce genre d'opération.

Le système se révéla très coûteux, mais aussi très efficace. "Ce centre de surveillance d'infiltration (CSI) a été le cœur du système "Igloo White" (***). Après que les données aient été triées par ordinateur, elles sont transmises aux analystes de ciblage qui enverront ensuite leurs calculs pour les avions de combat et les dirigeront vers leurs cibles. Les ordinateurs ISC contiennent une cartographie vaste et précise du système de la piste Ho Chi Minh. Le temps normal entre l'acquisition de cibles par les capteurs et le largage des bombes par des avions a été inférieure à cinq minutes et peut être descendue à deux avec plusieurs ordinateurs. Ils permettent de prédire la trajectoire prévue et la vitesse des convois de camions via le capteur de lecture. Les avions sont dirigés vers un point particulier et leurs munitions sont automatiquement libérées à un moment qui coïncide avec l'arrivée du convoi de camions dans la zone de cible. Ce système d'interception avait une capacité tout temps et sans forces au sol nécessaires. Le Projet White Igloo a été opérationnel de 1968 jusqu'à la fin de 1972. Le Groupe de l'air américaine indique que la campagne de bombardement a détruit un grand nombre de camions : 5 500 en 1968 ; 6 000 en 1969, 12 000 en 1970 et 12 000 en 1971, la dernière année complète de son fonctionnement. Selon les estimations officielles on a estimé que chaque camion effectuait 10 000 livres (4,5 tonnes) de fournitures militaires. En 1971, seulement 20 pour cent de l'approvisionnement qui entrait dans la piste HoChiMinh arrivait à bon port." Chiffre que contestent toujours les nord-vietnamiens qui parlent de 15 pour cent seulement de pertes reconnues .

Efficace, et surtout réutilisable  : "Après la défaite au Vietnam, les scientifiques et les industriels du Pentagone n'ont pas abandonné leurs efforts de guerre électronique parfaite. La ligne McNamara a été transférée vers le sud des États-Unis - ou, plus précisément, la frontière avec le Mexique - dans le but supposé de détecter les travailleurs immigrés illégaux. Quant aux intercepteurs anti-personnel ils ont donné naissance en 1971 à un plan de dérivation parrainé par l'Agence de sécurité nationale pour le développement d'un dispositif de suivi personnalisé qui pourrait être utilisé par la police.Ces "transpondeurs" électroniques, comme ils étaient appelés, ont été conçu pour enregistrer la distance, la vitesse et la trajectoire des déplacements d'un délinquant et de transmettre les informations plusieurs fois par minute, via un relais-récepteur, à une centrale d'écran d'ordinateur. Après avoir vérifié ces données contre les itinéraires autorisés, l'ordinateur pouvait alerter immédiatement la police si la personne qui porte le « bug tracking » est allée ailleurs ou a essayé de l'enlever. Bien que l'idée originale était de l'utiliser pour les prisonniers en liberté conditionnelle, ce système d'incarcération électronique a permis une sorte de réforme des prisons. La cellule serait remplacée par une minuscule boîte noire, par le confinement de l'ombre grâce à la mise en scène de la vie quotidienne". Le point d'aboutissement final de l'Operation Igloo étant le bracelet électonique, testé aux Etats-Unis pour la première fois en 1983 !

Et tout cela fournit par Westinghouse, Raytheon et... Hughes, comme l'a si bien noté Virilio : "c'est est un fait curieux que beaucoup de nouveaux matériels - des hélicoptères de combat, des missiles, des télécommunications, des systèmes de détection - ont été produit par la Hughes Aircraft Company, dont les célèbres fondateur, Howard Hughes, avait réalisé un film en 1930 au sujet d'un équipage de bombardier de la Première Guerre mondiale (Hells Angels). Ce magnat schizophréne, qui est décédé en 1976, a construit un empire industriel en associant cinéma et l'aviation, et Hughes Aircraft demeure aujourd'hui l'une des plus grandes entreprises aux États-Unis. En 1983, par exemple, il avait travaillé sur des améliorations au système de guidage du missiles antichars TOW, en introduisant un dispositif de suivi optique qui a permis à des missiles visant précisément malgré le tangage et les vibrations de l'hélicoptère d'où ils ont été tirés. Mais il était également celui qui avait produit des équipements pour le divertissement en vol, permettant aux rayons infra-rouges de transférer la musique et des films pour les passagers des compagnies aériennes régulières et des jets d'affaires. 

 

 

Mais une autre révolution avait eu lieu, le 16 mai 1960, ou un étrange appareil s'était mlis à fonctionner dans le Hughes Research Laboratory de Californie. Celle du "Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation", autrement dit celle du premier... laser. Une naissance encore une fois passée inaperçue, le Physical Review Letters qui en parlera n'ayant pas été suivi d'un courrier de lecteurs fort conséquent, son éditeur Simon Pasternack même affirmant que l'usage d'une lumière intense via un rubis avait déjà été décrit auparavant dans la même revue, c'était la découverte de Charles Townes, parue en 1958. Finalement, Hughes décida d'en faire une annonce mondiale le 7 juillet, date officilelle de l'invention du laser par Theodore Maiman (c'était pourtant avec la licence de Townes), employé chez Hughes, avec Bob Byren. Au départ, en effet, l'énergie produite était faible, mais Maiman avait trouvé la solution pour l'augmenter considérablement : "le premier laser produisait seulement un flash court de lumière plutôt que d'une onde continue, mais car l'énergie substantielle était libérée lors d'un court laps de temps, il fallait fournir beaucoup plus pour pouvoir envisager ce qui avait été envisagé dans la plupart des discussions antérieures. Peu de temps après, une technique connue sous le nom "commutation Q " a été présentée au Laboratoire de Hughes, qui raccourcissait l'impulsion de lumière laser, en augmentant sa puissance instantanée à des millions de watts et au-delà. Les Lasers pouvaient désormais avoir des puissances aussi élevées qu' un million de milliards (1015) de watts !  La forte intensité de la lumière laser pulsée a permis un large éventail de nouveaux types d'expériences, et lancé sur le terrain maintenant en plein essor de l'optique non linéaire. Les interactions non linéaires entre la lumière et la matière permettent à la fréquence de la lumière d'être doublée ou triplée, comme par exemple lorsqu'un laser rouge intense peut être utilisé pour produire de la lumière verte". L'article de Maiman sur le laser aura plus de retentissements dans la revue Nature, malgré son caractère succint. Il avait d'abord travaillé sur les micros ondes radar ou Microwave Amplification by Stimulated Emission of Radiation (Maser).

Un laser qui a fêté ses 50 ans en 2010, donc. "Lorsque la grande invention de Maiman a été annoncée, la réponse a été partout essentiellement "ah bon ?" car les gens ont essayé de comprendre de quoi il s'agissait et quel usage pourrait en être fait. Cela a été rapidement suivie par un "ah ouais !" lorsque la presse est arrivée avec quelques gros titres effrayants. « L'homme découvre LE rayon de la mort de la Science-Fiction", disait l'un, reflétant l'esprit du temps de 1960, lors de la Guerre Froide mélangée avec la promiscuité des films de série B au sujet des extraterrestres. Depuis lors, le laser a révolutionné la vie. Il apporte, envoie et stocke les données dans de vastes lots à la vitesse de la lumière, effectue des mesures matérielles et coupe avec une précisionsub-millimétrique. Il peut être trouvé dans les objets de tous les jours comme un scanner de codes-barres de supermarché - le premier objetscanné était un paquet de chewing-gum Wrigley en 1974 - tout comme il peut être trouvé dans dans l'auto-ciblage des bombes dernier-cri, les optises des snipers, les optique adaptatives des télescopes astronomiques et dans la recherche sur la fusion nucléaire. Les lasers de votre lecteur de CD et lecteur DVD. Ils font des hologrammes et des spectacles de lumière. Ils ont probablement marqué, coupé et soudé les montants de carrosserie de votre voiture. Ils lissent vos rides, zappent votre cancer, corrigent votre myopie. Et si vous lisez cet histoire en ligne, pensez aux lasers qui est arrivé jusque vous - avec plus d'un million lasers de puissance de l'Internet, pour la navette des téraoctets de données par fibre optique. « L'histoire du laser est incroyable", a déclaré Tim Holt, chef de l'Institut de photonique à l'Université de Strathclyde, en Écosse. « Avec le circuit intégré, le laser a été la technologie la plus révolutionnaire de ces 50 dernières années."

C'est vrai qu'il a servi à tout depuis : "le laser à rubis a été utilisé dans de nombreuses et expériences importantes et spectaculaires. Une amusante, en 1969, a envoyé un faisceau de lumière de la Lune, où il a été par un catadioptre placé sur la surface de la Lune par les astronautes du programme américain Apollo. Le temps de trajet aller-retour de l'impulsion a fourni une mesure de la distance de la Lune. Plus tard, le faisceau rubis laser envoyés et reçu par des télescopes mesuré avec une précision d'environ trois centimètres la distance, un grand usage des courtes impulsions du laser rubis". Le laser vérifiant par la même occasion que l'être humain est bien allé sur la Lune, le réflecteur ne pouvant en aucun cas avoir été déposé automatiquement tel quel !

L'autre versant de l'usage du laser vint aussi (hélas) très vite : "en 1965, la division développement d'armements de l'USAF et le Test Center à Eglin AFB a commencé l'évaluation des systèmes de guidage laser pour des bombes en chute libre. Ces systèmes sont généralement constitués d'un illuminateur laser, qui marque la cible avec un faisceau laser (typiquement avec une longueur d'onde du proche infrarouge), et un chercheur, qui détecte la réflexion du laser et guide une munition ou une arme vers le faisceau. En avril 1965, le premier test réussi d'une LGB (bombe à guidage laser) en utilisant un système de guidage de Texas Instruments(TI) est survenu. L'Air Force a ensuite commencé la production de la bombe "Paveway" (à l'origine "ouvrir la voie") pour un programme de développement à grande échelle LGB, et Texas Instruments ont reçu un contrat pour produire des bombes dotées d'un pointeur KMU-342 / B laser, un kit pour les M117 bombe à usage général de 750, qui furent connues comme des "Bolt-117" (BOLT = Bombe, laser,  guidage terminal), et qui ont d'abord été utilisés opérationnellement au Vietnam en 1968".

Lasers, lunettes de vision nocturne, missiles a auto-guidage : le pilote fabriqué progressivement par la socété Hughes est devenu comme ses robots sous-marins : une véritable machine. Howard Hughes, avec ses tics et ses tocs qui lui dévoraient depuis longtemps la vie en était devenu un lui-même. Comme le dit Virilio, "La désintégration de la personnalité du guerrier est à un stade très avancé. En levant les yeux, il voit l'affichage numérique (opto-électronique ou holographique) du collimateur pare-brise, en regardant vers le bas, l'écran du radar, l'ordinateur de bord, la radio et l'écran vidéo, ce qui lui permet de suivre le terrain avec ses quatre ou cinq cibles simultanées, et de surveiller ses missiles Sidewinder à navigation autonome dirigés par une caméra ou un système de guidage infra-rouge. Cependant, cette guerre des ondes a quelques inconvénients majeurs, comme le dit le colonel Broughton, un pilote de F-105 Thunderchief au Vietnam, qui l'a ainsi expliqué : les alertes radios était vraiment massives à cette époque - en fait, elle était si denses avec toutes les Mig et les Sam, les avertissements, et tout le monde qui criait les directions et les commandes qu'il était presque impossible d'interpréter ce qui se passait. Le projectile qui détruit, n'est plus qu'une image ou une « signature » sur un écran, et l'image de télévision est un projectile à ultrasons propagent à la vitesse de la lumière.  La projection ancienne de la balistique a été remplacé par la projection de la lumière, de l'œil électronique de guidée ou la "vidéo" des missiles" (...) En 1974, stimulée par la crise du pétrole, ce processus de déréalisation a acquis des proportions fantastiques avec le boom des vols militaires et les simulateurs de combat, qui a effectivement pris la place de l'ancien "home trainer". 

Devenu un robot, le pilote du Viet-Nam peut d'autant plus massacrer qu'il ne verra que fort peu ses victimes. Il peut tuer sans remords, et ne s'effondre plus que lorsqu'il voit ses camarades tomber. Une célèbre photo de l'immense Larry Burrows durant la période deviendra l'emblème de ce détachement envers les cas de l'ennemi et la prise de conscience à sens unique des méfaits de la guerre : un seul cliché ruinera tous les efforts d'un Johnson, d'un Nixon et d'un Hughes pour impersonnaliser cette guerre. 

 

 

Epilogue : Lui qui avait été l'un des pionniers de la surveillance individuelle se fera quand même cambrioler son bureau de Romaine Street. Etrangement, quand il l'apprendra, il ne demandera qu'une seule chose  : "ont-ils touché à ma voiture ?". Sa fameuse voiture était-elle une de ses inventions de 1926, ou sa Doble ? Celle de 1926, un projet de voiture à vapeur, qu'il avait fait construire par deux ingénieurs de Caltech, recommandés par Dr. Robert Millikan, son président, prix Noble de Physique en1923. Une voiture dont son adjoint, Noah Dietrich dans un livre, raconte le sort : "les deux génies de Caltech ont continué, travaillant pas loin de l'usine de la rue Romaine. Ils ont finalement fini par dire : c'est prêt ! C'est l'une des rares fois où j'ai vu Howard dans un véritable état d'excitation. Je suis allé à l'emplacement de la rue Romaine et Burns et Lewis étaient là en présence de la voiture terminée.  Elle était vraiment belle. Elle pouvait, vu le demi-million de dollars qui était entré dans son développement. La limousine était une voiture de tourisme de cinq passagers à toit ouvrant, surbaissée et plus attrayant que le grand paquebot de Stanley (une autre voiture à vapeur de 1919). Howard a regardé la voiture avec une expression perplexe, puis a interrogé les ingénieurs sur ses performances. "Elle peut voyager 400 miles sur une seule charge d'eau et est presque aussi rapide que d'une voiture à essence", ont-ils assuré. "Incroyable", at-il dit. « Comment diable avez-vous réussi cela ? Ils ont expliqué que c'était une question de condensation de l'eau. Tout le corps de la voiture était un réseau de radiateurs. « Vous voulez dire que le corps entier est composé de radiateurs, y compris les portes ?" a demandé Howard. Burns et Lewis hochèrent la tête. Howard a réfléchi un instant. "Alors supposons que je conduise et qu'une autre voiture m'aborde sur le côté », at-il dit. "Quel serait le résultat ? Il n'a pas obtenu de réponse, et il a continué avec sa logique : « Je serais ébouillanté ou raide mort ."« C'est possible » , l'un des ingénieurs a alors admis. Sans réfléchir plus loin, il a dit l, « démontez-la, demandez des chalumeaux, et coupez-la en morceaux." Il est sorti de l'atelier, et j'ai suivi derrière. « Noah, vous veillerez à ce qu'ils la coupent en morceaux », at-il dit."De petits morceaux."  "Fermez la boutique, le projet est terminé".

Selon certains, ils auraient utilisé comme base une "voiture française à suspension indépendante et un chassis tubulaire".  C'était paraît-il "moche" (aux yeux d'un américain), "ressemblant à une Buccciali" (les frères Bucciali étaient installés à Courbevoie ; l'un des modèles ouvrant ce chapitre). En 1966, le magazine US avait ressorti un projet similaire, de moteur à vapeur, et en 2005, on pouvait voir une photo en noir et blanc de ce qui aurait été le moteur de la voiture de Hughes (qui possédait aussi une Doble E-20 à vapeur, dont le procédé ressemblait étrangement au procédé Elliptocline de 1964. En couverture de  »>Steam Automobile de 1968, on pouvait voir une voiture qui aurait très bien pu être celle construite par les deux ingénieurs. Hughes possédera d'autres voitures dont une Chrysler Sedan de 1953 qui avait un système complet de purification d'air à bord, qui occupait une bonne place dans le coffre arrière, en raison de sa phobie des microbes.

(*)  "On ne peut pas comprendre la terreur sans comprendre la vitesse, l'affolement, le fait qu'on soit pris de vitesse, occupés par une information. Pour cela, la phrase d'Hannah Arendt est capitale : « La terreur est l'accomplissement de la loi du mouvement ». C'est ce qui se passe en ce moment à travers l'accélération de l'information, qu'il s'agisse de l'effondrement du World trade center, du krach boursier, de la tempête Xynthia ou de la coupe du monde de football, ..., nous vivons une synchronisation de l'émotion, une mondialisation des affects. Au même moment, à l'échelle de la planète, on peut ressentir la même terreur, la même inquiétude pour l'avenir ou ressentir la même passion. C'est quand même incroyable. Ce qui me porte à croire que nous sommes passés de la standardisation des opinions -rendue possible grâce à la liberté de la presse- à la synchronisation des émotions. La communauté d'émotion domine désormais les communautés d'intérêt des classes sociales qui définissaient la gauche et la droite en politique, par exemple. Nos sociétés vivaient sur une communauté d'intérêt, elles vivent désormais un communisme des affects."

(**) " le programme Phoenix est "le programme le plus aveugle et le plus massif d'assassinats politiques depuis les camps de la mort nazis de la seconde guerre mondiale".

(***) sur Igloo White, la page Wikipedia est excellente :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Op&eacute ;ration_Igloo_White


Moyenne des avis sur cet article :  2.48/5   (27 votes)




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14 réactions à cet article    


  • morice morice 16 mars 2012 11:51

    Il serait amusant de retirer de l’article toutes les citations.
    L’on pourrait alors lire ce qui relève de l’auteur exclusivement.


    il serait plus amusant de vous apercevoir qu’il s’agît de la conclusion d’une longue série, qui a pour point de départ, en fait, le livre de Virilio.

    mais comme vous n’êtes jamais intervenu sur les 22 articles précédents, vous ignorez que ces citations ne représentent même pas le 1/10 de l’ensemble. Bref, les grenouilles croassent....

  • morice morice 16 mars 2012 12:01

    Faites vous donc bœuf, à vous lire ça ne devrait pas beaucoup tarder...


  • dan29000 16 mars 2012 11:04

    hélas ce n’est pas que le pb des citations...Il faudrait que l’auteur fasse des articles encore plus longs, car on n’a que cela à faire...L’article est trop clair et trop bref, ce qui est clair s’exprimant clairement...


    • morice morice 16 mars 2012 12:00

      ..Il faudrait que l’auteur fasse des articles encore plus longs, car on n’a que cela à faire...L’article est trop clair et trop bref, ce qui est clair s’exprimant clairement...



      même pour dire ça vous êtes confus et trop long....


      lisons ici-même votre prose :




      citation sur l’un des deux :


      Dan 29000 
      ========================================================================= 

      La Blaiserie : licenciés après des propos sur Facebook
      Deux salariés du centre socioculturel de la Blaiserie ont été licenciés
      en octobre après avoir tenu sur Facebook des propos jugés douteux.

      Les réseaux sociaux sur Internet, et singulièrement Facebook, s’invitent de plus en souvent dans le monde du travail, y compris à Poitiers. Deux salariés du centre socioculturel de la Blaiserie ont été licenciés en octobre dernier après avoir tenu sur Facebook des propos jugés injurieux pour une partie du public et du personnel de leur employeur. Dominique Durand, directeur du centre social de la Blaiserie, ne souhaite pas, du moins pour l’instant, en dire davantage sur cette affaire. Mais il confirme implicitement ces deux licenciements directement liés à des écrits sur Facebook. « C’est une période encore récente qui m’a beaucoup marqué. On est quand même dans des cas de licenciements pour fautes graves. Et l’affaire concerne deux salariés. Je ne souhaite pas m’étendre pour le moment sur le sujet, c’est encore trop frais... » De son côté, Nathalie Rimbault-Raitière, adjointe aux maisons de quartier, observe la même discrétion sur le dossier : « Je ne veux pas m’exprimer à la place de l’association. », lâche-t-elle simplement. 
      Ces dernières semaines, les affaires de licenciements liés à des messages postés sur les « murs » de Facebook se sont multipliées. Le 19 novembre dernier, le conseil des prud’hommes de Boulogne-Billancourt avait jugé « fondés » les licenciements de deux salariés de la société d’ingénierie Alten, à qui il était reproché d’avoir critiqué leur hiérarchie sur Facebook : une première qui pourrait faire jurisprudence. Le réseau social aux 500 millions d’utilisateurs subit régulièrement des critiques sur sa politique de confidentialité. Mais les salariés doivent désormais prendre conscience qu’il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant d’écrire sur un « mur » certes virtuel mais souvent accessible à plus de monde qu’on ne croit...

      Frederic DELAGE

      Source : Centre presse

      Citation aussi longue que l’article : y’a pas, vous pouvez donner des conseils...

      ah ah ah !!! trop fort le donneur de leçons !

      le site du conseiller es-rédaction :

      un peu confus, le site, non ??? et beaucoup de blablah...


      • Pyrathome Pyrathome 16 mars 2012 14:44

        «  L’histoire du laser est incroyable", a déclaré Tim Holt, chef de l’Institut de photonique à l’Université de Strathclyde, en Écosse. « Avec le circuit intégré, le laser a été la technologie la plus révolutionnaire de ces 50 dernières années."

        Certains affirment que le laser est le résultat, disons, d’une rétro-ingénierie venant de je ne sais d’où...au même titre que le support silicium ayant remplacé les vieilles lampes !
        Mais aussi les fibres optiques et bien d’autres choses encore.....
        Je n’ai évidemment aucune certitude, cependant, cette observation reste pour moi quelque chose de plausible jusqu’à ce qu’on me démontre le contraire de façon irréfutable....ce qui est impossible encore à l’heure actuelle !

        PS (c’est ok pour moi)


        • LeGus LeGus 16 mars 2012 17:17

          Bonjour Pyrathome,

          Les bases théoriques du laser ont été posées par Einstein en 1917.
          http://en.wikipedia.org/wiki/Albert_Einstein#Modern_quantum_theory

          bien à vous.


        • Pyrathome Pyrathome 16 mars 2012 17:46

          Salut le guss,

          Oui, bien sûr, mais ce n’est parce que les bases théoriques ont été établies 60 ans plus tôt que la technologie va faire des miracles pour autant....
          La téléportation ou le voyage dans le temps sont en théorie réalisables, mais on est encore bien loin de pouvoir le faire....
          Des fois, un coup de pouce du « destin » est fort utile... smiley..


        • morice morice 16 mars 2012 20:57

          Nickel, leGus, comme à votre habitude !


        • LeGus LeGus 16 mars 2012 22:23

          Merci morice, c’est trop d’honneur.

          Je suis un peu pris pour le moment par ma vie dans le monde réel, mais je continue à vous lire avec plaisir et intérêt, je tenais à vous le dire.

          Bien à vous.


        • morice morice 16 mars 2012 15:10

          Certains affirment que le laser est le résultat, disons, d’une rétro-ingénierie venant de je ne sais d’où...


          ridicule comme assertion : s’il y a bien un phénomène typique de l’esprit humain, ce sont les recherches en optique, celles par exemple ayant débouché sur celles de Kepler ou plus tard sur les lentilles de Fresnel ou celles sur les télescopes !!! 


          ce sont des mathématiques à la base : et ça c’est HUMAIN.

          qu’allez vous donc encore chercher ailleurs ce qui est devant votre nez depuis toujours ?

          • Pyrathome Pyrathome 16 mars 2012 17:36

            qu’allez vous donc encore chercher ailleurs ce qui est devant votre nez depuis toujours ?

            Oh mais moi je ne vais rien chercher, je ne fais que rapporter des déclarations d’un certain colonel Philip J.Corso...
            Il a même engagé des poursuites contre us army à ce sujet....

            http://rr0.org/personne/c/CorsoPhilipJames/&nbsp ;&nbsp ; ...

            http://skystars.unblog.fr/2009/08/11/ovni-a-propos-du-colonel-philip-james-corso/

            Ça commence à en faire des « illuminés » dans l’armée Américaine, là dites donc....


            • arobase 16 mars 2012 20:49

              travail impressionant.


              • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 17 mars 2012 08:27

                C’est le premier article de votre série que je lis, avec grand intérêt je dois dire.

                 C’est la référence à Virilio qui m’a accroché. Je me demandais bien ce que vous aviez pu trouver chez le bonhomme qui, jusqu’à présent, ne m’a guère passionné et que je tiens en piètre estime pour diverses raisons à présent oubliées mais qui ont trait, je crois bien, à son positionnement sur le 9/11 dont je crois bien me souvenir qu’il m’avait semblé absolument trivial.

                Je dois vous dire que je continue de penser grosso modo la même chose de cet auteur même si je reconnais que ce qu’il pointe et que vous rapportez est très significatif.

                Quoique pas original pour autant !

                En effet, depuis des lustres, ceux qui s’intéressent à la guerre savent que la distance entre le tueur et le tué a contribué à atténuer la « réalité » de l’acte meurtrier et donc, a contribué à le faciliter grandement. Une silhouette qui s’effondre au loin après qu’on ait appuyé sur la gachette, ça fait beaucoup moins d’émois que d’éventrer un congénère à l’arme blanche.

                La flèche, le fusil, le canon, le missile, l’automatisation, l’intelligence artificielle et bientôt la robotisation ont été ou seront autant d’occasion de détruire nos semblables sans qu’il y paraisse, en douceur et presque avec confort pour le tueur.

                Quand on aura des robots tueurs, seul le donneur d’ordre assumera la responsabilité morale. La troupe humaine pourra toujours se dire qu’elle n’y est pour rien. C’est bien pour cela d’ailleurs que l’on donne parfois (toujours ?) une balle à blanc à un peloton d’exécution. Pour offrir la possibilité à chacun des membres du bataillon de penser qu’il n’a peut-être pas tué le « coupable ».

                C’est d’ailleurs pour ça aussi que c’est le pilote en charge de la météo qui a ressenti une immense responsabilité après le larguage de la bombe A sur Hiroshima alors que le porteur de la bombe, celui qui l’a larguée, n’en a pas été traumatisé plus que cela. Le météorologue est celui qui « décidé » que c’était OK pour larguer la bombe. Tout a dépendu de son choix. Le largueur de la bombe attendait sa décision et n’a fait qu’y obéir. Il pouvait se ranger dans la douce catégorie du rouage de machine de guerre. Que voilà une forme de déshumanisation fort utile !

                Quoi qu’il en soit, Virilio me semble jouer sans génie sur les traces de Guy Debord en thématisant le passage du spectacle de la guerre à la guerre comme spectacle. Sous ce rapport, la personne même de Hughes me semble autrement plus intéressante puisqu’elle incarne superbement (si l’on peut dire) cette diabolique transition.

                Là où l’absence de génie de Virilio m’apparaît la plus évidente, c’est dans cette supposée évolution de la synchronisation sur l’information à la synchronisation sur l’émotion.

                On a là un bel exemple de philosophade, cad, cette affreuse tendance des philosophes et de leur séides à croire que les choses sont distinctes parce que leurs catégories les distinguent.

                Certes, l’information, ou plutôt la représentation n’est pas l’émotion et vice versa. Mais sont-elles pour autant isolables l’une de l’autre comme le fait Virilio ? Certes pas. Comme le disait cet excellent penseur qu’a été le philosophe pragmatiste étasunien John Dewey, les traiter isolément c’est comme traiter isolément la moitié gauche de la moitié droite d’un cheval au galop.

                La synchronisation émotionnelle c’est le b a ba de la communication et de l’invention du symbole, des évolutionnistes (Spencer) aux psychologues (Wallon), bien rares sont ceux qui ne sont pas venus à cette idée que les cultures humaines se sont inventées dans des moments d’unité émotionnelle et représentationnelle au sein des groupes humains.

                Vision que René Girard a d’ailleurs superbement parachevée avec l’hypothèse de la genèse sacrificielle des cultures humaines dans le moment de mise à mort du coupable des troubles que connaît le groupe, le bouc émissaire.

                Ce qui nous amène immédiatement à faire retour au 9/11 et toute la série des « false flag » dont j’espère et je dirais même j’attends avec impatience que vous nous en fassiez une série d’articles fourmillants de détails comme c’est apparemment votre spécialité.

                Pour finir, je ne saurais trop vous recommander, si vous ne l’avez déjà fait, de lire Girard (surtout ses 4 premiers livres) plutôt que Virilio qui me semble contribuer à la pensée comme les m’a-tu-vu de l’art moderne contribue à l’art. Je sais, c’est un peu dur, mais je suis toujours disposé à entendre et comprendre que je me trompe. Pour le moment, personne ne m’a détrompé sur Virilio.


                • morice morice 17 mars 2012 10:52

                  C’est d’ailleurs pour ça aussi que c’est le pilote en charge de la météo qui a ressenti une immense responsabilité après le larguage de la bombe A sur Hiroshima alors que le porteur de la bombe, celui qui l’a larguée, n’en a pas été traumatisé plus que cela. Le météorologue est celui qui « décidé » que c’était OK pour larguer la bombe. Tout a dépendu de son choix. Le largueur de la bombe attendait sa décision et n’a fait qu’y obéir. Il pouvait se ranger dans la douce catégorie du rouage de machine de guerre. Que voilà une forme de déshumanisation fort utile !


                  lire ici ce que j’en ai dit :


                  bientôt, je vous promets d’autres révélations sur le sujet.. en juin prochain je pense. Le temps de lire, absorber et transcrire de nouveaux documents !

                  voilà qui se tient en effet : « Ce qui nous amène immédiatement à faire retour au 9/11 et toute la série des »false flag« dont j’espère et je dirais même j’attends avec impatience que vous nous en fassiez une série d’articles fourmillants de détails comme c’est apparemment votre spécialité. » J’en ai déjà parlé ici, notamment à propos d’une pilote blonde...

                  c’est ici

                  avec l’histoire du Sidewinder manquant....

                  Pour finir, je ne saurais trop vous recommander, si vous ne l’avez déjà fait, de lire Girard (surtout ses 4 premiers livres) plutôt que Virilio qui me semble contribuer à la pensée comme les m’a-tu-vu de l’art moderne contribue à l’art.

                  je vais suivre votre précieux conseil, car il y a bien un aspect pontifiant chez Virilio qui est en effet un peu exaspérant !



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