Si j’étais pas président de la République, je t’aurais démonté la gueule !

Il a suffi d’une phrase captée par quelques témoins et rapportée par un facétieux autant qu’opportuniste blogueur distingué et invité du Post pour que le buzz infernal frise les records. Le Petithon de Bruno Roger-Petit affiche 400 000 visites au compteur. En une seule journée. Impressionnant. 400 000 internautes ont voulu savoir ce dont il était question dans ce billet dont on devinait le pot aux roses. Une banale altercation entre le président et un Fogiel rampant devant le pouvoir, piètre innocent, cireur de pompes du prince, quémandeur de quelque reconnaissance, après avoir naguère offensé la première dame en jetant le soupçon sur ses sentiments. Un affront terrible face au non moins terrible narcissisme hyperégocentrique du président qui ne supporta pas que sa première dame soit soupçonnée de conflit d’intérêt et de vénalité intéressée pour parvenir au faîte de son parcours de Diane séductrice fière d’accrocher à son tableau de chasse quelques célébrités de bon calibre dont je tairai la liste avec d’autant plus de détermination que je ne suis pas dans le cénacle des gens initiés qui de dîners en ville en réceptions mondaines se refilent des secrets d’alcôves et autres anecdotes de frasques et autres petits détails insignifiants de la vie des stars qu’un miroir grossissant amplifie au rang d’événement majeur qu’on se raconte entre gens du sérail, fièrement, avec le sentiment d’en être, pas comme ces bouseux de Français qui n’ont pas à connaître ces faits. Mazarine, la fille illégitime du prince, était connue des courtisans. La vérité fut livrée au bon peuple lorsque le prince daignât en accorder la primeur à la faveur de quelques photos faussement volées et lancées dans un magazine des pipoles qui choque avec ses photos.
Ainsi va le monde. Avec ses princes, ses stars et ce peuple voyeur. 400 000 visites pour une confidence sans intérêt puisqu’on sait le président colérique, et que le casse toi pov’con est devenue une formule dont fait usage le peuple indocile et moqueur. Bah, ça les amuse. Qui se souvent de la cocasserie de l’affaire Jean-Michel Aphatie copieusement répercutée sur le Net après une divulgation d’un secret d’Etat. Dans les toilettes, Aphatie aurait surpris Laurent Fabius dans une posture qu’on n’imagine pas de la part d’un ex Premier ministre et se serait tu. Mais les ragots ayant filtré jusqu’aux oreilles d’un célèbre blogueur jouant le fantôme de Mitterrand lors de la campagne de 2007, toute la blogosphère de France et de Navarre se demanda quel secret était détenu par Aphatie. Qu’avait-il vu de Laurent Fabius lorsque celui-ci avait perdu une présidence d’une collectivité locale qui lui était acquise ? Au passage, on notera que le fantôme de Mitterrand avait comme plume un certain Bruno Roger-Petit et alors là, chapeau Bruno, tu es le meilleur dans ta catégorie, méritant le titre de premier artilleur du Post, le site d’information pour les timbrés. Et où un scandale passe comme une lettre à la Post.
Finalement, nous sommes dans un monde des uns Posteurs et des impostures. Pourquoi s’emmerder à analyser, étudier en détails les données du web, de la défense, du budget, de la finance, du climat, de la grippe, et faire suer ses neurones pour tenter d’intéresser et instruire le lecteur. Les internautes sont comme des papillons qui vont vers le lampadaire qui les éclaire. Il faut alors que leur quotidien soit bien assombri pour se délecter et s’illuminer d’une petite phrase du président, histoire de jouer les voyeurs et d’avoir le sentiment d’être un type important qui d’un clic a eu accès à un secret d’Etat que n’auront pas les ploucs qui achètent leur quotidien régional chaque matin. Tout d’un coup, je sens le sol se dérober sous mes pas, ce buzz me laisse interdit. Je vais finir comme un zombie, à force de sonder l’inexorable abîme de l’âme contemporaine frénétiquement attirée par le ragot et définitivement écartée de la réflexion, de l’échange épistolaire, des civilités d’un âge pourtant pas si lointain. Mais je serai sans doute dédommagé car je vais bien faire quelques milliers de visites avec ce billet. Quoique, je m’en moque. Je suis le miroir qui dévoile !
La cour, les courtisans, l’oeil qui filme :
« Si je n’étais pas président de la République, je t’aurais démonté la gueule ! ». Et il plante là Fogiel, livide, cadavérique, zombifié, au milieu d’une petite bande de sept ou huit personnes qui ont tout vu, tout entendu et qui sont assaillies aussitôt par les uns et les autres, témoins plus éloignés de l’affaire, qui ont perçu dans le brouhaha de la salle des fêtes qu’il se passait quelque chose et viennent aux renseignements.
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