• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Si Steve Jobs était français, il serait inconnu

Si Steve Jobs était français, il serait inconnu

Depuis sa mort le 5 octobre 2011, le monde n'a cessé d'encenser le personnage de Steve Jobs, visionnaire de génie parti de rien pour construire l'une des plus grosses multinationales du monde, Apple. Quasiment déifié, propulsé au rang d'icône, il incarne dorénavant l'une des figures du rêve américain, l'un de ces hommes qui à la seule force de son travail et de son intelligence a réussi à devenir l'un des patrons les plus emblématiques du 20ème siècle, à l'origine de ces réseaux et machines qui nous connectent tous.

Oui je sais ce que vous vous dites, le portrait ci-dessus est idéalisé : décrit par certains comme trop exigeant, détestant la concurrence, autoritaire, voire tyrannique ou prétentieux, l'homme avait aussi son côté sombre. Mais tout de même son parcours laisse rêveur sur les possibilités de l'être humain qui par son charisme et la force de sa volonté peut réussir à construire un empire. Barack Obama a déclaré à sa mort : « Steve était l'un des plus grands inventeurs américains, assez courageux pour penser différemment, assez audacieux pour croire qu'il pouvait changer le monde, et assez talentueux pour le faire » (source : lepoint.fr)

Outre Atlantique, les exemples ne manquent pas concernant les « self-made mens » partis du bas de l'échelle pour devenir richissime, et certains francophones ont profité également du système entrepreneurial américain tels Christian Audigier qui a bâti récemment dans la mode une belle réussite. Outre-Manche aussi, on peut citer Richard Branson qui a développé le groupe groupe Virgin en partant de rien.
 
Mais les exemples d'une telle expansion industrielle semblent bien rares en France, et les entrepreneurs de génie récents ayant réussi à bâtir une fortune sur une idée sont quasiment anecdotiques. Alors sommes-nous moins entreprenants, moins créatifs, moins travailleurs, ou bien cette carence est-elle due à d'autres raisons ? D'où l'intérêt de se poser la question : si Steve Jobs était français aujourd'hui, serait-il possible pour lui de construire un empire tel qu'Apple dans les mêmes conditions que dans les années 70 ?
 
Steve Jobs autoentrepreneur : un bon début ?
 
D'après la légende, Steve Jobs a créé son premier ordinateur dans le garage de sa maison, en 1976, pour le commercialiser quelques mois plus tard sous la marque Apple créée avec Steve Wozniack et Ron Wayne. Le succès sera immédiat, et ils rejoignent alors peu à peu les entrepreneurs mythiques américains, les bricoleurs de génie ambitieux applaudis outre-Atlantique (tels les fondateurs de Harley Davidson par exemple).
 
Cela serait-il possible en France aujourd'hui ? Un inventeur comme Steve Jobs pourrait-il partir de rien pour construire une multinationale ? Pas sûr, et pour cela mettons en situation un inventeur de génie français armé de son courage et de ses bonnes idées, et appelons « Stéphane Boulots » notre Steve Jobs français.
 
En 1976 Stéphane Boulots n'aurait pas eu d'autre choix que de créer une SARL avec ses associés, c'est-à-dire de se lancer dans la rédaction des statuts, dans les stages de gestion, immatriculation au registre du commerce, immobilisation des fonds sur un compte bloqué, etc... etc... Une belle galère administrative mais aujourd'hui c'est beaucoup plus simple car notre Steve Jobs français a la possibilité de devenir autoentrepreneur par internet sans avoir d'apport personnel, car rappelons-le : il ne part de rien.
 
Donc faute de mieux, Stéphane Boulots est maintenant autoentrepreneur (notez l'ironie : le « créateur » d'internet vient de créer son entreprise via internet). S'il avait créé son autoentreprise avant 2011, il aurait alors payé des impôts avant même d'avoir vendu un seul ordinateur, comme cela a été demandé à de nombreux autoentrepreneurs ayant reçu leurs impôts de 2010. Ses comptes seraient donc dans le rouge dès le départ, et comme on va le voir maintenant il ne peut pour le moment rien vendre du tout sur le marché français ou européen.
 
Le marquage CE
 
Pour avoir le droit de vendre ses ordinateurs, Stéphane Boulots doit se plier à la réglementation européenne en matière d'appareils électriques, c'est-à-dire à l'ensemble des règles de sécurité et de santé que doit satisfaire tout produit européen vendu dans l'union, et ce en vue d'obtenir un marquage CE.
 
Pour obtenir ce marquage CE obligatoire, Stéphane doit donc se reporter à la directive 2006/95/CE (d'après mes informations) concernant le matériel électrique basse tension, trouver la procédure d'évaluation qui correspond à son matériel parmi les huit existantes, et faire effectuer la batterie de test correspondante afin de certifier que son matériel peut être mis sur le marché européen. Le coût de ces tests ? Il est impossible de répondre à cette question, car étant effectués par des organismes indépendants ces tests sont soumis à la loi du marché. On peut néanmoins penser que notre ami Stéphane Boulots devra payer plusieurs milliers d'euros, plus le coût de destruction des prototypes à soumettre aux tests, pour obtenir le marquage obligatoire qui lui permettra de remplir sa déclaration CE de conformité.
 
Mais bon, admettons que Stéphane ait une grand-mère généreuse qui lui prête un peu d'argent, il peut peut-être obtenir le fameux Graal du marquage. On remarquera que le mythe de l'entrepreneur partant de rien a déjà disparu, car sans budget Stéphane ne peut rien faire. Mais attention car après avoir investi dans un marquage il n'a pas encore trouvé de clients pour autant comme on va le voir maintenant.
 
L'ogre de la grande distribution
 
Si Stéphane veut vendre ses ordinateurs à des particuliers il aura sûrement l'obligation de passer par la grande distribution, qui représente aujourd'hui la principale force de vente en France en ayant lourdement écrasé le petit commerce. Or dans un article du 27 juin 2011 (« Prix : les marges de la grande distribution dénoncées ») le Figaro rappelait une étude effectuée pour « Les Échos » montrant l'explosion des marges effectuées par les grandes surfaces depuis 10 ans, aux frais des petits producteurs et fabricants dont la part n'a cessé de baisser. Cela n'est pas fait pour arranger Stéphane Boulots qui doit déjà de l'argent à sa grand-mère, et il n'est pas près dans ces conditions de faire du bénéfice...
 
Notre ami Stéphane devra donc sérieusement se serrer la ceinture s'il veut développer sa société en vendant à des particuliers au risque de faire faillite dès la première année comme beaucoup d'entreprises nouvelles, ou alors tenter de vendre aux entreprises, ce qui n'est pas simple non plus.
 
Les certifications qualité : des obstacles aux petites entreprises
 
Si Stéphane veut vendre ses ordinateurs aux entreprises, il va sûrement devoir se heurter à l'obtention de ce que l'on appelle « certification Qualité-Sécurite-Environnement (QSE) », la plupart du temps un ISO 9001. Cette certification confirme, pour simplifier, que l'entreprise de Stéphane a mis en place un ensemble de procédures tendant à identifier et satisfaire les besoins du client et a mis en place un ensemble d'indicateurs permettant de mesurer et d’accroître cette satisfaction.
 
Sans certification QSE, il est très difficile voire impossible pour une entreprise d'entrer dans le panel de sous-traitants et de fournisseurs d'une entreprise plus grosse, et ce type de certification initialement réservé aux très grandes entreprises s'étant particulièrement répandu ces dernières années pour atteindre en 2009 le million d'entreprise certifiées dans le monde, il est quasiment obligatoire pour Stéphane de l'obtenir s'il veut vendre ses ordinateurs.
 
Le coût de cette certification ? Là aussi difficile à dire car les prix sont libres sur le marché, mais les prix les plus faibles que j'ai trouvé estimaient que 6000€ était un prix de base, auquel il faut ajouter le salaire d'un responsable qualité interne qui peut très bien être Stéphane lui-même. Mais la procédure est longue pour être certifié : 12 mois en moyenne, avec un minimum de 6 mois. Durant ce laps de temps, Stéphane ne pourra rien vendre aux entreprises certifiées QSE, il sera donc sans revenu aucun.
 
Là aussi il devra se serrer la ceinture... On peut considérer qu'arrivé à ce stade Stéphane a investi au bas mot 15000€ (prototypes + marquage CE + procédure de certification ISO) sans aucune possibilité d'obtenir un quelconque revenu, car il est dans l'attente d'une réactivité de l'administration ou bien obligé de vendre dans des circuits commerciaux « coupe-gorge » pour les petites entreprises.
 
La France manque-t-elle de neurones ?
 
Stéphane n'est pas le seul dans son cas d' « inventeur génial » cherchant à vivre de son idée, et la participation au célèbre concours Lépine, chaque année, atteste de l'inventivité des français. Environ un demi-millier d'inventions y sont présentées tous les ans, attirées peut-être par une protection juridique gratuite sensée protéger chaque invention contre le plagiat.
 
Même si la plupart de ces inventions n'ont aucune utilité, on peut s'étonner que de cette masse de créateurs n'émerge pas régulièrement un génie comme notre Stéphane Boulots, devenant alors milliardaire grâce à une idée révolutionnaire. On a déjà vu les difficultés financières, administratives et commerciales qui se mettaient en travers de la route du jeune créateur d'entreprise innovant aujourd'hui en France, on va voir maintenant qu'il lui faudra également lutter contre une concurrence étrangement favorisée si elle dispose de plus gros moyens financiers que lui.
 
Protéger votre idée : c'est quasiment peine perdue.
 
On le sait : Bill Gates a tout copié sur le Macintosh de Steve Jobs et c'est cela qui a fait sa fortune. Le plagiat industriel n'est donc pas une spécificité française mais l'Europe semble avoir mis en place une série de mesure qui permettent de faire en sorte que ce soit toujours le plus petit industriel qui soit obligé de se laisser dévorer par le plus gros.
 
Sur le site www.inventerpasrever.com, l'inventeur Michel Babaz recueille les expériences désabusées des Géos Trouvetou français qui ont tenter de vivre de leurs neurones. Il y a notamment le témoignage de Claude Dumas qui, avec 200 inventions à son actif, déclarait dans le Monde du 09/05/2010 que ses inventions avaient toutes été copiées malgré la protection juridique du concours Lépine.
 
Car la participation au concours, tout comme le dépôt de brevet, n'empêche pas des entreprises malhonnêtes de copier les trouvailles de tout-un-chacun. Car, toujours selon ce site, le rôle de l'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) qui reçoit les brevets se résume à :
  • Recevoir les dépôts et délivrer les titres de propriété industrielle.
  • Participer à l'élaboration du droit de la propriété industrielle.
  • Mettre à la disposition du public toute information nécessaire pour la protection des titres de propriété industrielle.
  • Centraliser le Registre national du commerce et des sociétés, ainsi que le répertoire central des métiers.
Clairement, le dépôt de brevet ne sert qu'à certifier l'existence d'un antécédent mais en aucun cas ne permet d'obtenir une aide juridique, ce qui permet à Mr Babaz de qualifier le dépôt de brevet de « duperie ». Si vous êtes plagiés il vous faudra donc attaquer en justice l'entreprise qui vous a lésé, et assumer en totalité les frais que cela engendre.
 
Défendez-vous... si vous pouvez
 
Et les frais juridiques sont loin d'être anodins, tout comme la durée du procès : 100.000€ pour une procédure simple pour une durée de 4 ans de bataille juridique, comme l'indique le même site www.inventerpasrever.com. Ces tarifs exagérés de la justice ont pour effet de dissuader les petits inventeurs de porter plainte contre les grosses entreprises lorsqu'ils s'estiment piratés. Des « Sociétés Opportunistes connaissant bien le système » prospèrent donc grâce au piratage du travail d'autrui, tout en ayant éventuellement pignon sur rue.
 
De même la réglementation européenne semble faite pour permettre à ces entreprises de dévorer les petites. Il faut apparemment 4 ans pour qu'un brevet européen soit délivré et publié et protège réellement une invention, alors qu'il est mis à la disposition du public au bout de douze mois, laissant alors le champ libre à n'importe quelle entreprise malhonnête désireuse de vous copier. C'est ce qui fait dire à l'auteur du site : « la seule forme de protection du brevet qui existe, c'est la capacité financière dont vous disposez pour alimenter sa défense en justice. »
 
Alors que devient notre Stéphane Boulots dans tout ça, lui qui est « parti de rien » ? Et bien Stéphane a très peu de chance de pouvoir protéger son idée d’ordinateur personnel, il sera donc probablement plagié dès que possible par tous les Bill Gates que recèlent le monde et l'Union Européenne, et ce sans aucun moyen financier pour pouvoir se défendre correctement ou commercialiser son projet. Son investissement en temps, en matière grise, en travail et en argent sera probablement récupéré par de plus riches que lui, et il se verra englouti ou écrasé par des sociétés plus grosses que la sienne.
 
Stéphane Boulots, cet inconnu
 
La France (ou maintenant l'Europe), avec sa politique industrielle désastreuse et sa juridiction favorisant les « grosses boites », ne permet pas l'émergence des petits entrepreneurs et très rares sont ceux qui réussissent à véritablement développer leur entreprise pour les raisons que l'on vient d'évoquer ici. Il y a probablement en France des dizaines de Stéphane Boulots qui sont condamnés à se laisser plagier par de plus grosses entreprises ou à travailler anonymement pour des marques qui déposeront leurs travaux sous leurs noms. Leurs inventions ne leur apporteront que peu de reconnaissance ou de revenus comparé aux modèles américains, et leurs noms seront gommé de l'Histoire au profit de la marque pour laquelle ils sont obligés de travailler.
 
Même dans le domaine de l'économie numérique, théoriquement plus accessible car dématérialisée, l'Amérique est plus efficace. On pourra citer comme exemple le site français « copainsdavants » qui s'est fait doubler par le Facebook de Zuckerberg, ou bien le moteur de recherche voila.fr qui pèse peu de chose face au Google de Paige et Brin. C'est peut-être parce que le rêve français (ou le rêve européen) n'existe pas, c'est-à-dire qu'il n'existe quasiment pas de modèles de réussite de personnalités parties de rien qui pourraient servir d'exemple motivant le travail des individus. Or quand personne n'émerge plus des masses, c'est toute une société qui stagne et qui menace de s'effondrer car le travail tend à devenir inutile pour l'individu.
 
La France n'est pas la seule dans cette situation, et la Grèce sera probablement bientôt un exemple de cet effondrement. Car croyez-vous vraiment qu'une population entière va se serrer la ceinture en subissant sans broncher une politique d'austérité pendant les cinquante ans qui viennent ? J'en doute... Il est peu probable que les citoyens grecs continuent de travailler d'arrache-pied si c'est pour n'y rien gagner.
 
Le rêve américain, peut-être artificiellement, motive toute une population car il permet à des citoyens provenant du bas de l'échelle d'atteindre des sommets. Et si le travail n'apporte plus rien à personne alors c'est toute une société qui s'arrête car il n'y a plus de but à atteindre, et cela est inquiétant pour nous car il faut bien reconnaître qu'en France, quand on part de rien, trop souvent on ne peut arriver que nulle part.

Moyenne des avis sur cet article :  3/5   (16 votes)




Réagissez à l'article

17 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 29 octobre 2011 11:02

    Il y du vrai et du faux dans votre article.

    Le vrai est qu’il n’est pas facile de se faire accepter par ceux qui tiennent les circuits de distribution, lorsque l’on est un nouveau venu, sans réseau de relation et sans argent. Il faut du culot en plus du talent et en général, ceux qui ont du talent n’ont pas de culot et réciproquement.

    Par contre, il est faut d’écrire : « faire effectuer la batterie de test correspondante afin de certifier que son matériel peut être mis sur le marché européen. »

    Les entreprises pratiquent l’auto certification, elles sont leur propre contrôleur. Même dans les médicaments, ce sont les résultats de leurs propres tests qu’elles présentent ce qui rend difficile les contrôles des organismes indépendants a posteriori.

    Le plus dangereux pour l’inventeur de génie est de se faire piquer son invention par une grosse société. C’est pourtant une pratique courante à travers les fonds d’investissements, les commandes tests et même les embauches. Certains ne se donnent même plus la peine de déposer des brevets tellement les frais de justice sont importants et les jugements incertains.

    Donc, si vous êtes un inventeur de génie, commencez par vous inscrire au concours Lépine et profitez du buzz pour trouver des financements et des distributeurs.

    A noter que le génie de Bill Gate n’est pas d’avoir créer le système d’exploitation (il l’a acheté pour quelques dollars) mais de l’avoir vendu à IBM tout en gardant les droits.

    Conclusion : le monde appartient plus aux malins qu’aux génies, c’est peut-être pour cela qu’il est en ruine.
     


    • Daniel Roux Daniel Roux 29 octobre 2011 11:04

      Correction : Il est faux.... (et non, il est faut..).. désolé.


    • Jean-paul 29 octobre 2011 11:55

      Si vous ets un genie ,votre premier idee geniale sera d’aller vous installer aux USA :)


      • Scual 29 octobre 2011 12:41

        Je n’ai pas tout lu mais en ce qui me concerne les choses sont très simple :

        Les Mac c’est la dictature, les PC c’est la démocratie.

        Alors c’est sur que la dictature ça rassure, c’est toujours pareil, y a rien qui déborde et tout... mais je préfère la démocratie. Et encore qu’avec Windows c’est déjà beaucoup trop autoritaire tout ça, j’espère que ça va continuer à s’élargir.

        A vous d’en déduire ce que je pense de l’« œuvre » de Steve Jobs. L’homme qui n’a eu comme génie que de profiter de l’espace réduit de ses machines non-modifiables et de leur appliquer sa recette si « géniale » : TOUT DANS LE DESIGN ET LE MARKETTING POUR VENDRE UN TRUC BIDON A DEUX FOIS SA VRAIE VALEUR.

        Super. J’espère que l’inventeur des Pom’ Potes qui a fait exactement pareil avec les compotes sera récompensé avec les mêmes égards... mais vous avez raison, il est Français et inconnu. Quel monde injuste...


        • Scual 29 octobre 2011 13:18

          L’iphone ? La liberté ?

          Ah d’accord... bon ben alors vive la « liberté » de l’iphone.


        • Scual 29 octobre 2011 17:14

          Euh désolé mais non.

          Ce que vous dites vaut aussi dans l’autre sens.


        • lsga lsga 29 octobre 2011 14:02

          quel dommage que Steve Jobs n’ai pas été français. 


          • lsga lsga 31 octobre 2011 01:25

            visiblement, vous n’avez aucun sens de l’ironie.


          • non667 29 octobre 2011 14:10

            1°-la certification iso QSE
            n’est en rien un gage (label ) de qualité .
            vous pouvez très bien certifier de la merde ,la certification garantie alors que vous aurez toujours la même merde ! smiley smiley smiley smiley

            2°- les process étant parfaitement décrit dans le moindre détail sur papiers et format internationalisés (beaucoup de croquis pour éviter les traductions )(ce sont les ouvriers eux même qui les ont établis à travers les « cercles de qualités » ) tout le savoir faire qui était auparavant implicitement propriété de l’ouvrier ou technicien est maintenant propriété des entreprises ,aucun ouvriers n’étant alors irremplaçables celles ci peuvent délocaliser ,machines et mode d’emploi, facilement en un week-end !

            ou l’art de se faire entuber sans rien voir venir  ! smiley  smiley 


            • easy easy 29 octobre 2011 14:28


              Vous avez pour objectif de démontrer une inégalité alors vous choisissez vos arguments à cette fin et manquez d’objectivité.

              Personnellement, en tant que créateur d’entreprise et inventeur, j’avais récupéré-rassemblé-recomposé des inventions et réalisation d’Allemands, d’Autrichiens et d’Américains pour inventer des bidules qui ont été bien vendus ici. Concernant l’INPI, j’avais mis les pieds dedans à une époque où des informations glanées ici et là donnaient à penser qu’au lieu de perdre son temps à protéger une invention, il valait mieux se hâter de la produire, de la vendre puis d’inventer autre chose encore

              Je dois également signaler que j’avais bénéficié du principe du crédit d’impôt recherche dont vous n’avez pas parlé et qui aide énormément les inventeurs (surtout les gros). Allongeons la sauce en précisant que les grosses entreprises savent profiter de ce dispositif pour en abuser (le jeu consistant à faire passer des dépenses de production pour des dépenses de recherche, d’affecter au labo de recherche un Fenwick opérant réellement en production-livraison)
               
              (L’INPI aide beaucoup l’inventeur à la mise en forme de sa déclaration mais c’est à l’inventeur débutant de comprendre l’INPI et de s’en faire aider)



              S’il est vrai que nous n’avons pas de Bill Gates, si nous n’avons pas livré au Monde des Walkman, c’est tout de même en France qu’il y a le plus de millionnaires ./. à l’Europe.
              Ce qui veut dire que si la configuration d’un très grand pays permet de réussir en milliards par la production de Ipad, la configuration d’un autre pays permet de reussir en millions par la production de maillot à crocodile ou de vin à bulles. Ce qui n’est pas forcément désolant.

               

              Si l’on tient à réussir en milliards, alors on doit voir que les créateurs Américains disposent de la plus grande population la plus grande consommatrice, la plus fortunée, la plus moderniste.
              Même un architecte (qui ne produit pourtant pas de consoles de jeu) réussit plus grandement aux EU que dans les autres pays, surtout qu’en France où il y a tant de monuments historiques à protéger des modernités environnantes

              Frank Lloyd Wright avait pu construire n’importe où dans un immense pays qui ne demandait que ça. En France, Le Corbusier s’était constamment heurté à la conservation de l’ancien. Ce n’est pas bien, ce n’est pas mal, c’est comme ça. Chaque pays a ses paramètres et on ne peut ni ne doit touiller 50 kilos de béton dans une théière ciselée par Boule.

              Oui l’Europe semble être un grand marché mais oui il est en réalité composé d’une constellation de pays anciens rivalisant entre eux, chacun tenant à conserver ses anciennes unités de mesure, sa largeur de chemin de fer, ses taxes, sa langue, ses lois, sa monnaie. Alors oui un inventeur européen se retrouve devant mille contraintes et limites que n’a pas un Américain (ou qu’il n’a que s’il veut se frotter à l’international, une fois sa taille nationale acquise.
              Mais réussir en millions n’est-ce pas largement suffisant ?
              Est-il impératif d’inonder le Monde entier de nos merveilleuses inventions ?



              • Brath-z Brath-z 29 octobre 2011 16:07

                Et il y a aussi la différence culturelle majeure : en France, l’état est traditionnellement le moteur de l’innovation. 90% des innovations techniques marquantes (TGV, aéronautique et aérospatial, recherche médicale, etc.) proviennent d’initiatives étatiques.
                Aux États Unis d’Amérique, le rôle de « moteur » est tenu par quelques industriels de génie (l’exemple typique étant Howard Hugues).

                Dans les deux cas, il y a de grands progrès qui profitent rapidement à tous, des ratés mémorables, des inventions géniales laissées à l’abandon, des inerties en dépit du bon sens. La différence notable depuis une vingtaine d’années ? Sous la pression du « modèle américain », la France appauvri d’années en années son moteur de l’innovation. Mais il y a des deux côtés de l’Atlantique la même proportion de génies incompris dont les inventions révolutionnaires ne seront jamais exploitées.

                A mettre en parallèle avec le fait qu’en France, l’état est le gestionnaire du domaine public, tandis qu’aux États Unis d’Amérique, la gestion du domaine public est partagée entre état fédéral, états fédérés et surtout intérêts privés (exemple : en France il y a « école privée » et « école publique », car ne peut être public que ce qui est géré par l’état, tandis que là-bas, il y a « state school », gérées par l’état, et « public school »... gérées par des acteurs privés, mais qui relèvent bien du domaine public).


              • easy easy 29 octobre 2011 16:20

                Oui Bratz,

                Tel l’Américain Newman DERBY qui avait nettement inventé la planche à voile mais n’avait jamais pu convaincre des investisseurs ; résultat, des récupérateurs dans mon genre l’ont développée et se sont enrichis avec.
                D’autant que les Français sont, en proportion de leur petit nombre, particulièrement portés sur la voile. Les grandes marques de yatch sont en grande part européennes et françaises

                Je ne serais pas étonné d’apprendre que les Américains skient avec du matériel européen. Et ça pendant que ceux qui vivent autour du toit du Monde n’en produisent pas


              • lauraneb 29 octobre 2011 17:38

                l’état français depuis qu’il existe (et meme avant) a toujours eu pour but de protéger les interets de grandes familles françaises que se soit au niveau national ou au niveau international...car elles sont les « modeles de reussite » (qu’on veut nous faire croire...)

                la différence qu’il peut avoir avec les usa est que les americains n’ont pas peur du changement, alors qu’en france il n’est pas reconnu, suspicieux voir mal vu qu’un ingenieur en electricité puisse inventer le camembert du xxi siecle, meme au sein d’une entreprise....(excusez moi pour l’image grossiere)

                les freins viennent bien plus de la technocratie envahissante en Europe qui peut en décourager plus d’un et ou un chef d’entreprise perd 50% de son temps à répondre à l’administration au lieu de développer son entreprise....

                Une chose m’a choquée aux USA : quand c’est les impôts qui m’ont dit que j’avais le droit à tel aide et qui m’ont aidé a faire le dossier.... en france vous etes forcement coupable de quelque chose....

                dernier point : j’assistais à une conférence sur le management aux usa : « L’avantage que nous avons nous autres americains c’est que les livres français sur le management nous disent tres exactement ce qu’il ne faut pas faire »

                vous en tirerez vos propres conclusions


                • Lisa SION 2 Lisa SION 2 29 octobre 2011 18:08

                  Belle démonstration des circonvolutions labyrinthiques de l’administration française des années cinquante, c’est à dire après l’invasion étasunienne... !!!

                  vous dites " si Steve Jobs était français aujourd’hui, serait-il possible pour lui de construire un empire tel qu’Apple dans les mêmes conditions que dans les années 70 " prenez l’exemple de Jean Bertin, qui développa l’évolution de l’aérotrain à sustentation non magnétique, ( record de vitesse sur rail en 1969 avec 80 passagers, machine pouvant obtenir l’arrêt complet à pleine vitesse en moins d’un km, pouvant envisager un départ toutes les trois minutes et traverser la massif central en une heure ) et ayant gravi les marches de l’expérimentation jusqu’à l’accord signé du président de la république de l’époque, Georges Pompidou. Il est mort d’un cancer, ruiné un an après l’avènement de son successeur Valéry Giscard d’Estaing.

                  Les inventeurs étaient foison avant et après la guerre avec 258 marques françaises de moto et avec l’exemple flagrant de Citroën, plus grand détenteur de brevets http://www.journaldunet.com/economie/magazine/classement/les-brevets-en-france/1er-psa-peugeot-citroen-961-brevets-publies-en-2008.shtml http://www.latribuneauto.com/reportages-66-4017-psa-peugeot-citroen-est-le-premier-deposant-francais-de-brevets-en-2010.html, marque équipant les marques Rolls Royce et même la char Leclerc

                  Tout ce qui intéresse les grands groupes industriels internationaux comme Bolloré dans la voiture électrique http://www.youtube.com/watch?v=mxvPtKKAOtI&feature=player_embedded , c’est coller leur nom à la place de Stéphane Boulots !

                  Aujourd’hui c’est le Cea qui s’affiche grand pionnier des recherches alternatives... ??? http://www.cea.fr/


                  • Mmarvinbear Mmarvinbear 30 octobre 2011 13:50

                    Pitié, tu n’as pas encore compris que l’ aérotrain était une fausse bonne idée ? Un cul-de-sac technologique ?


                    Même les chinois s’en sont aperçu, et font réaliser le prolongement de leur ligne expérimentale de façon classique...

                  • Bilou32 Bibi32 29 octobre 2011 18:44

                    « On le sait : Bill Gates a tout copié sur le Macintosh de Steve Jobs et c’est cela qui a fait sa fortune ». Pas tout à fait quand même... Un PC n’est pas un Mac et les systèmes sont totalement différents. Il a certe piqué l’idée générale, mais pas plus. Et la démarche de Bill Gates est totalement différente : démocratiser l’informatique et en faire profiter le plus grand nombre. Jobs a toujours ciblé une clientèle plus riche et plus snob d’une certaine façon...
                    Par contre, il est vrai que le parcours du combattant pour un créateur d’entreprise en France est assez pénible ! Mais je vous rassure, en tant qu’éleveur-agriculteur, les tracasseries administratives sont de pire en pire au fil des ans... et c’est valable pour toutes les entreprises. Un métier d’avenir : contrôleur ! Avec les normes et règlements actuels, facile de prendre une entreprise en défaut ... et gagner des primes !


                    • Mmarvinbear Mmarvinbear 30 octobre 2011 13:47

                      C’est bien joli de dénoncer l’administration et d’ admirer le libéralisme américain, mais il faut quand même remettre les choses en perspective.


                      On peut bien entendu déplorer le coté Kafka de certains services mais cela ne fait que refléter les philosophies différentes des systèmes économiques français et américains.

                      Ici, une grande importance est apportée à la protection sociale, au droit des travailleurs. C’est moins le cas aux USA ou n’importe qui peut se faire virer dans le quart d’heure qui suit. Avec le risque de voir le viré dix minutes après avec un fusil mitrailleur mais c’est une autre histoire.

                      Pourquoi donc les administrations exigent une mise de fond minimale ? C’est pour avoir l’assurance que le futur patron, qui se destine à avoir des employés, possède un minimum de moyens lui permettant d’assurer ses arrières et d’assumer sa responsabilité en cas de défaillance. 

                      C’est bien gentil de vouloir nous faire pleurer misère sur le pauvre petit gars sans moyens en lutte contre la grosse machine injuste, mais les règles s’appliquent à tout le monde, et ces règles ne sont pas cachées.

                      Croire que l’on peut créer son entreprise à partir de rien, c’est comme s’imaginer traverser le Sahara avec une bouteille de 33cl à moitié vide.

                      Même Jobs n’est pas parti tout à fait de rien. Il a construit Apple à partir de ses premières petites expériences et avec une mise de fonds minimale.

                      Mais ce n’était pas le plus important. L’important était que dès le départ, Jobs avait un but, une vision. Il n’était pas juste un commerçant, un industriel dont le seul but était de faire inscrire un plus gros chiffre dans la colonne « crédit ».

                      Tout le reste a découlé de là. 

                      Que ton perso commence à réfléchir à ce qu’il veut faire, avant de commencer à le faire.

                      « Le drame est que quand les américains ont Steve Jobs, nous, on a Paul Emploi... »

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Zeugma


Voir ses articles







Palmarès