2. Sommes nous riches : la révolte des nantis

Ainsi, c’est l’Etat providence, le modèle issu de l’après guerre et faisant face aux « périls » de la guerre froide qui est ouvertement combattu. L’immigrant, l’étranger ont bon dos : il permettent de focaliser cet assaut idéologique inégalitaire sur des minorités venues d’ailleurs, des « corps étrangers » considérées comme un fardeau spectaculaire et non intégrable. Mais l’Italie, la Belgique, la Hollande ont déjà franchi un pas supplémentaire : en se déclarant « différents » et sous entendu « meilleurs » les habitants d’une région s’attaquent aux vices supposés et aux carences de tous les autres. Non pas sous des aspects dits « moraux » : les héros de cette révolution, peuvent être homosexuels, frivoles, dépensiers et exubérants, en d’autre termes « modernes ». Mais ils ont une chose en commun : ils sont d’un égoïsme frivole exhibitionniste décomplexé, considérant les autres comme des malades obscurs qui n’ont pas réussi (à cause de leur maladie) à devenir riches. Ils considèrent aussi que l’Etat providence « en les aidant » a perpétué leur pauvreté, car « abandonnés à eux mêmes » ils auraient sans doute trouvé une solution. La solidarité à leurs yeux devient assistanat, l’équilibre régional un boulet à leur propre prospérité, tous les vices et dérives de l’Etat providence, des plus criants aux plus marginaux, sont transformés en fers de lance dans leur combat anti étatique. La Padanie ou la Flandre, qui rêvent d’indépendance en Italie et en Belgique ont déjà intégré l’idée que le reste du pays « sont des étrangers » au même niveau (et avec les mêmes « tares ») que l’émigré marocain ou albanais. Dans leur tête la scission est déjà accomplie, reste à trouver les moyens les moins coûteux et les plus appropriés pour y accéder. Le phénomène n’est pas nouveau : il y a déjà vingt ans, on parlait du nationalisme piémontais, héritier du savoir faire industrieux inter - alpin incluant des régions italiennes, autrichiennes, susses et françaises et qui accoucha des hommes politiques comme Bossi, Haider, Blocher ou Millon.
Cependant, ce qui était « local » se généralise aujourd’hui, la crise aidant. La mondialisation, la crise des Etats, donne aux régions et à ceux qui ont les moyens, la possibilité de pratiquer leurs théories inégalitaires ailleurs, créant une nouvelle aristocratie mercantile qui, loin des rivages nationaux, pratique sans entraves syndicales ou régulatrices ses théories. Ainsi, l’Etat est court – circuité ailleurs, tout comme l’Etat de droit. Les pratiques néocoloniales, les libertés prises au sein d’un environnement économique déjà laxiste avec ses produits et ses structures à la limite de la légalité, assurent les riches que « leur propre Etat » n’est plus qu’une somme de contraintes moralisantes et administratives. Certains rêvent de le « révolutionner » d’autres de s’en séparer…
A suivre
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