Sortir de l’Otan ?
Wikipédia définit l’Otan comme« une organisation politico-militaire qui rassemble de nombreux pays occidentaux, dans le but premier d’assurer leur défense commune contre les menaces extérieures ainsi que la stabilité du continent européen. »
Première contradiction. Dans OTAN, il y a AN, pour Atlantique Nord. Comprendre par là, les Etats-Unis d’Amérique.
Même si cela fait un an que j’ai arrêté les cours, je crois me souvenir que le continent européen n’abrite pas encore les Etats-Unis et le Canada.
Mais poursuivons.
L’Otan, c’est douze pays en 1949, vingt-huit en 2013. Le pasteur a doublé son troupeau. Cette alliance pour le continent européen, on la retrouve notamment dans le Golfe, au large de la Somalie, en Asie centrale. Pas très européens comme endroits.
Militaire au départ, l’OTAN est devenue politico-militaire. Elle était défensive, la voilà privée d’ennemi. Mais à l’offensive, partout, pour défendre la démocratie dans les pays du Moyen-Orient, sous le joug des méchantes dictatures arabo-musulmanes (que voulez-vous, « c’est dans les gênes »). Sa Majesté Bernard Henri-Lévy, grand humaniste, nous a par ailleurs exhorter d’intervenir en Libye, où tout va maintenant pour le mieux.
Pour ma part, je m’en tiendrai à l’appréciation de Gabriel Robin, ambassadeur de France, notre représentant permanent auprès de l’OTAN et du Conseil de l’Atlantique nord de 1987 à 1993.
Je le cite :
« L’OTAN pollue le paysage international dans toutes les dimensions. Elle complique la construction de l’Europe. Elle complique les rapports avec la Russie, ce qui n’est pas négligeable. Elle complique même le fonctionnement du système international parce que, incapable de signer une convention renonçant au droit d’utiliser la force, l’OTAN ne se conforme pas au droit international.
Le non-recours à la force est impossible à l’OTAN car elle est précisément faite pour recourir à la force quand bon lui semble. Elle ne s’en est d’ailleurs pas privée, sans consulter le Conseil de sécurité des Nations unies.
Par conséquent, je ne vois pas très bien ce qu’un pays comme la France peut espérer de l’OTAN, une organisation inutile et nuisible, sinon qu’elle disparaisse. »
Nicolas Sarkozy, qui avait bien compris le message, nous a donc tout naturellement ré-imposé l’entrée de la France dans le commandement intégré de l’Otan le 4 avril 2009.
Un gentil bras d’honneur à Charles de Gaulle. Décision qui avait divisé jusque dans son propre camp, qui criait à la perte d’un nouveau pan de souveraineté. En effet, en 1966, sous De Gaulle, la France quitte le commandement intégré afin de retrouver une plus grande indépendance par rapport aux Etats-Unis.
Selon lui, l’OTAN entravait l’autonomie de décision indispensable à une puissance nucléaire :
« La France considère que les changements accomplis ou en voie de l’être, depuis 1949, en Europe, en Asie et ailleurs, ainsi que l’évolution de sa propre situation et de ses propres forces ne justifient plus, pour ce qui la concerne, les dispositions d’ordre militaire prises après la conclusion de l’Alliance.
La France se propose de recouvrer sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamé par la présence permanente d’éléments militaires alliés ou par l’utilisation habituelle qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements intégrés et de ne plus mettre de forces à la disposition de l’OTAN. La France reste disposée à s’entendre avec [ses alliés] quant aux facilités militaires à s’accorder mutuellement dans le cas d’un conflit où elle s’engagerait à leurs côtés. » - 7 avril 1966
L’OTAN est donc une survivance d’une ère révolue, sachant qu’il n’y a plus aucune menace ou guerre en cours pour Europe.
Mais en fait, le commandement intégré de l’Otan, c’est quoi ?
Depuis 1966 et avant Sarkozy, la France faisait partie de l’OTAN en tant que nation susceptible d’intervenir aux côtés de l’Otan MAIS avec des forces restant sous commandement français. Depuis Sarkozy, la France, de nouveau dans le commandement intégré, peut intervenir en fournissant des forces à l’OTAN et en acceptant d’être sous les ordres d’un commandement OTAN : c’est-à-dire d’un État-major choisi parmi les nations appartenant à l’OTAN. 28 nations, donc une chance sur 28 de pouvoir commander à sa propre armée…
La France participera en outre désormais aux plans préparés par l’État-major de l’OTAN, très souvent suiveuse comme vous le savez des guerres du pétrole lancées par les USA- ce n’est plus à prouver !
Vous soulignerez par ailleurs que cette idée de sortie de l’OTAN n’est ni extrémiste, ni marginale, car une simple recherche Google vous prouve que même des gens totalement favorables à l’UE ou à l’euro veulent se défausser de l’Otan. Ces gens ne connaissent malheureusement pas l’article 50 du TUE, banni des médias, qui propose à un Etat de sortir de l’UE (annulant ainsi sa subordination à l’Otan due à l’article 42 du TUE). Les plus tordus, bornés, prétendument gaullistes, vendus ou suicidaires me rétorqueront qu’il suffit de quitter de nouveau le commandement intégré, et pas l’OTAN dans son ensemble.
Le constat de De Gaulle à l’époque était pourtant déjà suffisamment criant.
Simplifions-le :
Quitter le commandement intégré car PLUS DE MENACE directe. Pour parer à toute éventualité, restons dans l’OTAN, je ne suis pas devin.
Or, aujourd’hui, 47 ans après, c’est bien pire.
Que vous a apporté l’Otan, ce projet américain ?
Si ce n’est une soumission supplémentaire ?
Si ce n’est une perte de contrôle sur notre armée ?
Si ce n’est une situation catastrophique partout où elle est passée avec ses grandes cautions humanitaires ?
Des pipelines, au profit unique des USA sur sols colonisés, bon j’avoue, c’est pas rien, y a moyen d’un p’tit billet.
Mais l’Albanie ? Le Kosovo ? La Yougoslavie ? L’Afghanistan ? L’Irak ?
Allez donc leur demander ce qu’ils pensent de l’intervention de l’Otan dans leur pays, vous allez vous faire chasser à coup de babouches.
Et demandez vous comment vous vous sentiriez si demain des forces armées soi-disant là pour protéger les Droits de l’Homme se pointaient par la méditerranée et l’Océan Atlantique sans votre avis.
L’Otan depuis 1966 n’a plus de raison d’être. Elle ne protège pas l’Europe car aucune menace ne s’y trouve. D’ailleurs elle le prouve en intervenant sur des terres non-européennes constamment.
Pour autant que je m’en souvienne on était bien parti pour aller « botter le cul » de la Syrie, non ?
La vérité est donc que l’alternative s’offrant à la France s’avère d’une grande limpidité :
- Soit la France continue à rester membre de l’Union européenne, et elle est alors ipso facto condamnée à s’enfermer dans l’Alliance atlantique, tant l’UE et l’OTAN ne sont en réalité que les deux faces de la même médaille, celle de l’asservissement géopolitique, diplomatique, militaire, économique et culturel aux États-Unis d’Amérique.
Ceci est d’ailleurs la conclusion logique à laquelle était parvenu Mitterrand.
- Soit la France décide de redevenir la nation libre et souveraine qu’elle doit redevenir pour le plus grand bien de son peuple ; et il faut alors sortir à la fois de l’Union européenne et de l’OTAN, l’un n’allant pas sans l’autre selon l’article 50.
Voila quelle était la conclusion logique à laquelle était parvenu le président Charles de Gaulle, en faisant sortir la France du commandement militaire intégré de l’OTAN en 1966, la même année qu’il imposait le droit de veto à toute dérive supranationale de la construction européenne.
Je vous rappelle également que de nos jours, pour adhérer à l’UE, il faut d’abord accepter d’être membre de l’OTAN.
Donc UE = OTAN (= USA)
L’Union Européenne, c’est la guerre.
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