• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Taiwan : les armes de l’indépendance

Taiwan : les armes de l’indépendance

Pendant que se préparent les futurs Jeux Olympiques de Pékin en 2008, qui vont attirer naturellement une forte attention médiatique sur la Chine, ses voisins et l’Asie, les autorités taiwanaises préparent activement une « déclaration d’indépendance » à la manière américaine, cette indépendance initiée par George Washington par rapport aux frères anglais des colons des 13 premiers Etats-Unis d’Amérique...

Une « indépendance » comparable à celle des Etats-Unis d’Amérique face à l’Angleterre

La situation géostratégique et géopolitique en Asie connaîtra certainement en 2008 des modifications qu’il peut être intéressant d’anticiper, eu égard aux conséquences diverses que ces changements pourraient avoir sur le plan des relations internationales.

Ces évolutions sont déjà engagées et, partant de ce constat, il peut sembler nécessaire d’en comprendre les causes, d’en analyser les processus et de définir les options possibles pour le futur.

Un des facteurs politiques-clés, sis juste aux portes de la Chine, et qui sera bientôt éclairée par les projecteurs médiatiques, est la volonté d’indépendance politique absolue de Taiwan.

Taiwan est pour l’heure un Etat de facto existant comme tel, mais sans reconnaissance juridique par l’ONU, ni les principaux Etats du monde, attachés du fait de « leurs relations » avec le pouvoir chinois, à la conception actuelle de la dictature de Pékin selon laquelle Taiwan est une part de la Chine, qui, à terme, devrait revenir à ce pays.

Aujourd’hui, il est clair, et tous les sondages d’opinion publique à Taiwan le montrent avec force, que les habitants de Taiwan se sentent d’abord « Taiwanais », c’est-à-dire qu’ils s’autodéfinissent comme une nation, de culture chinoise et de langue mandarine, mais avec des valeurs et des aspirations différentes de celles qui prédominent en Chine.

C’est la raison pour laquelle, si l’on veut prendre une référence historique, un exemple analogue à ce qui se passe sous nos yeux, on peut comparer la volonté d’indépendance du peuple de Taiwan à celle des colons anglophones des Etats-Unis d’Amérique, volonté que George Washington a fédérée en une force politique et militaire.

C’est ainsi que le premier président des Etats-Unis d’Amérique a pu donner naissance à la nation américaine, contre la métropole et grande puissance de l’époque, l’Angleterre, de même culture et langue que les « rebelles » ou « patriotes » de la guerre d’indépendance américaine.

Une indépendance largement discutée et débattue

A l’évidence, le processus en cours à Taiwan vers l’indépendance du pays, ce qui se traduira par une claire insistance, ancrée dans la constitution à rédiger, sur le fait que le pays n’est pas une partie de la Chine et que celle-ci n’a aucun droit à faire valoir sur l’île et ses habitants, pose de multiples problèmes à beaucoup de capitales étrangères.

Son orientation politique actuelle génère, c’est le moins que l’on puisse dire, un embarras certain dans les pays de la région, y compris au Japon, mais surtout chez l’allié de toujours, les Etats-Unis.

Il n’est pas inintéressant d’observer que la marche de Taiwan vers l’indépendance officielle, mettant fin à l’actuel statut juridique et politique imprécis du pays, est très diversement appréciée tant au sein de l’administration Bush que dans les rangs du parti démocrate. D’autant qu’elle pose manifestement des risques de tensions militaires, voire même de confrontation violente, même si la Chine n’a aucun intérêt à briser son expansion économique actuelle par une guerre qui pourrait lui nuire aussi beaucoup sur divers plans.

Mais, nul n’ignore que les dirigeants de la dictature de Pékin sont parfois imprévisibles dans leurs réactions, comme les massacres de juin 1989 l’ont prouvé dans le passé.

Les divergences sur la question aux Etats-Unis ne recoupent pas les clivages politiques habituels comme cela est le cas sur l’Irak ou l’Afghanistan, mais des positions politiques et des appréciations sous-jacentes de ce qui serait positif ou non pour les intérêts américains. De même en Extrême-Orient, où la crainte de la Chine et de sa puissance tant économique que militaire ne crée pas forcément que des sentiments amicaux envers ce pays, et où Taiwan devenant un facteur de crise pour Pékin ne serait pas vue comme une mauvaise chose.

En résumé, l’indépendance de Taiwan et sa déclaration officielle de séparation totale d’avec la Chine sont des sujets de discussion dans les cercles de pouvoir, de Tokyo à Washington, et de New Delhi à Moscou, mais aussi à Pékin, chacun pesant et évaluant ses propres intérêts dans une telle perspective.

Les armes de l’indépendance et l’industrie militaire taiwanaise

Parmi les éléments de la discussion qui se mène dans les capitales citées vis-à-vis de la possible déclaration d’indépendance de Taiwan, qui s’appuierait de plus sur un vote d’approbation par voie de référendum populaire, conférant à ce processus la caractère de respect scrupuleux de la volonté populaire et un aspect démocratique indéniable, il y a la question des armements en rapide développement de Taiwan.

Depuis plusieurs années, et notamment après les affaires que tous connaissent des frégates et des Mirage 2000, qui ont valu aux autorités taiwanaises bien des déboires, des ennuis et des déceptions, une décision de principe avait été prise, afin d’assurer au préalable l’indépendance du pays en matière de défense et de sécurité, celle de promouvoir une véritable industrie nationale de production d’armements.

Le résultat concret en 2007, à moins d’un an des Jeux Olympiques de Pékin, est plus qu’explicite.

Depuis quelques jours, alors que l’activité diplomatique des autorités taiwanaises s’intensifie sur l’axe politique et diplomatique en vue de l’indépendance, on assiste aussi à la démonstration, par petites vagues successives, de la force attestée des industries militaires du pays.

On voit ainsi apparaître au grand jour des systèmes de missiles et d’antimissiles de très haute technologie, issus de la production nationale, mais aussi des blindés et des canons sans recul, des navires et des systèmes nouveaux autant que performants en termes de détection et d’antidétection, de minage et de déminage.

Les lecteurs ne doivent pas oublier que Taiwan, sur le plan de la recherche militaire, a l’avantage de s’appuyer sur une population ayant un haut pourcentage de citoyens versés dans les technologies de pointe, comme c’est aussi le cas pour un pays qui a suivi le même chemin industriel auparavant : Israël.

Certaines sources bien informées, mais requérant un anonymat nécessaire, indiquent que les progrès ont aussi été considérables dans le domaine aérien, dans celui des télécommunications et de la surveillance ciel et mer.

Mais, sur ces plans, Taiwan sort ses atouts militaires de sa manche avec une sereine lenteur, manifestant bien ainsi à chaque étape, aux fins de clarté pour tous, amis possibles et ennemis potentiels, que les armes de l’indépendance sont prêtes.

Par ailleurs, des informations de presse récentes soulignent une montée en puissance du budget de défense du pays (+ 15 %), des achats de matériel à des pays de la région (notamment des hélicoptères de fabrication japonaise), tandis que les pays européens comme la France sont de facto abandonnés.

Du côté américain, les autorités attendent un feu vert de la Maison Blanche pour l’achat d’avions de combat, mais l’administration Bush semble encore indécise sur le sujet.

Les Jeux Olympiques : un enjeu de taille en 2008 ou « qui gagne les J.O. peut les perdre »

A l’origine, quand Pékin avait été choisie comme ville olympique par le CIO, les responsables du pays avaient imaginé que tous les avantages en seraient pour eux.

Aujourd’hui, certains en Chine se demandent si leur scénario prévu ne pourrait pas se transformer en cauchemar politique et médiatique pour leur pays, du fait de ce processus d’indépendance de Taiwan pour 2008.

A l’évidence, la situation en Asie du Sud-Est en 2008 est lourde de tensions possibles de ce fait.

Les Jeux Olympiques de Pékin pourraient donc mettre la Chine au centre des attentions du monde, mais peut-être pas comme ses autorités dirigeantes l’avaient envisagé et prévu à l’origine.

Comme le dit un dicton aborigène taiwanais, que la France connaît aussi sous une forme proche : «  Un petit grain de sable dur peut créer de grands problèmes à une grosse machine. »


Moyenne des avis sur cet article :  4.45/5   (29 votes)




Réagissez à l'article

38 réactions à cet article    


  • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 septembre 2007 11:44

    Florentin,

    La question est excellente car elle souligne justement les contradictions internes de la situation présente.

    Pour l’heure, au niveau légal, en apparence, Taiwan est un Etat indépendant, mais qui n’a aucune reconnaissance légale de la part de la majorité des pays du monde qui considèrent, violant ainsi les droits inscrits de l’ONU, que Taiwan est une partie de la Chine.

    En clair, le processus se fera en deux étapes : 1) un référendum populaire pour opter de constituer officiellement, avec l’aval d’un vote démocratique irréprochable, une nation souveraine indépendante clairement de la Chine. 2) une déclaration publique et une Adresse à l’opinion intrenationale demandant que soit prise en compte la volonté exprimée du peuple de Taiwan de se constituer en nation souveraine en s’appuyant alors sur les principes de la Charte constitutive des Nations Unies.

    Bien cordialement vôtre,


  • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 septembre 2007 14:27

    Florentin,

    La question est à l’évidence pertinente, comme la première.

    La question peut aussi être posée différemment : est-ce qu’un petit Etat qui annoncerait subitement disposer d’armes nucléaires stratégiques- ce que chacun sait sans le dire ouvertement- pourrait être, après un référendum parfaitement démocratique, vraiment empêché de déclarer son indépendance officielle ?

    A Washington, on suppute les avantages et les inconvénients pour les intérêts américains, mais a-t-on les moyens d’agir et d’empêcher éventuellement cette indépendance, d’autant qu’elle apparaîtra à l’opinion publique américaine comme le geste souverain d’un pays allié ?

    Il importe de noter que du fait des atermoiements de G W Bush sur la question, l’opinion publique à Taiwan tend à tourner aussi anti-américaine. Et les rapprochements économiques avec la Russie -pétrole et gaz obligent- ne sont pas innocents, ni mauvais pour la politique taiwanaise...

    A trop se faire d’ennemis de tous côtés, Washington aura-t-elle encore des amis en 2008 quand le sujet deviendra brûlant ?

    Bien cordialement vôtre,


  • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 septembre 2007 15:06

    Florentin,

    Un scoop, non ! En tout cas pas pour les spécialistes en armements qui connaissent Taiwan et ses possibilités en la matière.

    On dit aussi qu’Israël a les mêmes armes, mais il est de bon ton de ne pas en parler. C’est pareil ici : officiellement, ce n’est qu’une « possibilité » future, une hypothèse de travail.

    Comme en Israël...

    Mais, les surprises sont réservées pour 2008. Officiellement donc, version très officielle, Taiwan n’a pas d’armes nucléaires.

    Les spécialistes qui le disent sont, à l’évidence, des gens qui ne croient pas aux vérités officielles. Donc , attendons pour voir et savoir. Mais, mon petit doigt m’a un jour expliqué que les Etats ont souvent deux « vérités » : celle du jour et celle du cas échéant futur.

    Bien cordialement vôtre,


  • La mouche du coche La mouche du coche 5 septembre 2007 15:44

    La bombe atomique ! smiley Rassurez-vous les amis, Philippe Vassé est fou à lier. N’écoutez pas cet homme smiley


  • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 septembre 2007 15:56

    Florentin,

    Ce n’est pas sur Agoravox que des révélations fracassantes vont être faites sur les armements de la région.

    Je ne suis pas en charge des annonces officielles pour quiconque, je pointerai donc vers les sources possibles qui pourraient éclairer votre lanterne citoyenne.

    La discrétion étant de rigueur sur ce sujet sensible, il me semble que vos interrogations légitimes devraient plus se tourner vers des sites de référence plus « spécialisés » comme le site Boom 2000 que vous pourriez utilement interroger sur le sujet.

    Ses responsables sont très bien placés pour savoir les « secrets » éventuels des pays de la région et par courriel, plus discrètement, échanger avec vous sur ce thème et d’autres annexes, comme les sous-marins.

    Un petit en-cas quand même : le texte de notre ami Pierre sur ce fil qui traite les discussions sino-américaines sur la situation de Taiwan. Il est instructif et à lire avec finesse entre les lignes pour décoder ce que je disais clairement dans l’article dont le titre est bien « les armes de l’indépendance ».

    La Chine n’est peut-être pas en position de force, même sur le plan des missiles traditionnels où elle a accumulé le nombre, mais pas la qualité, ni les cadres techniques. D’autant que sur ce plan, les Taiwanais sont devenus très forts et compétents en systèmes anti-missiles opérationnels.

    En Asie, ne pas perdre la face est essentiel. Derrière la porte fermée, on peut discuter calmement de tout, même de l’indépendance, comme entre Bush et Hun actuellement.

    Bien cordialement vôtre,


  • La mouche du coche La mouche du coche 5 septembre 2007 16:21

    La conversation de fou de la mort entre Philippe et Florentin, c’est culte. J’adore smiley


  • Je suis désolé de vous contredire, mais non Taiwan ne dispose pas d’armements nucléaires.

    En réalité, Taiwan a tenté dans les années 70 de se doter d’armes nucléaires en réalisant différentes recherches et à partir de ses réacteurs plutonigènes. Mais pour de multiples raisons (pressions américaines, manque de matière fissiles...), Taiwan a renoncé à l’acquisition de cet armement au début des années 80.

    Quand à votre remarque sur Israël : « On dit aussi qu’Israël a les mêmes armes, mais il est de bon ton de ne pas en parler », là je vous suis. Effectivement, les médias communiquent peu sur l’état de l’armement israélien. De plus, Israël n’a jamais admis disposer d’un arsenal nucléaire. Une posture qui fait intégralement partie de sa politique de dissuasion. L’arsenal israélien serait composé de près de 200 ogives nucléaires qui se répartissent entre ses trois composantes(terre, air et sous-marine)

    Enfin pour infos, actuellement 9 puissances nucléaires officielles ou non sont dénombrées dans le monde : États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Israël, Inde, Pakistan et la Corée du nord.


  • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 septembre 2007 18:47

    Bonsoir, Jean-Marie,

    Merci pour votre contribution qui montre que votre organisme en France s’intéresse de près à la défense de Taiwan.

    Ce qui n’est pas mon cas, car je ne suis pas un passionné de la chose militaire.

    Je me permets juste de faire remarquer que je me suis fondé sur des sources publiques et privées, taiwanaises et étrangères, pour élaborer cet article et mes commentaires, de plus étayés par des articles de presse récents.

    De ce que j’ai appris de ces sources concordantes, bien qu’indépendantes les unes des autres, il me semble que votre organisme a quelque retard sur les événements et la réalité taiwanaise.

    Mais, il ne m’appartient pas de combler retards et lacunes possibles d’un organisme français, quel qu’il soit, ni de gêner Taiwan dans son action pour obtenir enfin son indépendance totale reconnue au plan international.

    Je me cantonne à citer mes sources- comme mon correspondant très informé du site Boom 2000- et à faire état de ce qu’elles m’indiquent en vérifiant au mieux de mes possibilités leur fiabilité. Ce que j’ai fait.

    Le fait qu’ensuite, tel ou tel organisme admette ou refuse une information sourcée de manière journalistique, n’est pas de mon ressort.

    La réalité à venir tranchera vite.

    A titre de citoyen attaché à Taiwan et à la sécurité de ses habitants, il me semble que plus ce pays sera fort militairement, plus il sera en mesure, s’appuyant sur la volonté démocratique de ses citoyens, de défendre et protéger son indépendance officielle à venir.

    Dans ce sens, le fait que Taiwan puisse posséder des armes nucléaires ne me paraît pas un problème pour personne, bien au contraire, car si tel est le cas, cela ne ferait que limiter justement les possibilités de conflit dans la région.

    Ce serait en fait un facteur stabilisateur, comme ce fut le cas en Asie entre l’Inde et le Pakistan, selon le principe du risque mutuel calculé.

    Nous verrons bientôt si votre organisme a bien ses fiches à jour, au moins sur Taiwan.

    Bien cordialement vôtre,


  • La mouche du coche La mouche du coche 5 septembre 2007 19:01

    « il ne m’appartient pas de combler retards et lacunes possibles d’un organisme français, quel qu’il soit, ni de gêner Taiwan dans son action pour obtenir enfin son indépendance totale reconnue au plan international. »

    Taiwan gêné par Philippe ! smiley Ce fil est le plus drôle du monde. Je vais m’y scotcher, bravo Philippe ! smiley


  • wawa wawa 5 septembre 2007 21:29

    les taiwanais ont quelques centrales nucléaire, or qui dit centrale dit production de plutonium, en faible quantité, mais cumulé sur des dizaines années...

    il ne faut que 4kg de plutonium pour la bombe A !

    tous le pays ayant des centrles en fonctionnement depuis assez longtemps et de retraiter leur dechets sont a meme de fabriquer des bombes atomiques !


  • LE CHAT LE CHAT 5 septembre 2007 11:39

    article intéressant , je vois mal les taiwainais accepter de se faire croquer comme hong kong et macao, 2008 c’est l’occasion ou jamais !


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 septembre 2007 11:47

      Le Chat,

      Oui, vous avez raison sur le fait d’autant que Pékin a peur maintenant que les Jeux Olympiques se déroulent sur fond d’émeutes paysannes et urbaines (une donnée quotidienne en Chine actuelle), ce qui pourrait aussi bien abîmer l’image de prospérité et de modernité du pays.

      2008 risque donc d’être une année difficile pour le régime de Pékin.

      Bien cordialement vôtre,


    • ZEN ZEN 5 septembre 2007 11:55

      Merci, Philippe, pour cet éclairage du bout du monde...


      • Vilain petit canard Vilain petit canard 5 septembre 2007 13:44

        Vraiment très intéressant, vous êtes une source d’informations passionnantes. Le gouvernement chinois continue à faire comme si Taïwan appartenait à la République Populaire, pour effacer l’histoire même du Général Tchang-Kaï-Chek et du Guomindang. D’où les réguliers essais de tir avant les élections taîwanaises. C’est sûr que la question doit agiter les chancelleries japonaises et américaines - et russes.

        Cependant, je ne crois pas que Pékin fasse son cheval de bataille de Taïwan, ils ont trop à faire avec leurs problèmes intérieurs et leurs J.O., et un affrontement direct (même diplomatique) avec les USA n’est pas encore à l’ordre du jour.

        Et nous, pendant ce temps-là, nous nous occupons des seules vraies priorités : juger les fous, interdire de juger les patrons truands, et rédiger des mini-traités. Il serait temps que le monde apprenne à se concentrer sur les vraies questions, et évite de se disperser dans des questions frontalières de seconde importance.

        Je vous dis pas le réveil de la diplomatie française, dans quelques années !


        • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 septembre 2007 14:44

          Bonjour, Vilain Petit Canard,

          Vous avez abordé des points intéressants, mais je ne vais rebondir que sur un seul : celui de la place de la France en Asie maintenant. Sans même parler de sa diplomatie qui ne compte plus guère nulle part.

          Je sais bien que celui que les caricaturistes aiatiques appellent ici Pinocchio (Nicolas Sarkozy) est partout en même temps et gère tous les dossiers à la fois comme dans un film en accéléré où les bras font des moulinets incessants, mais en Asie, les positions de la France s’écroulent toujours plus et plus vite.

          Sans oublier le nouvel axe qui se crée entre Inde, Russie et Chine, alliées aux Etats d’Asie Centrale...Pinocchio apparaît comme un nain perdu dans un tout petit jardin, seul et isolé. Comme l’UE d’un certain point de vue.

          Pour en revenir à Taiwan, les armes made in Taiwan sont directement les fruits amers -pour Thalès et d’autres- des affaires Bravo et Tango, et de leurs péripéties qui n’ont pas grandi l’image de la France, mais démontré que le moyen le plus sûr et le moins onéreux pour Taiwan était de produire ses propres armements.

          Par contre, outre ces reculs et le récent échec retentissant de la Société Générale en Chine face aux banques américaines -qui en annonce d’autres- il est à noter que les remboursements français et venant de Suisse issus des affaires citées, au total 1100 millions de dollars US vont servir à accélérer cet effort militaire taiwanais qui va donc couler encore plus les exportations françaises en récession !

          Ledit Pinocchio gère donc la continuité dans la rupture comme la rupture dans la continuité, à savoir la régression de la France dans le monde, mais à vitesse accélérée. Et de plus, il apparaît comme impuissant à empêcher les désastres financiers et économiques de se multiplier pour ses amis en France.

          Comme disait un Taiwanais humoriste, le Président français a un côté Sancho Pansa qui combat les ailes des moulins, mais brasse toujours plus de vent que lesdites ailes, sans les arrêter. Elles tournent et le ridiculisent encore un peu plus...

          Bien cordialement vôtre,


        • La mouche du coche La mouche du coche 5 septembre 2007 19:07

          Philippe, pourriez-vous parler correctement de notre président ? smiley Je n’aime pas vos expressions ! smiley


        • Vilain petit canard Vilain petit canard 6 septembre 2007 09:20

          @ Philippe

          Hélas, vous confirmez ce que je pense depuis quelque temps. Mais Sarkozy n’est pas le seul en cause à mon avis, les précédents avaient déjà bien fait chuter notre cote. A côté de ça, l’Europe est bouffée par ses problèmes internes, n’a aucune politique extérieure, il ne faut pas attendre grand-chose non plus de ce côté-là.

          Finalement, si on prend un peu de recul, on voit que le monde actuel se rééquilibre, et revient à la configuration du XIIIe ou XIVe siècle : un Extrême-Orient fort (sous domination mongole ou chinoise), commercialement et militairement, un Orient qui se sent pousser des ailes (Iran, Russie). Et une Europe marginalisée au bout du continent, préparant de futures « guerres de religion », maintenant vaille que vaille une présence au Proche-Orient, et tremblant devant les Turcs.

          Mais aujourd’hui, on ne pourra pas re-découvrir et piller l’Amérique pour se refaire une santé, comme on avait eu la chance de le faire en 1492...

          L’Amérique, justement, de plus en plus contestée, et après quelques gadins en Afghanistan et en Irak, va être tentée de se replier sur son pré carré, en redécouvrant la doctrine de Monroe..

          Ne survivront en Europe que les pays (ou compagnies) ayant su faire du business avec le nouveau Kubilaï Khan : Hu Jin Tao. C’est Barbie et les sociétés de téléphones portables qui dirigeront...

          Composition du prochain Conseil de Sécurité des Nations Unies en 2020 : Inde, Chine, USA, Russie, et ... c’est tout.


        • alberto alberto 5 septembre 2007 14:01

          Oui, Philippe Vassé, votre grain de sable pourrait bien mettre le feu aux poudres !

          Votre article montre bien la perplexité dans laquelle se trouvent les « grands » états, US en tête, les enjeux en balance, dans l’hypothèse d’une telle déclaration d’indépendance de Taïwan (surtout sur fond de jeux olympiques à Pékin), et les tractations diplomatiques qu’elle entrainerait.

          Reste que la Chine (continentale) est tel un mastodonte devant un lilliputien qui le provoque, sachant que de ce côté de la planète « on » n’aime pas perdre la face : ça ne va pas être simple !

          Bien à vous.


          • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 septembre 2007 14:50

            Alberto,

            Merci de votre message.

            Je crois savoir que les médias français parlent ce jour de nouveaux déboires- une nouvelle plainte- qui arrivent à un ancien Directeur du Budget et PDG d’une banque connue.

            Il semble donc que le grain de sable -ou c’est selon les grains de sable- commencent à faire leur oeuvre de vérité qui progresse.

            2 procès pour l’homme des listes secrètes Bravo et Tango, j’ai comme l’impression que le mauvais sort s’acharne sur cet homme.

            Et certains disent à Paris que cela n’est qu’un début...On dit aussi que quand la mécanique casse, on accuse toujours son inventeur de la chose !

            On ne prête qu’aux riches....

            Bien amicalement vôtre,


          • alberto alberto 5 septembre 2007 15:28

            Philippe, concernant le procès d’un banquier français, ci-devant gouverneur du Budget, qui aurait couvert certaines opérations financières délictueuses, si l’affaire fait grand bruit en Orient, en France : silence radio et journaux !

            D’ailleurs, Notre Président Bien Aimé (NPBM) suggère que la délinquence en col blanc pourrait cessé d’être...

            N’attendez donc pour le moment aucun foin venant d’ici !


          • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 septembre 2007 18:54

            Alberto,

            Je crois que le site Boom 2000 a publié ou va publier des choses intéressantes sur une plainte dirigée contre la banque du ci-devant ancien haut fonctionnaire pour des ventes forcées (en clair, des ventes sans l’aval de clienst d’actions EDF).

            Il semble que France 2 en ait parlé, sauf erreur de ma part, imputable à ma source française.

            Je vous tiens informé des suites, mais il semble que, avec le dossier Hambros, cela commence à vraiment à sentir le roussi.

            Bien amicalement à vous,


          • Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 5 septembre 2007 15:32

            Philippe

            Excellent, comme toujours. Dans le cadre de la rencontre des 21 dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), qui se tient à Sydney, la Chine vient de déclarer que : «  s’opposer et maîtriser « l’indépendance de Taïwan » était crucial pour la paix et la stabilité de part et d’autre du détroit de Taïwan et dans la région Asie-Pacifique, ainsi que dans l’intérêt commun de la Chine et des États-Unis  ». Le président chinois, Hu Jintao, et son homologue américain, George W. Bush, aborderont le projet de référendum des autorités de Taïwan portant sur l’adhésion aux Nations unies. Bien évidemment, dans son message officiel, la Chine espère que les États-Unis continueront à respecter strictement leurs engagements sur la politique d’une seule Chine, les trois communiqués conjoints conclus entre la Chine et les États-Unis, et à s’opposer à l’« indépendance » de Taïwan, travaillant avec la Chine à préserver la paix et la stabilité de part et d’autre des deux rives du détroit.

            Vous avez tout à fait raison de souligner que « certains en Chine se demandent si leur scénario prévu ne pourrait pas se transformer en cauchemar politique et médiatique pour leur pays, du fait de ce processus d’indépendance de Taiwan pour 2008  ».

            Pierre R.

            Montréal (Québec)


            • ZeusIrae 5 septembre 2007 23:18

              Cher Mr Vassé,

              J’ai un problème extrêmement grave avec votre article.Je ne suis pas un expert mais voilà plusieurs années que je suis par l’intermédiaire d’internet et de revues les affaires de défenses.

              Pas un seul fois je n’ai vu la moindre information sur une éventuelle « bombe taïwanaise ».Vous auriez parlé d’une « surge capacity »(la possibilité de transformer dans de très bref délais un programme nucléaire civil en programme militaire opérationnel),je vous aurais peut être cru.Mais une arme nucléaire ?Ce n’est tout simplement pas crédible.Cela aurais constitué un casus belli encore pire que l’ indépendance vis à vis de la Chine.Jamais les americains n’aurais toléré un tel chose après les années 70 et le voyage de Nixon.C’est une impossibilité politique.

              J’ai lu des dizaines d’analyses et des ouvrages de plusieurs centaines de pages sur la question.Nul part je n’ai vu aucune mention d’une bombe nucléaire opérationnel.Je ne suis pas un spécialiste mais il me parait inimaginable que les meilleurs experts aient pu ignorés un fait aussi capital.

              Taïwan est une petite île surveillée en permanance par deux puissances majeures.Il est inimaginable qu’un tel secret aient pu échappé à leur regard.

              Quand à l’armement,les militaires taïwanais eux-mêmes estiment leur capacité de résistance à deux semaines.On peut estimer qu’ils sont exagerement pessimiste mais les délais sont court comme vous le voyez.Quel genre d’irresponsable ferais un paris aussi risqué alors que l’appuis americains n’est même pas assuré.


              • Philippe Vassé Philippe Vassé 6 septembre 2007 03:58

                Cher Zeusirae,

                Je ne voudrais surtout pas que mon petit article et son fil vous créent un problème, grave ou non, surtout sur un sujet qui n’est pas d’une cruciale importance pour la France. Ceci dit avec humour et gentillesse.

                J’aurais mieux compris que cela crée des interrogations en Chine et y génère un grave problème.

                Ceci dit, il y a quelques mois, Taiwan était considérée comme incapable de produire certaines armes qu’elle montre au public depuis quelques jours à Taipei et a fait défiler le 1er septembre.

                Je ne sais pas quels livres et écrits, basés sur quelles sources, savent mieux que les yeux ouverts des citoyens de Taiwan, donc vivant ici, ce qui est ou non une composante de leur défense nationale, mais cette force militaire PARTIELLE, elle est exposée ici aux yeux de tous.

                Et tous les experts notent qu’elle a beaucoup évolué et progressé, tant en qualité qu’en quantité, surtout au niveau technologique.

                Et encore, disait le presse citant le Ministère de la Défense, des choix avaient été faits de ne présenter... qu’une partie des armements produits sur place !!!

                Encore une fois, je ne veux rien assurer, mais les sources qui ont évoqué cet armement atomique sont fiables à 100% et précises. En plus, même sur le plan aéronautique, elles ont été avérées par des faits aujourd’hui publics, énoncées plusieurs mois auparavant !

                En conclusion, je veux bien accepter que moult livres, rapports et documents disent ce qu’ils veulent. Mais, de mon côté, je ne crois que ce que je vois et suis en mesure de vérifier.

                Pour l’heure, aucune preuve publique n’atteste cette « capacité atomique » évoquée, mais les personnes qui en ont parlé sont très crédibles sur le plan journalistique et surtout très au fait de la chose.

                Il me semble donc naturel, quand des personnes m’ont annoncé à l’avance des informations aujourd’hui publiquement évidentes, de tenir compte sereinement de leurs dires. Sans plus, mais sans moins aussi.

                Bientôt, il semble qu’on pourrait parler d’avions militaires made in Taiwan, que personne n’évoquait avant les 3 derniers mois ici. Sans compter deux ou trois autres petites surprises supplémentaires....

                Les surprises sont par essence des faits que l’on ignorait ou qu’on ne voulait pas croire vrais.

                Au passage, parce que la vie réelle est parfois plus vraie que les livres, mes sources indiquent que cela fait longtemps que l’agence atomique taiwanaise a été scindée en deux : une agence civile qui suit les 3 centrales en activité et la 4ème en construction sur la côte Nord-Est, et...une militaire.

                Cette agence militaire aurait-elle eu pour unique but d’être créée pour ne rien faire, juste pour faire semblant d’exister ?

                Mais, une chose est sûre : elle existe bien. Qu’en déduire ? Je ne le sais pas, mais un fait de cette nature devrait interroger pour le moins les « certitudes ».

                Bien cordialement vôtre,


              • Philippe Vassé Philippe Vassé 6 septembre 2007 04:05

                Alberto,

                Avant de partir dans quelques heures en voyage de par le vaste monde, je vous donne ce lien sur les plaintes contre la Société Générale de Daniel Bouton par des clients de sa banque pour ventes forcées d’actions EDF...

                Il semble que le voile se lève progressivement sur l’homme de tous les secrets : France 2 de 13 heures hier en aurait aussi fait état selon un correspondant de ce fil.

                http://imode.capital.fr/news_article.asp?id=&numero=65087&Cat=SOF&numpage=1

                Bonne lecture informative,

                Bien amicalement,


              • Philippe Vassé Philippe Vassé 6 septembre 2007 05:36

                Bonjour,

                Ceci est un article du Taipei Times de ce 6 septembre 2007 sur la question de la marche à l’indépendance de Taiwan face aux positions chinoises.

                Intéressant à plus d’un titre.

                Bonne lecture

                China drops plans for vote on Taiwan

                SEEING EYE-TO-EYE : Taiwan’s ruling party and opposition united to welcome a local report that the US had persuaded China to drop its plans for a vote at the UN By Shih Hsiu-chuan STAFF REPORTER, WITH DPA Thursday, Sep 06, 2007, Page 1 « Taiwan is an independent state. It does not belong to the [People’s Republic of China]. We hope the international community, including the member states of the UN, will accept Taiwan’s application for UN membership. »

                Wang Tuoh, Democratic Progressive Party caucus whip

                The Democratic Progressive Party (DPP) and Chinese Nationalist Party (KMT) reacted positively yesterday to reports that the US had pressured China into dropping its proposal to initiate a UN vote on whether Taiwan is part of China.

                DPP caucus whip Wang Tuoh (王拓) lauded the US’ move.

                « Taiwan is an independent state. It does not belong to the [People’s Republic of China (PRC)]. We hope the international community, including the member states of the UN, will accept Taiwan’s application for UN membership, » Wang said.

                Chinese Nationalist Party (KMT) caucus whip Tseng Yuan-chuan (曾永權) said his party approved of the US decision to reject China’s position that Taiwan is part of the PRC.

                « There is nothing wrong with the US making such remarks as its Taiwan Relations Act clearly says that the development of US-Taiwan relations should be beneficial to both sides, » Tseng said.

                The DPP and KMT were reacting to a report in the Chinese-language China Times that said China had canceled its plans for a vote on the issue. Beijing reportedly said that as it was already a matter of UN consensus that Taiwan is part of China, there was no need for a vote.

                letter

                The report said that the US wrote a letter to the UN expressing its objections to the Chinese proposal.

                Chinese Ambassador to the UN Wang Guangya (王光亞) presented the proposal to UN Secretary-General Ban Ki-moon on Aug. 16 in reaction to Taiwan’s application for UN membership under the name « Taiwan » in July.

                In a nine-point clarification, the US told the UN that there was no consensus among UN members that « Taiwan is part of the People’s Republic of China, » adding that this is not US policy.

                While receiving Heritage Foundation researcher Harvey Feldman yesterday afternoon, President Chen Shui-bian (陳水扁) confirmed the report, saying that Washinton has conveyed this stance to Taipei.

                Taiwan has sought to join the UN since 1993. This year, Chen opted to apply for membership under the name « Taiwan, » submitting an application to that effect to Ban.

                Ban rejected the application, saying the Taiwan issue had been resolved when the UN passed Resolution 2758 in 1971.

                The US has criticized Taiwan over its use of the name « Taiwan, » saying Taipei is willfully provoking Beijing. China routinely interprets actions taken by the DPP as moves toward formal independence.

                Ministry of Foreign Affairs Spokesman David Wang (王建業) refused yesterday to comment on whether the US had informed Taiwan about its letter to the UN, citing confidentiality. However, Wang said the ministry was aware of the incident.

                difference in policy

                Wang said it would not be surprising if the US had sent such a message to the UN because Ban’s stance on the issue differed from US policy, as outlined in its official documents.

                The difference, Wang said, was that Ban argued that Taiwan is « recognized » as being part of the « People’s Republic of China, » but the US only « acknowledges » China’s claim that « Taiwan is part of China. »

                Wang said the ministry had no information to suggest that China had dropped its plan for a vote on Taiwan because of US pressure.

                China might not have obtained the desired result if it had stuck to its plan, Wang said, adding that not every UN member would accept the Chinese position.

                Wang said countries used different tactics when signing communiques on the establishment of diplomatic relations with China.

                Some countries have used wording to the effect that they « take note of » China’s claim over Taiwan, others said they « respect » China’s claim, while still others made no mention of the issue, he said.

                Additional reporting by Flora Wang


              • La mouche du coche La mouche du coche 6 septembre 2007 06:16

                « Je ne sais pas quels livres et écrits, basés sur quelles sources, savent mieux que les yeux ouverts des citoyens de Taiwan, »

                Ah Philippe ! Vos phrases sont IMPREVISIBLES smiley


              • La mouche du coche La mouche du coche 6 septembre 2007 06:22

                « les sources qui ont évoqué cet armement atomique sont fiables à 100% et précises. »

                Ne touchez à rien ! smiley


              • jc durbant 6 septembre 2007 07:02

                et si, comme le suggère Thérèse Delpech, c’était le Monde libre et tout particulièrement la Patrie autoproclamée des Droits de l’Homme qui accordaient cette reconnaissance diplomatique à la seule Chine démocratique de la planète, ce qui serait l’équivalent d’une indépendance et retirerait de ce fait tout prétexte à Beijing pour intervenir ?

                http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/2007/09/06/totalitarismes-l%e2%80%99annee-des-jeux-sera-t-elle-l%e2%80%99annee-de-tous-les-dangers-pour%e2%80%a6-la-chine-will-2008-be-the-year-of-living-dangerously-for%e2%80%a6-beijing/


                • stephanemot stephanemot 6 septembre 2007 10:25

                  Il me semble important de rappeler les impressionnants exercices militaires des deux nouveaux blocs ces derniers mois :

                  Peace Mission 07 (SCO / Shanghai Cooperation Organization : Russie, Chine, Kazakhstan, Kirgizistan, Tadjikistan et Ouzbekistan - pas mal de points au scrabble et un peu plus en nombre de têtes nucléaires). Ces exercices faisaient suite aux premières manoeuvres communes à la Russie et la Chine en 2005 (Peace Mission 2005). L’édition 2007 a insisté sur des phases de débarquement particulièrement adaptées au cas taïwanais.

                  Malabar 07-02 (USA, Japon, Inde, Australie, Singapour), après de premières manoeuvres communes aux US et à l’Inde, avec le Japon (Malabar 07-01).

                  On pourrait parler de nouvelle guerre froide entre ces deux blocs, avec l’Indonésie ou la Corée du Sud dans le rôle des non-alignés... si la situation n’avait pas grand chose à voir, en particulier en raison des interdépendances économiques.


                  • dilettante 6 septembre 2007 11:11

                    Sans débattre de la question des armes nucléaires, probablement inexistantes, ni même considérer le fait politique probablement bien plus subtil que ne le laisse entendre l’article, je vais poser une question qui est peut-être encore plus importante : est-ce que Taiwan a vraiment à gagner avec l’indépendance ?

                    Comme vous le savez, Taiwan n’a jamais réussi à obtenir l’audience politique et diplomatique qu’il souhaite depuis que la Chine l’a remplacé à l’ONU. Il ne reste aujourd’hui qu’une poignée d’Etats qui reconnaissent officiellement Taiwan et maintiennent des relations diplomatiques avec l’île, ceux-ci étant très souvent des micro-Etats ou des pays en développement voire sous-développés auxquels Taiwan fait de gros cadeaux économiques ou offre de jolis chantiers (comme les stades et autres édifices construits à Sainte-Lucie, qui a décidé il y a quelques mois de rompre ses relations avec la Chine pour renouer celles avec Taiwan).

                    Pour faire diversion, Chen Shui-bien a, depuis sa première élection en 2000, fait de nombreux voyages à vocation officielle (sans pour autant réussir à les rendre officiels) à travers le monde pour prouver l’existence de son pays. Je pense par exemple à l’enterrement du pape Jean-Paul II, où Chen a réussi à se faire photographier avec l’épouse du président Bush après lui avoir soufflé qu’il était le président de la République de Chine (c’est le nom officiel de Taiwan, pour ceux qui l’auraient oublié), jouant sur la confusion. Avec Mme Bush, évidemment, ça a marché...

                    Pékin va organiser les JO l’année prochaine, et aucun pays ne prévoit sérieusement de boycotter. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons, notamment parce que c’est une fête sportive à laquelle se préparent depuis des années de nombreux sportifs qui ne se soucient pas du lieu où elle se déroule et ne souhaitent pas être pris en otages par des décisions politiques qui ruineraient leur carrière. Qu’on aime le sport ou pas, nous nous devons de prendre les sportifs en considération. Ensuite parce que tous ces pays sont tellement occupés à courtiser la Chine pour envahir son marché que ce serait une erreur qui pourrait coûter très cher car la Chine ne manquerait pas de les sanctionner, elle ne manque malheureusement pas de moyens aujourd’hui pour ce faire... C’est la politique du « toi d’abord », si tu boycottes d’abord, je le fais, sinon je le fais pas ; et vu que personne ne le fera avant les autres rien ne se passera...

                    Dans ces conditions, qui reconnaîtrait un Taiwan qui aurait déclaré son indépendance ? A peu près les mêmes que ceux qui boycotteront Pékin : personne.

                    Maintenant sur le plan économique...

                    Taiwan a bâti son économie sur des investissements américains et une main-d’oeuvre très bon marché. Pour cette dernière, est-ce encore le cas ? Non, car Taiwan est développé, ses entreprises se sont enrichies, ont fait des investissements en R&D et sont parfois devenus des leaders mondiaux dans leur secteur, comme certaines entreprises informatiques. Produisent-ils toujours à Taiwan ? Parfois, très rarement, de moins en moins, car le rapport qualité/prix n’y est plus compétitif. Mais alors, qu’est-ce qui fait tourner Taiwan maintenant ? Toujours l’industrie, le tertiaire ne subvenant qu’aux moyens nationaux, mais avec une différence de taille : maintenant l’île fait produire au même endroit que tous les autres pays du monde, ils délocalisent en Chine. Cela donne souvent du marketing pas très honnête, car ils affirment que ce sont leurs produits, parfois mentant sur le lieu de production, mais lorsqu’on est industriel et qu’on voit des cotations FOB à partir de ports comme Chiwan, Yantian, qui sont des terminaux de Shenzhen, ou à partir de Ningbo, Fuzhou, Shanghai..., (ils ne vont quand même pas rapatrier leurs produits à Taiwan, cela ferait plus que tuer leur marge) on constate que comme tout le monde, ils font produire en Chine.

                    C’est ainsi que la valeur ajoutée actuelle des Taiwanais se résume à... parler mieux anglais et être plus habitué à faire du business avec les étrangers que les Chinois... Avance qui se réduit grandement d’année en année, d’autant plus que les industriels étrangers voient l’intérêt de ne plus donner aux Taiwanais des marges inutiles pour traiter directement avec les producteurs chinois.

                    Au niveau administratif, il faut savoir qu’actuellement le statut des Taiwanais en Chine est particulier : leur passeport n’y est évidemment pas considéré comme valide, et ils se voient dotés à l’entrée sur le continent d’un « Permis de résidence pour compatriote/ressortissant de Taiwan ». Hommes d’affaires s’y soumettent évidemment et font peu de cas de la chose idéologique...

                    Maintenant dans le cas d’un Taiwan indépendant, comment réagirait la Chine sur cet aspect (sans même réfléchir aux possibilités de bombardement que je n’évoquerai pas car mon but n’est pas de faire de la politique-fiction catastrophe) ? La Chine tout simplement n’émettrait plus de permis pour les Taiwanais, et lancerait une politique de visa dont elle a le secret qui rendrait le visa impossible à obtenir pour les Taiwanais, quand bien même elle ne refuserait pas directement et franchement de délivrer des visas à ses anciens compatriotes. Dur de gérer une usine à distance si on ne peut s’y rendre, et encore plus si le gouvernement chinois interdit à des industriels de traiter avec ou d’exporter vers Taiwan, ce dont il ne se privera pas...

                    Les Taiwanais ne sont pas des abrutis, et contrairement aux Occidentaux ils savent tout ce que la Chine peut faire. Si maintenant une grande partie de la population se sent taiwanaise (mis à part ceux dont un ou deux des parents sont nés sur le continent et ont émigré autour de 1949), beaucoup savent que l’intérêt de leur pays n’est justement de pas en devenir un, de pays... Ajoutons à cela la réputation de Chen Shui-bien entachée par des multiples affaires de corruption (il n’est évidemment pas le seul, Ma Ying-jeou aussi, et c’est bien pire en Chine, cependant Taiwan a la démocratie donc le peuple n’aime pas ça et le fait savoir) et son score modeste aux dernières élections présidentielles de 2004 (celles pour lesquelles il a peut-être mis en scène un attentat contre lui-même ? on ne le saura jamais), il y a peu de chance qu’un Parti progressiste démocratique affaibli remporte les élections, et encore moins qu’il fasse passer une déclaration d’indépendance qui divise encore davantage la population que son action de fond...

                    Donc ce dont vous nous parlez là, M. Vassé, c’est de votre idéal sans doute louable, mais c’est plus de la politique-fiction qu’autre chose... Mais je ne suis ni la mouche à m... ni M. Mourey donc je ne souhaite pas vous attaquer sur votre personne ni vous traiter de charlatan. Evitez cependant de tenter de faire des faux coups avec des faux scoops sur des armes nucléaires que Taiwan ne possède évidemment pas.


                    • Philippe Vassé Philippe Vassé 6 septembre 2007 11:55

                      Cher Dilettante,

                      Vous abordez des points très intéressants et de fond, en -dehors du « petit débat » sur une possibilité éventuelle d’arme nucléaire par Taiwan, qui n’est ni un scoop, ni une annonce, mais juste une citation de sources précises, dans le fil de discussion (et non dans l’article), données avec un conditionnel de prudence.

                      Votre long passage sur le JO de 2008 est limpide, mais n’a aucun rapport avec Taiwan, ni ce qu’en dit l’article, à savoir que la situation sociale en Chine se détériore à grande vitesse, et que cela peut rapidement montrer à cette occasion hyper-médiatisée le vrai visage d’une Chine coupé en 2 (une minorité de privilégiés de plus en plus riches et une immense majorité de plus en plus pauvre).

                      Contrairement à votre analyse, mais c’est un libre débat, et sans avoir « d’idéal » sur le sujet, il me semble que le destin de la Chine va donner le ton pour la marche de Taiwan vers l’indépendance, sous un parti ou un autre (DPP ou KMT).

                      Pour être plus clair, la règle politique régionale est simple : l’avenir d’un Taiwan indépendant reconnu comme tel par les pays du monde passe nécessairement par la démocratie s’instaurant en Chine.

                      Pour l’heure, le problème central de Taiwan est d’assurer sa sécurité tous azimuts en attendant que la Chine devienne enfin une démocratie réelle, avec laquelle toutes les questions anciennes (Tibet, Mongolie, Taiwan, etc...) pourront être discutées sereinement et avec intelligence.

                      Sur la puissance de la Chine, je l’ai dit, mais il est toujours bon de le redire : c’est une apparence. La Chine est un colosse aux pieds d’argile ou si vous préférez, c’est un pays qui peut à tout instant sombrer dans une formidable et incontrôlable crise sociale interne, soit par un krach boursier spectaculaire du fait du déclin qualitatif des produits made in China et donc la régression-contraction des marchés, soit par l’explosion sociale généralisée de la majorité sociale du pays, ou une combinaison des deux.

                      En résumé, le sort de Taiwan pour le futur est bien sûr dépendant d’autres facteurs, mais pour l’heure, ses armes, montrées ou à montrer, sont sa garantie de vie tranquille.

                      Bien cordialement vôtre,

                      PS : Ceci dit, en termes d’armements justement, la France est bien la première perdante dans la région du fait de ses actes passées dans ce domaine.


                    • Philippe Vassé Philippe Vassé 6 septembre 2007 12:18

                      A JM Collon et Zeusirae,

                      Afin de vérifier les dires des divers intervenants- dont vous- sur les progrès en technologie nucléaire de Taiwan, je viens, à ma grande surprise- d’apprendre ce jour que c’est la France qui a livré à Taiwan un cyclotron et des centrifugeuses (source : les intermédiaires financiers du contrat avec la France).

                      Je suppose donc que les spécialistes en nucléaire français savent à quoi servent et peuvent servir ces équipements... français !!!

                      A moins qu’ils ignorent ce qu’exporte la France dans leur domaine ?

                      La source de plus est française elle-même et connaît bien le dossier technique.

                      Qu’en penser maintenant ? Je ne sais pas, mais quand même, on en apprend des choses qui ne sont pas dans le grande presse française en demandant aux intermédiaires français des explications !...

                      Bien cordialement vôtre,


                    • dilettante 6 septembre 2007 12:52

                      Cher M. Vassé,

                      Mon « long » passage sur les JO (plutôt court) a un rapport avec votre sujet sur l’indépendance de Taiwan même s’il n’a pas de rapport direct avec votre article : Le PPD a évoqué ce projet de rédaction d’une déclaration d’indépendance depuis le premier mandat de Chen tout en définissant le moment adéquat pour une telle déclaration pendant les JO de Pékin, en vertu de la trève traditionnelle. A voir les difficultés que fait le gouvernement taiwanais pour la Flamme olympique de ces mêmes JO qui ne devrait traverser l’île qu’avant Hong Kong et pas après, il y a de quoi se faire du souci... Mais cela reste une donnée centrale pour le gouvernement taiwanais qui estime que les JO en Chine sont une garantie de non-agression. A voir s’il a raison.

                      Habitant actuellement en Chine, si les inégalités sont en effet de plus en plus criardes et que les paysans se révoltent dans les campagnes (ils sont d’ailleurs durement réprimés), la révolution est loin de gronder. Les Chinois, pragmatiques, sont beaucoup plus occupés à essayer de gagner de l’argent par toutes sortes d’arnaques qu’à se lancer dans une tentative de révolution qui serait rapidement avortée car non suivie et ne ferait qu’attirer la rancoeur du gouvernement sur soi et sa famille... ce qui n’est pas souhaitable.

                      Si le destin de la Chine décidera effectivement du destin de Taiwan comme vous le reconnaissez, je ne crois vraiment pas l’indépendance de l’île inéluctable, bien au contraire. Si c’est une position rêvée de certains cadres du PPD, ce n’est pas du tout, ni maintenant ni demain, la ligne du Kuomintang (KMT) pour qui la Chine reste la maison, ces leaders-là étant stoppés dans leur volonté de réunification uniquement par les politiques autocratiques de la Chine, dont ils apprécient et envient le développement économique.

                      Honnêtement, à mon humble avis, la démocratie s’installant en Chine ce n’est pas pour demain... Cela ne peut pas venir de l’extérieur, et les esprits sont loin d’être prêts à ce que cela vienne de l’extérieur.

                      Enfin il faut rappeler que Taiwan culturellement n’est pas différent de la Chine en cela que sa culture est exactement la même que celle de la province du Fujian. Originellement, le seul postulat en faveur de l’indépendance de Taiwan est politique ; s’opposer à la Chine communiste. C’est ensuite dans les années 1980 et 90 que les gouvernements successifs, et surtout l’opposition, ont commencé à instrumentaliser un sentiment national, se basant sur l’héritage culturel des aborigènes (yuanjumin je crois dans la transcription en vigueur), qui représentent maintenant 2% de la population et ont toujours été méprisés par les colons chinois de toutes les époques qui forment maintenant les 98% de la population de Taiwan (il y a cependant eu des métissages, mais rien de culturel dans tout cela). Gardant tout ceci en tête, quand la menace chinoise disparaîtra, ne sera-ce justement pas le meilleur moment pour un Taiwan abandonné de tous de réintégrer la « grande nation » chinoise dont il pourra tirer les fruits des développements économiques, au lieu de se marginaliser et de souffrir d’embargos pratiqués, voire imposés à la communauté internationale, par son grand voisin chinois ?

                      Je ne crois que la puissance chinoise risque de s’effondrer aussi facilement que vous le pensiez. Certes, les Chinois sont incompétents dans de nombreux domaines et pêchent par leurs méthodes de travail (c’est évident à qui), mais les investissements de plus en plus nombreux de firmes multinationales chinoises en Occident (surtout aux USA), en sachant que l’actionnaire majoritaire de celles-ci reste l’Etat chinois, couplé aux énormes réserves de devises étrangères et un pourcentage à deux chiffres dans la dette américaine (17% aux dernières nouvelle), les capitaux qui sont en Chine pour le moment ne risquent pas d’en partir au premier krach boursier...

                      Ensuite, vous terminez en disant : « Pour l’heure, le problème central de Taiwan est d’assurer sa sécurité tous azimuts en attendant que la Chine devienne enfin une démocratie réelle, avec laquelle toutes les questions anciennes (Tibet, Mongolie, Taiwan, etc...) pourront être discutées sereinement et avec intelligence. » Il est évident que pour le gouvernement taiwanais et pour Taiwan, la meilleure façon d’assurer sa sécurité est justement de cesser ses agissements pro-indépendantistes qui mettent sa population en danger. La situation est loin d’être idéale, mais les provocations envers la Chine n’apportent rien ; elles sont vaines et dangereuses.


                    • ZeusIrae 6 septembre 2007 17:25

                      Nul ne nie l’existence d’un programme nucléaire civil et d’exploration dans le domaine militaire.

                      Ce qui est en cause,c’est votre information faisant état de l’existence d’une bombe nucléaire opérationnel.

                      Quand à la France,ce sera pas la premier fois que nous aurons raté une occasion de ne pas vendre du matériel nucléaire.Il fauta aussi tenir compte de la date de vente.


                    • ZeusIrae 6 septembre 2007 12:12

                      « Ceci dit, en termes d’armements justement, la France est bien la première perdante dans la région du fait de ses actes passées dans ce domaine. »

                      Vous faites allusions au désastre technique(sans parler du scandale financier)des frégates,j’imagine.

                      @Dilettante« C’est ainsi que la valeur ajoutée actuelle des Taiwanais se résume à... parler mieux anglais et être plus habitué à faire du business avec les étrangers que les Chinois... Avance qui se réduit grandement d’année en année, d’autant plus que les industriels étrangers voient l’intérêt de ne plus donner aux Taiwanais des marges inutiles pour traiter directement avec les producteurs chinois. »

                      Vous exagérez,à ce train là le Japon n’a aucun avantage sur la Chine(anglais terrifiant,et marché pratiquement fermé à l’etranger). Taïwan conserve une longueur d’avance dans l’electronique et reste bien plus sur en ce qui concerne la propriété intellectuelle.Cela se réduit mais le dilemme est le même pour tout le monde taïwanais ou pas.


                      • jc durbant 7 septembre 2007 06:49

                        « montrer à cette occasion hyper-médiatisée le vrai visage de la Chine » ...

                        Oui, la préparation des Jeux du Génocide (Un monde, un cauchemar) est effectivement une occasion en or de montrer, avant sa mise en scène par Spielberg en présence de Bush lui-même, la réalité de la “société harmonieuse” du président Hu.

                        Et ce d’autant plus qu’il faudra pas trop compter sur nos médias aux ordres et autres quotidiens de révérence pour le faire ...

                        http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/2007/09/07/totalitarismes-pekin-prepare-ses-jeux-du-genocide-one-world-one-nightmare/


                        • damien 17 septembre 2007 06:48

                          monsieur vassé,

                          bonjour à vous j’aime lire l’actualité taiwanaise, je voulais vous ecrire en privé, si possible, puis je vous donner mon e mail [email protected]

                          la situation de taiwan est passionnante, un cas peut être unique dans l’histoire « un etat (non ?) etat » menacé par la chine populaire y compris avec la collaboration de democraties et la france n’y echappe pas... et que l on veut reunifier contre le gré des taiwanais qui sont tres largement pour le statu quo (pas de reunification, car il faut preciser ici) cordialement

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès