Tariq Ramadan, dans le Vif du sujet
Que Tariq Ramadan ne soit ni Charlie ni Paris ne vous surprendra pas. Et si Ramadan soutient la liberté d'expression, par contre il n'aime pas "l'humour lâche" pour de l'argent, surtout s'il est dirigé contre les musulmans. Alors que selon lui, l'hebdo satirique "sanctuarise le tabou de l'antisémitisme". Siné licencié par Val, en serait la démonstration évidente.
Mais au plus profond de son âme, l'islamologue, lorsqu'il dénonce la tuerie des "innocents" et des "dessinateurs", dit clairement, alors là, " je suis Charlie". C'est comme Paris, je ne suis pas Paris si c'est à l'exclusif de tous les autres, disait-il, de Beyrouth, de Damas, sinon je suis Paris.
D'ailleurs, selon l'universitaire suisse, même le président Hollande ne serait pas Charlie, puisqu'il aurait demandé la suppression de la Une de Charlie Hebdo, "indécente et déplacée" qui caricaturait un tragique accident d'hélicoptère lors du tournage d'une télé-réalité. Sauf que les limiers d'Arrêt sur images net, n'ont jamais retrouvé la trace de cette information sur le site de Russia Today qui en était paraît-il la source.
Mais essayons de laisser de côté ces confrontations stériles autant que passionnées entre les je suis et les je suis pas qui tournent toujours à l'aigre, parfois jusqu'à l'agressivité et l'insulte. Pour rentrer dans le vif du sujet à géométrie variable qu'est Tariq Ramadan.
L'auteur du livre "Le génie de l'Islam", était l'invité du grand oral de la RTBF où il donnait sa vision réformiste de l'Islam. Sans en faire l'apologie mais qui devrait-être une recherche entre "lumière de la foi" et "lumière de l'intelligence." Or, Ramadan était là dans un exercice de communication qu'il connaît bien pour faire la promotion de son dernier ouvrage. Pour faire passer son message de tolérance il était le lait, le miel, et un farouche défenseur de la laïcité. Mais dans un autre interview sur Respect mag, Tariq Ramadan était plus critique sur les lois françaises et n'était pas d'accord avec la fermeture de mosquées en France, contre l'état d'urgence qui autorise les perquisitions, et considérait qu'il ne fallait pas sanctionner l'imam de Brest, même s'il n'était pas d'accord avec lui. Car oui, "à un moment donné, les gens évoluent, il faut accompagner ce processus là. "Patience et longueur de temps. Font plus que force ni que rage" écrivait La Fontaine dans la fable Le Lion et le Rat.
https://www.rtbf.be/video/detail_le-grand-oral-de-tariq-ramadan?id=2079547
Cependant, une phrase vous pourrez lire dans la vidéo ci-dessus n'a pas plu à tout le monde. "il ne peut pas y avoir de différences entre les citoyens dans les sociétés majoritairement musulmanes"
Le journal belge Le Vif, plutôt que de critiquer lui-même l'attitude trop passive et bienveillante des journalistes de la RTBF face à Ramadan, avait préféré donner la parole à un citoyen de Bruxelles pour réagir aux propos de l'intellectuel. Vous apprécierez vous-même, après lecture de son texte, si le coup de gueule du Bruxellois est justifié ou trop sévère avec le professeur Ramadan, toujours enclin à faire la leçon à la terre entière.
"nos journalistes auraient dû lui rappeler qu'il accepte d'être employé par les autorités du Qatar, pays où la constitution n'offre aucun autre choix à ses citoyens que l'islam et où les étrangers doivent s'abstenir d'afficher tout signe extérieur lié à une autre religion que l'islam.
Lorsque Tariq Ramadan critique l'Iran, l'Arabie Saoudite et leurs pétrodollars, nos journalistes auraient dû lui souffler que les gaz dollars du Qatar ont un autre effet sur lui.
Lorsque Tariq Ramadan se réfère à Sartre, nos journalistes auraient dû lui rappeler sa position scandaleuse d'estimer qu'être français se limite à une situation géographique et d'embrayer que justement lorsqu'on est français ou européen, c'est aussi être l'héritier d'oeuvres philosophiques marquant l'humanité tout comme les oeuvres religieuses.
Lorsque Tariq Ramadan met en relief les enjeux géostratégiques au Moyen-Orient, nos journalistes auraient dû l'interpeller sur le rôle particulièrement troublant et déstabilisant du Qatar qui, en alliance stratégique avec les Frères Musulmans, use de tous les instruments du soft power pour diffuser une idéologie visant à une politisation de la religion.
Lorsque Tariq Ramadan critique les bombardements français en Syrie, nos journalistes auraient dû l'interpeller sur la Libye et le rôle financier et politique du Qatar dans ces interventions militaires.
Lorsque Tariq Ramadan dit que les Européens doivent avoir la décence d'accueillir les réfugiés, nos journalistes auraient dû lui rafraîchir la mémoire en citant le nombre de réfugiés déjà accueillis et lui poser la question du nombre de réfugiés accueillis par les pays arabes qui disposent des richesses inépuisables, avec à leur tête le Qatar, pays dont il semble devenir un ambassadeur de premier plan.
Lorsque Tariq Ramadan s'émeut que "lorsqu'on s'énerve à Paris, on ressent la nervosité à Bruxelles, malheureusement.", nos journalistes auraient dû lui rappeler que la nervosité se ressent dans le monde civilisé, dans son entièreté, par solidarité avec ce pays qui a offert au monde entier les lumières et dont la révolution constitue la source des démocraties occidentales.
Lorsque Tariq Ramadan affirme qu'il est interdit d'imposer le port du foulard à une femme et qu'il défendra toute femme qui se dit musulmane, mais qui ne souhaite pas porter un voile, nos journalistes auraient dû lui demander pourquoi il ne se saisit pas de sa proximité privilégiée avec les autorités qataries afin de diffuser, via leur instrument de propagande Aljazeera, ce message à l'aide d'une campagne de communication efficace et durable, comme cette chaîne sait le faire sur d'autres sujets tels que la couverture affichée ou dissimulée de l'idéologie des Frères Musulmans.
Lorsque Tariq Ramadan ose parler des pratiques de l'industrie du textile, nos journalistes auraient dû l'interpeller sur le statut des centaines de milliers de Philippins, Pakistanais, Bangladais et Indiens ainsi que sur les traitements inhumains que leur réserve le Qatar pour, notamment, s'offrir une coupe du monde achetée à coup de millions de gaz dollars."
Sources -
http://www.letemps.ch/monde/2015/01/12/tariq-ramadan-accuse-charlie-lachete-faire-argent-islam
http://www.respectmag.com/16562-tariq-ramadan-pourquoi-je-ne-suis-pas-charlie-ni-paris
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