Tentez, par exemple, de rétablir les faits, ... ou la dictature de la pensée dominante
On peut discuter à l’infini des droits de l’homme, de l’égalité de tous en droit, du droit au mariage, du droit à l’enfant ou des droits de l’enfant, mais aucun gouvernement ne peut prétendre priver une partie de ses concitoyens du droit élémentaire de disposer d’un mot pour désigner un concept. En confisquant le mot mariage au profit d’un nouveau concept d’union unisexe qu’il entend imposer par la force de la loi, l’État prive les Français du droit d’exprimer le concept traditionnel d’union à vocation procréatrice, et sombre ainsi dans le totalitarisme le plus dangereux, celui de la pensée.
Les mots et les concepts qu’ils désignent ne relèvent pas du domaine de la loi. Aucune loi n’a le pouvoir de transformer l’union de deux hommes ou de deux femmes en union d’un homme et d’une femme, afin de leur accorder les mêmes droits. Un État qui prétend légiférer sur le sens des mots et régner sur les concepts qu’ils portent est un État totalitaire. Changer le sens des mots, c’est faire et défaire les concepts qu’ils désignent, et s’attaquer ainsi à la liberté de penser en instaurant une dictature de l’esprit qui est la pire des tyrannies.
Philippe Renoux[1] cite William Shirer, correspondant de presse des États-Unis à Berlin dans les années 30, pour montrer la maîtrise de la manipulation de l’information par le régime nazi : « Qui n’a pas passé des années dans un pays totalitaire ne peut imaginer combien il est difficile d’échapper aux terribles conséquences de la propagande calculée et incessante d’un régime… ». Le journaliste décrit alors , y compris auprès des personnes réputées « cultivées et intelligentes ». Il poursuit : « On était tenté de rétablir les faits, mais on était alors gratifié d’un regard tellement incrédule, d’un silence si choqué qu’on avait l’impression qu’on venait de blasphémer contre le tout puissant… Les faits étaient devenus ce que Hitler et Goebbels, avec leur mépris cynique de la vérité, disaient qu’ils étaient. » Ce dernier ne reconnaîtra-t-il pas lui-même qu’une propagande a réussi lorsqu’elle est propagée par ceux-là même qui en sont la cible ?
On parle souvent de terrorisme intellectuel, de pensée unique, de la tyrannie du politiquement correct, pour désigner cette sorte de pensée imposée par la masse des « bien pensants », je crois qu’on devrait plutôt parler de dictature de la pensée dominante. Car il s’agit bien d’une dictature semblable à celle dont parle ce journaliste américain cité par Philippe Renoux : tentez de rétablir les faits face à une idée reçue « d’en haut », et vous verrez les regards compatissants, presque apitoyés de vos amis bien-pensants, l’air de dire : « le pauvre, il n’a plus toute sa raison », même si les faits en question sont parfaitement incontestables et que l’idée reçue qui les ignore défie le plus élémentaire bon sens.
Tentez, par exemple, de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « imposer à un enfant deux parents de même sexe, c’est le priver délibérément de la complémentarité d’un père et d’une mère, et du même coup, le condamner à ne pas être un enfant tout à fait comme les autres », …
Tentez, par exemple, de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « l’adoption n’a pas vocation à satisfaire un désir de parents en mal d’enfant, mais plutôt de répondre au besoin d’enfants en mal de parents », …
Tentez, par exemple, de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « il faut éviter à l’enfant chaque fois que cela est possible tout risque d’ajouter au traumatisme déjà sévère de la perte de ses parents biologiques, le handicap de ne pas avoir un papa et une maman de remplacement, même si celui-ci peut n’être que relativement bénin », …
Tentez, par exemple, de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « permettre à deux personnes de même sexe d’adopter un enfant, c’est priver délibérément cet enfant d’un père et d’une mère en remplacement du père et de la mère qu’il a perdus, et sacrifier ainsi l’intérêt supérieur d’un enfant innocent à l’intérêt particulier d’adultes responsables », …
Tentez par exemple de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « l’union d’un homme et d’une femme qui, comme le mariage, ne se réfère à la sexualité que pour révéler sa vocation procréatrice, n’est pas de même nature que celle entre personnes de même sexe, indissociable d’une sexualité dont la pratique minoritaire est de nature privée, et sans vocation naturelle à fonder une famille pour assurer une filiation », …
Tentez, par exemple, de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « l’institution républicaine du mariage est un acte civil qui rend publique l’union d’un homme et d’une femme (les époux) et leur engagement solennel à se devoir mutuellement respect, fidélité, secours et assistance, afin de renforcer la sécurité et la stabilité de la cellule familiale, dans le souci de l’intérêt supérieur des enfants issus de cette union », …
Tentez, par exemple, de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « la solennité de cet engagement public à se devoir mutuellement fidélité n’a plus grand sens si le mariage n’est plus qu’une simple union de deux personnes sans distinction de sexe et sans vocation naturelle à assurer une filiation, avec pour seule raison d’être la reconnaissance sociale et juridique d’une décision mutuelle de mener pour un temps vie commune »,…
Tentez, par exemple, de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « ouvrir le mariage à deux personnes de même sexe, c’est priver cette institution de sa spécificité fondamentale qui la destine à la fondation d’une famille », …
Tentez, par exemple, de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de personnes de même sexe prive du même coup tous les autres de la liberté de faire reconnaître par la République la spécificité de leur engagement public à se devoir respect et fidélité dans le souci de l’intérêt supérieur des enfants issus de leur union », …
Tentez, par exemple, de rétablir les faits, y-compris auprès de personnes réputées “cultivées et intelligentes”, en disant : « accuser d’homophobie tous ceux qui, pour défendre le droit des enfants et les devoirs de la République, expriment leur opposition à l’ouverture du mariage et de l’adoption aux personnes de même sexe, c’est s’attaquer à un des droits les plus précieux de l’homme, selon les propres termes de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, sa liberté d’opinion », …
… et vous serez immédiatement gratifié d’un regard tellement incrédule, d’un silence si choqué que vous aurez l’impression d’avoir blasphémé contre le tout puissant. Tentez de rétablir les faits face à une idée reçue « d’en haut », et vous verrez se dresser, dans vos relations sociales et professionnelles, ce mur d’incompréhension décrit par William Shirer. Vous verrez les regards compatissants, presque apitoyés de vos amis bien-pensants, l’air de dire : « le pauvre, il n’a plus toute sa raison », même si les faits en question sont parfaitement incontestables et que l’idée reçue qui les ignore défie le plus élémentaire bon sens… Les faits seront devenus ce que la propagande calculée et incessante du régime, avec son mépris cynique de la vérité, dit qu’ils sont : l’union de deux personnes de même sexe sera de même nature que l’union d’un homme et d’une femme, et dans une humanité devenue unisexe, tous les couples auront la faculté de procréer par tous les moyens dans « le meilleur des mondes ».
La propagande et le mensonge érigés en art de gouverner ne sont pas l’apanage des régimes dictatoriaux. La communication (la com’ pour les initiés), qui n’est rien d’autre que de la manipulation de l’information, est utilisée comme arme dans la plupart des conflits qu’ils soient politiques, militaires ou économiques. De la publicité sur laquelle reposent nos économies aux campagnes électorales, le mensonge et la tromperie[2] sont partout, érigés en systèmes de com’ dans nos démocraties ou de propagande dans les régimes dictatoriaux.
Cette dictature de la pensée dominante, que la discussion de la loi Taubira a magistralement illustré, est double :
- elle s’attaque aux concepts en changeant le sens des mots qui les portent (mariage, mais également couple, époux, conjoints, parents, …), et donc à la liberté de les penser ;
- en accusant systématiquement du délit d’homophobie toute opposition au projet de loi, ses défenseurs s’attaquent à la liberté d’opinion.
En imposant aux Français une nouvelle conception de l’institution du mariage, elle les prive d’un mot pour désigner une institution multiséculaire à laquelle près de la moitié d’entre eux sont encore profondément attachés. Au concept d’engagement mutuel d’un homme et d’une femme à se devoir respect et fidélité pour élever leurs enfants, la nouvelle loi substitue en effet celui d’une union prenant acte d’un amour partagé par deux personnes de sexe indifférent, dans le seul but de garantir les intérêts de chacun à l’issue de la mise en commun de leurs vies respectives. Ce faisant, elle va jusqu’à priver tous les Français de la simple liberté de penser et d’exprimer ce concept d’engagement fondé sur les valeurs de respect et de fidélité destiné à consolider les fondations de la famille.
Accuser d’homophobie tous les Français qui défendent la spécificité de ce concept d’engagement mutuel et l’utilité de la faire reconnaître par une institution républicaine, c’est les accuser de tenir des propos passibles de sanctions pénales. Mais c’est aussi accuser tous ceux qui se sont engagés un jour publiquement devant un élu du peuple, en ayant conscience de la spécificité de cet engagement à fonder une famille et à élever les enfants issus de leur union, d’avoir des pensées délictueuses.
Il ne s’agit pas pour les opposants à la loi dite du « mariage et de l’adoption pour tous » d’un simple débat d’idées ou même d’un quelconque affrontement d’opinions politiques, mais bien de la défense de convictions profondes face à un véritable terrorisme de l’esprit qui consiste à ostraciser toute opposition intellectuelle et à porter ainsi atteinte à la liberté de conscience.
[1] Philippe Renoux, La montée de Hitler : Hasards, complaisance, complicités…, Charles Herissey Eds, octobre 2004.
[2] Je tenterai dans un prochain article d’analyser dans le détail tous les mensonges utilisés par le pouvoir en place pour faire passer cette loi profondément injuste.
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