Toulouse : l’interrogatoire de 2007 qui révèle tout
Comme quoi il suffit parfois de se poser les bonnes questions. A voir celle de la thèse du loup solitaire littéralement martélée par un nombe imposant de proches du pouvoir, thèse de l'individu ingérable et par conséquent indétectable par la police, je me suis dit que c'était du côté inverse quil fallait chercher l'origine de la dérive d'un jeune banlieusard fantasque, un jour religieux et l'autre punk en crête colorée. Et cette idée, je l'ai retrouvée dans un document rédigé par un bon connaisseur du milieu jihadiste, Romain Caillet, de l'Institut du Proche-Orient. L'homme a en effet à son actif une thèse d’histoire contemporaine "Les nouveaux muhâjirûn. L’émigration des salafistes français en « terre d’Islam »" qui en fait un personnage doté d'une crédibilté et d'un sérieux difficile à mettre en doute. L'homme a concentré ses travaux sur ce qu'il appelle "la théologie de l'exil", à savoir sur ces jeunes français embrigadés partis un jour épouser les thèses les plus radicales en devenant combattant jihadistes. Or, parmi toutes ces contributions, un texte devient aujourd'hui fondamental. C'est en grande partie le compte-rendu de l'interrogatoire d'un des jihadistes, il y a près de cinq ans maintenant. Celui d'un toulousain, justement, soupçonné un temps de terrorisme, gardé à vue 72 heures (c'est 96 depuis) et relâché ensuite sans aucune poursuite menée contre lui, quel curieux hasard. A peine libéré, l'homme avait mis en ligne le récit des ses interrogatoires, sur lesquels était tombé R. Caillet. Son récit étant constellé de coïncidences surprenantes avec ce qui vient de se passer à Toulouse !
Etrangement, il n'y a plus de version française facilement accessible de disponible pour ce texte (*), qui s'intitule donc "A French Jihad in Crisis : “Role Exit” and Repression" (Un Jihad français en crise : "sortie de rôle" et répression), mis sous l'égide des Hartford Seminaries et présenté par celui qui se présente comme étant de l'IREMAM ( l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman de l'Université de Provence, lié au CNRS. Le Harford Seminary, un centre de théologie plus que centenaire en fait, orienté davantage depuis 1972 sur le dialogue entre chrétiens et musulmans.
En introduction, Caillet nous annonce tout de suite la couleur : tout part d'une arrestation, celle que je vous ai décrite ici-même. "Le mercredi 14 février 2007, à l'aube, Abou Yasin, un homme d'environ 30 ans, père de famille, a été arrêté à son domicile en France. Il était soupçonné d'appartenir à une organisation qu envoyait des combattants en Irak. L'arrestation avait été préparée pendant plus de deux mois, à travers une coopération franco-belge. L'opération de sécurité a réellement commencé 24 heures plus tôt, avec l'arrestation en Syrie de deux citoyens français qui ont étéa ccusés d'avoir tenté d'entrer en Irak illégalement. Abou Yasin a été libéré après trois jours d'interrogatoires et neuf entretiens face à un officier de police. Il a immédiatement écrit un texte détaillant le plus précisément possible les événements qui ont eu lieu pendant sa détention. Ce texte a ensuite été posté sur un site Web, et plus tard diffusé par e-mail. Son récit nous permet d'accéder de l'intérieur au cœur des représentations de salafistes-jihadistes et de leur identité politique, car ceux-ci sont diffusés à travers la culture par le biais de la littérature produite par cette tendance, ici, dans la première partie du 21ème siècle. Nous présentons ce texte ici, avec une introduction et des commentaires. L'authenticité de ce texte, en tant que témoignage peut certainement être remise en cause, mais l'hypothèse d'un coup monté est intenable. Avant d'écrire ce texte et de le mettre en ligne Abou Yasin n'était pas un inconnu. Il possédait la crédibilité d'un individu connu pour poster sur les sites djihadistes de langue française, connu personnellement par certains autres posteurs. Il parle souvent de ses amis, et quand il utilise l'expression "mes frères", cela ne se réfère pas nécessairement à l'appartenance idéologique ou d'appartenance à un réseau." Ce qui n'est pas si sûr que cela, en fait. Retenons surtout l'idée que notre homme était fort présent sur la toile, à professer ses convictions jihadistes, ce qui lui donnait automatiquement un profil de suspect.
En fait, avec ce rare document, on héritait là d'un témoignage de première main sur les salafistes arrêtés début 2007 à Toulouse, phénomène qui représentent bien aujourd'hui la clé du problème Mérah : "en décembre 2006, Thomas B. et E. Sabri, deux citoyens français de la partie sud-ouest du pays, ont été arrêtés par l'armée syrienne alors qu'ils tentaient de passer en Irak. Deux mois plus tard, ils ont été renvoyés en France, en provenance de Damas, après avoir été torturés et interrogés par les services secrets syriens. Le 15 Février 2007, les deux Français ont atterri à Orly et ont été immédiatement arrêtés par des agents de la SDAT (le bureau anti-terroriste ), la section de la police judiciaire consacrée à la lutte contre terrorisme. Pour les autorités françaises, le simple fait d'avoir voulu rejoindre la résistance irakienne était un crime, "une association avec des criminels dans le cadre d'actions terroristes" Aussi, les enquêteurs ou le SDAT ont essayé de savoir si les amis de Thomas et Sabri avait eu connaissance de leurs plans - si, en d'autres termes, il y avait une organisation fournissant des combattants français à l'Irak." Bref, les policiers cherchaient alors à démanteler un réseau. Un réseau qui existait bel et bien, en effet.
Car depuis quelques mois déjà, les policiers n'enquêtaient pas seulement dans les environs de Toulouse. "L'enquête les a menés à la région de Toulouse, en Ile-de-France et dans les zones de banlieue autour de Bruxelles, où la plupart des amis des deux suspects vivaient" remarque notre chercheur, qui note d'emblée un fait plutôt troublant. "Plus de 20 personnes ont été arrêtées ; les Belges ont été libérés, mais chez les Français, seul Abou Yasin a échappé à la prison. Après 72 heures de détention et neuf séances d'interrogatoire, il a été rendu à la liberté. Heureux d'être libre, il a voulu partager ses expériences, et aussi pour corriger quelques-unes des représentations des services anti-terroristes français, que ses amis qu'avaient dressées, logiquement imaginés par les djihadistes comme étant des tortionnaires, sans principes éthiques. (...) Rédigé moins de 48 heures après avoir été libéré de la détention, il a été posté sur un forum en ligne et plus tard diffusé sous forme d'e-mail. Le document indique de manière concise ce qui s'est passé alors qu'il était en détention, et a également décrit son arrestation, qui a été suivi par une recherche officielle de son domicile". Une enquête menée par .... "les juges d'instruction parisiens Jean-Louis Bruguière et Philippe Coirre" indiquait-on. Car l'on avait bien affaire à une cellule terroriste, visiblement.
Un juge Bruguière, qui, quelques mois plus tard, dans son livre "Ce que je n'ai pas pu dire", effectuera quelques confidences, et non des moindres, à propos surtout du Pakistan et de ces fameuses zones tribales. Où, selon lui, les français n'avaient aucun agent, faute de savoir parler le pakistanais, ce que le juge déplorait amèrement ! Ce qu'il va révéler dans cet ouvrage, c'est bien la filière française menant à Torah Borah, celle qui présente comme exemple plitoyable celle de Djamel Loiseau, retrouvé mort de faim et de froid dans le secteur (**), en ayant tenté de rejoindre le Pakistan après être passé par les camps d'entraînement de Khalden et de Farouk. Mais rappellera aussi le témoignage de Willy Brigitte, ce français d'origine guadeloupéenne qui apportera au juge Brugière la conviction que l'ISI était bien derrière l'entraînement des djihadistes français, dans les camps notamment du Lashkar-e-Taïba. Comme par hasard aujourd'hui celui que prétend avoir visité le jeune Mohamed Mérah ! Quelle étrange coïncidence n'est-ce-pas ! Une de plus ! La piste de l'envoi sur place d'un "agent" pour ramener des éléments, évoquée avant hier, (y compris photographiques) se tient de plus en plus semble-t-il !!!
Car le juge Brugière, en interrogeant Brigitte, va tomber des nues. "Les deux islamistes (Djamel Loiseau - ici plus jeune à gauche- et Samir Ferraga) décident de partir en Afghanistan. Brigitte veut les rejoindre. Comme c'est un solitaire et qu'il ne bénéficie d'aucune filière, Ferraga lui donne des conseils avant son départ et une adresse à Lahore. Brigitte arrive au Pakistan juste après le 11 Septembre. Sur place, il cherche un moyen pour gagner l'Afghanistan. Mais, depuis la veille, toutes les voies sont bloquées. Il erre dans la ville. Dans une mosquée de Lahore, recommandée par Ferraga, il rencontre un membre du Lashkare-Taba qui le recrute. Le but de Brigitte est toujours de poursuivre le djihad en Afghanistan. Il pense que le Lashkar-e-Taiba peut l'aider. On le dirige alors vers un grand complexe à la périphérie de Lahore, où il subit un long interrogatoire de sécurité. Il est ensuite pris en main par un certain Sajid3, un cadre supérieur du mouvement, responsable du recrutement et de l'acheminement des volontaires étrangers vers les camps du Cachemire. Il comprend rapidement que Sajid appartient à l'armée régulière pakistanaise et que les cadres du Lashkar-eTaïba présents dans le centre sont liés à Al-Qaida. Une impression qui lui sera confirmée par la suite". Les jihadistes seraient-ils directement aidés par l'armée pakistanaise ? Voilà qui laisse notre juge éberlué. Aujourd'hui que l'on prétend que Ben Laden habitait près d'une caserne de l'ISI, on comprend mieux.
"Lors de son séjour d'un mois et demi dans ce complexe, Brigitte rencontre d'autres stagiaires étrangers, des Arabes originaires du Golfe, des Tunisiens, des Somaliens et deux Britanniques, ainsi que deux Américains d'origine pakistanaise. Les deux Britanniques sont originaires de Londres et les Américains viennent de la côte Est des États-Unis. Sajid, qui fait de nombreux déplacements en Afghanistan, lui confirme qu'il ne pourra pas se rendre dans ce pays à partir du Pakistan". Au final, en tout cas, il y a fort peu de français.
Dans un pays où ce que va découvrir Brigitte, élevé à Epinay-sur-Seine en Seine-Saint-Denis, défie l'entendement. "Il l'envoie dans la région de Faisalabad, où se trouvent des camps d'entraînement militaire du Lashkar-e-Taïba. Un soir, Brigitte embarque dans un 4 x 4, un pick-up Toyota, en compagnie de quatre autres stagiaires, les deux Britanniques et les deux Américains. Un cadre de l'organisation les accompagne. Ils roulent toute la nuit et passent quatre points de contrôle tenus par l'armée régulière. Le véhicule porte un signe de reconnaissance et leur accompagnateur est connu des militaires. Ils franchissent ces barrages de l'armée sans encombre. Pas de fouille du véhicule ni de contrôle d'identité des passagers. Le groupe arrive au petit matin dans un village du Pendjab, où se trouve un premier centre. Une structure d'accueil située à 1 850 mètres d'altitude. Brigitte comprend qu'il pénètre dans l'un des principaux camps militaire du Lashkar-e-Taïba, comportant trois secteurs : la structure d'accueil, où il reste la journée, un deuxième camp militaire à une altitude située entre 2 500 et 3 000 mètres et un troisième, niché à 4 000 mètres. Le soir même, après quatre heures de marche, il accède au deuxième camp. Un camp très grand, où sont regroupés plusieurs centaines de stagiaires, divisés en deux groupes les Pakistanais et les étrangers. Au dire de Brigitte, ce camp abritait entre deux mille et trois mille Pakistanais et Afghans. Brigitte reste dans cet impressionnant complexe militaire pendant deux mois et demi et s'y entraîne à toutes sortes d'armes et au maniement des explosifs. Il note que le spécialiste en explosif, qui fait autorité dans le camp, est originaire du Caucase, probablement un Tchétchène". Et toujours aussi peu de français sur place, à croire que l'appel au Jihad dans l'hexagone est en panne !
Brigitte a mis les pieds dans un des centres d'entraînement pakistanais sur lesquels on a à l'époque aucune information, apprend Brugière. Et ce que découvre Brigitte, c'est le pot aux roses complet, nous assène l'ex-juge : "Surtout, il apprend que ses instructeurs sont en réalité des militaires de l'armée régulière, détachés dans cette base. Les liens entre le Lashkar-e-TaI'ba et l'armée pakistanaise sont plus qu'étroits. Brigitte le constatera à deux reprises. D'abord à l'occasion de l'approvisionnement en armes et en munitions du camp. L'ensemble du matériel militaire est largué en altitude par des hélicoptères de l'armée... Les stagiaires sont chargés de les récupérer de nuit pour les acheminer jusqu'au camp : des M16 américains, des FAMAS français, des kalachnikovs, des grenades, des lance-roquettes de type RPG, des munitions de tout calibre... Les inspections régulières de l'armée pakistanaise et de la CIA vont confirmer les impressions de Brigitte...(...). Pour le juge, il y a de quoi s'étrangler : ce que la France vend comme armes au Pakistan est susceptible un jour ou l'autre de se retourner ailleurs (en Afghanistan) contre ses propres soldats !
Ce qui le suprend aussi, c'est en effet la présence de la CIA, qui semble au courant de la supercherie, mais qui ne l'est pas en fait (ou fait comme si elle ne le voyait pasà). "Oui, de la CIA. Après le 11 Septembre, les Américains ont fait pression sur le gouvernement pakistanais pour qu'il contrôle plus efficacement les activités des organisations islamistes liées à Al-Qaida. Ils avaient notamment exigé du général Musharraf qu'il interdise aux organisations comme le Lashkar-e-Taïba d'accueillir des stagiaires étrangers. L'application de la mesure faisait l'objet de contrôles inopinés dans les camps par une équipe mixte de militaires pakistanais et d'agents de la CIA. Mais, comme la plupart des cadres du Lashkar-eTaïba appartenaient à l'armée, ces inspections étaient vouées à faire chou blanc...
Brigitte en a été témoin à quatre reprises. Les stagiaires étrangers étaient prévenus la veille de l'arrivée de l'équipe d'inspection par leurs instructeurs, des militaires informés par leur hiérarchie. Les stagiaires devaient alors nettoyer le camp, ramasser toutes les douilles et effacer les traces de leur présence, avant de gagner le niveau supérieur à 4 000 mètres, le temps de l'inspection". Le livre de Brugière est sorti en novembre 2009 et l'expédition de Willy Brigitte date de 2000 (il a été arrêté à Sydney en 2003 en train de fomenter un attentat déjoué grâce à Bruguière). Le 20 octobre 2006, le juge français signera l'lordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de Paris de Willie Brigitte et de Sajid Mir. En février 2007, Brigitte sera condamné à 9 ans de prison. La raison étant aussi qu'il a été à l''origine des faux papiers qui ont permis aux assassins de Massoud de l'approcher. Mais ce que révèle aussi le livre du juge, c'est que depuis la disparition de la filière jihadiste dite "des campeurs", (ils s'entrenaient à l'extérieur dans des bois) à laquelle appartenaient Loiseau et Ferraga, la France ne dispose plus de renseignements sur les zones d'entraînement, ou n'a plus d'hommes pour le faire. D'où l'idée d'utiliser un autre Willy Brigitte... avec pourquoi pas des "campeurs", dont on a eu récemment la résurgence au sein du mouvement dissous Forsane Alizza... et son Paintball cher aux groupes d'extrême droite (à noter que le groupe pourtant interdit, ses vidéos paradent toujours sur You Tube !).
En tout cas, en 2007, Romain Caillet ne semble pas s'inquiéter outre mesure du fait que le seul relâché de l'équipe de Toulouse vienne, 48 heures à peine après être sorti de sa garde à vue prendre la défense des policiers qui l'ont arrêté. Il ne semble pas non plus constater que visiblement l'homme a été retourné par cette même police. Et qu'il collabore désormais ouvertement avec cette dernière. "Abou Yasin", rappelons-le aussi, n'est autre que le surnom de Abd Al Rahman Said Yasin, autrement dit l'un des auteurs de l'attaque contre le WTC en 1993... réfugié en Jordanie, il serait passé en Irak rejoindre Saddam Hussein. Il ignore encore tout au long du texte qu'il propose, que l'un des deux condamnés revenus de Syrie, Sabri Essid, va devenir entre temps le beau-frère d'Abdelkader et de Mohamed Merah ! Et que ce dernier, quand il purgera sa peine, ira le voir régulièrement en prison. Pour quelqu'un présenté comme étant devenu proche du salafisme en prison, avouez qu"il avait déjà des prédispositions en venant visiter un salafiste alors qu'il est alors en liberté. Dès 2007 donc, le jeune terroriste toulousain auteur des effroyables meurtres était en contact avec une branche salafiste dure, dont son propre frère est le pilier actif, mais qui est passé à l'époque au travers de la rafle décrite plus haut. Le groupe arrêté, sera en 2009 condamné en définitive pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Le verdict final se soldant par "deux condamnations à cinq ans de prison, assorties d'une mise à l'épreuve" pour les deux principaux personnages candidats au suicide en Irak, les autres écopants de peines poins lourdes.
Comme le note fort justement Paris Match ce 23 mars, le lien est donc évident entre cette affaire de 2007 et l'actuelle : "Pourtant, il suffit de relire l’article de la presse locale au moment de l’intervention des forces de l’ordre le 15 février 2007 pour que des similitudes effleurent. On retrouve le cadre de la cité des Izards, dont était originaire Mohamed Merah, un lien supposé avec Al Qaida et cette phrase prononcée par l’un des enquêteurs, évoquant « des frappés qui étaient prêts à se faire sauter ». Et rappelons le lien de son frère Abdelkader avec ce groupe, même s’il n’avait pas été mis en examen." Et ce n'est pas fini question similitudes : ainsi,La Dépêche du Midi, du 20 mars 2008 nous apprend que dans ce volet des arrestations de 2007, la police avait arrêté deux individus supplémentaires : "Enfin, troisième volet de l’opération commencée en février 2007, l’interpellation, le 20 février 2008, à Toulouse de deux frères ayant fait des voyages religieux en Égypte, et d’une femme." On pense obligatoirement à la famille Mérah, qui fait des aller-retours constants en Egypte. "Bernard Squarcini confirme que Mohamed Merah a passé du temps chez son frère, dans la capitale égyptienne, en novembre 2010, après avoir voyagé au Proche-Orient". Dixit le confident de Nicolas Sarkozy, alias le Squale. Or, dans les dires de celui-ci comme dans ceux de la police, pas un mot sur les deux "frères" revenant d'Egypte qui auraient été arrêtés ensemble en 2008...
Caillet revient en en effet un peu plus loin sur un détail intéressant et fort troublant pour nous présenter la personnalité du fameux "Abou Yasin" : "Bien que lui-même vivait et travaillait en France, la femme d'Abou Yassine et ses enfants étaient en Egypte. Il leur rendait souvent visite au Caire, Abou Yassin avait envoyé sa famille là-bas ans avant afin qu'ils puissent vivre dans un environnement islamique et reçoivent une éducation conforme à son éthique islamiques". Un fondamentalise toulousain qui effectue des trajets en Egypte où est restée sa famille ? Mais on en connaît un, pardi : Abdelkader Merah, frère de l'autre, alias Abou Yasin ! Qui aujourd'hui vit en France... en ayant soit caché une seconde épouse, soit avoir oublié sa période égyptienne vécue avec celle du jour.
Mais Caillet a noté pourquoi l'Egypte a autant attiré les candidats au départ : "il semblerait que le phénomène de la hijra ait véritablement débuté entre 1999 et 2000. Jusqu'à cette date, les déplacements de salafistes français à l'étranger ne concernaient qu'un nombre de personnes très limité et se bornaient à une formation théologique. Avec la mondialisation, le développement des télécommunications et l'abaissement des prix du transport aérien, les voyages de jeunes salafistes vers le monde musulman se sont très vite multipliés. L'existence au Caire d'un nombre impressionnant de centres, dispensant des cours d'arabe de qualité à un prix modique, a très vite attiré de nombreux salafistes occidentaux. Ces derniers, détenteurs de passeports européens ou américains, obtinrent donc sans trop de difficultés des titres de séjour de longue durée en Égypte. En outre, leurs capacités à mobiliser diverses ressources économiques allaient leur permettre de conserver un niveau de vie élevé, dans un pays où plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. C'est dans ce contexte que nombre d'entre eux commencèrent alors à envisager la hijra, non comme une utopie discursive, mais comme une réalité".
Car aujourd'hui, l'homme intrigue la Police, paraît-il (il est temps). "La trajectoire d'Abdelkader Merah est marquée par divers éléments qui intéressent les policiers. Abdelkader Merah était tout d'abord fiché comme un intégriste religieux. Dans une interview accordée au Monde , Bernard Squarcini, le patron du renseignement intérieur, précise qu'il était ainsi parti en juillet 2010 avec sa sœur dans une école coranique en Égypte"révèle le Figaro. "Fiché à la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) en raison de ses multiples voyages en Egypte, au rythme de plusieurs stages de trois mois, pour apprendre l'arabe littéraire, Abdlekader épouse les thèses salafistes. Partisan d'un islam dur, il se rapproche de son frère Mohammed, courant 2009, quand ce dernier quitte l'univers carcéral et se découvre une âme de religieux. Car durant tous ces mois passés en prison, Mohammed Merah s'autoradicalise et embrasse la cause palestinienne" nous dit la Dépêche. En fait, avec son frèreil était resté toujours en contact avec le salafisme, obligatoirement.
Revenons au texte découvert, qui nous décrit un "Abou Yasin" qui expliquera sur le Net que lors de son interrogatoire, il n'avait été en contact qu'avec quatre personnes de la police : "Mouloud", le traducteur de la police, une interrogatrice, surnommée "Audrey", un homme à la voix grave et l'accent corse prononcé, et un autre policier encore qui se présentera à la fin comme le véritable responsable des interrogatoires. "Vers 23h30 un homme rentre, je l'ai déjà vu dans les couloirs mais il ne m'a pas encore parlé, il se tient debout devant moi et me dit : "Ecoute je ne t'ai pas encore parlé, c'est moi qui coordonne toute cette affaire, tous les autres cas sont clairs, le juge a dit c'est bon pour eux, le seul problème c'est pour toi, untel a dit que tu étais au courant de leurs projets d'aller en Irak, les autres aussi ont dit de même."- J'ai déjà dit à plusieurs reprises que je n'était pas au courant de leurs intentions, pour moi l'autre devait venir au Caire et le second cherchait activement à se marier"... exactement la thèse plutôt farfelue que nous a raconté Squarcini sur le but visé par Mohamed Merah au Pakistan : se trouver une épouse ! Une "Audrey" que l'on pense bien avoir retrouvé derrière la porte du forcené à Toulouse... ce qui semble bien avoit été décrit ce dimanche par le JDD, cette "jeune officier de la DCRI, d’origine maghrébine" :
"Le Journal du Dimanche révèle aussi l'identité de deux autres cibles policières : le chef de brigade anti-criminalité de Toulouse dont il avait repéré le domicile, et la policière de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) qui l'avait interrogé lors de son retour du Pakistan. À cet officier, dont il avait requis la présence lors du siège du Raid, il avait confié « j'allais te fumer ». Cet agent est très secouée". "Secouée", avec un "e" au bout, comme s'il s'agissait de l'interlocutrice privélégiée d'Abou Yasin... dans les locaux de la police, en 2007. Celle qui était venu visiter l'appartement de "Yasin" et avait visité sa cave avec ses collègues : "les agents fouillent toute ma maison et y prennent plusieurs choses visiblement intéressantes pour eux, ne comprenant pas l'arabe il demande à un agent maghrébin "Mouloud" qui leur traduit et leur indique ce qui est bon ou pas à prendre. Ils retournent toute ma maison, ils sont au moins 8 ou 9 à visages découverts sauf un qui étrangement ressemble à mon grand ami Idris, je ressens comme de l'affection pour lui car il ressemble à Idris malgré son masque, je devine qu'il est celui qui s'occupe de me suivre et me filer, à un moment il me fait un clin d’œil, je m'étonne de ça,serait-ce Idris qui m'aurait caché une deuxième vie ? Impossible c'est un vrai mouwahid par la grâce de Dieu. Un autre agent "Fred", prend des clés sur un buffet et me demande à quelle voiture elles appartiennent ? L'homme masqué répond : "le 4x4" Quand ils me demandent si j'ai changé les plaques de ma voiture c'est lui encore qui répond tandis que moi je doutais Il y a parmi eux une dame blonde et frêle, elle s'appelle Audrey".
Une "Audrey" à laquelle, dans son récit, "Yasin" semblait s'être attaché. Mais selon le texte mis en ligne, fait, je vous le rappelle, par quelqu'un alors d'arrêté, la police en prend également pour son grade. Tel ce dialogue, qui montrerait plutôt que comme pour les américains, la langue demeure un obstacle certain :
"Et ainsi de suite elle me pose les mêmes questions sur plusieurs frères, à un moment je lui dis : « La prochaine fois que je rencontre un frère, je noterai la date et le sujet de discussion, ça vous facilitera la tâche »
Tel frère, de quoi parles-tu avec lui ?
Avec lui ? on parle de femmes
De femmes ?
Oui de femmes
Un autre agent s’exclame : « Ah les femmes !
Elle note : « Avec untel ils parlent des femmes »
Avec tel autre, parles-tu de djihad ?
Il faut que vous sachiez que le djihad est un sujet clair pour nous, on diverge pas sur ça donc on a pas à en discuter nuit et jour
Donc vous êtes tous d'accord dessus, c'est de l'acquis quoi dit le corse
Oui c'est ça
Puis Audrey me dit :
Souvent tu parles d'un certain Arbi, qui est-il ?
Je ne connais aucun Arbi
Mais si on a des écoutes et tu parles souvent d'un Arbi, c'est qui ?
Je réfléchis mais n'arrive pas à savoir qui est ce Arbi, puis tout à coup je m'exclame en riant : "Ah ok, c'est pas arbi c'est akhi c'est à dire mon frère en arabe"
Mouloud me dit en riant :" Sais-tu que les collègues se sont moqués de moi pendant longtemps à cause de toi ?"
_ Pourquoi ?
_ Un jour dans une écoute tu as dis en parlant de l'arabe qui travaille dans nos services :"C'est le bougnoule de service"
_ Je me souviens de la discussion mais ce n'est pas mon style de dire ça, je pense plutôt que c'est mon interlocuteur qui a dit cette phrase.
_Qui est le noble cheikh Ra... ?
Là je rigole et lui dis :
_ Mais cʼest David ça, dès fois au téléphone je dis ça, noble frère, grand sheikh, grand moujahid, on plaisante »
Il rigole et me dit : « tu sais moi on me ramène les écoutes et je dois te poser les questions, justement pourquoi il est nommé lʼIndien Espagnol ?
_Là jʼéclate de dire et lui dis que ce sont deux personnes différentes _ Je me disais bien que cʼest étrange ça, il est indien ou espagnol !!
Un dialogue qui révèle qu'avant de se faire arrêter, celui qui se fera libérer connaissant déjà auparavant les gens quil i'interrogeaient : le "Un jour dans une écoute tu as dis en parlant de l'arabe qui travaille dans nos services" est plus qu'explicite sur le sujet ! La connivence est évidente, et démontre clairement un rôle d'indicateur dévolu à l'auteur du texte.


Devant l'insistance de l'animateur, il s'est même "enfoncé" en clamant qu'il ne fallait pas réduire le débat à l'appartenance « à une ethnie ».... Édifiant ... Jean-Jacques Bourdin a toutefois tenu à lui faire remarquer que "tous les chefs d'Al-Qaïda sont des sunnites". "Nous demanderons à des spécialistes", a conclu le journaliste. Pourtant Al Qaïda, de part ses fonctions, Sarkozy devrait connaître .. et ce d'autant plus qu'à la mi-février le ministre de l'Intérieur, "se félicitait" "de l'arrestation de neuf personnes soupçonnées d'être en liaison avec l'organisation terroriste Al Qaïda", lors d'un coup de filet policier à Toulouse et en région parisienne, selon le communiqué de son ministère" précisait alors le Blog Finance avec une ironie mordante.


(**) regarder cet excellent document sur la dérive des engagés français au djihad.
http://archive.org/details/djamal-tora-bora
on peut aussi lire ça :
http://religion.info/french/entretiens/article_548.shtml
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