Trouver un(e) premier(e) ministre, exercice périlleux après l’euphorie des JO ?
La succession de Gabriel Attal et de son gouvernement suscite quelques espoirs à peine cachés de certain(e)s. Il y a cette énarque haute fonctionnaire à la mairie de Paris, sans expérience politique particulière et inconnue du public, que le NFP a sorti du chapeau et qui se voit déjà première ministre. Mais, sachant que seul E. Macron dispose du droit de nomination, d’autres se mettent à espérer.
Le président de la république, qui selon l’article 8 de la Constitution doit lui seul choisir un(e) premier(e) ministre, il peut donc le faire soit selon la convention d’usage, c’est à dire en choisir un(e) issu(e) du NFP ou d’une coalition autre
Pour appel, depuis le 18 Juillet 2024, date de mise en place de la nouvelle assemblée nationale, sa composition est la suivante : NFP et apparentés 193 député(e)s, dont LFI 72, PS 66, EELV 38, PC 17. Camp Présidentiel 166 député(e)s, dont Ensemble 99, Mv. Démocrate 36, horizons 31. RN/LR 142, dont 3 Reconquête, 16 LR Ciotti. LR 47 député(e)s. LIOT 21 député(e)s. Non inscrits 8 député(e)s. Soit un total de 577 députée(e)s dont la majorité absolue est de 289.
Selon la convention d’usage, lorsqu’une force politique est majoritaire, même relative à l’issue du second tour des élections législatives, le président de la république désigne premier(e) ministre la ou le responsable du principal parti de cette force politique pour constituer le gouvernement Français. Mais aujourd’hui il n’y a aucune force politique qui a la majorité absolue, ou simplement relative se distinguant assez largement des autres, comme dans la précédente législature.
Chacun des trois blocs principaux : NFP, ENSEMBLE (présidentiel), RN/LR ne sont pas si éloignés que ça des uns des autres. Dès lors, faute de parvenir à une coalition, qu’elle soit par participation gouvernementale ou soit par soutien, tel le PC en 1936 qui à soutenu le socialiste Léon Blum, le risque est grand que si un gouvernement se trouve effectivement sans majorité claire à l’Assemblée, avec l’épée de Damoclès sur sa tête que représente un recours possible et constant à la motion de censure, le risque de blocage institutionnel est réel.
Dès lors, il faut considérer qu’au vu des chiffres des différentes forces politique de l’assemblée nationale, pour parvenir à une gouvernance viable pour l’intérêt du pays dans la durée et conduire à minima une politique à géométrie variable en recherchant ponctuellement des majorités au gré des projets ou propositions de loi, de manière à pouvoir les faire appliquer. Cela ne peut que se réaliser dans le cadre d’une coalition de formation politique, tel le NFP avec Madame Lucie Castets ou avec des forces politiques différentes, mais lesquelles ?
Emmanuel Macron qui semble rejeter le choix que veut lui imposer le NFP, peut-il parvenir à désigner un(e) premier(e) ministre d’une coalition viable et acceptable ?
Pour la première fois de son histoire depuis 1958, la Ve république connaît une situation inédite avec une assemblée nationale d’où aucune des trois principales forces politiques ne peuvent dégager une majorité relative importante lui permettant de gouverner pour les 3 ans à venir. Ce qui suppose que pour éviter un risque rapide de blocage institutionnel et pour envisager une éventuelle coalition permettant une gouvernance viable, ce que le NFP et leur première ministrable semblent incapable de réaliser si on se réfère à l’annonce faite à droite, notamment à LR et au RN de voter immédiatement une motion de censure à cause de la présence de LFI avec ses positions radicales extrémistes, ce qui entraînerait la chute de ce nouveau gouvernement…
Vu la configuration politique actuelle de l’assemblée nationale, seule une entente entre des député(e)s de la gauche sociale – démocrate, (PS EELV), le centre et la droite libérale – sociale « gaulliste » pourrait parvenir à avoir la majorité absolue ou à minima une majorité relative suffisamment importante et difficile à renverser par une motion de censure. Mais pour cela, il faut un contrat de gouvernement ou chacune des différentes parties acceptent de faire des concessions autour d’un compromis répondant à la fois aux principales exigences légitimes de la population et aux impératifs économiques et budgétaires de la nation…
Avec une dette de plus de 3100 milliards d’euros, on peut imaginer la difficulté des mesures sociales ou fiscales à prendre qui sont promises par certain(e)s
Faut-il rappeler une fois encore, qu’avec une dette de plus de 3100 milliards d’euros ( 3159,7 milliards d’euros indique l'Insee dans sa publication du 28 juin 2024), il y a ce qui peut être fait immédiatement à condition que toute nouvelle fiscalité servant au financement de certaines mesures remplace une fiscalité existante afin de ne pas aggraver une situation fiscale déjà « très tendue » pour les Français. Par exemple, créer une contribution richesse (CSR), comme le demandaient certains très riches lors d’un forum économique de Davos en 2023, à partir de dix millions d’euros, portant sur les revenus, biens immobiliers, divers biens somptuaires et supprimer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui ne taxe pas forcément les plus riches. Mais aussi agir pour qu’un Euros dépensé ici soit compensé par un euros économisé là … S’il y a naturellement ce qui doit être fait en donnant « un peu de temps au temps » , il y a surtout ce qui ne peut pas être fait…
Pour mémoire, faut-il encore rappeler que les investisseurs qui détiennent la dette de la France sont des investisseurs Français à hauteur de 52,2 %. Comme investisseurs institutionnels, on retrouve notamment : les compagnies d’assurance, les banques. les gestionnaires de fonds (fonds de pension, etc.). la Banque de France qui détient 25 % de la dette française.
L’autre moitié de la dette est détenue par des investisseurs étrangers pour 47,8 % (dont 50 % sont des investisseurs issus de l’Europe et l’Union européenne). Il faut également rappeler qu’en 2000 la dette ne représentait que 60 % du PIB. Elle représente maintenant plus 111,7 % du PIB.
Contrairement au Japon, dont la dette est détenue à plus de 90 % par la Banque du Japon et des citoyens japonais, la France n’a donc pas la pleine maîtrise de sa dette.
Faut-il encore rappeler également, qu’il y a 174 milliards d’euros à rembourser en 2024 et environ 200 milliards en 2025/2026. En 2022, la France avait emprunté en moyenne à 1,03 % contre des taux négatifs en 2020 et 2021, successivement -0,30 % et -0,28 %. En 2023, le taux de l’OAT (Obligations assimilables du trésor) à 10 ans était de 3,0250 %. En 2024, il faut s’attendre à un rebond autour de 3 %.
Quel que soit le gouvernement et de quelque coalition dont il serait issue, il ne pourra échapper à cette situation, ainsi qu’à la situation écologique.
Emmanuel Macron a joué et perdu à la « roulette russe » la majorité, certes relative, mais suffisamment importante pour gouverner qu’il avait, va t-il encore perdre cette partie et être contraint de céder au NFP, pour la plus grande satisfaction de Jean-Luc Mélenchon, mais avec en « bouquet final » une motion de censure et tout recommencer ? Ce qui rend les combinaisons du Président de la république des plus complexes et difficiles pour parvenir à la nomination d’un(e) premier(e) ministre. Mais au fond, n’est-ce pas ce que souhaite Emmanuel Macron, sauf que pendant ce temps c’est le pays et sa population qui risque d’en faire les frais…sans oublier la question écologique...
Urgence climatique, ressources, pollutions, problématique démographique... Jamais les alertes sur le futur de notre planète n'ont été aussi alarmantes. Par l’impact d’une croissance démographique explosive non maîtrisée, avec ses besoins économiques correspondants, le changement climatique touche toutes les régions du monde. Les calottes glaciaires polaires fondent et le niveau des océans monte. Certaines régions sont confrontées à des précipitations et des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, tandis que d’autres doivent faire face à des vagues de chaleur et à des sécheresses de plus en plus intenses. Alors que nous devons agir avec force pour le climat maintenant, ou ces effets ne feront que s’intensifier. Le changement climatique représente une menace très grave et ses conséquences ont une incidence sur de nombreux aspects différents de notre vie, mais aussi sur celle de l’ensemble des espèces animales et végétales.
Pour Emmanuel Macron, comme pour l’ensemble de la classe politique que la question démographique avec son impact sur le changement climatique qui représente une menace très grave est loin de leur pensées, pour eux l’important c’est d’avoir »réussi » les jeux Olympiques et récolté foison de médailles.
Pour conclure
Après avoir joué « à la roulette Russe » sa majorité, certes relative, mais suffisante pour lui permettre de gouverner, aujourd’hui Emmanuel Macron va-t-il tenter de rejouer de la même manière la nomination d’un(e) premier(e) ministre ? Mais attention nous ne sommes plus aux JO où il pouvait se permettre « des pitreries » pour s’identifier au public des supporters béats. Les lampions de cette fête sont éteints, il s’agit désormais de la réputation de la France auprès des milieux financier que le président de la république connaît bien, des besoins vitaux de la population et de la situation écologique...
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