Un autre regard sur le G-20. Ce que G compris sur ce G-vain au service du G-faim et du G-du-fric.
Formidable ! Au-delà de ce qui était espéré ! Incroyable ! La presse est unanime pour saluer le succès du G-20 et des résultats obtenus. Surtout la presse européenne et notamment les médias français qui ne se permettraient pas de gâcher la fête et de contredire notre président Sarkozy si fier d’avoir joué un premier rôle, dans son costume d’un De Gaulle du 21ème siècle, maître de cérémonie du sommet du nouvel Otan où la France veut affirmer son influence. Madame Lagarde parle d’avancée considérable alors que Manuel Barroso salue un résultat au-delà des hypothèses les plus optimistes et Gordon Brown avec son flegme tout ce qu’il y de plus britannique parle d’un nouvel ordre mondial en voie d’émergence. Ah que ça fait plaisir de voir ces dirigeants qui frétillent et ces médias qui sautillent, à l’image de gamin dont les parents ayant promis 50 euros d’argent de poche annoncent que ce sera finalement 100 euros par mois.
Nous aurions aimé avoir un avis contraire mais cette presse unanime rechigne pour l’instant à donner une note dissonante susceptible de troubler ce concert de louanges. Sans doute, quelques experts donneront un avis plus contrasté dans les jours qui suivent. Nous aurions souhaité avoir l’avis d’un Giscard dont la situation lui permet de parler librement tandis que notre ancien président Chirac aurait peut-être évoqué un sommet abracadabrantesque. Aucune fausse note, donc, quoique, quelque part dans un petit fanzine, le NYT, que ne consultent guère les journalistes français, on peut lire ceci
« Le président Obama a reconnu que toutes ces mesures n’offrent aucune garantie pour contrecarrer la plus grande récession économique mondiale depuis dix décennies »
Cet avis mérite d’être pris au sérieux car il n’émane pas d’un obscur blogueur de Seattle ou Carpentras mais du président de la première puissance mondiale. Reste à comprendre pourquoi l’hypothèse d’un sommet pour rien est plus que plausible, voire même certaine. Y a-t-il un économiste dans l’avion de la globalisation ? A cette question, on fera une seconde hypothèse, non, il n’y a pas de gens pour nous renseigner. Cette hypothèse repose sur un article assez sévère sur la faillite des économistes qui n’ont pas su anticiper la crise (voir la revue Books d’avril 2009, page 24) Le citoyen pourvu d’un minimum de raison se dit alors que si les économistes n’ont pas vu la crise, ils ne peuvent pas voir non plus l’effet de ce super plan de relance décidé lors de ce sommet du G-20 à Londres, qui sera vite éclipsé par les jeux de guerre froide débattus dans une ville de Strasbourg transformée en Pentagone mondial.
Mais l’économie, elle tangue et si nous devons demander ces comptes, ce sera notamment auprès des économistes et plus spécialement des prix Nobel qu’une certaine mouvance altermondialiste intronisa porte-parole. Prenons Paul Krugman et Joseph Stiglitz, des types bien, prêchant contre les inégalités, la pauvreté, eh bien ce sont des incapables qui n’ont pas vu l’instabilité du système. Ce n’est pas moi qui le dit mais l’économiste russe Robert Skidelsky dont on peu lire les propos iconoclastes dans la revue Books. Et pas seulement iconoclastes mais aussi emprunts de bon sens. Ne fait-il pas remarquer que depuis le nouvel ordre économique mis en place progressivement à partir des années 1980, le monde a connu neuf effondrements financiers majeurs et plusieurs krachs boursiers. Mais si on a vite oublié c’est que ces effondrements ont concerné un pays plutôt que l’économie mondiale, non sans tirer comme conclusion que le système fonctionne mal et s’il en est ainsi, c’est parce qu’il y a trop de liquidités pour investir et pas assez pour consommer. Du coup, les capitaux avides de profits ont trouvé toutes les ruses financières possibles pour entretenir le casino qui permet de gagner gros, notamment la spéculation, les hedge funds et autres subprimes, les produits financiers ésotériques qui maintenant sont qualifiés de toxiques.
Si tel est le cas, nous comprenons que les mesures prises par le G-20 sont inutiles et même qu’elles risquent d’aggraver la situation. Car la politique financière menée, notamment avec les dettes étatiques et la baisse des taux d’intérêts, ne fait qu’ajouter des liquidités pour que les spéculateurs puissent jouer alors que les gros perdants sont renfloués. Les consommateurs ne seront pas solvables pour autant et l’économie réelle va encore en prendre un coup, avec l’amputation sociale et sans doute, une nouvelle phase de montée du pétrole. Quant à cette fameuse liste des paradis fiscaux, elle répond plus à un besoin de l’opinion publique satisfaite qu’on ait désigné des méchants. Qui peut croire à un effet de moralisation. Allez dire à un accro du jeu qu’on va le dénoncer à ses proches comme un type pas bien, un vilain, et vous verrez le résultat. Un accro qui veut arrêter de jouer demande à être interdit de casino. Si on prenait des mesures similaires pour les « paradis fiscaux » là on pourrait prendre au sérieux nos gouvernants. Quant à la moralisation des salaires des patrons, encore une manière de sevrer l’indignation publique. On voit la difficulté à légiférer chez nous alors on se demande bien comment les gouvernements du G-20 feront chez eux. Enfin, tous ces milliards, nous ne savons même pas comment ils seront utilisés, à bon escient ou gaspillés ou volés ? Rien n’est précisé. Le monde est peuplé d’escrocs. Toujours dans la revue Books on apprend qu’on se fait voler par les multinationales du médicament avec la complicité des médecins de labo corrompus. On sait aussi que le FMI est très sourcilleux des finances publiques des Etats en voie de développement mais peu regardant sur le vol légal pratiqué par les gouvernants de ces pays et leurs proches bien positionnés. Comme toujours, les puissants nous asservissent et comme le dit Woody Allen, les méchants ont compris quelque chose que les bons ignorent.
Finalement, ce G-20 n’a sans doute été qu’une grande messe de bonnes intentions pour subvenir à l’indignation d’une population mondiale à laquelle on offre des communiqués de presse rédigés par des journalistes ignorants et dévots.
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