Un monde fou plein de fous ?
Est-ce cela un monde où on ne sait plus si c’est celui qui accuse ou celui qui est accusé qui est fou ?
Est-ce fou de croire encore à la sagesse, à la convivialité, la confiance ? Ou bien est fou celui qui n’y croyant plus traite de fou celui qui y croit encore ?
Un monde fou celui qui envoie Marine le Pen chez un psychiatre pour s’être défendue follement d’avoir été comparée à DAESCH ! Pas fous ceux qui l’ont fait ?
Fou un monde qui ne sait pas où il va, qu’il consomme et pollue à outrance, qu’il fasse des guerres pour quelque vanité, qu’il mente en riant de pouvoir le faire en toute impunité, qu’il rêve de Mars en pensant que détruire est incontournable, fou de ne plus savoir que l’humain est créateur ?
Folle l’inconscience, de tous ceux qui cédant à la facilité inondent le monde de déchets sans raison valable ? Folle la vanité de ceux qui croient voyager mais transportent avec eux tout le confort qu’ils pensent être dû, au détriment d’une curiosité, d’un partage, d’un dérangement pourtant fort positif pour la santé mentale ? Et qui ramènent du vivant qui s’installe, se plaît, envahit et détruit tout de l’abeille au buis.
Et, n’est-ce pas folie de ne pas voir qu’on ne voit pas ? N’est-ce pas folie, dans les moindres choses quotidiennes où l’on impose soi comme évidence à l’autre qui ne sait pas le faire ? Sans le voir sans le ressentir, une présomption à être, écrasante ? Comment peut-on croire voir, en cécité, hors folie ?
Est-ce folie le respect volontaire d’autrui ou bien folie son déni impuni et encouragé ? Est-ce folie de ne se point fondre à la folie ou folie de s’y livrer ?
Fou c’est comme con, un mot vague, on y surfe, on y met ce qu’on veut, pourtant quand la mauvaise foi ne nous ronge pas, on sait tous bien ce que cela veut dire.
On est assaillis de toutes parts ; assaillis, ça veut dire qu’on ne recherche rien, même plus besoin de tourner un bouton, juste un clic et toute l’ineptie du monde nous tombe dessus ; s’en défendre est un acte de résistance, qui nous isole, il est rare et inutile car le monde s’insinue, partout.
J’essaie de me mettre à l’abri de l’agression que je subis, de temps en temps, par absence de clics justement, mais je n’échappe pas à la malédiction.
Il y a bien des moments de bonheur, fort heureusement sinon nous serions tous morts depuis longtemps, des rires vrais, de vraies amitiés, de beaux spectacles, mais je ressens en arrière qu’ils sont résurgences, réminiscences et sursis.
La seule chose qui nous manque, et je vous dirai en quoi je suis bien placée pour le dire, c’est le manque. Ce n’est pas parce que s’agglutinent en ville des gens en manque de tout que la grande majorité de nos concitoyens le connaissent. Le manque, c’est une réelle carence, pas un désir non satisfait immédiatement ; le manque, ou le vide ou l’ennui est porteur de désir, le désir est notre énergie positive ( comme la pulsion l’est au négatif), il nous fait soulever des montagnes, réparer des dommages, apprendre, imaginer, créer ; je vais le prendre ici pour l’axe le plus important de notre intelligence donc de tout ce qu’elle pourrait nous faire accomplir de beau, de joyeux, de bénéfique…
On peut encore ânonner des créations, des idées, des synthèses, des analyses mais elles ne contiennent rien de décisif et d’indispensable à un réel changement. Elles sont un pis-aller pour une intelligence qui s’échappe par quelque soupape mais rien dont on sent qu’il pourra s’incarner, se concrétiser, enthousiasmer au point de réveiller les foules.
Redites, répétitions… tout est semblable, y compris mes élucubrations. À cause de l’abandon, nous avons abandonné notre incarnation.
Je le vis quand je lis ou rencontre des analyses, par exemple, excitantes, justes et innovantes, qui réveillent le désir enfoui d’y croire, au réveil, et puis, pffuuit, disparues le lendemain, remplacées par d’autres peut-être, le plus souvent par rien de bien charnu.
Quelques claquements de doigts, essayez, sont un rythme, claquements de mains, frottement, rien, avec rien, on fait une musique ; la musique, c’est l’âme qui la porte qui en fait le poids… nous ne sommes même plus capables de ça. Tout se rabougrit au niveau individuel, tout se rétrécit, et au mieux, à moi/toi.
La folie de notre monde qui a oublié d’avoir besoin des autres.
De ma fenêtre je vois une foule de rats se précipiter vers des appâts, les Européens du nord descendant dans le sud de la France pour y acheter des maisons des terrains faisant que plus tard les Français n’ayant plus les moyens descendent au Maroc, aujourd’hui au Portugal, pour faire la même chose.
Ce besoin de soleil. Mais juste pour le fun, les affaires, c’est dans la brume qu’elles se font. Je me permets de critiquer tout ça parce que je vois et sais l’ennui de ces populations émigrées ; bien sûr, elles se replient sur elles-mêmes comme pour se rassurer , elles se fréquentent et beaucoup renoncent ou refusent d’apprendre la langue, pour garder leur ethnicité !
L’artifice, le passage à l’acte règnent en maître, et quel maître !! mais en attendant, la destruction est à l’œuvre et ce vide si immense qu’il ne peut plus porter à la création se remplit de niaiseries en une abondance de bulles qui éclatent au gré des mémoires qui flanchent.
Cette émigration bourrée de fric ne donne pas des boutons au petit peuple dont le regard est hypnotisé par un foulard, pourtant toutes deux sont les deux faces d’une même pièce : la déliquescence d’une culture, d’une civilisation causée par l’appât – je ne parle pas là de l’avidité maladive du un pour cent le plus riche, mais bien de ces dix ou vingt pour cent peut-être qui le valent bien, enfin qui valent bien ce qui s’est vendu sur les chaînes pendant des décennies ; ceux qui valent plus se replient, ceux qui ne valent rien survivent ou crèvent.
Reprenons : à force de se faire croire que nous sommes tous loyaux, lucides et justes, bons n’en parlons pas, à force de se consoler à penser que le un pour cent est coupable de tout par une surnaturelle puissance sans bras, nous oublions les causes réelles de la décadence qui tiennent dans une multitude de petits cerveaux abîmés par la flatterie et dont chacun ignore, par facilité, le pouvoir de nuisance que sa complaisance ou, et, sa complicité développe.
Il est bien évident que le monde ne se fait pas par en haut mais par l’acceptation, la complicité, la servilité d’en bas.
Quand on vit une époque où l’on fait croire à chacun qu’il est libre, d’être homotrans et faire faire un enfant par une pauvre, mais qu’on ne lui dit pas qu’il est aliéné, justement, par cette mode, ces modes qui le canalisent, cette pub et propagande qui le lobotomise, on n’espère pas de miracles.
Quoi d’autre qu’un miracle peut libérer de la folie ? Les psy on le sait sont impuissants, les chamans peu nombreux et les causes se multiplient !
Je vais décortiquer une folie beaucoup plus sournoise, celle quotidienne qui se cache sous le lieu commun, mais qui, partagée devient mortifère.
On feint d’imaginer, du moins le sous-entendons nous, que le diable est fourchu, repérable à mille lieues, le nocif est faux-cul mais repérable par tous lui aussi, le pollueur affiche son train de vie et crache ses microparticules en d’épaisses fumées noires derrière son 4X4 hors d’âge, l’exploiteur a le sourire carnassier, et il est rare que l’on cache une meuf dans le tableau. Malheureusement on sait tous qu’il n’en est rien et je veux insister sur le fait que cette individualisation imposée voici quelques décennies pour vendre a fini par faire oublier à chacun qu’il fait partie de tous. Se mêlent à cet endroit une morale et une honnêteté qu’on s’est bien gardé de faire fructifier de manière à ce que chacun l’occulte ou l’ignore de sorte qu’il puisse agir seul, vraiment seul, sans dieu ni juge, sans maître ni censeur ( ce qui fait dire à beaucoup aujourd’hui qu’ils sont anarchistes, mais c’est une autre question) ; le « ça ne se fait pas » n’était pas qu’un handicap et une injuste entrave à la jouissance, c’était aussi une façon de vivre ensemble, confortable si possible avec cette décence des humbles qui savaient s’il le fallait s’effacer devant un autre pour que le mouvement reste ample et fluide. ( Je ne parle pas ici des querelles et autres rivalités aussi vieilles que le monde mammifère mais juste de cette vie ensemble consciente qui nécessitait, pour une économie d’énergie et une plus grande confiance, quelques règles de conduite).
Ce qui est grave et me paraît fatal, c’est qu’il ne suffit pas de le dire, rappeler à l’ordre, puisque tout le monde le sait. Oserai-je répéter ici que savoir ne lève pas les foules, il n’y a que la conscience qui puisse le faire ?
Si c’est pas moi ce sera l’autre ; de toutes façons si je le fais ( ou ne le fais pas) cela ne changera rien puisque tout le monde le fait, sans parler du : je paye assez cher pour ça ( ils peuvent bien recycler mes poubelles, se débrouiller avec pour ne pas inonder le monde de plastiques, du reste, puisqu’il y en a, que j’en utilise ou pas c’est kif kif…)
Ce qui est curieux à cet endroit, c’est que là où il faudrait, comme preuve d’intelligence et de supériorité à l’animal, multiplier chacun de nos gestes habituels par soixante millions ( en ce qui nous concerne) pour avoir une idée de notre impact, tandis que l’humain si tant supérieur n’y pense pas du tout ! En général, quand j’émets cet argument, un silence même pas gêné s’installe, très court avant de parler d’autre chose. C’est moi qui suis complètement cinglée de penser à une chose pareille, nous verrons ça !
Si la folie est le contraire de la sagesse, nous voyons bien que personne ou presque n’y échappe tant la sagesse est un gros mot, si gros qu’on ne le prononce jamais, et si on le fait c’est plutôt pour parler de la morale lénifiante de vieux attardés à fuir.
Si la folie est le contraire de la santé nous voyons bien que même les cochons n’y échappent pas à qui l’on doit arracher les dents et couper la queue pour qu’ils ne s’attaquent pas, et ne se blessent pas.
La santé mentale, l’équilibre psychique, déjà si difficile chez les mammifères, comment voulez-vous les retrouver dans l’environnement actuel ?
Et si la folie est le contraire de la raison, dans la jeunesse et ses audaces, chez les pionniers et leur détermination, chez les héros et leur altruisme, nous regrettons alors son absence trop souvent.
La folie est toujours un passage à l’acte, aujourd’hui je la situe aussi dans la résignation, dans l’inconscience que l’on s’autorise et dans cette distance qui s’agrandit entre l’Idée de soi et ses engagements. Aussi dans ces offuscations de prétendus scandales comme exposés d’une morale à deux balles à laquelle on ne peut guère croire.
La vitesse à laquelle, sous nos yeux, le monde s’enfonce dans la bêtise admise, cette caricature de fausseté, est folle ! On imaginait pas que l’être humain puisse redevenir aussi soudainement la masse ignorante de jadis.
En tout cas, je fais partie de cette génération qui, s’il elle commence la vieillesse à soixante ans plutard qu’à cinquante comme naguère, est la première à ne plus retrouver dans le monde qui l’entoure les valeurs chères qui l’ont construite.
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