Un véritable effroi de canards
Laurent Joffrin, directeur des publications à Libération, porte-étendard de la bien-pensance, progressiste d’appellation d’origine contrôlée a été saisi d’effroi comme la plupart de ses confrères humanistes patentés devant « le séisme politique qui vient de frapper la plus puissante démocratie du monde ».
Cette presse, aveuglée par ces prothèses neuronales que sont les sondages annonçait à qui voulait bien la lire la victoire inéluctable de la progressiste Hilary contre le populiste Trump. Il lui était impensable d’envisager l’élection à la présidence dans la patrie de Lincoln de ce personnage grossier qu’aucune personne n’ayant pas le discernement gravement altéré ne s’aviserait à prendre en stop.
Et pourtant cette Maison Blanche et son fameux bureau ovale qui servit souvent d’alcôve à ses occupants en a vu d’autres comme les turpitudes cigarières du mari de la candidate malheureuse.
Ils étaient nombreux et largement majoritaires les canards mais aussi les médias télévisuels rameutant les perroquets savants très experts qui nous expliquaient doctement pourquoi Trump ne pouvait pas gagner. Ils faisaient swinguer les fameux états indécis qui finiraient par balancer irrésistiblement du coté d’Hillary, en mésestimant les talents de golfeur de Donald au swing non orthodoxe mais ravageur.
Ils eurent beau nous répéter comme un mantra qu’il était impossible qu’un candidat de téléréalité à la mèche aussi improbable que certaines de ses promesses électorales et qui, selon le vertueux Joffrin « fait exploser les digues de la décence et de la raison » puisse gagner une élection qu’il a abordée en parfait marginal de la politique mais leurs incantations furent vaines auprès des électeurs américains.
Ainsi pouvait-on lire sur ce même Libération le 8 Novembre sous la plume d’Estelle Plattée un article avec un titre faussement interrogateur « Est-ce déjà gagné pour Hillary Clinton ? » dans lequel la journaliste reprenait avec gourmandise la métaphore sportive du New York Times qui ironisait sur la probabilité d’une victoire du milliardaire baptisé paradoxalement antisystème . « Les chances qu’Hillary Clinton perde l’élection sont équivalentes à la probabilité qu’un joueur de la NFL manque une transformation à 37 yards [33 mètres] » soit environ 15%.
A la lumière du résultat doit-on en déduire que les joueurs professionnels de football américain sont d’une insigne maladresse ?
"Everyone was wrong" titrait après les résultats un quotidien américain Le New York Post ‘’, ‘’ even the pythie BHL’’ pourrait-on ajouter, au risque que nous ne voulons pas courir, d’être accusé de tirer sur une ambulance dont les prédictions sont toutes aussi fiables que celles de l’ineffable couturier visionnaire Paco Rabanne.
Il y a bien eu un bref examen de conscience et un discret acte de contrition de la part de nos médias tentés de faire porter le chapeau aux instituts de sondage en oubliant un peu vite qu’ils étaient alors pleinement satisfaits de ces enquêtes qui confortaient leur propre opinion.
Le répit semble de courte durée, puisqu’à l’occasion des primaires de la droite, ils se remettent allégrement appuyés sur leurs béquilles sondagières à gloser à l’infini sur les plateaux télés et à noircir des colonnes de journaux en feignant de croire qu’ils exercent encore une influence sur l’opinion publique.
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