Une chimie imposée ?
Après la 2e Guerre mondiale, la France incapable de nourrir sa population, a besoin de réformer sa production agricole. Dans le cadre du plan Marshall, les Etats-Unis vont initier l’Europe à la révolution chimique et productiviste de son agriculture et de l’industrie de l’agroalimentaire. Cela a permis et permet encore à des firmes telles que Monsanto ou Dupont de voir leurs produits chimiques présents à tous les stades de production, récolte, transformation, conservation et stockage des aliments. Aujourd’hui, grâce à la grande distribution, jamais la chimie et son cortège d’agents de synthèse n’ont été aussi présents dans notre alimentation. Notre corps est nourri mais sait il transformer ces nouveaux composants ?
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« Force est de constater que partout dans le monde où une certaine forme d’alimentation industrielle s’est développée, partout ont émergé des maladies comme le diabète, l’obésité ou des cancers. »Dr Laurent Chevallier
L’impact de la nourriture provenant de l’industrie alimentaire sur notre santé est le sujet de nombreuses études. Entre la disparition des omégas 3 de la viande, le pain bourré de fongicide ou encore les métaux lourds dans les poissons ! Que reste-t-il de bon dans nos assiettes ?Le principe même d’une alimentation normale est remis en question. On risque le diabète et le cholestérol jusqu’à 30% de plus qu’une personne au « régime bio ».
Depuis l’avènement de l’élevage intensif, fini les prairies en fleurs et l’herbe verte, le bétail a pris la direction de l’usine. Les animaux ne mangent plus d’herbe mais un cocktail préparé par les soins de la génétique. L’herbe étant la principale source d’oméga 3, tout le bétail intensif en est alors privé. Résultat, l’équilibre oméga 3 / oméga 6 est rompu, il y a vingt fois plus d’oméga 6 que d’oméga 3par rapport à 1960. Les omégas 6 dans la viande sont alors nocifs car responsable d’inflammations ainsi que de la prolifération cellulaire. On sait que chez l’adulte cette prolifération fait le plus souvent croître le gras ou le cancer. L’industrie a sur ce point dénaturé la viande en la rendant impropre à une consommation saine et équilibrée pour des raisons essentiellement économiques afin de répondre aux prérogatives du marché mondial.
Les produits phytosanitaires sont quant à eux extrêmement répandus dans l’agriculture globale, chaque fruit ou légume qui reçoit ces produits en garde des traces. D'après certaines études, le taux de ces produits lors de la production des aliments par rapport au produit final n’est pas le plus préoccupant. C’est lors du stockage que les aliments sont soumis à une batterie de produits chimiques allant de l’insecticide au fongicide sans oublier les conservateurs. Ce cocktail fait grimper la toxicité du produit. Il a été prouvé par l’Inserm que sur une population d’agriculteurs cultivant à l’aide des produits phytosanitaires, une personne sur deux a contracté la maladie de Parkinson. La maladie de Charcot et d’autres maladies neuro-dégénératives sont aussi fortement soupçonnées d’être liées aux insecticides et aux fongicides de type organochloré. Ce sont ces mêmes produits qui se retrouvent dans toute notre alimentation dans des quantités cumulées qui sont de l’ordre de centaines de milligrammes par kilo de denrée, soit une place non négligeable quand on connait les effets à haute dose de ces produits.
Ces désordres chimiques dans notre alimentation se transforment bien souvent en maladies. On a pu voir le nombre de nouveaux cancers doubler en moins de 25 ans ainsi que l’obésité passer d’un américain sur vingt à un américain sur trois depuis 1985 dans certains états. David Servan Schreiber, neuropsychiatre, assure que la carte du cancer aux Etats-Unis dans 15 à 30 ans sera similaire à la carte de l’obésité actuelle. Cela représente un américain sur trois soit un désastre en santé publique mais surtout cela crée une corrélation inquiétante entre l’alimentation et la maladie. Nos enfants et la génération 1980 mangent de ce pain tous les jours, c’est presque deux générations qui sont touchées par la malbouffe et ses ravages tels que l’obésité infantile, l’hyper activité, et d’autres maladies jusqu’alors très rares, qui se répandent comme une trainée de poudre dans les pays commercialisant ces produits. L’argument de l’espérance de vie croissante semble désormais incompatible avec notre « régime chimique industriel ». Si des solutions ne sont pas misent en œuvre rapidement, nous pourrions connaitre le même sort qu’aux États-Unis actuellement et suivre une dynamique similaire en terme d’obésité, diabète, cancer ou encore en maladies neuro-dégénératives.
Devant le risque d’une catastrophe sanitaire à grande échelle, seules les associations et quelques coopératives se sont emparés du problème et proposent des solutions. Des produits sains et équilibrés réapparaissent grâce à une agriculture raisonnée. Néanmoins, ce type d’agriculture sacrifie la quantité pour la qualité et le rendement est parfois moitié moins élevé dans l’agriculture raisonnée ou bio. Pour éviter de retomber dans les pièges du passé il est impératif de trouver les moyens de réconcilier quantité et qualité.
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