Une enquête à l’américaine : De la friture dans le diesel !
« La nouvelle citroën DS, en tout cas a vraiment fonctionné comme un objet magique, luisant, pointu, avec beaucoup de vitres, une sorte d’objet tombé du ciel. Je crois en effet qu’une automobile, surtout une automobile nationale est à la fois le produit d’un travail collectif anonyme, d’ouvriers, d’ingénieurs, et en même temps rencontre une très grande consommation collective, exactement comme les grands édifices religieux du moyen âge ».
C’est en ces termes que Roland Barthes parle de la DS, lors d’une interview, en 1957, à l’occasion de la sortie de son livre « mythologies », décryptant l’imaginaire de cette voiture, sa signification dans la société Gaulliste de l’époque.
L’imaginaire dans l’achat d’un objet est en effet décisif. On achète bien autre chose qu’un objet. Cela peut aller parfois jusqu’à vouloir donner un sens et une direction à sa vie. C’est ce qu’on appelle la récupération du désir, en automatisme marchand !.
N’importe quelle entreprise sait cela, et sans doute Volskwagen encore mieux que beaucoup d’autres. Robustesse, technologie, sérieux, fini, contrôle, exigence…Toutes ces valeurs sont apportées inconsciemment par le client éventuel, sans qu’il n’y ait besoin qu’elles soient mentionnées au catalogue de la marque. Ce qu’il y a de remarquable, chez les allemands, c’est d’avoir réussi à transformer les clients en commerciaux de la firme, ayant intériorisé ces valeurs comme le ferait un logiciel, le comble de la récupération et de la schizophrénie.
La publicité a su habilement faire écho à la légende, presque identique dans l’inventaire du sacré, à ce qu’elle était sous Roland Barthes, à ceci près que la Volskwagen ne semble plus une église, mais carrément une divinité incarnée, à travers ce qualificatif éloquent.
« Das auto ! » nous sommes là dans un minimalisme d’expression signifiant un absolu. Si les voitures marchaient au coup publicitaire, les Volskwagen n’auraient pas besoin de carburant !
Le danger, c’est que plus on montre haut vers l’omega, plus la chute est vertigineuse. Que le premier constructeur mondial se soit fait pincé avec ce logiciel misérable, truquant la consommation, la pollution induite, comme un petit voleur qui essaie de démarrer une bagnole avec une valise électronique, a quelque chose de stupéfiant, crée un catharsis, par la force des oppositions symboliques !
Nous reviennent en écho certains scandales : Celui du Watergate, de l’agence américaine de la surveillance espionnant les chefs d’état alliés. Et puis les mensonges consécutifs à l’explosion de la centrale de Tchernobyl. Bien des liens communs à ces affaires : D’abord la perte de contrôle des institutions démocratiques sur les intérêts majeurs d’une nation, la sécurité de ses citoyens. Passés par un stade de réussite insolente, des lobbys prennent tant de force et d’assurance qu’ils finissent au bout d’un moment par perdre tout repère, et toute prudence, s’écartant des lois, pour ne plus être que la loi même.
Délire de puissance, mégalomanie, comme Volskwagen s’accaparant l’acte de propriété du mot voiture, s’abstenant de le traduire, s’en faisant même une fierté. Cela aurait du nous mettre en garde !
« Das auto » est signifiant d’une certaine morgue identitaire, liée à l’objet parfait décliné en allemand, la langue de la technologie et de l’industrie victorieuse proclamée en un slogan réducteur, comme un coup de massue sur la concurrence.
Petite blague de bistrot signifiante de l’état de lieux avant la catastrophe :
Ca se passe au salon de l'auto : Comment reconnaître les nationalités des visiteurs du Mondial de l'Automobile ?
- L'Allemand examine le moteur
- L'Anglais examine les cuirs
- Le Grec examine l'échappement
- L'Italien examine le Klaxon
- Le Portugais examine la peinture
- Le Suisse examine le coffre
- Le Chinois examine tout
- Le Belge examine rien
- Le Français examine la vendeuse
Voilà donc une belle série de stéréotypes à faire hurler notre ministre de l’éducation nationale. Pas de rire ,Je sais ! Surtout les filles, transformées une fois de plus en godiches, en bagnoles bien carrossées ! A moins que ce soit le contraire ; tant on accorde aux voitures des pouvoirs de conquêtes, et des formes que les pubs rendent suggestives et superposables à un fantasme sexuel !
« Il a la voiture, il aura la femme ! » nous disait déjà une pub pour la marque Audi. http://bit.ly/1PCXM1J
Une remarque importante. Cette histoire signifiante pourrait tourner des lunes et des lunes comme un moteur diesel qui fait faire des tours et des tours au compteur, sans que personne ne s’interroge sur la fumée émise ! L’avez-vous remarqué, au lieu de vous bidonner ou de grincer des dents, marquant par là le fait que l’émotion nous rend aveugle : Il y a quelque chose dans cette blague qui cloche.
Comptez bien !, Il manque tout de même un visiteur de marque, au salon de l’automobile.
C’est vrai, ça, où est donc l’ami américain ?…Pas rien ! Tout de même le premier marché au monde ! Est ce un acte manqué préfigurant la peur de cette suite calamiteuse qu’on connaît ?
Eh bien l’américain, il ne fait pas qu’examiner. Mais il fait le job, il contrôle les performances, les données, la tête sous le capot. C’est un emmerdeur ce type ! Pourquoi ne croit-il pas ce qu’il voit pourtant marqué comme un sceau faisant vérité définitive.
Je veux parler de ces deux lettres argentés : VW = Das auto ! »
C’est un indépendant qui nous révèle ainsi le scandale ! http://bit.ly/1LSGMkJ
Une petite ONG qu’avait pas du tout en tête ce qu’elle a trouvé.
Chacun se fait son cinéma personnel, mais moi tout de suite j’ai imaginé un gars ressemblant comme deux gouttes d’eau à l’inspecteur Colombo, un de mes héros d’enfance préféré ! Un brave type qui se l’a pété pas, bien loin des archétypes habituels du héros américain !
Je le vois, vieux rital matois, pas trop bien fagoté, dans son imper froissé. Ce jour là il s’est présenté chez Volskwagen, une succursale toute neuve dans la banlieue d’Hollywood. Je ne vous dis pas l’effet bœuf qu’il a produit en garant sa vieille Peugeot 403 sur le parking, au milieu des limousines !
Il a fallu qu’il présente sa carte de flic au majordome avant d’être reçu par la dame, Miss Passat, brillante de tous ses chromes, tout juste sortie des rouleaux de lavage automatiques. C’est vrai, drôlement bien roulée, la gosse ! Sûrement un tempérament de feu. Ou peut-être pas ! Une bêcheuse comme on en voit tant à Las Vegas, toutes fière des ses airbags et de son coffre rebondi qui fait retourner les badauds sur son passage.
Elle l’a pris forcément un peu de haut, tout de même amusée par sa dégaine !
« Et bien lieutenant, que puis je faire pour vous aider ? Je vous accorde cinq minutes pas plus….Mon agent m’attend pour une séance photos pour un magazine bagnole ! »
« Oh ça sera pas long mam’zelle. C’est juste quelque chose qui me chiffonne, qu’aurait à voir avec la pollution. Faudrait que je jette un coup d’œil sous votre capot, juste pour vérifier un truc ! »
« La pollution ! Vous m’étonnez sergent ! Vous avez vu mes courbes d’évaluation, mes statistiques, ma promo ?. Vous avez beau loucher, vous n’êtes pas aveugle tout de même pour ignorer la vérité des chiffres ! »
« Pas sergent, mam’zelle. Lieutenant quand même ! »
« Question pollution, je vous ai vu arriver, dans cette….drôle de voiture…Pour ne pas dire une poubelle ! Et vous osez me parler de pollution. »
« Oh, pour l’allure, je crains personne, mam’zelle. Ma voiture c’est une excellente voiture. Très chic, de marque Française ! Vous savez, comme le parfum connu….Ah, j’ai son nom sur le bout de la langue….Ca va me revenir ! Pour la pollution, rien à craindre ! Je laisse toujours la capote ouverte ! Comme ça, zéro fumée dans l’habitacle ! Un truc que je veux bien vous donner pour rester propre et aérée comme au premier jour ! »
« Bon, très bien inspecteur. Finissons-en ! Je suis à votre disposition. »
« Vous êtes de la famille Volskwagen. Ah ouai, on peut dire que c’est de la marque. Les teutons, on peut dire ce qu’on veut, mais ils savent y faire ! Ma femme me dit toujours pourquoi t’achètes pas une golf, au lieu de garder ta 403 pourrie !…. Mais moi, vous savez, je marche pas au diesel, mais à l’affectif. Comment qu’elle disait, la publicité pour la golf, au fait ?…Vous savez, le gars qu’a tout raté dans la vie. Il a perdu ses millions, sa femme, son canasson de course, mais tout de même, il a gardé sa golf »
« J’e n’en ai aucune idée, lieutenant. D’ailleurs, je regarde jamais la télé ! »
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Il a défait son imper, retroussé ses manches, sorti de sa poche un truc électronique qui ressemblait à une lampe de poche. Puis il s’est lancé rapidement dans tout un tas de recoupements, son cerveau marchant aussi brillamment qu’une pile wonder, pour éclairer au delà de la surface des choses.
« Y a un truc là qui me chiffonne, mam’zelle. Ce truc que je vois là, tout au fond du moteur, c’est une jarretelle, ou un logiciel espion ? Si vous voyez pas d’inconvénient, faudra me suivre au commissariat pour vérifier ! »
On peut croire ou ne pas croire en ma version, se faire son roman à la John Le Carré.
Depuis que les espions ne viennent plus du froid où voulaient y aller ; allez savoir maintenant s’ils ne sont pas reconvertis dans la mécanique diesel. ….Tout de même je leur tire mon chapeau d’avoir été si malins et impertinents !
Et puis c’est pas la première fois qu’un petit fait trembler les grands. Car pour revenir aux grands scandales, pas un tout de même qui n’ai été révélé par un organisme officiel. Un scandale dont Macron, notre grand inquisiteur de la république ne parlera pas, préférant s’en prendre aux 35 heures de l’arpète, qui fait des heures, au fond du garage, a réparer les pneus crevés des voitures de fonction des députés et des ministres.
C’est drôle, mais ce n’est jamais un officiel, mais chaque toujours un journaliste ou un indépendant qui plonge les mains dans le cambouis afin de détecter la panne de démocratie, qui nous remonte un logiciel foireux.
Tenez, même l’affaire Cahuzac, révélé chez nous par un type, Fabrice Arfi, de Médiapart. Pourtant à peine formé à l’économie et à ses combines. Et voilà qu’il trouve du premier coup ce que les agents du trésor public n’ont pas été à même de soupçonner. Etonnant pour un pêcheur à la ligne d’avoir tiré si facilement un requin dans les eaux d’une rivière ! Lui même sur le coup s’est étonné de ne pas avoir été devancé par les spécialistes de la pêche au gros. Même le garde champêtre soi-disant n’avait rien remarqué, occupé à changer ses plaquettes de freins.
« Et vous, vous avez quoi, comme bagnole ? »
Ecrire un bouquin sur un sujet qui dérange, qui touche aux puissants, et faites bien gaffe à vous. Faut pas faire dans l’approximation, mais avoir un dossier en béton armé, si vous voulez pas être attaqué pour diffamation !
Il vous faudra accumuler les preuves, à opposer à l’honneur bafoué des soit disant victimes ! Ceux là jureront la main sur le cœur qu’ils n’y comprennent rien, à tout « ce tissu d’allégations gratuites, visant à briser mon honneur, ma carrière, ma famille….. »....Le mensonge éhonté, le pathos, ça fait partie de la trousse de secours d’un homme d’état, d’un chef d’entreprise, d’un sportif de haut niveau. Ils sont formés paramétrés pour ça, avec un logiciel dans la pensée qui se met en place quand le clignotant warning se met à clignoter sur leur tableau de bord.
Ils s’appellent Lance Armstrong, Bernard Tapie, Richard Nixon, tous ces gens qui veulent réussir plus que les autres, et qui n’ont qu’une envie : Continuer d’écraser les autres, et foutre un bon coup de pied au ratier qui leur mord leur royal mollet.
Donc, passer vos preuves au banc d’essai, si vous ne voulez pas disparaître dedans la tête la première !
Démonter remonter, regardez ce qui pèche ! Faut avoir une exigence dingue un entêtement de missionnaire !
On ne peut faire encore qu’une fois le parallèle avec nos organismes d’état, chargé de tous les contrôles et de toutes les homologations. Bien défaillantes. Et le mot est faible !
Pas pour tout, remarquez ! Autant un radar installé sur le bord de la route semble incorruptible, flashant au kilomètre heure près les délinquants potentiels, autant les bancs d’essai qui président à l’homologation des bagnoles neuves, et chiffrent leur pollution, semblent avoir été récupérés dans des vieux surplus militaires bucoliques. http://bit.ly/1gVVDSL
Cette affaire évidemment, tout le monde l’a noté, a tout d’un bon thriller. Celles que Colombo préférait. Vous levez un lièvre et en voilà un autre et un autre derrière. Car au delà de la morgue d’une firme prête à tout pour s’emparer des marchés, il y a la question de la dangerosité du diesel qui évidemment est concomitante. L’importance des lobbys, l’impérialisme économique bafouant les règles démocratiques, corrompant les élus, et n’ayant pas peur de mettre en danger les citoyens….
Les poupées gigognes sont autant de poupées mafieuses fonctionnant sur tous les temps du moteur à explosion !.
Et le lieutenant Colombo, dans tout ça ? Eh bien, il est arrivé à bon port, au commissariat, avec la belle Volskwagen Passat qui suivait le nuage de fumée sortant du pot d’échappement de la Peugeot.
« Une décapotable quand même…Au moins, avec elle, mam’zelle, vous risquiez pas de me paumer. Même si c’est pas le numéro 5 de Channel, c’est quand même du parfum français…. »
« Je vous remercie lieutenant, mais gardez votre humour pour vous ! »
« Y pas de quoi, mam’zelle…..Ah oui, je dois vous dire que ça m’est revenu, en faisant la route. Vous savez, la morale de la vieille publicité sur la golf. Je vous la donne sans façon aucune, mais je me dis qu’elle pourra peut-être bien vous servir, dans l’avenir…
Volskwagen, on ne peut pas toujours se tromper tout le temps !
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