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Accueil du site > Tribune Libre > Vidéosurveillance : la nouvelle ligne Maginot ?

Vidéosurveillance : la nouvelle ligne Maginot ?

Les grandes villes européennes répandent les caméras de surveillance à grande vitesse et présentent ces outils technologiques comme une réponse moderne et efficace aux problèmes de sécurité.
Pourtant, on peut s’interroger sur les arguments avancés par les promoteurs de cette surveillance vidéo. Est-elle vraiment efficace ? Les buts affichés sont-ils les bons ?
La vidéosurveillance a démarré par la protection de certains lieux sensibles (ministères, mairies, entreprises) ou contenant des objets de valeur (banques, musées…) et s’est peu à peu démocratisée pour atteindre le petit commerce et les PME.
 
Depuis quelques années, les municipalités se sont emparées de cet outil dans un but de sécurité publique. Une des raisons évoquée est le terrorisme : les attentats de ces trente dernières années ont touché beaucoup de pays européens, que ce soit à cause des mouvements indépendantistes ou séparatistes ou des mouvements islamistes radicaux.
 
D’autre part, le climat d’insécurité a été accentué par quelques cas très médiatisés d’enlèvements d’enfants, l’apparition du car-jacking et les émeutes urbaines. Le sentiment général d’une montée de la violence s’est propagé jusque dans les campagnes, pourtant plus épargnées que les villes.
 
Certaines municipalités ont repris à leur compte la vidéosurveillance pour commencer à mailler leur territoire par des caméras discrètes, tournant en permanence. L’objectif affiché était clairement de diminuer l’insécurité sur les zones surveillées.
 
Mais, ce qui peut paraître efficace et utile lorsqu’il s’agit de défendre un lieu limité et fermé (une mairie, un musée ou une usine) est autrement plus compliqué lorsqu’il s’agit d’un lieu extérieur, à fort passage de population.
 
Quelle peut être la réelle efficacité d’un tel système ?
 
Examinons les objectifs de la politique sécuritaire d’une ville mettant en place la vidéosurveillance :
  • diminuer l’insécurité ;
  • anticiper les délits ;
  • poursuivre les auteurs des délits.
Diminuer l’insécurité au niveau d’une ville
 
En se plaçant du point de vue d’un délinquant et supposant que la vidéosurveillance permettra de m’arrêter pendant ou après un délit commis sur la voie publique, il vaudra mieux pour moi éviter les lieux surveillés et commettre mes forfaits dans des lieux non vidéosurveillés.
 
On peut donc supposer que la vidéosurveillance aura deux conséquences :
  • les lieux surveillés connaîtront effectivement dans un premier temps une baisse du nombre de délits (mais il y aura toujours des délinquants qui y continueront leurs actes, par méconnaissance, défi ou goût du risque) ;
  • les lieux non surveillés connaîtront ensuite une hausse de la délinquance (car les délinquants les plus futés iront y commettre leurs délits).
Peut-on être certains que l’objectif de diminution globale de l’insécurité sera atteint ? Est-ce plus probable qu’un déplacement de l’insécurité se produira, vers les lieux plus éloignés de la surveillance, ou dans les périphéries des villes ?
 
Il s’agit du même phénomène que pour les effectifs policiers. La délinquance baisse lorsque vous augmentez les effectifs de police dans un quartier, mais elle risque de se déplacer dans d’autres quartiers, moins surveillés.
 
Le seul moyen théorique pour éviter ce phénomène de vases communicants serait donc de mailler totalement le territoire de la ville, chaque quartier, chaque rue, chaque place, chaque impasse pour que les délinquants ne puissent pas trouver d’endroit non surveillé. Cette solution est-elle réalisable financièrement ? Techniquement ? Éthiquement ?
 
Surveiller en temps réel pour anticiper les violences
 
L’erreur commise par beaucoup est de penser que derrière chaque caméra se trouve un policier qui scrute les images consciencieusement pour anticiper les délits et réagir immédiatement en cas de problème. C’est impossible ! Imaginez des centaines de fonctionnaires pour regarder les milliers de caméras installés dans une ville. Il s’agit d’une tâche énorme qui coûterait une fortune. Sans oublier que la population ne comprendrait pas qu’on paye des gens à regarder des vidéos toute la journée au lieu de payer des policiers pour être présents sur le terrain…
 
Les caméras actuelles sont donc chargées de filmer et d’enregistrer automatiquement ce qui se passe dans leur champ de vision. Pas plus. Certains lieux déterminés sont effectivement surveillés en temps réel par la police, mais parce qu’ils concernent des bâtiments sensibles (ministères, banques, mairies…) ou des lieux particulièrement peuplés (gares, places, marchés…).
 
Il ne faut donc pas trop compter sur les caméras pour vous protéger si un délinquant vous menace. Pour le moment, il est probable que personne n’interviendra pour stopper votre agresseur, il pourra terminer son forfait et courir se cacher sans problème. Sauf s’il croise la route d’un policier par inadvertance…
 
Retrouver les délinquants grâce aux caméras
 
Les promoteurs de la vidéosurveillance nous promettent qu’en cas de délit, l’enregistrement pourra servir à identifier le ou les auteurs. Des exemples médiatisés sont présentés pour appuyer ce discours : identification de gamins ayant tué un enfant ou des poseurs de bombes, en Grande-Bretagne.
 
Mais, si le malfaiteur est un enfant qui ne connaît pas la vidéosurveillance, un fou qui n’a pas d’attitude logique et raisonnée, un terroriste désirant au contraire se faire connaître du monde entier, le crime aura lieu de toute façon ! Quel bénéfice en auront donc tiré les victimes puisque le délit aura lieu de toute façon ?
 
A quoi serviront exactement les enregistrements ? A diffuser les images spectaculaires des attentats, le portrait du terroriste ou du fou dangereux sur toute la planète ? Au risque de faire des émules et d’accentuer encore la crainte des populations ? On peut penser que les terroristes finiront par ne choisir que des cibles équipées de caméras de surveillance, afin de montrer au monde les dégâts qu’ils peuvent causer…
 
Certes ces enregistrements pourraient servir lors d’un procès, mais un délinquant désirant voler le sac d’une personne âgée et doté d’un peu de logique ne mettra pas longtemps à comprendre qu’il lui faut juste camoufler son visage avec une capuche, une casquette et des lunettes noires pour ne pas être reconnu ! Va-t-on devoir suspecter tous les porteurs de Ray-Ban d’être des délinquants potentiels ?
 
L’installation des caméras jouera donc peut être sur l’arrestation des délinquants de moindre intelligence ou très jeunes mais à la longue, elles pourraient bien vite devenir inefficaces, voire incitatives…
 
L’avenir des caméras de surveillance
 
Les fabricants de systèmes de vidéosurveillance ont bien compris que leurs solutions ne remplissent pas les objectifs initiaux. C’est pourquoi ils travaillent aux prochaines générations de caméras.
 
Pour déjouer les parades, ils vont proposer des systèmes qui seront :
  • plus discrets pour se fondre dans le décor et ne pas attirer l’attention du public ;
  • moins coûteux pour pouvoir étendre le maillage du territoire au maximum ;
  • plus intelligents pour détecter les délits par reconnaissance automatique (violence sur personne, manifestation, accidents, incendies…) ;
  • plus performants pour obtenir des images de grande qualité permettant la reconnaissance automatique des visages ou des silhouettes ;
  • plus communicants pour alerter les services de police rapidement, 24 heures sur 24 ;
  • plus fiables pour éviter toute interruption de la surveillance et filmer par tous les temps, même dans l’obscurité.
L’avenir de l’industrie sécuritaire s’annonce radieux. Les maires, sous la pression de leurs administrés, seront sûrement obligés de suivre le mouvement. Comment expliquer à la population qu’on ne met pas en place ce genre de système alors que de grandes cités en sont équipées ?
 
Au premier cas médiatisé de délinquance sur la voie publique ou d’enlèvement d’enfant, un maire récalcitrant sera susceptible de céder aux sirènes d’un plan de vidéosurveillance afin de répondre à l’inquiétude des électeurs !
 
De leurs côtés, les délinquants trouveront sûrement des parades au système ! Ce n’est pas parce qu’il y a des policiers qu’il n’y a pas de délinquance. On peut imaginer des stratagèmes simples pour éviter les ennuis avec les caméras : destruction des caméras (comme les radars automobiles) et développement des tenues de camouflage urbaines.
 
Les défenseurs de ces systèmes répéteront avec insistance que les honnêtes gens n’ont rien à craindre des caméras, qu’il n’y a que les personnes qui ont quelque chose à se reprocher qui sont contre ! Ce faible argument ne prend pas en compte que chaque personne a droit à son intimité, à sa vie privée. Est-ce raisonnable de filmer et enregistrer l’ensemble des mouvements de la population, d’envisager l’indentification automatique des visages et des délinquants potentiels ? Qui peut garantir aujourd’hui que ce système ne deviendra pas un système de surveillance autoritaire, aux pouvoirs gigantesques (par croisement de données avec des fichiers d’immatriculation de véhicules, de référencement, d’impôts, de surendettement ?)
 
Un simple exemple qui ne devrait poser aucun problème technique à l’avenir : le service de surveillance municipal est chargé de retrouver une personne qui a quelques PV de stationnement non réglés et qui ne donne pas suite aux relances. Au bout de quelques jours, le système identifie le visage de la personne dans la rue et lève une alerte. Après visionnage des images, le nouveau domicile de la personne est repéré et ses horaires de sortie sont notés. Un huissier est alors appelé pour donner suite à la procédure de recouvrement, avec un maximum de chance de réussite !
 
D’autres explications pour expliquer la vidéosurveillance ?
 
Existe-t-il d’autres raisons pouvant expliquer le phénomène d’extension de la vidéosurveillance ? Sûrement. En voici quelques-unes :
  • les caméras coûtent infiniment moins cher qu’un fonctionnaire de police ;
  • les maires préfèrent surveiller les centres-villes où logent leurs électeurs au risque de déplacer l’insécurité dans les villes de banlieues dont ils ne sont pas responsables ;
  • les caméras sont des objets concrets, visibles et simples pour prouver l’action d’un maire en matière de sécurité.
En fait, la vidéosurveillance est un cache-misère qui permet d’esquiver les racines de la délinquance et de la violence : l’augmentation de la pauvreté, de la précarité, des inégalités sociales, du chômage ainsi que le trafic de drogue… Elle évite aux responsables politiques d’envisager des plans de prévention ou des actions sociales qui sont moins porteurs auprès des électeurs et plus coûteux à court terme.
 
En définitive, la vidéosurveillance peut être vue comme l’édification d’une ligne Maginot des beaux quartiers, pour les protéger des agressions extérieures (terroristes, pédophiles, émeutiers, bandes venues des banlieues) et permettre à la population de « se sentir » plus en sécurité.
 
Les personnes qui vivent dans ces lieux surveillés pourront se satisfaire un temps de ce système, mais elles sont condamnées à le faire évoluer en permanence pour se sentir en meilleure sécurité, comme prises dans un engrenage.
 
En effet, si aucune « agression » grave ne se produit, le système sera satisfaisant et donc maintenu, perfectionné et la zone de surveillance sera sûrement étendue.
 
Au contraire, si le système est mis en défaut, ce sera toujours une raison valable pour investir encore plus afin de le renforcer et l’améliorer !
 
Tels les soldats postés le long de la ligne Maginot, les maires des villes répètent à leurs électeurs : « ne craignez rien, nous veillons sur vous, regardez comme nous vous protégeons ! » alors qu’ils savent bien qu’ils ne font que déplacer le problème et ne le résoudront pas.

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17 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 6 novembre 2008 11:30

    apres ils metront des portails securises a l’entree des villes
    seul ceux qui auront la bonne puce carte d’identite pourront y entrer
     smiley


    • jakback jakback 6 novembre 2008 12:23

      Le plus probable, est l’implantation d’une puce des la naissance, déja les animaux, l’homme a l’avenir ?
      ce qui était S.F va être réalité, dans le meilleur des mondes smiley


      • philoxera philoxera 6 novembre 2008 15:48

        France = Chine


        • c.d.g. 6 novembre 2008 21:50

          il y a surtout un probleme de fiabilite sur ces cameras
          En GB il y en a je crois environ 30 % en panne
          Comme ca coute cher, quand une est en panne, on la laisse
          De toute facon c est pas grave, l objectif est de tranquiliser l electeur pas d etre efficace
          Et aucun electeur sait que la camera est HS

          Typiquement un comportement de type ligne maginot

          Qui plus est, en admettant qu on ai un jour une bonne flambee de violence (type emeute) dans une zone avec camera, vous coryez vraiment qu elles vont servir ?
          1) la police n interviendra pas de suite car elle est debordee (dans certains cas les emeutiers reussisent a incendier le commissariat !)
          2) une fois le controle du territoire efefctue, toutes les cameras seront mise HS


          • Tony Pirard 6 novembre 2008 22:12

             Nous vivons dans une societé où semble un film futuristique que dans un future pas lointain sera l’unique manière de detenir nos instint... ? Sans doute... !


            • Tony Pirard 6 novembre 2008 22:14

               Nous vivons dans une societé où semble un film futuristique que dans un future pas lointain sera l’unique manière de detenir nos instint... ? Sans doute... !


              • canardQuantique 6 novembre 2008 22:39

                Un peu de distraction...

                http://vioxx.labrute.fr


                • dapeacemaker911 7 novembre 2008 09:42

                  Bonjour,

                  je vois que ce sujet en chatouille quelques uns.
                  il est grand temps de s organiser vraiment parce que pour l instant c est leur monde qui se profile a l horizon et personnellement je le refuse categoriquement.

                  je ne veux pas d une dictature policiere ou le pauvre est consideré comme criminel et ou celui qui a de l argent peux commetre les pires crimes sans etre inquieté.
                  Je ne veux pas de la mise en place de leur nouvel esclavage, celui qui se cache derriere un cheque ne permettant a personne de vivre dignement comme l exige nos Droits de l Homme et les rendant donc esclave d une survie misérable.

                  Je ne veux pas de cette societe non democratique ou la corruption regne en maitre et ou le petit peuple, abrutit par l exces de divertissement et tenu aux couilles par les dettes et la precarité, ne se rend meme pas compte du pouvoir qui lui a ete usurpé.

                  Je sais pertinement que je ne suis pas le seul a esperer plus de Justice, parce que ca a toujours ete le reve du Peuple et des Opprimés.


                  Mailez moi si vous aussi refusez ce qu on nous dessine,

                  Dpm



                  • Gilles Gilles 7 novembre 2008 10:22

                    Ceux qui décident à haut niveau, comme notre Chef, de dévelmopper le réseau de télésurvaillance le fond surtout pour deux points politiquement cruciaux

                    • Les promoteurs de la vidéosurveillance nous promettent qu’en cas de délit, l’enregistrement pourra servir à identifier le ou les auteurs. Des exemples médiatisés sont présentés pour appuyer ce discours
                    • les caméras sont des objets concrets, visibles et simples pour prouver l’action d’un maire en matière de sécurité.
                    On voit l’action du gouvernement en terme de sécurité et on se sent rassuré. Ensuite, les images qui permettront d’arrêter des racailles, en étant médiatisées à outrance alimentent le fond de commerce sécuritaire en permettant de rendre la délinquance omniprésente, de faire peur, et de resserer les rangs autours de celui qui crie au loup

                    Et comme el dit l’auteur,une commune assez nantie pour mailler tout son territoire (possible, notamment en IDF) fait refluer une partie de la délinquance vers les commune éloignées qui n’ont pas les moyens d’un tel réseau, plus populaires, et où les actes de délinquances n’ont pas le même retentissement médiatique ainsi qu’en terme de statistiques (moins de plaintes)

                    • Gilles Gilles 7 novembre 2008 10:29

                      Au pasage on pourrai préciser que les caméras à reconnaissance faciale, croisant les images avec des fichiers existent déjà ! Je ne sais pas quelle est leur effcicacité par contre, et ça doit être cher...

                      Il y a aussi un projet de technologie type rfid : un détecteur que vous pouvez mettre dans un poteau, invisible, mais qui est capable de reconnaitre tout ce qu’il y a autours de lui et de transmettre l’info. A voir ce que ça donnera quand la technologie rfid sera étendues à la plupart des marchandises, voir des papiers d’identité.

                      Par exemple, par sécurité, votre vélo est équipée d’une puce histoire de retrouver votre vélo s’il est volé.....grand succés commercial, mais dorénavant vous êtes pistable partout et n’importe quel agent pourra suivre en temps réel vos déplacements

                      Bref, sans faire de SF, toutes les techno permettant de suivre à la trace n’importe qui, n’importe où, de transmettre l’info à des flics ou a des drones existent ou sont envisageables à cour terme. Le seul débat valable est celui qui concerne l’extension de ce réseau de surveillance, qui hélas me parait inéluctable


                    • CISDEC.com CISDEC.com 7 novembre 2008 14:49

                      Bonjour, une courte réponse en tant que professionnel de la vidéosurveillance. Il me semble y avoir une confusion entre les rôles présumés de la Police et de la vidéosurveillance. Elles cherchent toutes deux à prévenir et diminuer les infractions. Elles cherchent toutes deux à élucider les crimes et interpeller leurs auteurs. Mais, il n’y a pas de parade pour toutes les situations, notamment impossibles à prévoir. Ces arguments anti-vidéosurveillance ont beau être classiques, ils n’en restent pas moins fallacieux. Sur la reconnaissance faciale, environ 60% de réussite dans des conditions optimisées. Beaucoup de puissance de calcul nécessaire, donc des systèmes chers et donc pas applicables à toutes les caméras, mais seulement aux lieux réellement sensibles. Cependant, les risques sur les libertés fondamentales sont possibles, et les opposants se doivent de dépasser les seules indignations pour rentrer dans le dur, les données, les législations, etc. A noter l’excellent rapport de l’Institut National des Hautes Etudes sur la Sécurité de juillet 2008, qui plaide pour une approche citoyenne, au juste nécessaire, en complément des forces de police, et tente enfin d’établir des bases statistiques. Il est temps de sortir du seul débat idéologique pour analyser ce sujet scientifiquement, avec corpus universitaire, etc. Ceci est digne d’une démocratie. Enfin, le danger RFID me parait plus insidieux, sans vouloir détourner l’attention, car il peut se loger partout, et est traçable unitairement, alors qu’il faut aller chercher chaque image, de chaque caméra, de chaque système, dépendant d’entités différentes, pour faire ce fameux tracking tant craint. Bien cordialement, Emmanuel Reynaud, Directeur commercial de http://www.cisdec.com


                      • CISDEC.com CISDEC.com 7 novembre 2008 14:51

                        Bonjour,
                        une courte réponse en tant que professionnel de la vidéosurveillance.

                        Il me semble y avoir une confusion entre les rôles présumés de la Police et de la vidéosurveillance. Elles cherchent toutes deux à prévenir et diminuer les infractions. Elles cherchent toutes deux à élucider les crimes et interpeller leurs auteurs.

                        Mais, il n’y a pas de parade pour toutes les situations, notamment impossibles à prévoir. Ces arguments anti-vidéosurveillance ont beau être classiques, ils n’en restent pas moins fallacieux.

                        Sur la reconnaissance faciale, environ 60% de réussite dans des conditions optimisées. Beaucoup de puissance de calcul nécessaire, donc des systèmes chers et donc pas applicables à toutes les caméras, mais seulement aux lieux réellement sensibles.

                        Cependant, les risques sur les libertés fondamentales sont possibles, et les opposants se doivent de dépasser les seules indignations pour rentrer dans le dur, les données, les législations, etc.
                        A noter l’excellent rapport de l’Institut National des Hautes Etudes sur la Sécurité de juillet 2008, qui plaide pour une approche citoyenne, au juste nécessaire, en complément des forces de police, et tente enfin d’établir des bases statistiques.

                        Il est temps de sortir du seul débat idéologique pour analyser ce sujet scientifiquement, avec corpus universitaire, etc. Ceci est digne d’une démocratie.

                        Enfin, le danger RFID me parait plus insidieux, sans vouloir détourner l’attention, car il peut se loger partout, et est traçable unitairement, alors qu’il faut aller chercher chaque image, de chaque caméra, de chaque système, dépendant d’entités différentes, pour faire ce fameux tracking tant craint.

                        Bien cordialement,
                        Emmanuel Reynaud,
                        Directeur commercial de http://www.cisdec.com


                        • darthbob darthbob 7 novembre 2008 15:39
                          Bonjour M. Reynaud
                           
                          Merci d’avoir répondu à cet article qui avait aussi pour but d’entamer un dialogue avec des personnes favorables à l’installation massive de caméras dans les villes. Vous êtes professionnel, c’est encore mieux !

                          Merci pour la référence au rapport de juillet 2008 qui parait effectivement très intéressant, tel que vous le présentez. Je me pencherai sur le sujet !
                           
                          Bien, je ne suis pas contre la vidéo surveillance et considère que la surveillance de lieux clos et identifiés (mairie, musée, banques…) ou de lieux privés est tout à fait légitime.
                           
                          Ce qui me gêne c’est le discours du « toujours plus » comme on l’entend au Royaume Uni et depuis peu en France, au plus haut sommet de l’Etat (pour soi-disant « rattraper notre retard » en la matière)
                          C’est tout à votre avante, je le devine, mais est-ce réellement un bien ?
                           
                          J’avance des raisons différentes au discours officiel de ces installations et j’aimerai bien avoir votre avis là dessus. Les maires sont-ils avertis des limites du système et à leur réelle utilité ? Si oui, on est bien dans de la communication pour les électeurs. Si non, cela me parait très grave…
                           
                          Vous faites bien d’évoquer les puces RFID qui sont autrement plus redoutables (du point de vue des libertés et même potentiellement pour la santé) et qui se marieraient malheureusement bien à la vidéosurveillance massive. C’est déjà dans les cartons ?
                           
                          Enfin, concernant la reconnaissance faciale, même si aujourd’hui on est à 60%, vous savez bien que ce n’est qu’une question de temps et d’argent avant de pouvoir obtenir 99% pour un prix qui se réduira d’année en année. Il n’y a potentiellement aucune limite de croisement de fichiers avec la vidéosurveillance et c’est ça qui est à craindre.

                          Faut-il accepter que ces systèmes se développent à vitesse grand V ou faut-il dès maintenant poser les garde-fous juridiques (non croisement des fichiers, non privatisation des moyens de surveillance publics, interdiction des automatisations en dehors de certains lieux très précis et rendus publics…) ?

                          Merci pour vos réponses

                        • CISDEC.com CISDEC.com 7 novembre 2008 17:27

                          Bonsoir, c’est intéressant d’entamer un dialogue avec des personnes prêtes au débat d’idées et désirant échanger sur des faits.

                          De par sa mission régalienne de sécurité et son besoin de contrôler l’espace public, il est sûr que tout gouvernement est tenté de recourrir massivement à la vidéosurveillance, surtout qu’elle devient enfin efficace. D’où une impression récente de "toujours plus" alimentée d’ailleurs surtout par les opposants.

                          Je ne suis pas sûr d’être le mieux placé, car nous faisons extrêmement peu de surveillance de lieux publics, mais nous apportons la même exigence au respect de la loi et des libertés fondamentales en milieu privé. Les instances publiques sont très à cheval sur le strict respect de la loi, ce qui est normal. Cela tombe bien, la loi française est une des plus restrictives d’Europe (sauf à considérer l’Allemagne, qui interdit de fait quasiment toute installation pérenne).

                          Les systèmes anciens sont surement à considérer comme inefficaces, l’exemple de la Grande Bretagne
                          prouve, sans aucun doute, l’ineptie de déployer des technologies à grande échelle avant qu’elles soient matures. Et pourtant, c’est à cause de ce gâchis que les technologies ont pu être financées et sont maintenant efficaces. Par ailleurs, si nous regardons maintenant avec dédain ces installations, elles se sont aussi imposées car elles apportaient un plus à l’époque par rapport à l’incapacité de voir.

                          Je ne me prononcerai pas sur l’utilisation de la vidéosurveillance dans le discours politique, car là encore, au delà des interprétations de chacun, je ne pense pas qu’une étude universitaire quelconque ait analysé le phénomène.

                          Les RFID sont efficaces et déjà appliquées, mais pas encore à grande échelle.

                          C’est parce que les technologies les plus complexes augmentent en qualité et se diffusent à mesure que leur prix baisse, qu’il importe que les citoyens se penchent sérieusement sur le sujet. Les canadiens sont intéressants de ce point de vue, car les opposants sont très souvent pointus techniquement pour soutenir leur point de vue idéologique.
                          Le rapport de juillet 2008 présente aussi quelques situations étrangères (GB, Allemagne, etc.).

                          Il n’y a potentiellement aucune limite de croisement de fichiers quelque soit le secteur, à nous de nous prémunir par nos lois.

                          Voilà, je serai absent quelques jours de ce forum, mais serai ravi de continuer à échanger à mon retour.


                        • darthbob darthbob 12 novembre 2008 14:31

                          Bonjour

                          Quand vous dites que les opposants à la video surveillance alimentent l’impression de "toujours plus", je ne suis pas d’accord. Les partisans le font également. J’ai particulièrement été choqué par les propos de Mme Alliot-Marie (actuelle ministre de l’Intérieur) qui répétait que la France devait rattraper son "retard" sur la GB en installant massivement des caméras à Paris... La question de la sécurité publique ne peut pas se jouer sur des comparaisons aussi rapides et sans argumentation convaincante..

                          Vous apportez d’ailleurs de l’eau à mon moulin en confrmant que les installations londonniennes ne sont pas des plus efficaces !

                          Enfin, j’ai bien compris que vous mettez en cause la technologie obsolète et le manque de fiabilité...

                          Toutefois, est-on bien certains qu’une meilleure technologie et une meilleure fiabilité résoudront les problèmes urbains ?

                          Je me suis procuré le rapport de l’INHES, que je vais lire avec attention

                          bonne journée


                        • maharadh maharadh 9 novembre 2008 21:01

                          Je propose que l’on installe des caméras dans les vestiaires de tous les tribunaux de France et de Navarre.
                          18 mois avec sursis pour l’ex-procureurL’ex-procureur de la République de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), Pierre Hontang,..

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