Vladimir Fédorovski et l’autre Vladimir
Selon Vladimir Fédorovski, la presse française verrait le monde en noir et blanc. Du côté Est les brutes, et bien sûr à l'Ouest les bons. Si l'image du monde était aussi simpliste que cela, les prédicateurs de l'apocalypse seraient désintégrés depuis longtemps ; et le monde avec !
L'écrivain, né à Moscou en 1950 et devenu Français en 1995, réside en France. L'auteur de "Poutine, l'itinéraire secret", n'aime pas l'homme fort de Russie. Ce qui n'est pas nouveau et devrait plaire à nos médias russophobes. Mais on peut détester Poutine, aimer la Russie et l'Ukraine, et entre deux propagandes rester objectif. Mais Fédorovski peut-il être totalement neutre.
Comment gérer un pays comme l'Ukraine qui depuis son indépendance en 1991 n'a pas su construire une véritable "cohésion nationale" entre sa partie occidentale qui "vomit" les Russes, et l'autre orientale si proche de la Russie.
"Dans un pays où 30% de l'économie appartient aux Russes, où 60% des habitants travaillent avec la Russie, où le gaz vient de la Russie", comment Poutine pouvait-il être ignoré et absent des négociations. Même si le président Russe s'est trompé en misant sur Victor Ianoukovitch, "corrompu et faible" d'après Fédorovski. Jusque là rien de bien nouveau dans l'analyse de l'écrivain sur situation en Ukraine.
Mais il fallait être très à l'Ouest pour imaginer ou espérer que l'ex du KGB allait rester tranquillement sans réagir face à ce qui était pour lui plus grave qu'une provocation. Une humiliation ! La suite était donc parfaitement prévisible et l'histoire du déroulement de la crise ukrainienne pouvait se lire, selon Fédorovski, dans le passé de Poutine. Son passé politique que tout le monde connaît mais aussi son enfance moins bien connu. La froideur d'acier inoxydable d'un l'homme qui dans sa vision du futur, s'imagine maître d'une grande union eurasiatique, peut-elle s'expliquer par sa jeunesse passée dans la misère. Car le jeune Poutine était, "un petit caïd" qui aurait même fréquenté les milieux criminels. Lui qui dans le sport et plus particulièrement le judo aurait appris à profiter de la force de son adversaire pour le battre.
Mais aussi, comment penser une seconde qu'un homme politique qui arrive à ce niveau de pouvoir puisse posséder une personnalité qui ne serait pas complexe et composée de multiples facettes. Même François Hollande n'est pas le président normal qu'il prétendait être. D'ailleurs, l'adepte du deux pas en avant, un en arrière, serait probablement différent s'il avait passé un certain temps dans les services secrets. Sa réélection serait déjà assurée jusqu'en... Allez savoir !
Mais si l'Europe politiquement correct peut se trouver parfois très à l'Ouest alors qu'elle devrait garder sa place entre les deux sans favoritisme. Alors que certains citoyens oublient un peu facilement qu'ils sont d'abord des européens. Comme certains ont oublié que la libération n'était pas seulement rouge du sang de nos sauveurs débarqués sur les plages de Normandie. La presse française, selon Vladimir Fédorovski, manque cruellement d'objectivité, d'impartialité et de nuances, contrairement aux médias allemands ou américains. Selon lui, la presse française atteinte de russophobie est instrumentalisée et manque de professionnalisme.
Certes, Fédorovski admet sans peine que les journalistes russes font continuellement dans la "propagande exagérée". Mais "ils n'ont pas vraiment le choix" précise-t-il. Et si, comme il le prétend, les médias français sont l'image du "triomphe du politiquement correct", pour le journaliste russe il est bien compliqué voire dangereux, de choisir une autre voie que la voix de la Russie. Car entre célébrer quotidiennement la gloire poutinienne ou les camps de redressement pour y subir une rééducation musclée, le choix sera souvent celui la pensée unique.
Fédorovski qui est contre la scission de l'Ukraine met également en garde les médias français pour qu'ils évitent de jeter de l'huile sur le feu, car le plus grave peut arriver. L'écrivain qui sait l'intérêt du peuple français pour la culture russe, souhaite que la presse ne confonde pas Poutine et la Russie éternelle.
Fédorovski espère une sortie de crise pour le 6 juin prochain lorsque Poutine viendra commémorer le Débarquement.
"Poutine a gagné la Crimée et perdu l'Ukraine. L'Occident va gagner l'Ukraine mais perdre la Russie. Tout le monde est perdant." (Vladimir Fédorovski)
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