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Accueil du site > Tribune Libre > Voulons-nous toujours des enfants idiots ?

Voulons-nous toujours des enfants idiots ?

En 1984 (il y a 32 ans donc) Maurice Tarik Maschino fit paraître chez Hachette un livre sans doute oublié aujourd'hui : "voulez vous vraiment des enfants idiots  ?"

Extraits

"ces pauvres enfants ne sont que les produits d’une société en voie de crétinisation galopante. Et l’école n’est elle-même, et ne peut être, que le produit de cette société "

..Depuis cent ans, malgré les discours et les apparences, rien n’a changé dans l’enseignement. La machine fabriquait tout de même de bons produits, alors qu’aujourd’hui  elle ne fabrique, ou presque, que des déchets "

Qu'en disait la critique alors ?

Une critique féroce et lucide qui n'épargne pas plus les élèves « joyeusement incultes », les représentants de l'administration, complices, que les professeurs eux-mêmes, lâches, passifs ou délirants.
 

Depuis de nombreuses années (après 68) tous les ministres de l'éducation nationale se heurtent à la même problématique : la prétendue lutte contre les inégalités d'éducation (appelées un peu sommairement inégalités scolaires) et les moyens de résoudre ce problème de plus en plus crucial (entraînant désespérance sociale mais aussi pertes de compétitivité pour les entreprises et la société toute entière).

Les réponses aux inégalités auront évidemment été toujours les mêmes (le socialisme est un dogme imperméable à la réalité) : donner plus de moyens (financiers) à l'école, augmenter l'encadrement des classes, scolariser plus tôt ou monter des structures de rattrapage (RASED...)

Les réponses étatiques ne marchent pas car l'école (publique notamment) est devenue toxique pour une majorité d'élèves : l'école tue l'envie d'apprendre

Prenons le simple cas d'un jeune enfant de 2 ou 3 ans issu d'une famille de la classe moyenne dans une banlieue moyenne (avec des parents moyennement qualifiés).

Cet enfant, jusqu'à qu'il soit scolarisé (pour peu que ses parents s'en occupent bien et ne le gavent pas de TV) va apprendre tous les jours et à tout moment. Un petit d'homme (expression fameuse du grand psychologue Jean Piaget) est évidemment une incroyable machine à apprendre, à imiter, à retenir à comprendre et à s'adapter (au meilleur comme au pire).

L'immense majorité des petits d'hommes en France (quel que soit leur milieu social) a potentiellement toutes les habilités et capacités pour réussir, étudier et apprendre. Pourtant il n'en sera rien pour une majorité d'entre eux. L'école va s'employer à tuer (méthodiquement et avec constance) l'envie et le bonheur d'apprendre

En fait (et dans la lignée de Ivan Illitch) il faudrait aujourd'hui se demander si ce n'est pas dans cette école publique négligente et paresseuse (où l'on compte ses jours de vacances bien plus qu'on ne s'investit au travail) que l'amour de l'apprentissage se perd au fils des trimestres d'ennuis, de violence ou de bêtise scolaire.

Les problèmes d'apprentissage naissent aujourd'hui au creux de notre République, à l'école (publique notamment) parce que cette école

- a été conçue comme un centre de tri (sélectif) où l'on doit rapidement distinguer les plus rapides à apprendre, les plus vifs ou simplement les plus conformes au système

- travaille avec les outils et les méthodes de la fin du XIX ème siècle (hiérarchie, centralisation, gestion des flux)

- est animée par des adultes démotivés (au bout de 10 ans de classes la plupart des profs n'y croient plus)

- est organisée comme une armée soviétique sans gestion des personnes ou des capacités

- ne réalise aucune formation professionnelle continue (1 milliard dépensés chaque année en pure perte pour préparer des concours inutiles mais syndicalement profitables)

- s'est coupée de la société (des familles qui ne sont jamais bienvenues mais simplement tolérées à la marge, des entreprises qui sont encore stipendiées ou caricaturées)

Pour restaurer une éducation de qualité il faudrait un traitement de choc que personne n'osera sans doute adopter en France

- mettre en concurrence frontale les écoles privées et les écoles publiques. Ne pas restreindre l'ouverture de classe dans le privé (si les parents veulent une éducation privée) et fermer si nécessaire les établissements publics en déshérence (ils sont des centaines aujourd'hui, dans la plupart des quartiers déshérités)

- doter les familles d'un chèque éducation qui leur permette de choisir librement leur école (publique ou privée, dans le secteur de leur choix)

- impliquer totalement les familles dans l'éducation en les rémunérant au besoin pour ce qu'ils transmettent à leur progéniture

 - en les soutenant pédagogiquement et financièrement (mieux vaut payer un parent d'élèves qualifié pour faire la classe à 5 ou 10 enfants qu'un prof fonctionnaire peu impliqué dans la réussite des enfants)

 - en permettant aux familles et aux autorités locales de recruter (et de licencier si nécessaire) les enseignants dont ils ont besoin

- en n'autorisant qu'exceptionnellement un adulte à enseigner plus de 10 années (temps moyen pour une complète perte de sens pour un travail devenu d'abord social aujourd'hui)

En 1984 quand Maurice Maschino décrivait l'entreprise de crétinisation des esprits, l'école fonctionnait encore correctement dans certains coins de France, aujourd'hui c'est bel et bien fini et la seule façon de tirer profit du système scolaire actuel relève du bon sens :

- naître dans une famille cultivée, ouverte sur le monde, polyglotte et intellectuellement stimulante

- habiter dans une ville ou une banlieue favorisée avec d'autres familles bien éduquées (mais pas forcément bourgeoises ou friquées)

- Avoir des proches (les oncles, les tantes, les amis) qui ont du temps et de l'amour à consacrer aux autres

- Avoir quelque chose à transmettre à ses enfants (des valeurs par exemple) qui ne soit pas uniquement des bisous le soir, un abonnement au portable et une chambre individuelle

Pour restaurer l'éducation en France il faudra donc beaucoup de courage et de constances politiques mais aussi et surtout faire comprendre à tous les Français que si les poissons pourrissent par la tête, les civilisations peuvent elles aussi mourir d'un manque d'éducation et d'intelligence.

 

désormais car l'éducation nationale est devenue une petite URSS (à la fois méchange, aveugle, sourde et prétentieuse) qu'il sera très difficile de reconstruire.


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26 réactions à cet article    


  • non667 17 octobre 2016 15:40

    L’Histoire montre à quel point « l’ordre de la cité » peut passer par le « simple » endoctrinement des masses.

    l’école est un formidable outil d’endoctrinement , croire qu’un pouvoir en place (peillon ) va vouloir s’en passer est naïf .
    instruction publique = lire-écrire-compter
    éducation nationale = déposséder les parents de leur devoir/pouvoir d’éducation (morale ,religieuse ,sentimentale sexuelle )pour la confier à l’endoctrinement idéologique .(de droite ou de gauche , mais surtout pas de libre arbitre ) si bien qu’en 1968 cohn bendit à pu dire : il ne sert à rien de promouvoir/favoriser l’accès des fils d’ouvriers à l’université ils deviendrons les plus fidèles serviteurs du système capitaliste !!! (que lui en bon coco voulait abattre en france )

    sur les récurrentes réformes qui depuis 1965 vont toujours dans le même sens : sabotage
    celles à venir .

    c’est la notation pédagogique des profs par les chefs d’établissements  (qui ont déja la notation administrative qui compte pour 2/5 dans l’avancement ) . il est à noter que l’inspection peut être faite a l’initiative de l’inspecteur ,a la demande de l’intéressé ou du chef d’établissement . dans tout les cas l’inspecteur rencontre informellement le chef d’établissement avant l’intéressé ! si bien que l’on peut dire que la note est mise avant l’inspection ! alors pourquoi l’a confier officiellement au chef d’établissement  ??????????
    la seule explication plausible qui cadre avec toutes les autres réformes de l’ E.N. est que l’on la sabote (*) pour justifier la privatisation par l’autonomie des établissements et un recrutement /maintient des profs par le chef d’établissement (plus de recrutement par concours national anonyme mais recrutement à la carte politique ou piston ! )
    (*) = arrêt des notes....etc...

    «  Pour nous, au contraire, il ne s’agit pas de réformer l’école, de l’améliorer, de la démocratiser, car, tout simplement, c’est un objectif utopique, irréalisable : l’école est par essence, par nature, par origine un appareil de sélection sociale, de diffusion de l’idéologie bourgeoise. Cette école-là, elle n’est pas amendable, il faudra la détruire  », Rouge hebdomadaire, 29 mars 1974.

     


    • tashrin 17 octobre 2016 15:55

      vous êtes à ce point previsible que ca en devient teeeeellement drole...
      Donc la solution bien sur, c’est... la liberalisation, le tout business, la fin de l’Education nationale
      Mais vous vous gardez bien de dire pourquoi on en est arrivés là... que c’est la mise en oeuvre des preconisations de l’OCDE, que ca vise uniquement la création d’un marché supplementaire qu’attendent impatiemment tous les bons petits soldats qui ratent pas une occase de faire du fric, exactement comme les mutuelles il ya quelques mois...
      Bref, la ptite crotte poujado/liberalo/foutage de gueule du lundi matin quoi


      • MagicBuster 17 octobre 2016 16:17

        Je me demande si la féminisation de l’éducation nationale n’est pas étrangère à l’absence d’autorité de l’enseignement  ;-o

        A force de faire du lowcost .... Ca fini toujours pas se voir.

        On ne peux pas arrêté le progrès en marche .... bientôt une femme présidente aux USA et en France.... 


        • tashrin 17 octobre 2016 17:58

          @MagicBuster
          c’etait volontairement misogyne pour être drole ou vous vous en etes pas aperçu ?


        • Rincevent Rincevent 17 octobre 2016 16:33

          Et l’école n’est elle-même, et ne peut être, que le produit de cette société " Le problème de base, il est exactement là ! Alors, à quoi servirait une vraie réforme si, au bout du compte, c’est pour se retrouver à la sortie avec la même société sans idéal, juste le fric, la consommation, bref l’avoir et pas l’être. C’est bien cette société qui a pondu cette école et pas le contraire.


          • foufouille foufouille 17 octobre 2016 17:07

            "fermer si nécessaire les établissements publics en déshérence (ils sont des centaines aujourd’hui, dans la plupart des quartiers déshérités)« 
            - une école privée est plus donc un pauvre ne va pas la payer !
            tu es stupide ?

             »- doter les familles d’un chèque éducation qui leur permette de choisir librement leur école (publique ou privée, dans le secteur de leur choix)

            - impliquer totalement les familles dans l’éducation en les rémunérant au besoin pour ce qu’ils transmettent à leur progéniture

             - en les soutenant pédagogiquement et financièrement (mieux vaut payer un parent d’élèves qualifié pour faire la classe à 5 ou 10 enfants qu’un prof fonctionnaire peu impliqué dans la réussite des enfants)"

            ce qui fait 3 à 6 profs au smic minimum qui sera de 400€ ?

            sinon ce sera bien plus cher.


            • Giordano Bruno - Non vacciné Giordano Bruno 17 octobre 2016 18:06

              Je m’occupe de l’instruction de ma fille de 5 ans et demi. Plus nous avançons, plus je suis étonné de la lenteur des progrès observés chez les enfants scolarisés. Selon, les matières (lecture, grammaire, orthographe, mathématiques, langue étrangère, géographie, etc.), ils parviennent ou sont censés parvenir en moyenne à son niveau 1 à 5 ans plus tard. Et l’écart se creuse chaque mois davantage.

              J’ai remarqué les causes suivantes en jeu dans la lenteur scolaire :
              - La volonté de remettre à plus tard certains apprentissages (le syndrome du lièvre face à la tortue) ;
              - La croyance que certaines notions seraient rébarbatives pour l’enfant ;
              - L’enseignement par découverte au lieu de l’enseignement explicite dont l’efficacité est pourtant prouvée scientifiquement ;
              - Plus généralement, l’absence de volonté de fonder l’enseignement sur des résultats scientifiques ;
              - Les cours collectifs ;
              - Le regroupement par classes d’âge plutôt que par niveaux, avec la volonté d’éviter le décrochage des plus faibles induisant un ralentissement pour les autres.
              - Le nombre insuffisant de jours d’école par an ; avec pour corolaire de longues journées. 


              • Christian Labrune Christian Labrune 18 octobre 2016 00:42

                @Giordano Bruno
                Vos remarques sont tout à fait pertinentes. Des crétins, il y a bien quinze ans, prétendaient , dans l’école, « mettre l’enfant au centre », ce qui n’a strictement aucun sens.
                Ce qui est bien « au centre », désormais, c’est la nullité. Il ne faut surtout pas que des enfants qui pourraient disposer chez eux d’une bibliothèque et d’un environnement cultivé, des enfants de salauds par conséquent, des « héritiers » comme disaient plus pudiquement Bourdieu et Passeron, puissent réussir mieux que des enfants d’analphabètes. Les sans-culottes vénéraient la guillotine. Celle-ci aura fini par ne plus apparaître sur la place publique mais elle existe plus que jamais dans une école devenue machine à décerveler.


              • mmbbb 17 octobre 2016 18:56

                les allemands disait « le travail rend libre  »


                • Le421... Refuznik !! Le421 17 octobre 2016 19:52

                  impliquer totalement les familles dans l’éducation en les rémunérant au besoin pour ce qu’ils transmettent à leur progéniture...

                  Ben voyons !! Payer les parents pour éduquer leurs gosses... Remarquez qu’avec un peu de bol, les deux bossent et ne sont jamais là, surtout en cas d’horaires décalés !!
                  En plus, parfois, le minot fait « chouf » en sortant de l’école pour ramener de quoi manger...

                  Et surtout en empêchant les parents de venir casser la gueule au prof pour la moindre remarque, si ce n’est porter plainte pour une tape aux fesses considérées comme un « attouchement à caractère sexuel ».
                  Reconnaissez que les enseignants ne peuvent mathématiquement plus asseoir leur autorité.
                  Sauf en cas d’élève d’origine maghrébine avec un cartable aux couleurs de Daesh... Là, c’est taule direct pour dix piges !!
                  Va comprendre Charles.
                  Sur le mien, à l’époque, y’avais déjà marqué : « Yankee no, Cuba si !! »

                  Maintenant, ça serait direct chez le dirlo !!


                  • Montdragon Montdragon 17 octobre 2016 19:56

                    Ahh Agora, des retraités très bien formés et jouissant de leurs pensions et qui refusent de voir le monde moderne en marche...c’est si bon !


                    • baron 17 octobre 2016 21:51

                      Dans cet article, il y a une chose de positive. C’est probablement un des plus chargés en stupidités.

                      Revenir sur toutes les âneries serait trop long.
                      Juste un rappel donc, comment comparer l’école d’autrefois qui sélectionnait à l’entrée en sixième, puis orientais en cinquième, pour faire un grand élage en troisième, avec le système actuel, qui doit éduquer tout le monde de la même façon. Pour compliquer l’affaire, la très grande majorité des parents pensent que leurs enfants doivent intégrer une grande ou devenir médecin, forcément à la fin il y a une grosse frustration du à la réception. Quant à s’aventurer à dire que l’école est moins bonne, c’est manquer de jugeotte pour les raisons citées précédemment. Construire des écoles privées et donner des chèques éducations transformerait des enfants en premier de la classe, par un coup de baguette magique peut être ? Le pays se retrouverais avec des dizaines de millions d’ingénieurs, de docteurs en sciences et de médecins spécialistes. Pour info, les surdoués enfants ou adultes, c’est 2% de la population, et les forts en thèmes, moins de 10% et ça malheureusement, c’est difficile à changer. Il y a là possibilité de retirer les enfants à leurs parents dès la naissance, c’est aussi une possibilité non ? Même là, ce sera difficile de faire du 100%. 
                      La réalité de la vie ce sont les différences et même les surdoués n’ont pas forcément pour ambition de faire des études longues et d’être fort en orthographe pour réussir leur vie.


                      • baron 17 octobre 2016 22:05


                        J’aime Bien la description de l’auteur, retrouver le monde réel, comme si l’école, les enfants, les familles n’étaient pas le monde réel. Mais mon bon monsieur, il n’
                        y a pas plus proche de la vrai que l’école.
                        bon avant il y avait la conscription qui montrait le monde réel.
                        Vous diTes que école d’aujourd’hui n’est pas proche du réel, vous deviez effectivement être déconnecté de la réalité et il fallait mieux quitter l’enseignement, surtout si vous y pantoufliez.

                        • ricoxy ricoxy 17 octobre 2016 23:49

                           
                          « [...] désormais car l’éducation nationale est devenue une petite URSS (à la fois méchange, aveugle, sourde et prétentieuse) qu’il sera très difficile de reconstruire. »
                           
                          Le système scolaire soviétique (et celui des pays satellites) avait au moins une chose de bien : l’enseignement y était de qualité, et les profs étaient compétents.
                           


                          • Abou Antoun Abou Antoun 18 octobre 2016 09:56

                            @ricoxy
                            Il suffit de voir le niveau intellectuel des Russes ayant été formés à l’époque soviétique. Comme chez nous, depuis 1990, le niveau de l’École Publique en Russie baisse sans nous rejoindre encore dans la nullité, comme si un type de société avait besoin de fabriquer des crétins.


                          • ricoxy ricoxy 18 octobre 2016 10:05

                             
                            ►Abou Antoun
                             
                            Pour les Russes, je ne connais pas leur niveau de nos jours. Pour les Bulgares, je sais par ma femme, qui est Bulgare et qui a été professeur en Bulgarie, que le niveau se maintient à peu près, même si les coups de boutoir de la mondialisation commencent à opérer (les Bulgares regardent maintenant les séries télé américaines ; ils sont donc condamnés à terme).
                             


                          • Christian Labrune Christian Labrune 18 octobre 2016 00:59

                            à l’auteur,
                            Vous paraissez vous réclamer de Maschino, mais les thèses que vous développez sont extrêmement éloignées des siennes, lesquelles n’ont pas grand chose à voir avec les théories plus que fumeuses d’un Ivan Illitch !
                            Au début des années 70, l’école fonctionnait encore très bien et aurait pu continuer à instruire si les socialistes n’avaient pas entrepris de réaliser (ce qui eût toujours été impossible à des gouvernements de droite), le rêve des ultra-libéraux de détruire complètement le système d’instruction publique. On savait très bien, à l’époque, comment s’y prendre pour enseigner et transmettre une culture solide. Ce qu’on ne savait pas encore, c’est qu’il était possible, avec de la patience et beaucoup d’idéologie imbécile, de détruire un tel système. Maintenant, on le sait, mais il est trop tard : les profs n’auront pas su résister. Le système républicain est complètement détruit. Désormais, il y aura une école privée pour ceux qui en auront les moyens, et une garderie pour occuper et divertir les autres jusqu’à l’âge d’être enfin chômeur.


                            • fred.foyn 18 octobre 2016 07:00

                              Mai 68, fut le début de la fin pour votre éducation...depuis cette année votre système éducatif ne cesse de descendre aux enfers...mais le pire est que TOUS les représentants de ce système ont détourné les yeux depuis cette date pour garder leur place au sein de l’EN...

                              Tous les instits et les profs garant de cette institution sont les responsables de cette situation pour avoir laisser les politiques détruire l’école !
                              C’est une habitude en France de regarder ailleurs quand ça va mal...

                              • Christian Labrune Christian Labrune 18 octobre 2016 09:44

                                @fred.foyn
                                Hélas, vous avez tout à fait raison. On n’a jamais mis le couteau sous la gorge d’un prof pour lui dire : vous appliquez cette réforme ou on vous égorge. Non, il s’est trouvé des imbéciles en grand nombre pour jouer le jeu pervers qu’on leur proposait et pour trahir leur mission. Je me rappelle très bien une réunion dans les sous-sols de la Bourse du Travail à l’époque où les « pédagogues » du ministère venaient d’inventer les « Travaux personnels encadrés » (TPE). Il n’y avait pas un seul professeur un peu compétent qui ne fût capable de voir immédiatement qu’on prenait les élèves pour des idiots et que ce serait une catastrophe. Et bien il y eut un crétin absolu pour dire : si on n’a pas expérimenté la chose, comment peut-on juger que c’est sans intérêt ? Ce qui revenait à dire à peu près : on n’a jamais essayé de faire de la mayonnaise avec de l’huile de vidange, pourquoi ne pas essayer ? Et ces imbéciles ont voulu essayer. Un an plus tard, très contents d’eux-mêmes comme peuvent l’être tous les cons, ils ont jugé qu’au fond, quand on était un « bon prof », on pouvait faire ça et réussir. Les élèves étaient contents (et pour cause : on leur demandait de faire du copié-collé sur l’Internet et ça ne fatigue pas trop les méninges) et eux aussi parce qu’un groupe d’élèves scotchés à des écrans, c’est tout de même beaucoup moins fatigant qu’un cours où il faut à chaque instant susciter l’intérêt et fixer l’attention. 


                              • Abou Antoun Abou Antoun 18 octobre 2016 09:59

                                @fred.foyn
                                Tous les instits et les profs garant de cette institution sont les responsables de cette situation pour avoir laisser les politiques détruire l’école !
                                C’est malheureusement exact, les profs (par leurs syndicats) on toujours plus surveillé leur bulletin de paye que les programmes officiels et les horaires.


                              • Alren Alren 18 octobre 2016 13:09

                                @Christian Labrune

                                On n’a jamais mis le couteau sous la gorge d’un prof pour lui dire : vous appliquez cette réforme ou on vous égorge.

                                On voit bien que vous ne connaissez pas le « hiérarchisme » de l’EN depuis les ministres jusqu’au dernier fonctionnaire d’autorité (inspecteur ou chef d’établissement). C’est pire qu’à l’armée !
                                Mais c’est vrai aussi dans la police, la douane, la Poste (établissement public) etc.

                                La droite politique, historiquement beaucoup plus longtemps au pouvoir que la gauche, n’a accepté des fonctionnaires d’État en grand nombre que contrainte et forcée (une prise de conscience après la défaite de 1870 a abouti avec réticence à l’école publique laïque et obligatoire en 1881 seulement, soit dix ans de blocages intellectuels alors que la Prusse victorieuse avait un système public d’éducation qui explique en partie sa supériorité militaire).
                                Elle a toujours considéré une tutelle stricte des agents de base, en contact avec le public, comme indispensable pour empêcher les idées de gauche de prospérer.
                                La « gauche » miterrandienne à la différence dur Front populaire, par exemple, a aussi trouvé bon de maintenir cette tutelle féroce ...

                                L’enseignant qui n’appliquerait pas les ordres de sa hiérarchie en matière de programmes serait sanctionné par une note professionnelle basse qui lui ferait perdre par retard d’avancement des dizaines de milliers d’euros sur sa carrière et amoindrirait fortemant sa retraite ...


                              • Christian Labrune Christian Labrune 21 octobre 2016 17:28

                                On voit bien que vous ne connaissez pas le « hiérarchisme » de l’EN depuis les ministres jusqu’au dernier fonctionnaire d’autorité (inspecteur ou chef d’établissement).

                                @Alren

                                Je le connais si peu que j’ai quand même passé 38 ans à exercer ce métier ! J’aurai été parmi les premiers à refuser une inspection, je n’ai jamais appliqué ce qui me paraissait contraire aux règles de l’intelligence, je n’ai jamais dissimulé ce que je pensais de l’institution et de son mode de fonctionnement. Moyennant quoi, on m’a toujours foutu une paix royale. Cela dit, si je n’avais pas pu prendre ma retraite en 2008, étant donné ce que c’est devenu, j’aurais peut-être bien choisi de démissionner.


                              • ricoxy ricoxy 18 octobre 2016 08:28

                                 
                                « Labor improbus omnia vincit  » (un travail opniâtre vainc tout). Cette citation de Virgile s’étalait sur les bulletins de notes de notre collège. C’est celle que la maîtresse a écrite, en français, au tableau dans l’illustration jointe à l’article.
                                 
                                Il n’y a, heureusement ou malheureusement, qu’une seule façon de maîtriser le savoir : le travail. Mais est-ce trop demander dans une civilation marquée par la quête éperdue du divertissement (entertainment) ?
                                 
                                 


                                • velosolex velosolex 18 octobre 2016 10:22

                                  Un fait incontestable : L’école potentialise bien les inégalités. On connait les causes, certaines pleines de démagogie et de mieux disant : Carte scolaire, classes européennes, etc...Une autre évidence : Impossible de réformer. Tout est à peu près dans le rouge : Rythme scolaire, jours scolarisés, etc..Beaucoup de parents, de plus en plus retirent leurs gamins maintenant du système. Personnellement c’est ce que je ferais aussi maintenant. 


                                  • njama njama 18 octobre 2016 11:15

                                    Le fameux « chèque éducation » un des chevaux de Troie de Milton Friedman économiste ultra-libéral pour reconstituer une société élitiste parfaitement capitaliste.

                                    Il y en a qui ne s’étouffent pas à réclamer la totale liberté du « privé » en réclamant de l’autre main à l’État l’aumône d’un chèque éducation pour former des petits singes savants.

                                    Le chèque éducation, machine de guerre contre l’école républicaine
                                    www.marianne.net 27 Septembre 201 par Claire Mazeron, du SNALC Syndicat national des lycées et collèges

                                    [...] Confier l’école aux parents, c’est la soumettre aux seuls intérêts individuels et immédiats, qui ne sont pas obligatoirement ceux des enfants, à long terme. C’est privilégier l’utilitarisme scolaire au détriment de la construction d’un projet éducatif commun et global. C’est prendre le risque de proposer aux élèves ce qui sera explicitement demandé par les familles — dérives communautaristes incluses. Dounya ou Zohra pourront-elles encore étudier Darwin ou apprendre à nager lorsque quelques parents zélés auront obtenu la suppression des enseignements non conformes à leur « projet de vie » ?

                                    Donner tout pouvoir aux chefs d’établissements, ou aux collectivités locales, c’est réintroduire les féodalités légitimement abolies il y a deux siècles. Quel professeur exercera encore sa liberté pédagogique sous le regard d’une « communauté scolaire » aussi accueillante que coercitive, et face à la menace d’un licenciement pour non-conformité idéologique ?

                                    Et ce système, où l’argent sera roi, ne permettra pas de relancer un ascenseur social résolument bloqué en sous-sol. Aucun véritable républicain ne saurait réduire l’École à un simple service assuré à des usagers-clients, parce qu’elle s’est explicitement donné pour rôle, dès ses origines, de forger une identité nationale sur la base des principes hérités des Lumières. Sauver l’École de la République, ce n’est pas sauver quelques-uns de ses enfants -toujours les mêmes, d’ailleurs-, mais proposer à tous les fondements d’une culture commune, autour de valeurs acceptées par chacun. Parce que, contrairement à d’autres États européens systématiquement érigés en modèles, la France ne saurait se réduire à un agrégat de « communautés », et son École ne peut être constituée d’une juxtaposition d’établissements plus ou moins performants.
                                    [...]


                                    • sleeping-zombie 18 octobre 2016 12:23

                                      Hello,

                                      Il est assez amusant de voir que chacun des reproches que vous faites au système actuel :
                                      aujourd’hui c’est bel et bien fini et la seule façon de tirer profit du système scolaire actuel relève du bon sens :

                                      - naître dans une famille cultivée, ouverte sur le monde, polyglotte et intellectuellement stimulante

                                      - habiter dans une ville ou une banlieue favorisée avec d’autres familles bien éduquées (mais pas forcément bourgeoises ou friquées)

                                      - Avoir des proches (les oncles, les tantes, les amis) qui ont du temps et de l’amour à consacrer aux autres

                                      - Avoir quelque chose à transmettre à ses enfants (des valeurs par exemple) qui ne soit pas uniquement des bisous le soir, un abonnement au portable et une chambre individuelle

                                      ne sera qu’aggravé par les « solutions » que vous préconisez....

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