Vous avez aimé France-Argentine de Laporte ? Vous aimerez la France de Sarkozy
Vendredi soir le XV de France a perdu contre l’Argentine un match qu’ils auraient dû gagner ou... perdre au moins en existant en tant qu’équipe et non en tant que machine inhibée, liquéfiée et sans âme. La façon dont Bernard Laporte gère son groupe n’est peut-être pas étrangère à ce qui s’est passé et Nicolas Sarkozy fait de même comme président.
Depuis qu’il est entraîneur de l’équipe de France de rugby, Bernard Laporte attire l’attention, l’intérêt et représente finalement l’équipe de France. Tout se passe comme si cette personne, qui n’a jamais été sélectionnée en tant que joueur, se sentait AUSSI sélectionnée et s’était transformée EN l’équipe elle-même. Avec du recul, on voit la différence avec d’autres sélectionneurs (Berbizier, Dubroca, Skrela, Fouroux) qui même avec une forte personnalité, endossaient un rôle complètement DISTINCT de celui de l’équipe. Si vous doutez de ceci, écoutez dans les commentaires des médias le nombre de fois où on entend à propos du XV de France "l’équipe de Laporte" ou "son équipe".
Peut-être que cette attitude n’est pas vraiment consciente et résulte de la joie qu’a Bernard Laporte d’être "en" équipe de France mais peut-être aussi qu’elle correspond à l’attitude qu’il a (naturellement ou pas) pour gérer un groupe. Comme lorsqu’il conduisait la tortue béglaise, il DIRIGE, COMMANDE, est de partout, omniscient et omniprésent... Tiens, tiens... Cela ne rappelle-t-il pas quelqu’un d’autre, qui par ailleurs se déclare ami de Bernard Laporte par affinités... et qui lui a même déjà réservé (on pourrait à ce sujet se demander si c’est une bonne idée ou si cela relève d’une absence de conscience de la forme, de la correction et de la politesse au sens premier du terme... mais ce serait un autre sujet...) une place de choix dans son équipe. Je parle bien sûr de Nicolas Sarkozy, qui dans sa façon de faire et d’être est aussi omniprésent, commandant, dirigeant, imposant et dictant à toutes et à tous ce qui est SA volonté et donc LA vérité.
On peut admirer cette façon de faire, mais il ne faut pas en oublier les effets secondaires et pervers.
Quand on gère ainsi une entité, un groupe d’êtres humains sur la durée (et la notion de temps est importante dans ce qui suit ), on ne peut pas obtenir de bons résultats car on inhibe complètement les capacités d’innovation, d’adaptation et d’esprit d’entreprise des individus et du groupe (la méthode commando ne marche pas autrement que ponctuellement).
Quand il y a un chef qui agit pour tous et de partout, la tendance naturelle est de s’en remettre à lui car l’humain cherche le confort et la facilité. Ressortent ainsi comme cadres dans un groupe ainsi géré les bons exécutants, les "seconds" qui sont de bons ROUAGES, de bons RELAIS, mais pas des décideurs ou des personnes capables de diriger elles-mêmes et donc de prendre en charge tout ou partie du groupe en cas de tempête.
La colonne vertébrale de l’organisation devient un conduit pour remonter les informations au chef et diffuser sa volonté. Dans l’équipe de Laporte, le "conseil" des joueurs parle avec l’encadrement pour remonter les problèmes... La presse sportive ne se fait pas l’écho d’un conseil des joueurs qui déciderait de schémas de jeux ni d’esprits opposants (quelle différence avec l’équipe de France de football...). Dans l’équipe Sarkozy, le Premier ministre applique le programme de Sarkozy, cornaqué par le parfait exécutant qu’est Claude Guéant et aucune tête ne dépasse car toutes sont baissées, occupées à exécuter et à remonter au chef les éventuelles non-obéissances des autres. On a vu récemment avec quelle énergie les "responsables" UMP dénonçaient la voix discordante de Dominique de Villepin, mais on ne voit plus d’énergie pour dénoncer les problèmes qui continuent d’exister ni d’ailleurs pour les régler puisque Nicolas Sarkozy s’occupe de tout. En écoutant la radio et les questions ou forums d’auditeurs, on voit les nouveaux réflexes des Français : en cas de problèmes : écrire à Nicolas Sarkozy... Le nouveau petit père des peuples est né. Il faut rester bien groupé derrière lui, il s’occupe de tout... sauf que même s’il se dopait, il ne pourra pas tenir la distance. On a vu hier les joueurs de l’équipe de France anésthésiés. On n’a pas vu Dominici sonner la révolte comme en 1999. On n’a pas vu Ibanez ou Pelous (remplacés tous les deux alors qu’on les présente comme les cadres...) remettre le train sur les rails. Dans les événements et problèmes qui arriveront dans le monde et où la France jouera son présent et son avenir, il faudra de véritables cadres autonomes si l’on veut pouvoir s’adapter. Si la crise financière annoncée survient, nous aurons très vite l’occasion de voir si les béni-oui-oui sarkozystes ont d’autres capacités et possibilités que d’aller voir papa pour qu’il règle le problème... (au moins par un nouveau reportage dans Paris-Match ;-))
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