Vous avez dit « bling bling » ?
Le terrible désaveu que le peuple a infligé à la classe bobo dans ses diverses composantes en mai dernier n’est décidément pas près d’être assimilé : il suffit de parcourir la litanie des déjections dominicales des Guignols, des premières de Libé ou des « enquêtes » de Marianne pour s’en convaincre : Sarkozy doit être détruit !
L’indicible douleur d’avoir été dépossédés du pouvoir pour au moins cinq bonnes années - pire encore, la cruelle certitude qu’ils en étaient définitivement les seuls dépositaires autorisés - est en train de se cristalliser sur un nouveau hochet : le nouveau postulat serait que notre président est le jouet de l’argent : il sonne « bling bling ». Quoi de plus efficace en France que de mêler l’honneur d’un homme à de « vulgaires » questions d’argent ? tellement nauséabond qu’on n’ose pas s’approcher pour démêler le vrai du faux ! Comme la diffamation, « Il en reste toujours quelque chose » !
La tache originelle de cette « Histoire - définitive ! - du XXIe siècle », (forcément écrite par de purs historiens trois semaines après les faits) remonterait à cette honteuse halte du soir
d’élection, où le président, attendu par beaucoup de ses intimes (de droite
comme de gauche) au Fouquet’s, a distrait 2 heures de son temps pour aller leur rendre un peu de
l’amitié qu’ils lui avaient témoigné pendant de longues et harassantes semaines
de combat. C’est vrai, lorsqu’on a quelques milliardaires au nombre de ses
intimes, au moins cachons-les, comme ont su si bien le faire tous ses
prédécesseurs (y compris Léon Blum) :
de grâce ne touchons pas à cette salutaire hypocrisie, c’était tellement mieux ! on croirait entendre :
"Bon Sarko là, t’aurais pas dû ! On peut pas nier
l’élection mais là on peut se défouler, les jaloux seront avec nous et avec
ces troupes-là, au moins, on est sûr
d’avoir la majorité !"
Les photos sont bien sûr volées, naturellement faites par
des journalistes dont c’est le métier de faire vendre du papier, ce qui ne les
empêche pas d’être reprises par d’autres journalistes, censés leur être
moralement supérieurs puisque uniquement préoccupés de la chose publique et le noble
combat des idées !
Peu importe les sources et la manière, Sarkozy doit être
détruit ! Et il est vrai, comme chacun sait, que ce chef d’entreprise à la
réussite emblématique, pourrait risquer d’adresser de manière subliminale aux Français un message
assez éloigné de la vulgate soixante-huitarde : le travail, l’effort, le
goût du risque, toutes valeurs honnies par notre classe dirigeante
bien-pensante (qui n’a nul besoin de les soutenir, étant déjà rassasiée depuis
toujours des bienfaits de la fortune et de la notoriété et souhaitant les
conserver pour elle seule le plus longtemps possible).
Cela nous rappelle la très vertueuse explosion d’indignation de Mme Royal lors du débat télévisé, qui nous avait gratifiés tout à la fois d’une colère sur commande faussement spontanée, et d’une méconnaissance troublante du sujet qu’elle était censée posséder et qui était pourtant censé causer son courroux !
Somme toute, l’indignation étroitement imbriquée au mensonge résume assez fidèlement le comportement général de l’anti-sarkozisme en ce début de quinquennat.
Il en est de cette fausse affirmation comme de celle des prétendus « 15 milliards donnés aux riches » : il n’est pas nécessaire qu’une information soit factuellement incontestable pour qu’elle puisse être assénée et répétée à l’envi, même si ce n’est pas parce que l’on aura réaffirmé cent mille fois une contre-vérité que celle-ci devient vraie... (on le voit, 1 siècle de gauchisme formaté de marxisme lénino-trotskiste a laissé des traces tenaces et la vérité « révolutionnaire » s’est si confortablement installée dans nos cerveaux bobos depuis si longtemps qu’elle n’en sortira plus : la question, pour Libération ou Le Monde, n’est pas la réalité d’un fait, mais l’utilisation politique que l’on peut tirer de ce que l’opinion croit à propos de l’affirmation de celui-ci.)
Vous avez dit journalistes ?
L’épopée sarkoziste - pourtant à peine à ses débuts - a déjà totalement vitrifié toute velléité de consistance idéologique autre que celle issue de ses propres rangs, excepté bien sûr le gauchisme officiel « communiste révolutionnaire », qui continue d’affirmer victorieusement l’interdiction des licenciements et l’abolition du capitalisme. Le danger d’une opposition opérationnelle est donc pour longtemps assez éloigné, et ces très innovantes perspectives ont toujours pour elles l’immense mérite de l’humour...
De ce point de vue, les ressorts demeurent somme toute assez
classiques et assez puissants sans être pour autant tous parfaitement
avouables. Ainsi voyons-nous la vieille
famille chrétienne feindre de se scandaliser d’une vie privée présidentielle « pipolisée ».
Une petite allusion, au passage, à propos des origines juives de la maman du président suffit à disqualifier une partie non négligeable de l’opinion de la
sincérité et de la force de l’action présidentielle, même si chaque jalon posé par le président en politique étrangère
plaide pour l’indépendance vraie de
Il est vrai que divorcer est, de nos jours, peu fréquent et comme chacun sait, la preuve d’une très coupable inconstance, particulièrement si, quelques semaines plus tard, on a le toupet de vouloir de nouveau être heureux avec une autre. Il faut donc tenter d’amalgamer ce petit composé résiduel de la « bonne » société française, en espérant que le peuple finisse par se détacher durablement de son président, catastrophe financière internationale aidant ! Sarkozy doit être détruit on vous dit : on y verra plus clair après !!!
Il est vrai aussi que Mme Bruni ne ressemble que d’assez loin à la « ménagère de plus de 50 ans » que nos maris - de plus de 50 ans et suspectés d’envier leur président - sont invités à conserver sous peine d’indignité... Il est donc probable que beaucoup de nos femmes, épouses, compagnes ou ex-telles puissent avoir quelque difficulté à aimer une princesse à ce point gâtée par la vie... Et non moins vrai que nos hommes de plus de 50 ans, une fois passé l’émerveillement et l’illusion du « transfert », doivent éprouver quelque difficulté à imaginer une telle rencontre pour eux-mêmes...
Ainsi, sans la moindre ébauche de régénérescence, le Parti socialiste, en ouvrant le bec, va sans doute devenir le plus grand parti de France en termes d’élus locaux... et il sera difficile de prétendre que ce sera par la force de conviction de ses propositions politiques pour réformer le pays...
Sans doute que notre président est clairement hors normes et un peu déroutant, qu’il n’est de toute manière pas à plaindre et qu’il est hautement souhaitable qu’il ait la peau dure, particulièrement pour l’espace temps qui lui est indispensable avant que les premiers dividendes de son action soient engrangés.
A n’en pas douter aussi, que les événements internationaux ne favorisent pas les résultats immédiats, et que de ce fait l’indulgence lui sera assez longtemps conservée malgré de prévisibles humeurs sans frais.
Les rapports des Français avec leur président semblent promis à prendre de plus en plus un tour passionnel, car rien de ce qui se produit depuis plusieurs mois autour du pouvoir suprême n’est vraiment comparable à ce qui a précédé. Les fluctuations de l’opinion ont toutes chances de subir de fortes fièvres avant que le personnage présidentiel n’utilise au mieux les opportunités indispensables pour asseoir durablement sa stature.
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