A la poursuite de la génération mouvante...
"Cette affaire
n’a rien à voir
avec le terrorisme, elle n’a été confiée à cette juridiction d’affaires politiques que pour lui assurer une activité. C’est pour justifier la pérennité de la section antiterroriste
qu’on la saisit
quand quelqu’un
fait péter un pétard mouillé !" dénonce Me Ripert, l’avocat de Mickaël D, blessé par l’explosion d’un extincteur dans un squat de Cognin, il y a deux semaines.
Mickaël D, 25 ans, a été mis en examen à Lyon, sur son lit d’hôpital, dans un pavillon d’Edouard Herriot réservé aux grands brûlés. Trois magistrats du pôle antiterroriste de Paris s’étaient spécialement déplacés, pour un premier interrogatoire et une audience du juge des libertés et de la détention, dans le cadre d’uns instruction ouverte pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
Le jeune homme reste gravement blessé à la suite de l’explosion qu’il a provoquée dans la nuit du jeudi au vendredi 1er mai à Cognin, près de Chambéry (Savoie). Il manipulait du chlorate de sodium et du sucre, composants instables, fréquemment utilisés dans la confection de bombes artisanales. Sa compagne, Zoé A., 24 ans, a trouvé la mort. Apprentis chimistes ? Pas si simple. Selon nos informations, les produits étaient transvasés dans une bouteille d’extincteur. A proximité de l’usine désaffectée où a éclaté le drame, les policiers ont aussi trouvé du fil, deux retardateurs, deux autres extincteurs... Il reste à déterminer si les jeunes gens se contentaient d’essayer une recette accessible sur Internet ou s’ils s’inscrivaient dans un activisme plus poussé. L’explosion de Cognin renferme une énigme, en lien direct avec une génération mouvante, selon Richard Schittly du Dauphiné Libéré.
Me Ripert reste "scandalisé par la mise en examen et la poursuite,car ces juges oublient l’intensité du drame vécu par mon client. Sa copine a été tuée par l’expérience et lui a été défiguré".
Dans le coffre de la voiture de Tessa Polak, la SDAT en découvre 400 autres exemplaires. "Ils ont fait ’Bingo !’, comme s’ils avaient découvert une cache d’armes, ironise-t-elle. Sauf que quand ils m’ont demandé d’où ça venait, je leur ai dit que j’étais passée chez l’éditeur et que je comptais les distribuer dans le cadre du comité de soutien, ce qu’ils savaient déjà."
Tout au long de sa garde à vue, et des "8 à 10 interrogatoires", la jeune femme comprend qu’elle a fait l’objet d’une surveillance. Aux policiers qui lui demandent pourquoi elle a prêté son véhicule, en novembre 2008, à trois des mis en examen, dont Benjamin Rosoux, elle répond : "Ma voiture je l’ai prêtée comme ma maison est ouverte, mon frigo est ouvert..." "Ce qui m’a étonnée, poursuit Tessa Polak, c’est que leurs investigations portaient beaucoup sur le livre. Le type de questions qu’ils m’ont posé, la manière avec laquelle ils le faisaient, c’était pour valider leurs fantasmes. Le mot ’cellule’ revenait sans cesse..."
Après 48 heures, elle est brièvement présentée au juge d’instruction Thierry Fragnoli pour une prolongation de sa garde à vue. Tessa Polak jure alors l’avoir entendu dire : "Ce n’est pas ma faute mais vous allez payer pour les autres." "J’étais sonnée", dit-elle.
Avec le recul, la jeune femme analyse son interpellation comme une "manœuvre d’intimidation, une façon de briser les solidarités actives, d’envoyer des signaux, et de banaliser les garde à vue". "Sinon, ajoute-t-elle, pourquoi m’ont-ils convoquée de cette façon ? Quand je leur ai demandé, ils ne m’ont pas répondu."
Alors que le juge des libertés et de la détention doit une nouvelle fois statuer sur la demande de remise en liberté de Julien Coupat, ce dernier lassé des fouilles et de cette "farce", a demandé à ne pas être extrait de sa cellule pour l’occasion. Pour les mêmes raisons, le comité de soutien ne se rassemblera pas non plus ce jour-là. Mais plusieurs initiatives en mai, des concerts notamment, sont à l’ordre du jour.
Usant de son droit de réponse, Thierry Fragnoli, vice-président chargé de l’instruction au tribunal de grande instance de Paris, nous a adressé le courrier suivant. M. Fragnoli est le juge d’instruction du pôle antiterroriste de Paris, chargé de l’enquête sur les sabotages à la SNCF. Sans pouvoir évoquer ici mes échanges avec elle en présence de mon greffier, ceux-ci étant couverts par le secret de l’instruction, je démens catégoriquement avoir tenu ces propos, lesquels ne correspondent d’ailleurs ni au rôle du magistrat à ce stade procédural, ni à mes pratiques professionnelles, ni au respect que j’accorde à chacune des personnes qui me sont présentées.
L’enquête se poursuit, bien loin des rails de TGV :
Sept personnes, dont trois présentées comme des proches de Julien Coupat et les quatre autres comme membres d’un de ses comités de soutien, ont été interpellés en Seine-Maritime et dans les Alpes-de-Haute-Provence, lundi 18 mai. Les deux opérations ont été menées dans la matinée.
POUR AVOIR DONNÉ L’ADRESSE DE BERNARD SQUARCINI
L’autre opération, qui s’est déroulée à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), a abouti à l’arrestation de quatre personnes, dont l’éditeur François Bouchardeau et sa femme. Ces derniers feraient partie du Comité de sabotage de l’antiterrorisme (CSA), un groupe de soutien aux personnes interpellées à Tarnac à l’automne 2008 pour le sabotage présumé de lignes TGV.
Selon des sources concordantes citées par l’AFP, ils sont accusés d’avoir diffusé un tract sur lequel apparaissait l’adresse d’une résidence secondaire de Bernard Squarcini, patron de la la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Le document aurait été diffusé par mail et lors de différentes manifestations, jusqu’à atterir dans la boîte aux lettres de M. Squarcini.
Contrairement à de premières informations, l’adresse de la villa ne figurait pas sur le tract, il s’agit en fait d’une simple photographie.
Vers une nouvelle affaire Dasquié ?
« M. le Rapporteur : Que pensez-vous de l’action des renseignements généraux en Corse ? Dans l’enquête sur l’assassinat du préfet Erignac, leur investissement nous a été présenté comme important. Il semble que M. Squarcini, directeur central adjoint, ait réalisé un travail de qualité.
M. Bernard LEMAIRE : Je ne partage pas cette appréciation. Je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu M. Squarcini m’annoncer par avance une conférence de presse ou un attentat du FLNC. Il a obtenu, du moins est-ce apparu comme tel, des informations dans le déroulement de l’enquête sur l’assassinat de Claude Erignac. D’abord, tout cela était très tardif. Je pense qu’il a tout de même des réseaux qui lui permettent d’obtenir des informations, sinon ce serait à désespérer de tout. En tout cas, localement, au niveau du préfet de département, les services de renseignements généraux sont totalement inefficaces. C’est clair. J’apprends davantage de choses par la presse ou par des relations personnelles. »
Extrait du procès-verbal de la séance du mardi 31 août 1999 à Bastia)
Présidence de M. Raymond FORNI, Président de l’Assemblée nationale
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