Ah, la crise. On ouvre le journal, la crise. La radio ? La crise. La télévision, je vous l’accorde, je la regarde peu, mais je parie que quand on l’ouvre, on y trouve la crise...
En fait, le vrai problème, c’est l’effet d’entrainement. Puisque c’est la crise, les spéculateurs du monde entier se sont entendus pour vendre avec panique. Les cours boursiers se cassent la figure. Même ceux des entreprises dont les fondamentaux sont bons et les perspectives excellentes, comme dans les TIC.
Bref, comme l’indique le Poulidor des Milliardaires Warren Buffet, c’est le moment d’acheter. Pour l’immobilier, il convient d’attendre encore un peu...
Mais, au fait, de quelle crise parle-t-on ?
Il n’y a plus de pétrole et toute la pétrochimie est paralysée, ce qui est plus grave que le manque d’essence dans les 4x4 des beaufs ?
Les mines de fer sont épuisées et nul n’arrive plus à fabriquer de l’acier ?
Pire que tout, une nouvelle guerre a éclaté en Bosnie Herzégovine (premier producteur mondial de framboise), une guerre civile recommence en Côte d’Ivoire (premier producteur mondial de cacao) et une catastrophe climatique a frappé la Turquie (premier producteur mondial de noisettes à praliné) voire Ferrero, producteur du Nutella, affronte une grève totale, ce qui implique une épidémie de dépressions nerveuses ?
Non, rien de tout cela. La matière première qui manque, c’est l’argent.
Comme chacun sait, tout a commencé avec la crise des crédits hypothécaires aux Etats-Unis. Comme en 1929, de nombreux établissements à travers le monde sont entrainés dans la crise parce qu’ils ont spéculé aux Etats-Unis sur des actifs douteux. Rien de neuf sous le soleil (Ecclésiaste I,9).
Beaucoup de gens que je croise ne comprennent pas les conséquences de ces petits incidents.
Une banque créé de l’argent. Toute banque créé par son activité de l’argent. "Quoi ? Mais le monopole d’émission de la monnaie n’est pas entre les mains de la banque centrale ?" vous exclamerez-vous avec raison. Mais on ne parle pas du même argent. L’Etat a le monopole de l’émission de la monnaie fiduciaire, c’est à dire des pièces et des billets, qui ne sont plus gagés sur rien du tout et n’ont de valeur que par une simple convention sociale (lorsque la convention ne tient plus, on obtient une situation à la zimbabwéenne).
La banque, elle, possède des capitaux propres et des dépôts mais prête de l’argent. A un instant donné, les emprunteurs possèdent une certaine somme sans que les déposants et les actionnaires soient privés comptablement de leur argent. Le fait de prêter de l’argent créé donc de la monnaie "virtuelle".
Comme cet argent est "virtuel" et que la banque doit pouvoir à tout moment rendre leur argent à ses déposants, il y a une série de règles qui encadrent l’activité bancaire. Et le pire cauchemar d’un banquier est que tous les déposants retirent leur argent en même temps, puisqu’il serait incapable de restituer cet argent, une bonne partie étant prêtée.
Les ennuis commencent en fait quand les prêts ne sont plus remboursés. Les fonds de la banque ne sont plus reconstitués et les retraits réguliers des déposants assèchent petit à petit ses caisses. Et quand survient la rumeur d’une crise, tout le monde vient retirer son argent, déclenchant mécaniquement la faillite de la banque...En temps normal, le faible taux de non-remboursement est compensé par les intérêts perçus sur les prêts normalement remboursés. En cas de crise, ce n’est plus le cas.
La crise financière est une prophétie autoréalisatrice !
Donc, quand les prêts ne sont plus remboursés, la banque ne reconstituent pas ses réserves. Son activité de prêt, sa raison d’être, est donc paralysée.
Si, par ailleurs, les investissements propres de la banque se passent mal, ses capitaux propres se cassent la figure, ce qui diminue encore plus sa capacité de prêt. Au point même de mécaniquement en arriver à avoir déjà prêter plus que ce qu’elle devient capable d’assumer en terme de risque. D’où la nécessité de reconstituer ses réserves en augmentant son capital (ce qui est arrivé à plusieurs banques françaises récemment).
Bref, en ce moment, les banques consomment des crédits au lieu d’en produire.
De ce seul fait, il n’y a plus de crédit disponible pour les autres. Les entreprises ne peuvent donc plus bénéficier d’un crédit pour financer leur fonds de roulement ou leurs investissements. Les particuliers ne peuvent plus obtenir de crédit et la consommation des ménages baisse.
Moins d’investissement, moins de consommation, et voilà comment une crise spéculative financière se transforme en crise économique qui s’auto-entretient.
La crise économique de production entraine une baisse de la production, donc des difficultés pour les entreprises, donc des licenciements, donc du chômage, donc encore moins de consommation... Le cercle vicieux.