Comprendre pourquoi le président signe et persiste
Il faut pour comprendre les raisons de cette crise connaître les principes fondamentaux idéologiques qui guident ce que l’on nomme classiquement les néo libéraux.
Si pour Tocqueville l’idéal égalitaire est considéré comme la marque de la démocratie et de la modernité, pour Hayek il s’agit au contraire d’une illusion dangereuse si elle devient aveuglante.
Nous sommes toujours dans cette opposition quand les uns réclament une relance par la consommation, et les autres par l’investissement.
Pour Hayek tous les individus n’ont pas un droit formel à recevoir la même part des fruits de la croissance puisqu’ils n’ont pas tous, contribué à égalité. (Ceci est une appréciation suggestive qui n’a aucun fondement vérifiable). C’est le salaire au mérite qui à conduit à l’envolée que l’on connait pour nos grands patrons.
Pour lui la réduction des inégalités est à la fois un leurre, car elle est inatteignable, et une erreur, car elle décourage les plus entreprenants et donc freine la croissance. Il considère donc que la politique économique et sociale doit tendre à ce que les mécanismes du marché (donc libre concurrence) fonctionnent le mieux possible afin de générer le plus de croissance possible. Même inégalitaire, la répartition des fruits de la croissance profitera à tous. (Faux les surproductions alimentaires n’ont pas profité aux pauvres).
C’est donc ce schéma qui fut adopté à partir de 84 avec la reconnaissance par le PS de la loi du marché qui a débouché sur les accords de 1994 et l’OMC (organisation mondiale du commerce), et que les partisans de la théorie de Hayek voulaient constitutionnaliser.
C’est cette reconnaissance constitutionnelle que les français avec leur diverses raisons ont refusé lors du vote sur la constitution Européenne le 29 mais 2005, et que notre président a fait revenir par le traité de Lisbonne.
Ensuite le monétarisme dont s’inspire la pensée de Milton Friedman, considère que l’action de l’état en matière monétaire est inutile voire nuisible, réhabilitant la théorie quantitative de la monnaie contre la vision Keynésienne. Nous avons donc confié par les accords de Maastricht ce rôle de contrôle à la BCE en dépossédant les états, et laissé libre champ aux analystes des banques.
Ceci posé, quand l’on analyse les actes des acteurs économiques, l’entreprise, et celui de notre gouvernement, ils sont en parfaite harmonie, c’est celle de Hayek fondée sur l’axiome de Adam Smith et revisitée et réformée par les réalités des combats sociaux et des guerres.
Mais c’est toujours à ce principe qu’ils s’accrochent.
Or cette crise au delà du fait que la libre concurrence, est aussi inatteignable que l’égalitarisme, démontre que le « leurre du libre marché » ne débouche pas sur la croissance, car depuis 1994 ce n’est pas ce que l’on constate, l’excuse avancée à cela est que tous les services publics ne sont pas libéralisés, et c’est ce que soutient notre président pour justifier la continuité de son programme, comme si les pays qui l’oni fait avant lui s’en sortaient mieux, et n’envisageaient pas l’inverse pour certains secteurs.
Ainsi notre président est en retard d’une guerre, l’idéologie néo libérale a vécu et il s’y accroche.
Ceci précisé, qui peut dont bien conseiller notre président. Alors intéressons-nous, à ce qu’il se passe dans le patronat français.
Un Mr Jean Luc Gréau qui a été au service du patronat Français puis du MEDEF, donc son libéralisme inspiré par l’école de Schumpeter et de Keynes, est entré dans la contestation de ce qu’il appelle « le prêt à non penser économique », pour en savoir un peu plus il faut lire son livre « la trahisons des économiste ».
Or selon Schumpeter l’évolution ne peut pas venir d’une modification quantitative (hausse de la production ou du capital), mais de la transformation qualitative du système de production. Schumpeter montre que le facteur déterminant de cette évolution est l’innovation : celle-ci est au cœur non seulement du processus de croissance, mais aussi de transformations structurelles plus importantes, dont l’entrepreneur est l’acteur principal. Un aspect que nous retrouvons dans le discours présidentiel
Tandis que pour Keynes qui récuse la loi de Jean Batiste Say, « on ne dépense jamais que l’argent qu’on a gagné », la considérant comme irréaliste, il en découle que le marché laissé à lui-même a peu de chance d’atteindre un optimum économique, donc l’inverse de ce qu’affirme Hayek.
En substance ce Gréau reproche aux économiste actuels, ce n’est pas de manquer de talents, mais de rester collés à un modèle de prêt à non penser confectionné dans les milieux des marchés financiers, parmi les analystes et les économistes des banques.
C’est à dire en dehors d’eux, il considère qu’ils n’utilisent pas leur intelligence et leur capacité à réfléchir, mais à servir les fins pour lesquelles ils ont été embauchés, il leur reproche le suivisme. Ainsi ces analystes et économistes imposent l’ensemble de leurs théories, comme modèle incontournable que suivent les autres, sans s’interroger s’il peut en être fait autrement, puisqu’elles rentrent dans le moule de ceux qui les rémunèrent ou les forment.
Ils ne pensent pas et suivent le modèle, même s’il doit conduire au crack, ce qu’ils sont assez intelligents pour voir venir pour savoir qu’une bulle spéculative explosera, sauf qu’à leur niveau l’on ne fait pas entrer de la raison, l’on attend que ça pète en se disant que ça tiendra encore demain.
Donc comme notre président n’est ni un analyste ni un économiste, il suit celle que ceux-ci lui proposent, et cette tendance est celle que j’ai exposé très partiellement au début, il ne veut donc pas faire entrer une once de Keynésianisme dans l’analyse de la crise par l’état, c’est pour cela que les mesures qu’il prend sont différentes dans la forme de celles de l’Angleterre, de l’Allemagne, des US et d’autres.
Certains de ces états pour compenser la contrainte imposée par Maastricht ont nationalisé des banques où pris des participations redonnant ainsi un poids de contrôle financiers à leur état. Le nôtre fidèle au principe de Milton Friedman (décrit plus haut) que pratiquent les analystes financiers et économiques, aide les banques, mais ne prend aucun contrôle autre que son cinéma de bonne conduite qui fait rigoler tous les gens un peu sérieux, et contrairement à certains commentateurs du dimanche, ne constitue aucunement une démarche Keynésienne.
Ce modèle de prêt à porter (néo libéral) est celui qui guida son discourt au lendemain de la grève du 29 et de la rencontre du 18 février.
Il fut une époque où il fallait toujours relancer par la demande pour soutenir la reconstruction, et l’investissement suivait, ce fut les trente glorieuses, où le keynésianisme était en vigueur, (car le libre commerce durant la guerre n’a donné que le marché noir). Ensuite, nous sommes passés à une autre époque où c’est par l’investissement à la production que se relance la demande grâce à l’initiative entrepreneuriale encouragée par l’état (M Raymond Barre premier ministre où du président si vous le voulez), on oublie trop souvent dans la désinformation actuelle que ce ne fut pas de la seule initiative des entrepreneurs, malgré la théorie de Schumpeter.
Ainsi les deux théories ont été expérimentées
La régulation par l’état n’a pas disparu, mais elle intervient plus pour maintenir une concurrence loyale sur le territoire et comme faire se peut en Europe, tout en déréglementant le marché du travail pour le rendre concurrentiel face au marché mondial, ce qui entraîne délocalisation et répartition de la pauvreté, face à laquelle elle a des « actions charitables ».
La question est, puisque ni l’une ni l’autre n’ont apporté de solutions finies, est-il donc abscons de se demander s’il ne faudrait pas faire un peu des deux ?
C’est ce manque de capacité d’innovation intellectuelle que reproche Gréau aux analystes et économistes, alors qu’eux, c’est leur métier de trouver des systèmes de modélisations pour faire fonctionner les circuits économiques au bénéfice de la société, sauf qu’ils n’ont ni été formés ni embauchés pour cela mais seulement pour développer un intérêt seulement individualiste que dicte le modèle.
Nous les envoyons dans de grandes écoles pour cela, et au lieu de leur faire exploser le cerveau de connaissances, on leur colle un modèle dans la tête pour servir des intérêts spécifiques dont les théories économiques contre toutes évidences, comme j’ai essayé de le faire ressortir avec l’inatteignable égalitarisme et libre marché, relèvent du dogme.
C’est ainsi que devant cette crise les allemands ont fait des deux, et pour cause, quand l’on sait qu’en restant collé aux modèles de pensée unique qui sévit à Bruxelles (celui que j’ai exposé succinctement), personne ne s’aventure à réaliser une modélisation autre.
Ainsi dans le patronat il y a une division idéologique, et il semblerait que ce soit le conformisme désuet « néo libéral », dont nous mesurons ses lacunes aujourd’hui, qui soit la préférence soumise à notre président et accepté par lui, comme solution à la crise.
La confusion qu’il ne faut pas faire est de croire que parce qu’il intervient pour sauver les banques il est Keynésien, son intervention se veut néo libérale, c’est ce qui le distingue de nos principales références européenne que sont l’Angleterre et l’Allemagne sur le sujet.
Notre président en maintenant son cap se montre un jusqu’au-boutisme », même devant l’échec patent de ce « néo libéralisme » sur son déclin, dont l’école de la critique de Milton Friedman et celles conjuguées des analystes et économistes des banques ont conduit à cette crise. Lui se le donne comme feuille de route pour nous sortir de la crise par les moyen où nous y sommes rentrés, il y a quelque chose de fou en cela.
J’en conviens que face aux français qui sont peu formés en la matière, son discours fait, sur l’expression d’une bonne détermination, peut convaincre.
Une modélisation économique doit redistribuer suffisamment la richesse produite pour que les citoyens d’un pays y trouvent leur autonomie économique, sans recourir à la mendicité des riches, c’est le principe de base affiché. Or il n’y a jamais eu autant de richesse produite, alors comment soutenir que ce système, qui fait croître la pauvreté que l’on mesure, ne doit pas être réformé, et que c’est de lui qu’il faut attendre des solutions dont il n’a pas su faire la preuve dans les meilleures conditions qui n’aient jamais existé pour lui de 74 à aujourd’hui.
L’action sociale n’est pas un moyen de se sortir de la crise, mais la conséquence, la vitrine, que le système économique ne fonctionne pas bien. Plus l’aide sociale est importante plus elle signe la déficience du système, soit en qualité qu’en quantité.
J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire que son souci est de permettre aux entreprises d’entrer en compétition avec les entreprises internationales ou européennes qui réalisent leurs bénéfices à partir d’un rapport de main d’œuvre bon marché avec une couverture sociale inférieure à la nôtre., C’est-à-dire une redistribution des richesses insuffisantes. C’est ainsi, pour ceux qui savent lire entre les mots, qu’il a dit que le différent sur un salaire français était de 1000 euros supérieur par salarié, et que réduire ce différent est une condition essentielle pour que ces entreprisses retournent s’installer chez nous. Si son objectif inavoué est d’y parvenir, il vaudrait mieux que les salariés se mobilisent pour le 19 mars
Pour ce faire il envisage donc de supprimer la taxe professionnelle, (dont je ne vais pas discuter son fondement) pour alléger les charges sur salaire. L’idée paraît merveilleuse, sauf que les masses financières de cette taxe alimentent les budgets des départements, qui n’auront que le choix de réduire leurs dépenses engagées et à venir ou augmenter l’imposition locale, ce ne sera que vase communicant.
Ainsi pour privilégier un hypothétique retour d’entreprises qui mettront en difficultés les pays qu’elles quitteront, comme elles y ont mis ceux d’où elles sont parties, se détériorera notre existence dans les départements, s’ils ne répercutent pas la perte financière, ou, en feront payer aux seuls citoyens la compensation financière.
Nous pouvons même envisager que ceux-ci mécontents, en tant que salariés, réclament à leurs entreprises une augmentation de salaire pour compenser ce relèvement d’impôts si on le leur impose dans les départements, ou accepter une dégradation d’autant de leur pouvoir d’achat qui réduira à néant son fumeux projet d’adoucir la crise pour les citoyens, et accentuera la pression de la charge sur la classe moyenne. De tout cela il va en résulter certainement une petite crise intérieure, car il ne fait peser l’effort collectif sur aucun système de répartition de richesse, puisqu’il diminue un peu plus celle revenant du capital vers le travail.
C’est une manière comme une autre d’importer un peu plus de pauvreté tout en expliquant que l’on apporte une solution aux problèmes.
il faut tout de même retenir d’évidence que de ces vingt dernières année, la répartition de la richesse au bénéfice des entreprises nous a apporté l’endettement colossal qui a conduit aux subprimes, par une modélisation pensée par ces analystes et économistes bancaires attachés à une vision désuète du néo libéralisme qui ne peut plus répondre aux difficultés, puisqu’il les crée.
Le processus est simple, moins l’on a de ressource plus l’on a recours à l’endettement, moins la ressource est stable (chômage précarité) plus l’on devient un endettement à risque, donc moins il y a de répartition de la richesse produite plus l’on augmente ce risque, plus ce risque augmente plus il est d’un rapport de profit important pour les spéculateurs, sauf quand il y a le crack que l’on a connu et l’infection des titrisations qu’il en a suivi.
Ce n’est pas un problème de tricheries, de malveillances, d’erreurs, d’opacités, c’est le système qui n’est plus adapté à la mondialisation ni par voie de conséquence à l’Europe. Je ne fais pas en l’espèce une critique politicienne d’un parti ou d’un président, mais d’une théorisation économique qui a vécu, comme l’a été le keynésianisme de la sortie de la guerre, basé sur la seule relance, d’une France en reconstruction par la demande, et dont le début des années 70 y a mis fin, parce qu’il n’avait pas su s’adapter à l’ouverture offerte par le développement technologique, alors que celui présent crève par sa capacité de surproduction qui développe la demande sans lui en donner des moyens autres que part l’endettement, source de richesse pour les préteurs.
Nous ne sommes donc pas dans un seul problème de moralité qui ne vient que la renforcer, mais bien, comme je l’ai déjà écrit, vers la fin du « néolibéralisme », même s’il ne faut pas qu’il tombe brutalement, car il n’y a rien pour s’y substituer pour l’instant, car ses partisans ont verrouillé la création de monnaie à leur avantage, ce qui rend tout autre modèle illégal. Alors, comme cela ne viendra pas de la pensée gelée des économistes et analystes patentés, cela viendra de la demande de la rue, sinon nous nous enliserons un peu plus.
Et si nous faisons entrer de la morale dans nos comportement sociaux, pourquoi nous l’interdirions nous dans les relations économiques par une perverse définition de l’offre et de la demande qui permet de dénier la partie la plus importante du libéralisme Lockéen.
« Les droits naturels sont ceux qui appartiennent à l’homme en raison de son existence : de cette nature sont tous les droits intellectuels ou droit de l’esprit, comme aussi tous les droits d’agir comme individu, pour sa propre satisfaction et pour son bonheur, en tant qu’il ne blesse pas les droits naturels d’autrui », et ceci appelle une gouvernance régulatrice et non dirigiste.
Alors si cela nous grés, nous en retrouvons le paradigme dans tous ceux qui ont pris conscience de devoir lutter contre l’exploitation de l’homme par l’homme, qui me semble particulièrement remise en question par ce système « néo libéral » qui meurt, pour ne s’être reposé que sur l’égoïsme individuel (Adam Smith) dont chacun est porteur, et non solidaire (Locke), en nous faisant croire que cela est la réussite de notre bonheur, alors qu’ils ne poursuivaient que le leur et dont notre aveuglement les a rendu maître du monde.
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