Emploi : passage par la case chômage, conditions de travail dégradées... quelles perspectives ?
Où l’on se rend compte qu’il vaut mieux être un homme, d’un niveau de formation relativement élevé, trentenaire, de profil cadre ou profession intermédiaire, autonome, géographiquement mobile, si l’on espère rebondir facilement et rapidement d’une période de chômage !...
Où l’on se rend compte qu’il existe certes des solutions pour sortir rapidement d’un épisode de chômage, mais que ce n’est pas à la portée de la majorité des chômeurs, selon le portrait sociologique du chômage en France...
Car elles existent... en cherchant bien... mais le problème est qu’elles ne sont pas forcément « politiquement correctes » tout au moins pour la majorité actuelle !
... Et se contenter de prétendre que Jospin et son équipe se plantaient dans leur analyse et dans leur méthode, pour ensuite tout casser et se réfugier dans un libéralisme sauvage prônant la loi du plus fort, « la concurrence libre et non faussée », ne constituent pas une solution efficace, loin s’en faut,... parce que ce sont encore les couches populaires et moyennes qui en paieront le prix ! Que veut-on ? Importer chez nous la Wal-Mart économie, avec son cortège de casse sociale et de précarité ? Ne doit-on pas plutôt favoriser un re-développement de l’emploi « durable », plus respectueux de l’homme et de son environnement, tenant compte des pays du Sud, dont le développement concomitant est le plus sûr rempart contre l’immigration clandestine ?
Quand nos politiques envisageront enfin l’avenir de la France, et surtout le nôtre, sur du long terme et non plus à l’aune des prochaines échéances électorales... Nous aurons fait un pas important !
Car que l’on ne se trompe pas : les victimes du stress au travail, des conditions de transport dégradées, des salaires qui ne permettent plus de s’en sortir, du déclassement, et pour finir du chômage, ce ne sont pas eux ! Notre classe politique provient encore essentiellement des classes favorisées, de l’Education nationale ou du haut fonctionnariat. Autant dire que le chômage et les fins de mois difficiles, s’ils savent en parler abondamment, ils ne les ont jamais expérimentés personnellement ! À quand une classe politique plus jeune, plus représentative de la France de la rue, intégrant plus de mixité : mixité sociale, mixité en termes d’origine, féminisation massive ?
Quelques notions ou rappels techniques pour commencer...
Petit rappel sur la croissance.
Définition : « la croissance économique est l’accroissement sur une longue période des quantités de biens et de services produits dans un pays ». L’indicateur le plus utilisé pour mesurer la croissance est le PIB (mesure de la valeur ajoutée créée ; c’est un indicateur uniquement quantitatif de niveau de vie).
Or ce n’est pas la croissance en elle-même qui crée de l’emploi : pour qu’il y ait création d’emploi, il faut que la production augmente, et qu’elle augmente plus vite que la productivité, à durée de travail identique. Si la productivité n’augmente pas, il est donc nécessaire de diminuer la durée du travail pour créer de l’emploi...
Approche de la décroissance et prise en considération de la question environnementale.
Dans un monde fini, continuer à invoquer une croissance infinie, alors que nos ressources au niveau mondial sont limitées, voire pour la plupart en cours d’épuisement ou gravement surexploitées (ressources halieutiques notamment), n’a plus grande signification.
Nous fonctionnons toujours selon le dogme économique instauré à la fin de la Seconde Guerre mondiale, selon lequel la croissance peut tout, la croissance est la clé de la réussite de nos sociétés modernes. Si cela a permis une reconstruction rapide de l’Europe, un développement économique et un progrès social important jusque dans les années 1970, on constate désormais que ce système a atteint ses limites et qu’il devient nécessaire de revoir rapidement nos modes de pensée et d’action. Car ils ont abouti à une ruine environnementale (pollution des eaux, des sols et de l’air, épuisement de certaines ressources, perte de biodiversité...), à un immense gâchis encouragé par une société consumériste qui ne connaît aucune limite, à la casse de notre modèle social se traduisant par une insécurité accrue, une injustice accrue, une stratification figée de la société sans possibilité d’évolution, bref la perte de l’espoir en un avenir meilleur, qui bien plus que la croissance constitue un moteur pour la société.
En l’absence de croissance, ou bien en situation de décroissance maîtrisée et raisonnée, l’emploi peut redémarrer (et donc le chômage disparaître) si la durée du travail diminue, si les richesses sont mieux réparties, et surtout si la production est axée sur les biens et services nécessaires (au détriment du « superflu »), en limitant au maximum le gaspillage et en développant les filières de recyclage.
Car produire et consommer moins, mieux, autrement, ne signifie pas utiliser moins d’acteurs pour y parvenir, retourner au Moyen Âge ! Il n’est qu’à penser au développement des énergies alternatives, du bâtiment HQE (haute qualité environnementale), à l’agriculture biologique, aux filières de traitement des déchets et de recyclage, qui nécessiteront plus de main-d’œuvre formée à de nouvelles méthodes de travail. Tout ceci est à mettre en place et développer, ce qui signifie l’émergence de nouvelles technologies, de nouveaux métiers et donc de personnes chargées de réfléchir à ces nouvelles solutions, de les mettre en place puis de les exploiter.
Cette proposition ne constitue pas une réponse à court terme au chômage qui sévit actuellement, mais c’est une piste transversale à ne pas négliger dans le sens où elle interagit aux niveaux de la recherche, de l’éducation et de la formation initiale comme continue, de la production de biens et services (conseil et audit notamment) tertiaires, industriels, agricoles et commerciaux, et intègre la valeur « qualité de vie » que le calcul de PIB ignore superbement.
Évolution de la population active en France.
Selon les toutes dernières projections de l’INSEE, la population active (27,6 millions d’actifs au sens du BIT en 2005) devrait atteindre son maximum vers 2015 (28,3 millions), mais à partir de 2007, le taux de croissance annuelle ralentit. Entre 2015-2050, le nombre des actifs resterait stationnaire, et devrait commencer à décroître seulement ensuite, mais lentement.
Cependant, du fait du vieillissement de la population totale, de l’arrivée plus tardive dans le monde du travail provoquée par l’allongement de la durée des études, et des réformes des retraites en cours et à venir (allongement des durées de cotisation, modification des modes de calcul des annuités, fin des régimes spéciaux de retraites), la moyenne d’âge de la population active augmente ; ainsi le taux d’activité des 60-64 ans devrait remonter.
La plus grande source d’incertitude quant à ces projections concerne les comportements de départ en retraite et leur impact sur l’évolution de la population active : si les seniors acceptent de partir plus tôt à la retraite, même au prix d’un niveau de pension plus bas, on estime que la courbe des actifs cesserait d’augmenter dès 2007.
On ne peut donc raisonnablement pas compter sur une baisse du nombre des actifs pour résoudre rapidement le problème du chômage ; des politiques volontaristes restent nécessaires.
De même il faut rappeler que la France est le pays d’Europe connaissant le plus fort taux de chômage des jeunes entrant sur le marché du travail (classe des 20-24 ans) et des séniors (plus de 50 ans). Il est donc prioritaire de solutionner cet état de fait, car on ne peut décemment allonger la durée du travail et fermer les yeux sur la situation dramatique que vivent les plus de 50 ans qui perdent leur emploi.
Le sujet qui fâche... même à gauche : les 35 heures !
Pour faire court, cette mesure mise en place par Martine Aubry en 1998 (et appliquée à partir de 2000), sous le gouvernement Jospin, réduit la durée hebdomadaire du travail à plein temps à 35 heures en moyenne annuelle. Il est possible de travailler plus, en réalisant des heures supplémentaires (plafonnées) payées à un taux majoré.
Le but des 35 heures était de lutter contre le chômage en partageant mieux le travail, de relancer l’économie et la création d’emplois.
Les accords de branche devaient organiser les modalités d’application sectorielles, mais changements de majorité oblige, ces travaux n’ont jamais été totalement achevés, ce qui permet aujourd’hui à la droite de montrer du doigt (accusateur !) les secteurs professionnels pour lesquels ça se passe mal (restauration-hôtellerie et milieu hospitalier par exemple) et de présenter les 35 heures comme une véritable calamité pour la France.
Pour être objectif, on peut dire aujourd’hui que le bilan des 35 heures est mitigé ; cette mesure a certes créé des emplois, mais moins que prévu. Elle a surtout bénéficié aux grandes entreprises et à leurs salariés ; dans nombre de PME/PMI, cela a généré peu d’embauches à cause notamment du poids des charges patronales, et cela a contribué à augmenter le stress des salariés auxquels on demande de réaliser en 35 heures le travail ce qu’ils faisaient en 39 heures auparavant, ou bien de renoncer à leurs réductions de temps de travail (RTT). L’application des 35 heures a également provoqué des baisses ou gels de salaires (surtout en ce qui concerne les bas salaires) dans les années qui ont suivi leur mise en place, et qui sont encore ressentis.
Mais il reste incontestable que pour la majorité des salariés l’application des 35 heures constitue un réel progrès social, notamment pour les femmes, en ce qu’elle confère plus de flexibilité et de temps libre pour s’occuper des enfants notamment.
Enfin, le temps de travail réel moyen effectif s’élève à environ 38 heures en France... et non 35, et notre productivité est une des meilleures en Europe... et il semble difficile d’améliorer significativement ce paramètre dans un avenir proche.
Si on a entendu, à droite, pendant la campagne, qu’il fallait abroger les 35 heures... personne ne s’avise de s’y frotter !... D’autres pistes sont évoquées pour les affaiblir peu à peu et les rendre difficilement applicables, mais il est évident que leur abrogation pure et simple serait le meilleur moyen de faire descendre les citoyens dans la rue !
Je ne suis pas Ségoléniste dans l’âme, mais je pense que l’idée du Pacte présidentiel de S. Royal, qui consistait à proposer de "développer la négociation collective" en convoquant à la table des négociations tous les acteurs professionnels pour rediscuter les accords de branche un à un et l’application des 35 h, était plutôt une bonne idée... Puisqu’on ne peut ni ne veut revenir sur cet acquis, autant le rendre le plus équitable et profitable que possible, le doter des moyens de créer massivement de l’emploi.
Concept de flexi-sécurité
Ce concept a pour objectif de concilier les besoins des entreprises (flexibilité, mobilité, adaptabilité) et des salariés (sécurité des parcours professionnels).
Il s’agit en quelque sorte de gommer la notion de risques et d’aléas dans l’emploi et le travail... Mais le risque est inhérent à la dynamique économique : pour les entrepreneurs : risques de faillite, de mévente, d’erreurs de production... qui vont se reporter sur les salariés : risques de chômage, de flexibilité subie du temps de travail, risques sociaux sur les droits acquis...
On peut aussi envisager la prise de risques sous l’angle de l’innovation, ou d’opportunités nouvelles. Elle est alors acceptée et acceptable, mais il faut pour cela mettre en place des instruments pour la réguler ou se prémunir contre elle, ce qui constitue la sécurisation.
La sécurisation obéit à deux logiques :
- la prévention, à travers la politique de l’emploi (qui encadre, encourage, limite...) ;
- la réparation, qui fait appel à la notion d’État providence, comme par exemple l’indemnisation du chômage, qui intervient quand le risque s’est réalisé.
La mise en place de parcours sécurisés pour les salariés et suffisamment flexibles pour les entrepreneurs ne peut se faire que si des négociations sont ouvertes entre tous les acteurs professionnels ; le contre-exemple type étant le modèle économique Wal-Mart, du nom de la chaîne d’hypermarchés américaine, qui pratique sauvagement dumping économique et dumping social au nom de la seule rentabilité. À mes yeux, Wal-Mart représente jusqu’à la limite de la caricature, le libéralisme, la globalisation et la financiarisation poussés à l’extrême.
Même si on souhaite réduire l’action interventionniste de l’État, il reste que son rôle d’arbitrage demeure indispensable dans un pays où il n’existe pas de syndicalisme de masse, puissant, comme dans les pays d’Europe du Nord. Sinon, la flexibilité risque de ne servir que les intérêts financiers de firmes internationales et de leurs sous-traitants...
Nouvelles formes de salariat, sortie du salariat, évolutions en cours ou à venir...
Développement de l’emploi précaire dans l’entreprise.
Ce sont des contrats de moins d’un an, essentiellement CDD et intérim. Ils sont apparus dans le courant des années 1980 et se sont développés depuis 2000.
En 2000, 19 % des heures travaillées dans le privé marchand correspondent à ces emplois instables.
Sont essentiellement concernés par ces contrats les travailleurs les plus fragiles : les plus jeunes (moins de 25 ans), les moins qualifiés, les salariés à temps partiel.
Entre 1994 et 2000, l’emploi instable en intérim passe de 68 % à 80 % ; l’intérim est la forme d’emploi instable qui a connu une des croissances les plus fortes sur la période.
Or, le passage par l’intérim pour sortir du chômage semble être la solution la moins à même de garantir un retour vers une sécurité de la relation au travail ; c’est un choix essentiellement contraint, sans perspective d’avenir, la course perpétuelle à la mission suivante quand la précédente se termine, avec des taux de salaire fluctuant, aucune possibilité d’évolution...
La France est un des pays qui a le plus recours à l’intérim, qui constitue pour les entreprises un outil de gestion flexible du personnel ; l’intérim concerne environ deux millions de salariés.
Accès à l’indépendance des travailleurs : création d’entreprise, portage salarial.
Dans le contexte actuel où les trajectoires professionnelles sont devenues discontinues, instables, précaires, un certain nombre de travailleurs sont tentés par l’accès à l’indépendance. Cette solution apparaît soit comme une alternative à la précarisation, soit comme un accès à la mobilisation sociale devenue difficile ou impossible à l’intérieur du salariat.
Deux options principales se dégagent : le portage salarial, qui constitue en fait une solution intermédiaire entre salariat et statut d’indépendant, et l’entreprenariat (reprise ou création d’entreprise).
À noter que la création d’entreprise n’est jamais envisagée comme une solution de survie ; elle s’accompagne toujours d’un désir de réussite ou de mobilité sociale, ou au moins du maintien de son statut social. Ce choix constitue l’acceptation de la notion de risques, en opposition à la précarité qui est subie lorsqu’on est salarié.
1- Portage salarial.
Principe :
le salarié porté est autonome, sans structure juridique propre, mais il
n’est pas immatriculé en tant que travailleur indépendant ou constitué
en société ; il effectue lui-même sa
prospection, trouve une mission à accomplir, dont il va négocier le
prix avec la société cliente. La société de portage va jouer le rôle
d’intermédiaire entre les parties : elle signe le contrat commercial
avec la société cliente, qu’elle va également facturer, puis elle
établit un contrat de portage avec le salarié porté, auquel elle
versera un salaire.
La société cliente paie des honoraires à la société de portage.
La
société de portage établit des fiches de paie pour le salarié porté,
paie les différentes cotisations patronales (retraite, chômage...) ;
elle devient donc son employeur pour la durée de la mission, et se
rémunère en prélevant sa marge sur les honoraires perçus.
Le
portage salarial constitue souvent pour le porté une transition entre
le salariat et l’entreprenariat ; c’est une solution moins coûteuse et
moins risquée que la création d’entreprise, qui peut permettre de
tester la viabilité d’un projet.
Sont concernées essentiellement des
populations d’encadrement évoluant dans des fonctions d’experts,
consultants, formateurs, prestataires de services ; ils sont
entièrement autonomes dans leur prospection et leurs relations avec
l’entreprise cliente ; ils n’ont aucun lien de subordination avec la
société de portage qui les rémunère (ce dernier point crée d’ailleurs
un vide juridique dans le statut du porté dans son rapport à la société
de portage ; en effet, la définition d’un salarié d’une entreprise est
qu’il effectue un travail pour celle-ci, qui le rémunère, et qu’il doit
exister entre les deux un lien de subordination).
Le portage salarial date des années 1980 et est en progression constante depuis.
Ses
domaines de compétence sont la stratégie/l’organisation, les
ressources humaines/la formation, la finance, le marketing-vente, la
communication, l’informatique/télécoms, multimédia, la logistique.
Statistiques
2001 : il y aurait environ 18 000 portés, environ 10 000 sociétés ayant
recours au portage ; CA généré par le portage : entre 700 et 800
millions de francs.
La limite du portage en tant que solution au chômage est qu’il concerne un type de population très ciblé : profils de cadres, autonomes, disposant d’un niveau de formation et d’un niveau de compétence souvent élevés ; bref, cela ne correspond pas au profil type de la population constituant l’essentiel des chômeurs de longue durée.
2- Création ou reprise d’entreprise.
En
2005, deux créateurs sur trois sont toujours à la tête de l’entreprise
qu’ils ont créée en 2002, ce qui constitue un taux de survie
raisonnable, à l’issue des trois premières années d’exercice, jugées les
plus critiques. Ces 138 000 entreprises correspondent à 361 000 personnes
employées.
70 % des entreprises se créent sans salarié au démarrage,
et 27 % des entreprises pérennes sont créatrices d’emploi (en majorité,
un à deux salariés). 50 % de ces entreprises restent des TPE (moins de dix
salariés).
Les secteurs d’activités les plus dynamiques sont les
transports, l’industrie hors agro-alimentaire, les services aux
entreprises. La moitié des entreprises créatrices d’emploi entre 2002
et 2005 ont eu recours à des emplois occasionnels (intérim, CDD...).
Un
créateur sur trois était au chômage quand il a créé son entreprise et un
sur deux a bénéficié d’aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs
d’entreprise (ACCRE) ; ce qui explique sans doute pourquoi les moyens
financiers pour commencer sont en général très faibles.
À noter que
le taux de survie d’une entreprise progresse avec le montant des moyens
investis au démarrage et que les projets conduits par des chômeurs
perdurent moins que ceux conduits par des personnes précédemment en
activité ; ces dernières étant motivées par une opportunité plus viable
et non au moins en partie par la nécessité de créer son propre emploi
pour sortir du chômage.
L’âge moyen des créateurs d’entreprise est de 39 ans, et les femmes n’en représentent que 29 % ; plus de 30 % ont un niveau supérieur au bac.
En conclusion de tout cela, on se rend compte qu’il vaut mieux être un homme, d’un niveau de formation relativement élevé, trentenaire, de profil cadre ou profession intermédiaire, autonome, géographiquement mobile, si l’on espère rebondir facilement et rapidement d’une période de chômage !
... Et là, je ne retrouve pas du tout, mais alors pas du tout le profil socioculturel des chômeurs de longue durée, puisque plus des 4/5e des chômeurs appartiennent aux classes populaires, employés et ouvriers à parts à peu près égales !
... Je laisse la parole à Jacques Rigaudiat, qui dans « le nouvel ordre prolétaire » analyse parfaitement la situation :
« Avec le ralentissement de la croissance, la création d’emploi s’est enrayée ; avec la poursuite de l’augmentation de la population active, un chômage de masse s’est développé ; avec la déstabilisation sociale qui s’en est ensuivie, la condition précaire s’est installée, devenant le principe de vie de couches populaires surplombées par l’horizon de la pauvreté. »
Enfin, la description du marasme social français actuel ne serait pas complète si je ne vous communiquais pas cette information :
En septembre 2006, seuls 46 % des chômeurs sont indemnisés par l’UNEDIC (contre 51,8 % en 2004).
Clairement,
à l’heure où le chômage de longue durée et non indemnisé (donc sortant
du calcul de certaines statistiques...), et son corollaire, la
précarité, tendent à se développer, seul l’État dispose des moyens et
du pouvoir pour inverser la tendance...
Mais, en dehors du
problème lié à un manque de volonté politique, force est de constater
que les modes de financement et de fonctionnement des organismes de
solidarité et d’assurance chômage sont défaillants ; le régime
d’allocation est devenu
de plus en plus restrictif en termes de durée
d’indemnisation, de montant d’indemnisation, et de conditions à remplir
pour être admissible à ces aides.
Dans ces conditions, il devient indécent de parler d’ « assistanat », de stigmatiser des « profiteurs du système », car en considérant que des personnes puissent encore profiter du système d’assurance chômage français, il ne peut s’agir que d’une infime minorité, marginale à côté de l’immense majorité silencieuse qui désespère de s’en sortir dans une société égoïste et individualiste qui tend à leur reprocher de s’être mis eux-mêmes en situation d’échec.
Dans une troisième et dernière partie, nous visiterons brièvement les modèles nordiques et français, et développerons un peu plus le rôle que pourraient tenir l’Etat et d’autres organisations dans la résolution de cette crise de l’emploi.
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