Fiscalité, pour quoi faire, et comment y voir clair ?
Taxe Tobin, TVA, éco-fiscalité, prélèvement à la source, impôt sur les personnes physiques, impôt sur les sociétés, impôt sur les grandes fortunes, impôt sur les successions, CSG... Comment débrouiller tout cela, et essayer d’y voir clair ? Bien sûr, on pourrait, d’une phrase, répondre à cette question et clore ainsi le débat. C’est ce qu’a fait Jean-François Kahn, lançant en boutade, lors d’une émission politique : « Résoudre le problème de l’impôt, rien de plus facile, que l’on impose tous les revenus, quelles que soient leur nature et leur origine, de la même manière. Un taux unique. » Il est certain que cela pourrait paraître simpliste, et pourtant, cela ne manque pas de bon sens. Mais ce serait faire fi de l’élaboration du budget qui, dans tous les Etats, fixe et détermine la manière de percevoir cet impôt. Et cette élaboration budgétaire (lois de finance, budget des voies et moyens, etc.) est éminemment politique, c’est même l’acte législatif majeur de tous les gouvernements.
Si certains impôts et taxes sont inscrits depuis longtemps
dans l’inconscient collectif et relativement bien acceptés par beaucoup, il en
est d’autres, bien plus nombreux, qui alimentent les débats politiques, l’actualité
politique et les conversations. C’est que la matière est devenue de plus en
plus complexe depuis une vingtaine d’années. Le principal facteur en est la
mondialisation de l’économie et les nouvelles règles internationales de droit
qui en découlent. Le GATT (devenu l’OMC (Organisation mondiale du commerce, les
AMI (Accords multilatéraux sur les investissements), l’Union européenne, mais
aussi la virtualisation des capitaux et leur libre-circulation, rendent toute
volonté nationale de légiférer en la matière de plus en plus complexe. Tout
cela aboutit à une inflation législative en la matière, qui fait dire à beaucoup
de juristes spécialisés en droit fiscal qu’ils ne pourront eux-mêmes bientôt
plus s’y retrouver.
Tous les gouvernements nous parlent d’emplois et de créations
d’emplois. On sait que 2/3 des emplois du secteur privé sont situés dans les PME et
les TPE (Très petites entreprises). On sait aussi, ce sont les statistiques
officielles (http://www.pme.gouv.frwww.pme.gouv.fr), que c’est dans les PME et
les TPE que la quasi-totalité des nouveaux emplois sont créés. On sait aussi
que c’est là que l’on trouve la production à haute valeur ajoutée « travail ». On
peut aisément comprendre aussi que ce ne sont pas ces PME et TPE qui peuvent
facilement délocaliser, voire pas du tout (artisanat et commerces de proximité).
Qu’a fait le gouvernement ? Et qu’attend-il par exemple pour introduire un taux
de TVA à 5,5% dans le secteur de la restauration (HORECA) qui le demande depuis
si longtemps ? Un amendement de la directive 77/388/CEE demandé notamment par la
France est passé au JO de l’UE le 14 février dernier et l’autorise
explicitement. Le secteur attend toujours la baisse du taux de TVA en France.
Et ceci n’est pas à considérer uniquement parce que cela créerait
de l’emploi ! Les représentants du secteur ont fait la promesse de répercuter
cette baisse dans le prix, dans la formation du personnel et dans la création d’emplois. Point
besoin d’ailleurs de leur promesse en la matière, car c’est dans leur intérêt
bien compris, et on pourrait leur imposer de répercuter cette baisse de TVA dans
le prix et l’emploi. Allons plus loin encore, dans une vision politique
globale, cela signifierait aussi plus de lien social, et le maintien d’un
restaurant ou d’un bar-tabac rendu plus accessible financièrement aux
consommateurs modestes dans tel ou tel quartier. Ces établissements y jouent un
rôle capital, au même titre que la poste ou le légumier, ou encore la gare SNCF
pour les villages.
Voilà des exemples pour faire de la TVA un outil plus « social
». On pourrait trouver d’autres pistes que celles-là, et ailleurs que dans la
TVA qui restera de toutes manières, c’est clair, la plus injuste des
impositions. Cela nécessite avant tout une vision politique qui n’a rien à voir
avec une politique budgétaire, trop souvent électoraliste. Une politique qui
fait que, trop souvent, les gouvernements ont le nez dans le guidon, et nous
disent : « On ne peut rien faire, c’est Bruxelles... »
[NDLR : sur le même sujet un autre article du jour sur AgoraVox]
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