La retraite à 64 ans : la grande arnaque
Il n'y a plus d'argent dans les caisses.
Il faut agir.
D'urgence.
Il faut, pour continuer à verser des pensions à tous les retraités :
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augmenter les montant des cotisations de ceux qui travaillent,
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prolonger la durée des prélèvements, c'est à dire reculer le jour du départ en retraite,
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et diminuer le montant des pensions.
Ceux qui se prétendent journalistes, et qu'il ne faut pas confondre avec les vrais, s'en vont pérorer devant les micros des radios et les caméras des télévisions en répétant sans réfléchir ce qu'ils viennent d'entendre « cotisez plus tout de suite pour être pensionnés moins plus tard, si toutefois la retraite existe encore. ».
C'est simple comme 1 + 1 = 2. C'est de l'arithmétique. Nous sommes dans un régime de répartition. Ce sont les cotisations des uns prélevées cette année qui paient les pensions des autres versées cette même année.
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Donc les retraités d'aujourd'hui reçoivent plus que les cotisants actuels recevront, ... si ces derniers arrivent un jour à la retraite.
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Et ces retraités ont cotisé moins à leur époque que ceux qui travaillent maintenant.
Le rapport pension / cotisation décline à la vitesse grand V. C'est profondément injuste, d'autant plus que ce sont les retraités actuels qui ont établi cette situation via leur droit de vote et leurs élus au détriment des retraités futurs.
Pour enfoncer le clou, il faut rappeler que l'âge de la retraite n'est pas le seul critère pour obtenir une pension à taux plein. Il faut aussi avoir une durée de travail suffisante, dont l'unité est le trimestre. Ainsi, quelqu'un qui part à l'âge légal sans avoir tous ses trimestres validés subira une décote proportionnelle. Si vous êtes nés à partir de 1973, il vous faudra avoir 172 trimestres, soit 43 ans de cotisation.
Pour calculer une retraite, dans le régime général, on se base sur les 25 années les mieux payées, alors que, soit dit en passant, pour un fonctionnaire on se base sur ses 6 derniers mois, quand il est au faîte de sa carrière. Il est vrai qu'il ne reste plus que les fonctionnaires pour avoir les moyens de défendre leurs droits en faisant grêve. Outre l'injustice entre génération, il existe une inégalité selon le statut professionnel.
Voilà côté retraité.
Voici côté cotisant.
A partir de 2017, l'âge minimum pour partir à la retraite sera de 62 ans. http://www.la-retraite-en-clair.fr/cid3190611/a-quel-age-peut-partir-retraite.html
Mais dans un rapport publié cette semaine, la Cour des comptes préconise un départ à 64 ans. Elle ne fait que reprendre une idée de la droite parlementaire.
Pour son premier vote d'importance, le Sénat désormais à droite a frappé un grand coup. Les sénateurs ont adopté un amendement qui institue un relèvement progressif de l'âge légal de départ à la retraite, jusqu'à 64 ans pour les générations nées à partir de 1960. Le départ à taux plein, lui, passerait ainsi à 69 ans au lieu de 67.
Dans l'optique de la retraite à 64 ans, notons que pourront en bénéficier ceux qui ont commencé à travailler à 21 ans : 64 – 43 = 21.
Ceux qui ont commencé à trimer dès la sortie légale du circuit scolaire à 16 ans vont donc passer 5 ans supplémentaires au turbin, puisque le nombre de trimestres leur aurait permis de partir à 59 ans : 16 + 43 = 59 ans => 64 – 59 = 5 ans de rab.
En aparté, profitons en pour titiller les derniers partisans de François Hollande : est-ce que rappeler qu'il avait promis la retraite à 60 ans durant sa campagne électorale fait montre de Holland Bashing ? Qu'ils n'oublient pas de cliquer en haut à gauche, sur le bouton rouge, pour se compter.
Revenons à nos comptes d'apothicaire.
Sachant que les Français font de plus en plus d'études,
- soit parce que les diplômes indispensables à un métier correspondent à plus d'années d'études,
- soit parce qu'ils se réfugient à l'université pour s'abriter du chômage,
ils obtiennent au plus tôt un bac+5 à 23 ans, … s'ils n'ont pas eu d'accident scolaire en route.
Donc 18 + 5 + 43 = 66 ans : ils auront le taux plein à 66 ans, … s'ils arrivent à valider tous les trimestres avant leur 66ème anniversaire. Et tant pis, ce sera davantage s'ils ont suivi à l'AFPA ou ailleurs une formation qualifiante qui leur fait sauter des trimestres. Finalement, ce ne sera pas la peine de passer l'âge légal à 64 ans, puisque d'office ce sera 66 pour beaucoup.
Mais comment auront-ils 25 années bien rémunérées quand les entreprises trouvent que les quadragénaires sont vieux et obsolètes et que les jeunes diplômés rechignent à encadrer des personnes de l'âge de leurs parents ou de leurs grand-parents ?
La pyramide des âges est un facteur aggravant. Le nombre de retraités est appelé à s'accroître, ... si la canicule de 2003 ne se répète pas trop fréquemment ; et le nombre de cotisants diminuent du fait de leur arrivée de plus en plus tardive sur le marché du travail, du chômage et de la diminuation de la fécondité.
A propos du chômage, les effectifs ont fortement augmenté ces dernières décennies :
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la robotisation a vidé les ateliers, mais aussi d'autres recoins, même les plus inattendus, comme les cabines des conducteurs de métro
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l'informatisation a vidé les bureaux à coup de programmes, de tableurs, de traitements de textes, de transmissions par réseaux informatiques et de tous les dérivés d'internet,
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l'offshore a vidé les postes de travail en métropole au profit de l'étranger.
La mécanique est simple. Simpliste. Inéluctable. Plus d'années d'étude et plus de chômeurs, c'est moins de cotisants et moins de cotisations. Plus de retraités, c'est moins à se répartir.
Et comme la robotisation, l'informatisation et l'offshore vont continuer à croître, le mouvement va s'accélérer. Bientôt une vie de cotisation ne suffira pas à payer une journée de retraite.
Rappelons les vieux adages à la rescousse : quand un problème est insoluble, c'est qu'il est mal posé.
En fait la richesse du pays est créée de moins en moins par les salariés, mais de plus en plus par des entreprises qui se passent d'eux. La caricature se trouve chez les traders qui font gagner chacun des sommes astronomiques à leurs entreprises.
Il devient évident que le mode de calcul actuel est voué à l'échec et qu'il faut baser les pensions sur la richesse produite par l'entreprise, avec ou sans homme (1).
Combien la France a-t-elle produit de richesses cette année ? Et combien en a-t-elle produites les décennies passées ?
Pour le mesurer, prenons le PIB calculé par l'INSEE. Ce n'est pas un indicateur parfait, mais il a le mérite d'exister et l'institut est fiable.
- Evolution du PIB depuis les années 1950
- http://www.les-crises.fr/historique-pib-france/
Blog d’Olivier Berruyer à partir des données de l’INSEE
Depuis les années 1950 jusqu'au milieu des années 2000, la courbe est quasi linéaire et passe à vue d'oeil de plus de 200 milliards d'euros constants à plus de 2.000 vers 2005 : de 15,539 milliards d'euros courants en 1950 à 2.059,284 milliards en 2011.
Rapporté en PIB par habitant, la courbe est encore quasi linéaire et passe toujours à vue d'oeil de plus de 7.000 euros constants à plus de 30.000 vers 2005.
La richesse produite en France, donc par les Français, a considérablement augmenté au cours des décennies, et rapportée au nombre d'habitants, elle a crû, malgré l'augmentation de la démographie.
Ciel !
Le pays s'enrichit mais les habitants s'appauvrissent !
Cherchez l'erreur.
Mais qui a eu cette idée folle d'indexer les retraites sur les salaires et non pas sur la création de richesse ? Ceux qui vivaient à une époque où robotisation, informatisation et offshore était des mots absents des comptes-rendus économiques et qui vivaient encore à l'âge de la guerre des boutons quand les campagnes étaient peuplées et l'électricité encore rare.
Si nous étions en démocratie, ce pourrait être un sujet de discussion car c'est un choix de société.
En avons-nous encore les moyens ?
En France, nous avons des élections pièges à électrons libres, plus proches des plébicites de Napoléon 3 que des votations des Suisses.
A propos, en 2015, il y aura deux élections. Alors, discutez et
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votez
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votez.
PS : graphiques à voir sur http://www.les-crises.fr/historique-pib-france/
Lire aussi http://www.ifrap.org/COR-Cour-des-comptes-cacophonie-sur-les-retraites,14641.html
Note :
(1) : le mot "homme" est pris au sens générique, être humain. La langue française est ma langue maternelle, et à l'école on m'a enseigné que quand on salue les hommes, on embrasse les femmes.
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