L’objet de la guerre agricole : la viande
A l’heure où l’on peut se demander s’il n’est pas nuisible pour la planète de manger de la viande, sachant d’abord que les animaux d’élevages sont les premiers producteurs de gaz à effet de serre, que l’homme le plus fort du monde est végétarien, et surtout, que pour nourrir les vingt milliards d’animaux d’élevages, il faut rogner de plus en plus sur les espace vivriers destinés à l’origine aux humains. De toutes façons, notre décision ne pèsera que peu sur la balance à côté du chiffre exorbitant de l’augmentation des consommations de viande du peuple chinois qui représente rappelons le, un quart de l’humanité. Mais toute réflexion n’est pas pour autant interdite, et le moment est bien choisi.
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Il n’est donc pas inutile de se poser la question, en plein exercice du salon de l’agriculture, des enjeux en cours, et particulièrement de ce qui distingue exactement l’activité du cultivateur de celle de l’éleveur. Car, la concentration des surfaces occupées par ce dernier, réduites parce que soumis à l’intensif, profite allègrement à l’étalement du premier, qui lui, est sujet à une culture extensive. En effet, l’élevage tel qu’on l’a connu, dans les bocages traditionnels entourés de haies taillées en brosse, recule dangereusement et dans une voie des plus malsaines, mais uniquement bien sûr, dans la limite des zones où la géographie le permet. En cela, il est possible de dire que le cultivateur n’est pas innocent dans ce système navrant, qui voit se concentrer les élevages où les bêtes ne voient même plus les pâtures. L’éleveur traditionnel était enclin depuis toujours à protéger sa nature environnante, en préservant les haies participant à la diversité biologique, à préserver des arbres permettant à son troupeau de trouver de l’ombre aux heures les plus chaudes, et tout cet environnement favorable à la vie participait nettement à réduire le stress vécu par ses bêtes qui présentaient ce caractère apparent et vérifié, d’être parfaitement saines.
Au sein d’un élevage intensif, il en va tout autrement. Le troupeau vit toute la journée sous un hangar où il fait bien trop chaud les jours sans vent, patauge dans sa bouse, il est nourri avec toutes sortes de granulés dont il serait surprenant d’analyser la teneur, et les nombreuses maladies qui affectent ces bêtes en font des abonnées régulières aux vétérinaires. Dans le cas des vaches laitières, elles sont ensuite, à l’heure de la traite, dirigées par un claquesonne entre des barrières de sécurité vers un plateau rotatif qui les guide automatiquement vers un robot et se charge, dans un bruit de dizaine de moteurs électriques multi rotatifs, de faire mécaniquement son œuvre. Elles sont ensuite dirigées directement vers leur enfer de béton sale et puant. Évidemment, vous l’avez compris, là où il y avait besoin d’un hectare de bonne terre herbeuse par bête, l’on peut ainsi en élever une cinquantaine sur un hectare ce qui réjouit d’autant, l’heureux florissant cultivateur extensif.
Celui-ci, qui a fait moins parler de lui, puisque indirectement beaucoup moins concerné par les lourdes rumeurs qui ont plané au dessus du précédent, avec la grippe aviaire, la vache folle, et dernièrement la grippe porcine, est donc presque blanchi pour poursuivre sa campagne de destitution des terres libérées. Non content de pouvoir s’étaler sur les territoires conquis, il lui faut, pour atteindre les records de quintaux à l’hectare, avoir recours à tous les procédés mécaniques et chimiques. Ainsi, au contraire du premier, il s’applique assidument à tuer littéralement tout ce qu’il n’a pas planté lui-même, haies, arbustes, arbres, talus, accotements de routes, etc... La moindre petite parcelle de bocage ou petit bosquet deviennent ces derniers espaces où peuvent se cacher des familles d’animaux sauvages qui, en plus, piétinent ses champs fraichement ensemencés. C’est scandaleux, ces animaux nuisibles font baisser de un pour cent son rendement, et cela justifie qu’il soit en plus, chasseur.
Dernier point expliquant cette politique, l’éleveur préservant la nature à tout prix, n’a pratiquement pas besoin d’aucune chimie pour que ses bêtes s’épanouissent dans leur plénitude, alors que celui qui subit le régime intensif, est contraint à tous les dopages possible et plus ou moins légalisés pour atteindre un degré moindre de bonne santé. Quant au cultivateur, il est entièrement sujet à toutes les dérives en matière de dopage de sa terre saturée et pétrifiée par les lourds tassements de ses immenses roues de tracteurs de plus en plus puissants. Cette course au rendement est animée par de puissantes entreprises de semenciers qui lui vendent les poisons sélectifs, les semences toujours plus chères, et les engrais toujours plus obligatoires vu le grave appauvrissement que subit son sol lessivé et fatigué. Se réjouissent également les fournisseurs de matériels agricoles derniers cris sans compter le banquiers qui participent aux sur-crédits...
Je me souviens avoir visité, lors d’une journée porte ouverte, tous les producteurs de mon canton, et particulièrement de l’odeur pestilentielle qui régnait au sein d’un élevage laitier intensif, considéré par son propriétaire comme un élevage modèle. je m’étais posé la question de savoir comment pouvait-on vivre dans un environnement pareil et avait remarqué l’état souffreteux de notre hôte, pourtant fort comme un bon agriculteur. Je n’aurai même pas l’occasion de vous le présenter, car il est mort l’année suivante.
Alors, si vous avez l’occasion de rencontrer notre président aujourd’hui, à la fête de la viande, n’hésitez pas à lui faire part de nos inquiétudes quant à l’avenir de toutes ces pauvres bêtes qui n’auront pas fait le voyage jusqu’à lui, et également quant à la santé futures de ceux qui vont les manger...
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