La pompe à chaleur au cœur de la transition énergétique
La pompe à chaleur s’impose comme le moyen le plus écologique et le plus économique pour se chauffer en France. Si la politique actuelle veut les favoriser dans la construction et la rénovation, certaines incohérences pourraient bien finir par les pénaliser.
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En 2017, la pompe à chaleur (PAC) s’avère être, une nouvelle fois, le mode de chauffage préféré des Français (37% des ménages), devant le gaz naturel (18%) et le poêle à bois (16%) (Baromètre « Énergie » 2017). Une augmentation par rapport à l’année précédente, où plus de 2 millions de logements étaient déjà équipés de cette technologie pour des usages allant du chauffage à la climatisation en passant pour la production d’eau chaude.
On trouve en effet plusieurs types de pompes : tout d’abord, la PAC air/air, remplace le circuit de chauffage central, et peut également servir de système d’air conditionné. La PAC air/eau est principalement utilisée pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire. Elle peut être reliée à un système de chauffage central préexistant, mais nécessite parfois un support de chauffage électrique en cas de température très basse. On parle alors de système hybride.
Enfin la PAC géothermie est la plus prometteuse. Elle utilise l’énergie gratuite de la Terre pour assurer un chauffage et une production d’eau chaude. Il existe un système de captage horizontal (sur un espace extérieur 1,5 la taille de l’espace chauffé) et de captage vertical (qui fonctionne sur quelques m2 en surface et avec un forage de 100m). Concrètement, tous ces systèmes « pompent » l'énergie à l'extérieur de l'habitation pour l'injecter à l'intérieur du bâtiment (par le biais d'un radiateur, d'un plancher chauffant ou d'un ventilo-convecteur en fonction du type d'installation).
Les pompes à chaleur comme outil de réduction des émissions de gaz à effet de serre
Dans tous ces procédés, l’électricité consommée sert principalement à faire fonctionner le compresseur, et l’opération crée davantage d'énergie qu'elle n'en consomme. Cela permet des économies conséquentes. « C’est plus cher à l’achat, mais on s’y retrouve en consommation », explique Jean Grizel, le président de Domexpo. De fait, une PAC produit entre 2 et 4 fois plus de chaleur que l’énergie électrique absorbée.
Ce rapport est nommé le Coefficient de performance (COP). Pour une PAC, il est sensiblement meilleur qu’avec un système de chauffage électrique direct. Ainsi, un COP de 2 implique 50% d’économies d’énergie par rapport à une production normale. Cela se ressent aussi en matière de pollution : avec un COP de 3, on parvient à réduire par 5 fois les émissions de gaz à effet de serre par rapport à une chaudière de gaz naturel.
A titre comparatif, on estime qu’une chaudière à bois ou plaquettes émet 33 g CO2/kWh et un poêle à bûches 42 g CO2/kWh. De même les émissions moyennes du gaz naturel sont de 234 g CO2/kWh et le fioul produit 300 g CO2/kWh. Le chauffage électrique est lui aussi émetteur, avec, selon la saison (les températures hivernales un requièrent de 2 300 MW de puissance globale supplémentaire sur le réseau) une production de l’ordre de 200 à 600 g CO2/kWh.
Cependant, le bon coefficient de performance des pompes à chaleur contribuent à limiter la consommation en électricité, et donc de corriger les failles des systèmes électriques en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Les PAC permettent ainsi à l’électricité d’afficher un net avantage concurrentiel, tant pour les factures que pour l’environnement.
Vers une normalisation des pompes à chaleur
La PAC reste encore liée à un coût d’installation élevé. Aussi, l’Etat, soucieux de promouvoir les bonnes pratiques et la rénovation écologique, a mis en place des aides pour contrebalancer le prix des travaux d’amélioration de la performance énergétique d’un logement : le Crédit d’Impôt pour la Transition Energétique (CITE).
Il est accessible à tout locataire, propriétaire ou occupant à titre gratuit fiscalement domicilié en France sur une résidence principale achevée depuis plus de deux ans. Il permet de réduire de 30% son coût initial – avec un plafond à 8 000 € ou 16 000 € pour un couple soumis à imposition commune. Il est calculé sur cinq ans consécutifs.
Pour le neuf, l’Etat a aussi décidé de fixer un plafond, de sorte que tout le nouveau bâtiment sera écologiquement compétitif. Ainsi, la RT 2012 impose que la consommation d’un immeuble ne dépasse pas 50 kWh d'énergie finale par m² et par an, avec une modulation qui prend en compte les variations climatiques entre les régions du nord et du sud du pays.
Ce plafond vise à fortement inciter les entreprises de construction à recourir à des PAC afin de tomber dans les clous. Et ce d’autant que, depuis, la Loi sur la Transition énergétique, qui introduit la future RE2018, prévoit d'évaluer les émissions de gaz à effet de serre tout au long du « cycle de vie du bâtiment » (une durée fixée à 50 ans par le Parlement).
Une erreur de paramétrage risque de compromettre les efforts de la transition énergétique
Depuis la règlementation thermique de 2005, pour calculer la consommation d’un immeuble, il convient de distinguer les énergies primaires et secondaires. Ainsi, les premières sont celles que l’on trouve dans la nature avant toute transformation comme le fioul et le gaz naturel. Elles peuvent notamment être utilisées pour produire des énergies secondaires comme l’électricité. L’impact écologique de cette production est alors pris en compte lors du calcul de l’empreinte des énergies secondaires.
Ainsi, l’électricité, une énergie secondaire, est affectée d’un coefficient multiplicateur de 2,58 dans le calcul des consommations d’un bâtiment. Autrement dit, on estime qu’il faut 2.58 kWh d’énergie primaire pour récupérer 1 kWh d’électricité. Un calcul aujourd’hui dénoncé par nombre d’experts, qui le trouvent non seulement peu représentatif de la réalité, mais pénalisant pour l’électricité.
Cela a pour effet de pousser les constructeurs à se tourner vers les gaz à effet de serre pour chauffer les logements des Français – paradoxalement plus polluants. A terme, cette surestimation du coefficient électrique risque de ralentir le développement des PAC, et ce malgré leur COP très avantageux – généralement supérieur à 3 – comme ils dépendent de l’électricité.
Une erreur de paramétrage d’autant plus regrettable, que les autres mesures prises en France tendent à un renforcement de l’implantation des PAC – une implantation qui constituerait un bienfait pour l’environnement.
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