Le complot nucléaire
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Comploter, c’est d’abord mentir, et permettre le mensonge, c’est donner à une institution fatalement pro-nucléaire la réalisation d’une étude sur la transition énergétique.
C’est ce qui s’est passé lorsque le président de la république a donné à RTE (le réseau de transport électrique) la responsabilité de la rédaction d’un rapport portant sur les alternatives énergétiques, un peu comme si on mettait à la tête d’un tribunal un truand pour juger un chef maffieux.
Or la mission de RTE c’est en majorité de transporter l’électricité nucléaire...
En effet, on peut se poser la question : pourquoi ne pas avoir donné cette mission à un organisme scientifique indépendant ?
Au-delà de la réponse, voyons quelles sont les réelles alternatives possibles afin d’éviter le risque nucléaire avec son lot d’accidents majeurs (Tchernobyl, Fukushima...) et ses déchets mortifères indestructibles.
Selon l’INSEE, en 2018 la production d’énergie primaire dans notre pays est de 138 MTEP (Millions de Tonnes Equivalent Pétrole), partagés globalement entre 107,63 mtep (nucléaire) et 20,4 mtep (énergies propres), la consommation totale d’énergie primaire du pays s’établissant à 256 mtep
Rappelons que les 107,63 mtep produits par le nucléaire ne permettent pas une réelle indépendance, vu que nous importons l’uranium...notamment du Niger où la France défend ses intérêts...et au Mali. lien
Voyons comment inverser la tendance...
Comme chacun sait, la première énergie économisée est celle qui n’est pas consommée et une efficace isolation des bâtiments permet de réduire la consommation...mais aussi en utilisant des procédé moins énergivores, et surtout en évitant au maximum de transporter l’énergie produite.
Le calcul a été fait qu’une efficace et globale opération visant à isoler tous les bâtiments du pays permettrait d’économiser au moins 19 mtep, soit l’équivalent de 11 réacteurs nucléaires. (Il y reste 56 dans notre pays, (produisant chacun en moyenne 1,72 mtep) depuis la fermeture de Fessenheim). lien
Produire et consommer sur place permettrait de fermer 13 réacteurs nucléaires, soit 22,8 mtep...car en décentralisant l’énergie, on évite de la transporter toujours plus loin.
Il faut savoir qu’en 2012, les pertes totales générées par le transport de l’électricité se sont élevées à 10,5 milliards de kWh. lien
Ce gaspillage énergétique, suite à ce qui s’appelle « l’effet joule », est de 14%, lié à au passage du courant dans les postes de transformation, à l’auto-consommation de ces postes, (lien) et au transport de l’énergie : les experts évaluent à 50% l’énergie perdue dans les lignes THT (Très Haute Tension), tous les 1500 km. lien
Pour être tout à fait précis, il faut ajouter que les centrales nucléaires provoquent d’emblée un gros gaspillage énergétique, car il faut différencier l’énergie primaire, et l’énergie qui arrive finalement aux usagers.
Il faut 2,58 kWh pour fournir 1 kWh à l’usager : en effet, une centrale nucléaire n’est rien d’autre qu’une gigantesque cocotte-minute, produisant de la vapeur, laquelle par turbine interposée produit de l’électricité...impliquant le fait que l’énergie que constitue l’eau chauffée, est finalement perdue, et se retrouve dans les fleuves, et les rivières. lien
On comprend donc aisément que produire et consommer sur place dès que c’est possible réduirait considérablement notre consommation, et que des centrales solaires posées sur le toit de nos habitations, ou de petites éoliennes permettrait de sérieuses économies.
Voyons la question transport, sujet plus que jamais d’actualité avec un carburant de plus en plus cher...nous savons fabriquer du méthane, lequel brûlé dégage peu de pollution, et en additionnant toutes les sources permettant sa fabrication, on peut produire 54 mtep, (soit l’équivalent produit par 31 réacteurs nucléaires) soit de faire tourner la totalité des véhicules du pays, poids lourds y compris, ainsi que je l’ai prouvé dans un article ancien. lien
Cerise sur le gâteau, le prix de ce carburant fabriqué avoisine les 60cts le litre, bien loin des tarifs prohibitifs actuels. lien
Résumons :
1) isoler efficacement tous les bâtiments du pays : 19 mtep (fermeture de 11 réacteurs nucléaires)
2) produire et consommer sur place : 22,8 mtep (fermeture de 13 réacteurs nucléaires)
3) utilisation du méthane fabriqué : 54 mtep (fermeture de 31 réacteurs nucléaires)
4) Si on y ajoute les 10,7 mtep produits en 2017 par les énergies propres, (soit l’équivalent de plus de 6 réacteurs nucléaires) (lien) on constate que la France peut se passer rapidement du nucléaire.
Ajoutons que dans ce scénario de grand remplacement, on ne tient pas compte de la filière bois énergie, de la géothermie, de l’hydrogène, des pompes à chaleur...sans oublier toutes ces innovations qui se multiplient un peu partout dans le monde, comme cette usine pilote espagnole qui fabrique du carburant, appelé « pétrole bleu » en utilisant des algues, bonne nouvelle pour les bretons, qui chaque année, soit empêtrés avec leurs algues toxiques. lien
Et ce n’est pas tout...
Quid de cette invention japonaise qui transforme les emballages plastiques en carburant ? lien
...ou du moteur Pantone qui permet d’économiser du carburant en « vaporisant » de l’eau dans le carburateur...lien
Sans oublier les développements concernant les énergies propres, avec les tuiles solaires développées par Tesla (lien)... ou le verre photovoltaïque, produit par exemple par Onyx peut être installé pour n’importe quelle fenêtre assurant en même temps la production d’énergie et la transparence.
Ne faisons pas l’impasse sur les divers développements que permet l’éolien, qui peut être le traditionnel « axe horizontal », mais aussi « axe vertical », celui-ci s’intégrant bien mieux à l’environnement, surtout si ces éoliennes sont prévues à l’échelle d’une habitation.
Finalement, on réalise que les scénarios de sortie du nucléaire proposés par RTE sont très orientés, et qu’il y a comme un aveuglement à considérer que le nucléaire, quelle que soit son importance dans le mix énergétique, resterait indispensable, considérant qu’un accident nucléaire majeur, lequel s’est déjà produit 2 fois dans le monde, n’arriverait jamais chez nous...
Or les effets de Tchernobyl sont loin d’être finis, le site dévasté continue de déverser de la radioactivité, malgré les plus de 2 milliards dépensés dans la construction d’un nouveau sarcophage, mis en service en juillet 2019, et prévu pour durer un siècle. lien
Comme le confirme la CRIIRAD, le césium 137 qui s’est déposé sur le sol français reste présent encore pour longtemps, comme l’ont prouvé les analyses de 2015 portant sur des baies, des champignons, du gibier. lien
Rien de plus normal puisque la demi-vie de cet élément est de 30 ans...et il faudra attendre 3 siècles pour sa radioactivité soit divisée par 1000. lien
Quant à Fukushima, le corium continue à déverser de la radioactivité, dans l’air, et dans l’eau, puisqu’il a été impossible de le récupérer.
Des autorités sur place assurent qu’il est « froid », (30°C) mais alors comment expliquer qu’il a été impossible d’en extraire le moindre gramme à ce jour.
Ils nous assurent que dès 2022 ils pourront en prélever quelques grammes par jour, puis quelques kilos par jour, afin d’en extraire la totalité entre 2041 et 2051...
En attendant, un sarcophage a été installé au-dessus du réacteur dévasté, et les experts promettent que les 2700 éléments de combustible des réacteurs 1 à 4 sont en cours de sécurisation, alors que les chantiers d’évacuation des 3 piscines, initialement prévus pour être achevés fin 2021, le seront finalement dans 10 ans. lien
Mais chacun le sait...un accident nucléaire majeur ne peut pas arriver en France...
La pollution radioactive s’arrête aux frontières du pays...
Notre technologie est la meilleure du monde... sauf que le fameux EPR de Flamanville prévu pour démarrer en 2012, et ne coûter que 3 milliards, sera opérationnel, peut-être, en 2022...provocant une dépense de 20 milliards...mieux, un rapport récent démontre, chiffres à l’appui que les futur EPR ne pourront qu’être un échec. lien
Mais Macron a décidé que notre avenir serait nucléaire...fatalement.
Comme dit mon vieil ami africain : « celui qui rame dans le sens du courant fait rire les crocodiles ».
Le dessin illustrant l’article est de mikolas
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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