Qui de François Hollande ou de Ségolène Royal fermera Fessenheim ?
La question ne se pose, du moins sérieusement, que si un jour, lors de ce quinquennat, l’un ou l’autre finit par trouver le courage d’exécuter cet engagement pris par le PS en novembre 2011, lors d’un accord passé avec EELV en vue d’accéder au pouvoir.
J’ai bien écrit « courage » et je m’interroge. De quel courage peut-il bien s’agir ?
Car d’un strict point de vue philosophique, ou plus modestement du point de vue du souci de bien-être que l’on devrait avoir en politique en faveur de ses concitoyens, après Fukushima on perçoit mal ce qui implique la nécessité d’un courage.
En abordant les choses un peu moins naïvement, et connaissant les pressions exercées sur les responsables politiques aussi bien par le lobby nucléaire que par les membres du Corps des Mines qui, à l’Elysée et dans les ministères, les entourent, il apparait plus évident qu’il faille un peu de courage. Mais de quelle nature peut bien être ce courage ?
Celui d’un risque de mort par mesure de rétorsion ? Il est on ne peut moins probable, malgré la hauteur des enjeux financiers, dans une période où le déclin de l’industrie nucléaire est mondial ; et où tout être humain doué de raison n’aspire qu’à l’arrêt de la folie nucléaire.
Risquer les pressions quotidiennes ? Mais ce sont le Président et les ministres eux-mêmes qui décident de la composition de leur entourage professionnel !
Alors de quoi s’agit-il ? De la crainte d’une perte d’influence politique en raison de l’importance des réseaux de l’oligarchie de l’industrie nucléaire et de celle issue du Corps des Mines ? De cela il en est en revanche plus probable. Mais peut-on alors parler de courage, quand il s’agit seulement d’accepter de voir son potentiel de pouvoir se réduire ? Et encore ne s’agit-il que du potentiel, pas du pouvoir lui-même. On peut l’admettre quand on est mû par une ambition personnelle exclusive. Mais quand bien même ce serait le cas, s’agirait-il toujours d’une question de courage, ou d’intelligence politicienne ? Car enfin cela signifierait que l’on évalue l’influence de ces lobbies sur un vote à un niveau bien supérieur à celle de l’opinion des électeurs elle-même. Cette vertu qu’est le courage, ici n’est donc pas en jeu puisqu’il s’agirait du strict intérêt personnel de ces décideurs à conserver leur pouvoir. Or quel devrait être la motivation d’une personnalité politique dite de gauche ? Privilégier l’intérêt commun à l’intérêt individuel. C’est à l’aune de cette conception que l’on différencie en effet de manière franche la droite politique de la gauche. Cette même conception qui distingue l’individualisme de la convivialité*, appelé encore sens de l’intérêt collectif.
Les derniers évènements
D’après Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV, François Hollande conserverait la volonté de fermer la centrale de Fessenheim avant 2017. Mais si c’est pour attendre la fin de l’année 2016 comme en reste convaincue la grande majorité des journalistes de notre pays alors même que François Hollande n’a cessé de répéter depuis septembre 2012 qu’il la fermerait « d’ici fin 2016 », alors autant dire qu’il ne la fermera jamais. En effet comment pourrait-il prendre une telle décision en pleine période de campagne électorale débutante quand tous ses rivaux ne cesseraient alors
de hurler à l’irresponsabilité économique, et donc politique, compte tenu des sommes investies en 2013 dans le rafistolage de la vieille chaudière de Fessenheim ? Et bien qu’il s’agisse d’argent scandaleusement injecté dans un épaississement inutile de radier - le socle de béton soutenant les réacteurs - qui n’apporte aucune amélioration au bon fonctionnement de ces mêmes réacteurs ?
Si donc une fermeture de la centrale de Fessenheim devait survenir avant 2017, elle devrait forcément avoir lieu dans les délais les plus brefs.
Et, compte tenu de toutes ces conditions ci-avant exposées, faut-il vraiment du courage, ou simplement de la lucidité politique, au sens noble du terme, pour agir ?
Et qui de François Hollande ou de Ségolène Royal prendra la décision d’annoncer la fermeture de Fessenheim dans un avenir proche ?
Ségolène royal s’y refuse désormais. Elle s’y était apparemment préparée, mais depuis la nomination par Hollande du nouveau PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, elle renâcle, et fait prévaloir les arguties budgétaires de ses rivaux pour justifier sa reculade. En fait elle n’a pas supporté de ne pas avoir été consultée pour le choix du nouveau PDG. C’est Europe1 qui a donné l’information : « EDF : l’explication de texte entre Hollande et Royal ».
L’orgueil donc. Et il en faut. Et son orgueil a, une nouvelle fois, été blessé. Et bien qu’elle fit preuve d’une dignité exemplaire au moment de la publication du livre de la Trierweiler. Alors même que de l’orgueil elle n’en manque pas ; et heureusement. Mais l’orgueil ne peut être heureux qu’à cette condition de ne pas le laisser verser dans l’excès le plus infime. Redoutable mesure auquel le plus humble des humains est confronté, parfois terriblement, dans ses plus intimes relations affectives.
Alors qui annoncera prochainement la fermeture de Fessenheim ?
Oserai-je un pronostic ?
Eh bien peut-être vont-ils l’annoncer ensemble…
A moins… A moins que ce ne soit le nouveau PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, qui le fasse. Et l’annoncera-t-il alors au lendemain de sa prise de fonction ? C’est-à-dire le 23 novembre ? Ségolène Royal pourrait-elle bien l’y contraindre ?
Les paris sont lancés.
Patrick Samba
Rappel : Appel solennel à la fermeture, dans les plus brefs délais, de la centrale de Fessenheim. A diffuser !!
*Convivialité, selon le Larousse : capacité d'une société à favoriser la tolérance et les échanges réciproques des personnes et des groupes qui la composent
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