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Accueil du site > Actualités > Europe > L’Europe et la démocratie

L’Europe et la démocratie

Il est clair aujourd’hui que les peuples d’Europe veulent être consultés par référendum sur le nouveau traité simplifié.

Or, les dirigeants de l’Union ont de bonnes raisons de se méfier d’une telle consultation. Il est bien peu probable que les Européens acceptent avec enthousiasme un texte comme celui qui a été entériné par les chefs d’Etat et de gouvernement à Lisbonne. Les peuples font souvent preuve de beaucoup de sagesse dans leurs décisions. Et il est triste que les gouvernants ne s’en souviennent pas plus souvent.

Depuis les débuts de l’Europe, on a pris l’habitude de croire que des traités incontestablement légaux pouvaient permettre de gérer l’Europe en dehors des peuples. Cette situation, qui n’a jamais été acceptable, est aujoud’hui intolérable. Il est grand temps de se rendre compte que les Parlements des Etats membres, même s’ils sont compétents pour ratifier des traités internationaux, n’ont pas l’autorité morale nécessaire pour ratifier un texte constitutionnel applicable à l’ensemble de l’Union. C’est comme si l’on demandait aux conseils municipaux de ratifier une constitution applicable à l’ensemble de la nation française.

La situation paraît aujourd’hui si urgente que nous ressentons la nécessité de rappeler les principes fondamentaux sur lesquels repose la démocratie. C’est à cet effet que nous avons créé le site www.democratie-europenne.org.

Nous croyons qu’il est aujourd’hui indispensable d’affirmer clairement que l’Europe doit être démocratique ou qu’elle n’aura aucune raison d’être. Nous ne pouvons plus accepter que le discours politique soit piégé dans une contradiction mortelle. Contradiction qui consiste à affirmer, d’un côté, et à juste titre, que la solution à tous les problèmes de la société humaine passe par le débat démocratique et les droits de l’Homme, et à montrer, d’un autre côté, à l’humanité entière que les politiciens européens n’ont aucune confiance dans le jugement de leurs concitoyens et qu’ils méprisent leur opinion.

Il y aurait pourtant un moyen simple de sauver le rêve européen, la démocratie européenne, et l’Europe elle-même de la crise institutionnelle dans laquelle elle se trouve plongée aujourd’hui. Cette solution se décrit en deux points :

1. L’Assemblée européenne devrait s’auto-ériger en constituante et proposer aux peuples de l’Union un projet de loi fondamentale. Certes, elle n’a pas été élue pour ça, mais sa légitimité serait infiniment supérieure à celle de l’obscure commission intergouvernementale qui a préparé ce fameux traité simplifié.

2. Dans l’accomplissement de cette tâche, elle devrait s’inspirer de l’exemple de la Suisse, cette petite Europe au cœur du continent. La Confédération helvétique a, en effet, réussi le tour de force de faire cohabiter et prospérer quatre entités linguistiques et vingt-trois entités politiques toutes plus jalouses de leurs prérogatives les unes que les autres, au moyen d’une formule simple : en reconnaissant que l’intégralité du pouvoir politique émane du peuple souverain.

Un puissant argument milite en faveur de l’adaptation à l’Europe des institutions qui ont été expérimentées avec le succès que l’on sait dans la Confédération helvétique.

Cet argument est le suivant. L’expérience montre qu’il est extrêmement difficile de faire cohabiter des peuples et des cultures différentes. Il n’est qu’à constater les immenses obstacles que rencontrent les Belges pour faire vivre ensemble deux entités linguistiques seulement pour mesurer le tour de force helvétique. Il faut savoir que dans un ensemble politique très diversifié, les décisions prises de façon autoritaire, c’est-à-dire de façon peu transparente et sans associer les peuples à leur élaboration, font l’objet d’une immense suspicion et le plus souvent d’un rejet. On a toujours le sentiment qu’elles sont prises pour le bénéfice de certains et au détriment des autres. Et on suspecte que de sombres tractations sont à leur origine, tractations dont on ne connaîtra jamais le fin mot.

Les systèmes politiques qui n’ont pas l’expérience de la grande diversité ne connaissent pas les difficultés que l’on rencontre lorsqu’il s’agit de faire cohabiter des cultures et des sensibilités très diverses. Pour y parvenir, il n’existe qu’une méthode : l’établissement de règles claires décrivant le processus de la décision politique, la consultation aussi fréquente que possible, par référendum, des peuples qui constituent l’ensemble politique et la possibilité du référendum d’initiative populaire.

On sent bien que les institutions de l’Union ne sont pas aimées par les Européens. Et ce n’est pas là une question de communication. Elles leur paraissent lointaines, bureaucratiques, et, d’une certaine façon, arbitraires. Lorsque des décisions, qui affectent indifféremment des millions d’individus ne ressentant entre eux aucune communauté de destin, sont prises sans que les citoyens n’aient été consultés, on observe automatiquement un phénomène de rejet. Ce phénomène s’accentue lorsque les problèmes touchés sont plus importants.

Or, la caractéristique principale de l’Union c’est l’extrême diversité. Si les institutions européennes n’adoptent pas une démocratie aussi directe que possible, on peut légitimement se poser la question de leur avenir.

 

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25 réactions à cet article    


  • bernard29 candidat 007 2 novembre 2007 13:16

    « 1. L’Assemblée européenne devrait s’auto ériger en constituante et proposer aux peuples de l’Union un projet de Loi fondamentale. Certes, elle n’a pas été élue pour ça, mais sa légitimité serait infiniment supérieure à celle de l’obscure commission intergouvernementale qui a préparé ce fameux traité simplifié. »

    Trés bien. Donc il faut dire non au tratié de Lisbonne. Ainsi ce sera innaplicable et on pourrait profiter des élections de 2009 pour élire une constituante.

    Le parlement européen pourra ainsi en utilisant les travaux déjà réalisés (commission Giscard, feu le traité de Lisbonne..) proposer une constitution simple, lisible et citoyenne et qui sera ensuite proposée au peuple européen par un référendum au même moment dans tous les pays.

    C’est mon plan B


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 2 novembre 2007 14:59

      Il est clair dites-vous que les populations veulent être consultées sur le traité simplifié ?

      Rien n’est moins clair en ce qui concerne l’électorat français, sauf à confondre vouloir et souhaiter. Si, en effet l’électorat avait vraiment voulu être consulté sur un point dont dépend toute la politique française, donc tout à fait central, il n’aurait pas donné la majorité à NS, lequel a été tout à fait clair sur ce point pendant la campagne, mais à SR.

      Comme quoi on peut souhaiter dans l’absolu une chose et se ranger à la relativité d’un point de vue réaliste au vue du rapport des forces défavorable à l’échelle européenne dans lequel nous avait placé le non au TCE et l’on peut souhaiter une chose sans la vouloir vraiment !

      Ce que nous tous faisons tous les jours quand nos devons arbitrer entre réalisme sécuritaire et idéalisme dangereux.


      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 2 novembre 2007 15:10

        Mais peut-être avez-vous une explication plus rationnelle au fait que les français aient donné plus de 75% des voix au premier tour à des partisans du oui au TCE et qu’ensuite il aient élu NS. Si oui, je suis preneur...

        Mais il me semble que l’électorat a, comme V. Peillon, tout à fait compris que le non avait placé la France dans une impasse et qu’il fallait en sortir sans délai, ce que NS lui avait promis...

        Relisez mes textes sur le référendum : j’avais déjà prévu que le non eu référendum entraînerait nécessairement la fin de tout référendum sur cette question et cela par décision des électeurs.

        Et je prends le pari qu’il en sera de même sur l’adhésion de la Turquie comme le laisse entendre la majorité sarkoziste.

        Les conséquences de la victoire du non au référendum


      • bernard29 candidat 007 2 novembre 2007 17:08

        ...entraînerait nécessairement la fin de tout référendum sur cette question et cela par décision des électeurs."

        Par décision des électeurs. Ah bon comment vous le savez ? les sondages disent le contraire.

        Les élections présidentielles n’étaient pas jugées sur ce point, car pour les français il était clair que le peuple ayant déjà voté, aucun n’oserait remettre en cause sa décision souveraine .

        les tergiversations actuelles des élus sur cette question sont des raisons supplémentaires pour détourner à l’avenir les citoyens des urnes.

        Quand je pense que Peillon, s’était moqué de Valls lors de ce débat sur le TCE qui avait dit « j’étais CONTRE le TCE mais parce que la majorité des élus est pour , je suis POUR ».


      • Nemo 2 novembre 2007 17:09

        On peut être pour la Constitution européenne et contre l’adhésion de la Turquie.

        Votre analyse sur les résultats futurs de tout référendum est tout à fait juste. En revanche, je pense que le référendum sera conservé, pour faire refuser par le peuple ce à quoi diplomatiquement l’on n’aura pas su s’opposer.

        C’est d’ailleurs dans cette optique qu’a été intégrée la modification de la Constitution soumettant toute ratification d’un nouvel élargissement à référendum.

        Et j’espère bien qu’on ne supprimera pas cette disposition.


      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 2 novembre 2007 18:06

        Les sondages ne sont pas les élections, sauf à confondre une décision en responsabilité avec une simple opinion subjective.

        Mon opinion serait qu’il vaudrait mieux un référendum, mais je sais que les français n’en veulent pas ou en tout cas n’en ont pas voulu dès lors qu’ils ont élu NS aussi sur ce point pourtant jugé par vous de la toute première importance, mais si l’on se place de votre point de vue pas assez important pour qu’ils aillent jusqu’à s’y opposer en votant pour SR ou... contre des candidats ouiistes..

        Si les partisans du Non avaient eu une position alternative au TCE cohérente de Le Pen à Besancenot, et si la construction européenne avait avancé à partir du non les choses auraient été différentes.

        Votre combat pour le référendum est une cause perdue depuis les élections présidentielles : Les français, que vous le regrettiez ou non, ont préféré par leur vote la monarchie élective plus ou moins parlementariste à la démocratie directe qui en l’occurrence n’avait abouti qu’à affaiblir la position de la France ainsi que celle de l’Europe dans le monde. Ils ont voulu corriger le vote de 2005, ce qui est leur droit le plus strict, sans prendre le risque d’un nouveau référendum au regard de l’affligeant résultat du premier ; n’oublions pas non plus que les électeurs de 2007 ne sont pas nécessairement ceux de 2005.

        Encore une fois souhaiter n’est pas vouloir !

        La démocratie sondagière n’est pas la démocratie. Ce qu’une majorité fait une autre peut le défaire...

        C’est pourquoi vous pouvez croire, au contraire de moi, que vous avez toutes vos chances en 2012. Mais je vous préviens : l’expérience montre que l’on peut être contre l’Europe réelle dans l’opposition, mais pas au gouvernement et qu’il suffit sur cette question de changer de rôle pour changer d’avis...


      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 2 novembre 2007 18:18

        Modification que NS, ainsi que la commission de rénovation de notre constitution, ont déjà annoncée comme pouvant, voire devant, être supprimée par... la voie parlementaire....

        Je ne pense pas que NS et sa majorité soient d’accord avec un article de la constitution voulu par son prédécesseur qui interdirait ou même limiterait son pouvoir constitutionnel de choix en matière de procédure de ratification d’un traité international. D’autant que ce n’est pas la cas pour tous les sujets autres que l’extension de la communauté européenne.


      • Musculus 3 novembre 2007 12:08

        Un argument m’a été opposé à plusieurs reprises : si les Français avaient voulu se prononcer par référendum sur le traité de Lisbonne, ils n’aurraient pas voté pour Monsieur Sarkozy.

        Or, il me semble très probable que certains électeurs ont voté pour lui, bien qu’ils auraient aimé pouvoir se prononcer sur ce traité. Les voix des électeurs se portent sur un candidant pour de multiples raisons. S’ils décidaient de ne voter que pour le candidat qui répondrait positivement à toutes leurs préoccupations personnelles, ils s’abstiendraient le plus souvent.

        Certes, le candidat Sarkozy avait dit qu’il ferait ratifier le traité de Lisbonne par voie parlementaire, mais il avait surtout dit qu’il voulait faire de la France une démocratie irréprochable. Ce n’est pas en prendre le chemin que de refuser au peuple souverain de se prononcer sur un texte qui peut avoir une importance décisive sur son avenir.

        La démocratie, c’est le respect de l’opinion populaire s’exprimant dans les urnes (et non pas dans la rue ou dans les sondages.) Mais lorsqu’on a peur de l’opinion de ses propres concitoyens, on ne peut pas se présenter comme un démocrate.

        Le plus curieux, dans ce débat, c’est qu’il est possible que les Français se prononceraient en faveur du traité de Lisbonne...

        On m’a aussi opposé l’argument selon lequel la démocratie directe affaiblirait l’Europe. Or, ce n’est un secret pour personne que l’Europe est aujourd’hui faible, sans démocratie, et qu’elle est pratiquement inexistante sur le plan international. Mais ce qui me préocupe le plus, ce n’est pas tant la faiblesse de l’Europe que son avenir. On sait, en effet, qu’il est extrèmement difficile de gérer un ensemble constitué d’une mosaïque de peuples, comme c’est le cas de l’Union.

        Mon sentiment est que seule la démocratie directe, qui a fait la preuve de sa capacité a apporter une solution à ce problème, peut offrir un avenir à l’Union.


      • orsi 2 novembre 2007 18:32

        C’EST UNE ILLUSION DE CROIRE QUE CE QUI a été rejetté par le peuple peut être imposé par des députés et sénateurs (surtout avec la suspicion actuelle vis à vis de lapolitique). A jamais, on pensera que ce traité a été approuvé sans l’aval du peuple français, que jamais ne sera « invalidé » le non de 2005. Même les partisans du oui devraient être pour un référendum, pour que ce traité soit « légitimé ». L’Europe est déjà peu aimée, si en plus on a l’impression qu’on l’impose en force, qu’elle vienne pas faire des leçon de démocratie ailleurs ...


        • Laurent_K 2 novembre 2007 19:41

          Mais il y a des partisans du « oui » qui sont pour un référendum. Les rares sondages faits sur le sujet montrent que 63% des Français veulent un référendum alors que « seuls » 55% ont voté « non ». Mathématiquement, il y a donc des ouiouistes qui souhaitent un référendum.

          Maintenant, regardons le côté positif de l’absence de référendum : une simple majorité de députés suffira à défaire ce vote et à se retirer de ce traité félon. Il faudra choisir avec soin nos prochains députés. C’est tout.


        • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 2 novembre 2007 19:41

          Je pense que l’électorat a évolué de 2005 à 2007 et que le référendum raté de 2005 lui a servi de leçon (à ne pas renouveler) c’est pourquoi il a élu en position de l’emporter que des ouistes et qu’il a préféré NS à SR pour ne pas prendre le risque d’un nouveau référendum calamiteux : les nonistes ont fait la démonstration de leur division (souverainistes, Le Pen, De Villiers/ Européanistes sociaux intégrationistes Fabius/ révolutionistes anti-capitalistes, Besancenot) et de leur impuissance.

          C’est la seule interprétation qui tienne compte de tous les faits et de leur évolution dans le temps.

          Aucun pays ne s’est construit par la voie de la démocratie directe. La France moins qui les autres...


        • Laurent_K 2 novembre 2007 21:08

          Sylvain,

          Arrêtez de prendre vos désirs pour des réalités sur l’électorat. La seule interprétation qui tienne compte de tous les faits c’est que les partisans du traité ont trop peur d’un nouveau rejet pour soumettre le texte à n’importe quel suffrage direct. Le seul sondage sur le sujet montrait en effet que le non avait même gagné du terrain depuis 2005 (bizarre, mais nos médias évitent de s’étendre sur le sujet...).

          Et en ce qui concerne la démocratie directe, regardez du côté de la Suisse.


        • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 3 novembre 2007 09:21

          Les sondages varient sur ce point, comme toujours, et ce ne sont pas les sondages qui font la démocratie, ni même l’élection..

          Le fait demeure que la majorité des français a élu NS aussi pour qu’il contribue à l’élaboration d’un traité européen ratifié par la voie parlementaire.

          Le fait est que tous les chefs d’état et de gouvernement en Europe ont décidé de faire de même et que c’était précisément la condition pour que ce traité soit approuvé par tous, considérant que sur une question diplomatique aussi complexe un référendum n’est pas la meilleure procédure de ratification. Ce qu’a illustré l’incohérence en forme d’impasse institutionnelle du vote NON partagé entre ceux qui voulaient plus d’Europe sociale et politique (gauche de la gauche) et ceux qui ne veulent pas d’une Europe politiquement plus intégrée (souverainistes de droite). C’est cette incohérence plus le refus du chiraquisme qui a donné la victoire au NON en 2005 ; ce dont les électeurs se sont après coup rendus compte. Dans le vote NON il y avait tout et son contraire. Les souverainistes, sans la gauche de la gauche internationaliste, n’auraient jamais obtenu la victoire du NON et vice-versa.

          Le fait est que la plupart des ouistes se rallient à la positon de NS considérant que toute autre procédure mettrait l’Union européenne et donc notre pays en péril. Seuls les souverainistes de droite ou de gauche maintiennent l’exigence du référendum sachant pertinemment qu’elle ne sera pas satisfaite ; ce qui est leur droit le plus strict.

          Que les souverainistes donc organise un référendum entre eux pour se compter, mais qu’il ne se fassent pas d’illusion, cela ne vaudra que comme d’un témoignage dépourvu de conséquences politiques quant à la pratique de nos institutions.

          Quant à la démocratie directe en Suisse c’est une autre histoire...Et l’on peut avoir un avis plus réservé sur son histoire et son fonctionnement réel.


        • Francis, agnotologue JL 3 novembre 2007 12:24

          Sylvain Reboul, vous commencez à vous essoufler semble-t-il : «  »Que les souverainistes donc organise un référendum entre eux pour se compter, mais qu’il ne se fassent pas d’illusion, cela ne vaudra que comme d’un témoignage dépourvu de conséquences politiques quant à la pratique de nos institutions.«  » En douteriez-vous ? smiley


        • Francis, agnotologue JL 3 novembre 2007 12:30

          Plus sérieusement, pour moi, ceux que vous appelez souverainistes sont ceux qui veulent préserver la souveraineté populaire, par opposition à ceux qui veulent la brader au profit d’institutions étrangères et non démocratiques.


        • Musculus 3 novembre 2007 12:32

          L’argument selon lequel aucun pays ne s’est créé par la démocratie directe est faux : La Suisse est en elle-même l’expression d’une volonté populaire. Il se trouve qu’elle est aussi le seul pays moderne, à ma connaissance, qui ait permis la cohabitation paisible de quatre entités linguistiques et de vingt-trois entités politiques toutes plus jalouses de leurs prérogatives les unes que les autres. En ce sens, la Suisse apparaît bien comme une petite Europe au sein du continent, voire même comme un laboratoire de l’Europe.

          Je doute fort que le jacobinisme centralisateur, qui a pour vocation de nier les différences, ait la moindre chance de favoriser la construction de l’Europe.

          Faire confiance en l’expression populaire est la seule voie possible.


        • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 3 novembre 2007 14:59

          C’est en effet ce qui nous sépare radicalement : je suis citoyen européen et, en tant que tel, les institutions européennes ne me sont pas étrangères.

          Vous êtes probablement, au regard de votre discours, nationaliste français et considérez que l’Europe est une puissance étrangère...

          Si vous êtes nationaliste de droite extrême, dites le clairement afin que je ne vous confonde pas avec la gauche de la gauche qui se dit internationaliste ; si c’est le cas, cela vous met hors de la réalité économique et politique d’aujourd’hui car le social-capitalisme national n’existe plus et ne peut plus exister (si tant est qu’il ait existé), sinon en rêve ; rêve qui ne peut déboucher que sur la terreur extrême par une révolution social-nationaliste nécessairement totalitaire...Révolution violente que je combattrai, et je pense ne pas être minoritaire dans ce combat.

          Même majoritaire tout nationalisme est anti-démocratique. On le sait depuis 1933.


        • Francis, agnotologue JL 3 novembre 2007 18:22

          Sylvain Reboul, comme Michel Onfray, j’oppose hédonisme libertaire et hédonisme consumériste, c’est-à-dire, libéralisme des lumières et néolibéralisme. Il y a deux ans et demi - si cela vous dit quelque chose - je disais ici ou alors à coté, que « le secteur privé est au secteur public ce que le moteur est à la voiture ». Je n’ai pas changé d’avis, mais j’ajoute aujourd’hui : à quoi bon une voiture, si elle ne roule pas pour nous ?

          Votre credo «  » tout nationalisme est anti-démocratique«  » Ne trompe que vous-même. Vous savez bien que je ne suis pas un extrémiste, depuis le temps que nous échangeons ici, ou bien alors vous n’écoutez que vous-même, et méprisez les autres. Vous savez bien aussi qu’il n’y a aucune institution auxquelles nous sommes soumis, moins démocratique que cette UE qui se construit par et pour les multinationales, via leurs lobbyistes.

          Vous vous trompez Sylvain Reboul, et vous trompez les vôtres. Comme disait Napoléon, quand on s’est trompé, il faut persévérer, on finit par avoir raison. Perseverare diabolicum. C’est pourquoi la bêtise est diabolique et le diable est bête.


        • Laurent_K 3 novembre 2007 16:09

          1°) Je vous signale que vous êtes vous-même nationaliste. C’est un nationalisme pro-européen mais c’est du nationalisme quand même. Et vous lire en confirme le côté très anti-démocratique...

          2°) Par ailleurs, traiter vos contradicteurs de sociaux-nationalistes (pour ne pas dire nazis ?) est juste une tentative d’éviter le débat sur le fonds à savoir le côté profondément anti-démocratique et dangereux de l’Europe depuis 10 ans.


          • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 3 novembre 2007 18:00

            Je ne me reconnais dans aucun nationalisme : être citoyen c’est participer à la vie politique que ce soit en France ou en Europe ou même dans le monde ; cela à mon sens n’a pas grand chose à voir avec l’idée de nation. Je ne me sens du reste pas partie prenante d’une nation française une et indivisible qui est largement un mythe, au regard de ses très profondes différences culturelles (Nord/Sud ; Est/Ouest) et historiques.

            Ce qu’il est juste de dire c’est que l’Europe existe, que nous en avons un besoin impératif pour construire des équilibres régulateurs dans le monde et qu’il faut la rendre plus démocratique ce que le traité prudemment fait par rapport aux traités antérieurs. mais je ne pense pas que l’Europe soit moins démocratique que la France et sa monarchie élective hyper-centralisée.

            Le nationalisme y compris européen est totalement désaccordé au monde globalisé qui est le nôtre. Il ne peut conduire qu’au pire...


          • Laurent_K 4 novembre 2007 14:00

            Etre citoyen et nationaliste n’est pas incompatible. Et ce n’est pas parce que vous ne vous sentez pas nationaliste français que vous ne l’êtes pas au niveau européen. Quand je regarde la définition qu’en donne Wikipédia, je trouve qu’au contraire, cela définit bien le sens de vos écrits.

            En ce qui concerne l’existence de l’Europe, je suis d’accord. Pour ceux qui en doutent, ils n’ont qu’à voyager en dehors des frontières de l’Union et ils sentiront la différence ! Par contre, vous ne semblez pas percevoir le danger extrême pour la démocratie que représente la direction prise par la construction européenne ces dernières années. Vous opposez la démocratie française à la démocratie européenne mais si les citoyens français veulent changer de politique, ils leur suffit de voter pour un Président et une Assemblée et c’est fait. Rien de tel au niveau européen.

            1°) On ne vote pas pour l’exécutif. La Commission est choisie par les gouvernants et le Parlement peut juste dire à la fin s’il est d’accord ou pas. Comme ça, pas de risque d’avoir des candidats troublions gênant l’establishment. Quand au Conseil, si on veut le changer, il faut renverser un à un tous les Chefs d’état de l’Europe !

            2°) Des pans entiers de décision échappent au contrôle du Parlement.

            3°) La Commission a le monopole de l’initiative des lois.

            4°) Le seul organe à peu près démocratique, le Parlement, est élu sur des thèmes nationaux et non européens. Il est tellement vu comme la cinquième roue du carrosse que la droite et la gauche se sont entendue pour partager la présidence quel que soit le résultat de l’élection !


          • judel.66 5 novembre 2007 17:35

            S REBOUL vous avez tort ...j’ai voté sarco , nous avons voté sarco pour eliminer sego ..pas forcément pour les idées de sarco et donc pas forcément pour un tce simplifié voté par les elus sans nouvelle consultation populaire ...

            c’est ainsi pour la tres grande majorité des votants ...derrière sego il y avait des épouvantails telle m aubry ...nous n’avions pas le choix....dire qu’on a voté sarco pour son programme est une erreur ,,que pouvait on faire d’autre entre la peste et le choléra ! ! bien sur , , j’exagère «  »un peu«  » on est roulés tant pis pour nous !!!!!


            • Parpaillot Parpaillot 6 novembre 2007 00:23

              @Auteur :

              Merci pour cet article que je trouve fort intéressant, qui pose à mon avis des questions fondamentales et qui m’interpelle.

              L’auteur semble avoir été inspiré par Denis de Rougemont, lui qui voyait la Suisse comme un laboratoire susceptible de servir de modèle à la construction de l’UE, lorsqu’il écrit :

              "2. Dans l’accomplissement de cette tâche, elle devrait s’inspirer de l’exemple de la Suisse, cette petite Europe au cœur du continent. La Confédération helvétique a, en effet, réussi le tour de force de faire cohabiter et prospérer quatre entités linguistiques et vingt-trois entités politiques toutes plus jalouses de leurs prérogatives les unes que les autres, au moyen d’une formule simple : en reconnaissant que l’intégralité du pouvoir politique émane du peuple souverain.

              Un puissant argument milite en faveur de l’adaptation à l’Europe des institutions qui ont été expérimentées avec le succès que l’on sait dans la Confédération helvétique."

              Vu l’évolution actuelle du projet européen, je ne suis pas sûr que Denis de Rougemont y aurait trouvé son compte ...

              Permettez au citoyen helvétique que je suis, partisan de l’adhésion de la Suisse à l’UE (et oui, cela existe ...), de vous donner mon avis sur la question fondamentale qui est posée dans l’article : celle du bien-fondé de soumettre tout traité constitutionnel au référendum populaire. Pour ma culture politique, cela va de soi. C’est évidemment OUI ! Si l’UE semble être aujourd’hui en perte de popularité auprès de ses citoyens, c’est fort probablement parce que ceux-ci constatent que la construction de l’UE se fait dans leur dos. Imposer un traité constitutionnel, même s’il n’en porte pas explicitement le nom, aux citoyens sans les consulter par référendum, cela s’appelle un déni de démocratie, n’en déplaise à M. Sylvain Reboul. On peut certes ergoter sur les raisons qui ont poussé Nicolas Sarkozy à préférer la ratification parlementaire de ce traité, plutôt que la voie référendaire, mais moi je n’en vois qu’une, le risque bien réel d’un rejet populaire. Le même Nicolas Sarkozy déclarant durant la campagne présidentielle, être favorable à l’idée de soumettre à référendum populaire l’adhésion de la Turquie à l’UE. Alors, que penser d’une telle démocratie à géométrie variable, un traité constitutionnel étant par nature beaucoup plus important, fondamental dirais-je, que l’adhésion d’un nouveau pays, fût-ce la Turquie.

              Le déficit démocratique de l’UE est bien réel. Dans ces conditions, comment voulez-vous que les citoyens ne se sentent pas frustrés ?

              Pour ma part, je souhaite que construction européenne se poursuive, mais seulement avec l’adhésion de ses citoyens, en leur faisant partager les décisions et les responsabilités qui en découlent. C’est cela la démocratie et c’est ainsi que l’on construit un édifice solide, stable et durable. Le destin de l’Europe c’est avant tout celui des européens eux-mêmes.

              Une dernière remarque : la Suisse n’a de leçons à donner à personne, ce n’est pas sa vocation !

              Cordialement !


              • Musculus 9 novembre 2007 14:30

                Parpaillot,

                Merci pour votre commentaire.

                Permettez-moi de revenir sur un point précis que vous avez occulté. Je souhaite ardemment, moi aussi, que la construction européenne se poursuive et s’amplifie. Et il est évident que cela ne se fera pas sans les citoyens et encore moins contre eux.

                Une question demeure cependant : comment faire cohabiter une mosaïque de peuples, de sensibilités, de langues et de cultures différentes ? Les dirigeants des pays de l’Union n’ont pas l’expérience de la grande diversité. Or,ils ont sous les yeux l’exemple de la Belgique. Un exemple dramatique, puisque le pays qui a pour vocation d’être la capitale de l’Europe se déchire et fait la démonstration des immenses difficultés qu’il y a de maintenir, dans une entité politique unique, des peuples différents.

                Cet exemple devrait inspirer de profondes réflexions aux dirigeants de l’Europe. Une Union de peuples ne se bricole pas en catimini. Elle s’élabore dans la transparence, en y mettant le temps qu’il faut et, surtout, en y associant les citoyens.

                Personne ne demande à la Suisse d’être une donneuse de leçon. En revanche, les Européens doivent se souvenir qu’elle a une expérience unique dans la gestion de l’extrême diversité.


              • Parpaillot Parpaillot 15 novembre 2007 00:29

                @Auteur :

                Tout à fait d’accord avec vos remarques ...

                Très cordialement !

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