« Vélo sans danger » à Orléans ? (II)
Comme chacun le sait, c’est mon moyen de locomotion préféré à Orléans.
Ce qui comme argument seul pourrait tendre à prouver que se déplacer ainsi est "sans danger ".
Or pas du tout, loin de là même.
Il est seulement, pour ma part, le moyen le plus rapide à Orléans pour se rendre d’un point à un autre, mais ni en toute sécurité, ni même en toute simplicité.
Mais je vais m’expliquer plus loin.
Cependant, me direz-vous, il y a aussi le tram et le bus.
Pour le tram, ma réponse va être rapide, il ne dessert pas le quartier où j’habite.
La seconde ligne en construction ne le desservira pas non plus.
Aussi me reste-t-il le bus ou le vélo.
Pour le bus, les inconvénients sont légions.
- D’abord un prix du ticket particulièrement prohibitif : 1,40 euro pour un service en rapport bien piètre !
- Mais aussi sans arrêt en retard, bondé, ne répondant en rien au niveau horaires aux exigences que serait en droit d’avoir une population de près de 200 000 habitants !
Pour simple exemple : arrêt des dessertes à 21 heures le soir.
Cher donc, peu commode, ne prenant pas en compte la vie et les désirs de déplacements de la population.
Ainsi, pour ceux qui comme moi n’ont pas d’automobile, et voudraient faire quelques sorties en ville en soirée, à savoir un cinéma, un resto entre amis ou tout simplement flâner dans l’une des deux seules rues encore "vivantes" dans cette ville au delà de 19 heures, la rue de Bourgogne ou la rue des Carmes, rien d’autre que la marche à pied ou le vélo.
Les bords de Loire ayant déjà été l’objet de polémiques l’année passée, notamment au niveau de la fréquentation des jeunes qui venaient écluser force bouteilles.
Je ne vous fais pas le dessin de ce qu’on pouvait donc y voir et ne vous propose par conséquent pas le détour.
La seule question qui vaille étant :
- Est-ce que c’est tout ce qu’Orléans a à offrir à sa jeunesse entre couvre-feu dans les quartiers pour les moins de 13 ans, aucun moyen de transport au delà de 21 heures si vous n’habitez pas La Source ou Fleury les Aubrais avec en prîme quelques boîtes de nuit mais qui pratiquent volontiers et couramment le délit de faciès.
Mon fils a vécu cela l’année dernière.
Ils étaient plusieurs à accompagner l’un de leurs amis qui fêtait son vingtième anniversaire.
Ils s’étaient donc tous donnés rendez-vous devant une boîte du centre ville et c’est deux par deux qu’ils passaient devant le garde-chiourme du bastringue local.
Mon fils et l’un de ses amis en premier.
Aucune difficulté ne leur est faite, il peuvent tous deux passer.
Suit celui qui fête son anniversaire, et là surprise, il est refusé d’accès par le cerbère de service.
Se retournant, les premiers font part de leur étonnement en expliquant au vigile "survigilant" qu’ils sont ensemble et que justement c’est celui interdit d’entrée, l’heureux élu pour lequel ils se réunissent tous pour célébrer dignement ses 20 printemps.
Croyez-vous que cela ait en rien entamé le jugement du matuche ?
Que nenni !
- " Ah bon vous êtes amis ? Qu’à cela ne tienne, vous ne pouvez plus entrer ! "
Même pas d’incompréhension de la part de tous les jeunes présents, le seul et unique noir de la bande était celui qui venait d’avoir 20 ans.
C’est vous dire l’ambiance.
Mais revenons à mon vélo, puisque c’est le sujet de mon article.
Orléans, donc, ville facile et non dangereuse pour les cyclistes.
Il se trouve que depuis quelques semaines, je prenais des photos au gré de mes pérégrinations vélocipédiques avec à l’esprit un billet sur la circulation à vélo à Orléans.
L’état des routes, le manque criant de pistes cyclables et autres nombreuses bévues en matière de marquage au sol,... je ne vous dis que cela, je vais vous le démontrer photos à l’appui sur un parcours très simple.
Qu’on ne me taxe pas d’avoir choisi le parcours le plus pourri, je peux vous faire la même démonstration sur d’autres quartiers si besoin en était, caméra attachée au vélo en sus pour filmer !
Le mieux, je crois est de commencer à partir de mon quartier jusqu’en centre ville pour gagner par exemple la fédération du parti communiste, tout en faisant un petit détour par la mairie.
Car, cela vaut le détour, croyez-moi !

J’emprunte donc un faubourg qui a été en partie rénové l’année passée.
Mais la rue a été rétrécie en son milieu pour limiter la vitesse des véhicules au lieu de créer une piste cyclable.
Alors qu’il suffisait de supprimer des places de parking au moins d’un côté de la rue, puisque les habitations bourgeoises du faubourg possèdent pratiquement toutes un garage !
Mais non, rien, nada, cyclistes vous n’existez pas !
Et rétrécissement de chaussée, donc, qui en langage cycliste signifie en toute logique : DANGER !
Car la distance de dépassement d’un cycliste en ville, est de 1 mètre.
Autant vous dire qu’il y a donc impossibilité pour les automobilistes de doubler.

Si c’est un bus, qui dans mon quartier est double, mieux vaut vous arrêter si vous ne voulez pas que l’arrière vous jette sur le bas-côté lorsqu’il se rabat rapidement pour laisser passer le véhicule qui ne manque jamais d’arriver en face, cette rue étant très passante.
Trait typique d’Orléans aussi, lorsqu’une route est refaite, on se contente de remettre une couche de bitume sur la précédente.
Regardez donc bien la dénivellation ci-contre et imaginez-vous sur un vélo.
Vous voyez que la rue forme une sorte d’arc de cercle où en tant que cycliste il ne fait pas bon se mettre trop à droite, ( à gauche sur la photo pour respecter le sens de la circulation ) au risque de basculer du côté ou cela penche , c’est à dire côté trottoir et véhicules en stationnement.
Au bout de ce faubourg, j’emprunte une toute petite piste cyclable, complètement défoncée.




Voyons les choses du bon côté, cela fait tape-cul et du coup produit un massage de l’arrière-train involontaire.
Pour autant je n’ai pas l’impression que cela soit bénéfique à mon fondement, mais bref, cela risquerait de devenir scatologique, alors poursuivons.
Je dois ensuite traverser une rue pour me rendre sur une autre portion de la piste, regardez bien le trottoir en face.


Une barrière !
Et un trottoir qui ne mesure que 50 à 60 cms de large.
Mais je poursuis en direction du boulevard Jean ZAY, avec sur ma gauche, devant l’agglo les vélos en location de Vélo +.
Curieusement c’est l’endroit le plus éloigné de ce côté-ci d’Orléans où il y a une station.
Plus rien du côté de l’Argonne, rien non plus du côté du faubourg Bourgogne, pourtant réputé plus calme.
Il semblerait que l’argument donné pour la non mise en place de ce système de location de vélos en d’autres endroits de la ville, serait que dans les "quartiers", (mot qui signifie dorénavant dans le langage courant " zones infréquentables, à risques" d’une ville), il y a justement trop de risques !
Mais je m’égare, reprenons donc mon parcours.
Car ici, je vais vous montrer l’une des nombreuses "curiosités" orléanaises en matière de circulation vélocipédique qui ne manquent pas d’émailler la ville.
Voyez plutôt.



Sur le terre-plein une flèche qui m’intime l’ordre de tourner à gauche, puisqu’en face, il y a cette barrière ( ci-dessus ).
Or, si vous arrivez à bien regarder la photo de droite plus haut, vous pouvez bien entendu y constater qu’il n’y a pas de marquage au sol pour la traversée des cyclistes d’une part, mais surtout et d’autre part, au bout de la petite allée ombragée, vous avez une large barrière sur la droite et devant vous qui vous oblige...à tourner à gauche...
Kafka ou Ubu, je ne sais pas, mais en tout cas, le lapin en retard ou le chapelier fou d’Alice au pays des merveilles n’aurait pas fait mieux.
A moins que ce ne soit l’oeuvre d’un chat.
J’en connais au moins deux sur Orléans, mais rien de près ou de loin qui ne ressemble au chat du Chinchart...
Au mépris de la signalisation et pour ma sauvegarde personnelle, je me déporte sur la voie de gauche, traverse et me retrouve enfin en direction du centre ville, boulevard Alexandre Martin.
Autre détail, mais il y en aura bien d’autres je vous le promets, voici qu’à Orléans sont tracées au sol, au niveau des feux tricolores, des aires d’attente pour les cyclistes qui précèdent donc les automobilistes.
Bonne idée me semble-t-il, mais voyez plutôt cette photo cocasse, au carrefour du faubourg St Vincent.

Ce qui était vachement pratique pour savoir où on en était de la circulation et surtout pour se faire incendier par les automobilistes.
Cela a duré plus de deux mois avant qu’un nouveau marquage soit fait, et vous pouvez constater comme les automobilistes en ont cure !
Mais je continue en direction du centre ville et bifurque à gauche place Halmagrand en direction de la mairie.


Photo de droite, la chaussée est arrondie et penche largement justement vers la droite.
Par ailleurs, elle est notablement endommagée.
Mais regardez plutôt la barrière rouge , puis la photo de gauche.
C’est le début de la piste cyclable !
Oui, vous avez bien vu, tout de suite après la place de parking !
C’est rigolo, non ? C’est qu’il y a de l’inventivité à Orléans, de la créativité même je vous dis...
Question sécurité, c’est autre chose.
Imaginez donc lorsqu’une voiture cherche à se garer là et que vous voulez emprunter le couloir complètement défoncé qui vous est réservé ?
Mais j’ai oublié de vous préciser qu’après le carrefour avec le faubourg St Vincent, les cyclistes partagent la chaussée avec les bus.
Priant de ne pas se trouver juste devant eux au risque de se faire doubler dangereusement, ni même de les suivre, car alors, attention les narines et le visage qui chauffe sous l’effet des gaz d’échappement, surtout en ce moment : Effet brûlure assuré !".
Quant à l’état de la chaussée, ici aussi...


Mais revenons en direction de la mairie et sans autre forme de commentaire.


Alors, sans danger ?
Même avec cette chaussée ?
Mais je continue en direction de la rue de la Bretonnerie.


Comme vous pouvez le constater, les cyclistes peuvent circuler dans les deux sens, ce qui n’est pas le cas des autres véhicules.
Pour ma part, je pense encore que c’est une bonne idée avec cependant plusieurs bémols :
- la signalisation de la particularité de cette rue est très mal faite, panneau trop haut pour les automobilistes et qui mériterait pour ce panneau, qu’il soit clignotant.
Conséquence coup de klaxon intempestif et de mauvais aloi à l’attention des cyclistes qui viennent en sens inverse, engueulade en prime, et risque de se faire frôler, donc déséquilibrer par un chauffeur irascible, et il n’en manque pas...
- l’état plus que déplorable de la chaussée, sécurisant ni d’un côté de la chaussées, ni de l’autre. Dois-je rajouter qu’une bicyclette et son conducteur n’ont pas forcément le même équilibre qu’un véhicule à quatre roues pour me faire comprendre, en dehors des autres désagréments déjà signalés plus haut ?
Direction maintenant place d’Arc, par la rue de la République à laquelle il manque de chaque côté des panneaux expliquant tant aux piétons qu’aux vélocyclistes que c’est un espace partagé.
Qu’il convient donc de regarder avant de traverser, ou de ralentir lorsqu’un piéton, oreillettes vissées sur le crâne n’a pas entendu votre coup de sonnette l’avertissant de votre passage.
Arrivée au pied de la place d’Arc.
Un nouveau phénomène se fait jour, particulièrement agaçant pour les cyclistes.
Comme vous le savez sans doute, il y a peu, même si des efforts ont été faits notamment justement au bas de la place d’Arc, je le reconnais bien volontiers, de bornes spécifiques pour attacher son vélo.
Or, voilà quelques mois que de plus en plus ces bornes, en nombre insuffisant sont squattées par...des motos !


Ici au bas de la place d’Arc Ici, place du Chätelet.
Il y a quelques temps, voulant me rendre aux halles chatelet je me suis garée à un endroit où il y avait trois bornes, rue Thiers exactement.
Trois bornes et deux motos qui ocupaient pratiquement toute la place.
J’arrive cependant à glisser précautionneusement mon vélo entre les deux motos.
Cependant, je vois arriver le propriétaire de l’un de ses engins qui se trouve être le propriétaire du magasin d’en face.
Me demandant de bien vouloir prendre garde à la peinture de sa superbe moto rouge neuve qui venait rien moins que de lui coüter 45 000 euros, ajoutant au passage que c’était son moyen de transport.
Un rien agacée je lui ai donc rétorqué que mon vélo était aussi mon moyen de transport, que sa valeur était à hauteur de ce que je pouvais y consacrer, que ces places étaient réservées aux bicyclettes et qu’en conséquence, il avait sans doute bien les moyens de garer sa moto ailleurs, notamment dans le parking souterrain d’à côté.
Mais qui peut le plus, peut sans doute le moins.
La réponse qu’il me fît, fût qu’il ne voulait pas payer le prix du stationnement !
Ce à quoi je lui répondis qu’en ce cas, c’était donc bien à ses risques et périls, car en matière de rayures et d’assurance, il ne pouvait prétendre à aucune indemnité au cas où !
Non mais, tout de même...
Gonflé le type !
Bref, j’en reviens à la place d’Arc pour me diriger vers la rue Marcel Proust.
Je dois donc traverser le boulevard Alexandre Martin sur un espace partagé piétons-cyclistes


Sur la photo de gauche, vous pouvez constater que pour traverser je devrais être sur ...un terre-plein
Pour aboutir en face sur un trottoir qui n’est même pas à niveau et tout de suite après...un poteau !


Autres angles de vue après passage.
Sur la photo précédant ces deux-là, vous voyez un premier poteau.
Pourquoi ne pas bifurquer en dehors de la hauteur de trottoir, légèrement à gauche, me direz-vous ?
Il se trouve qu’à gauche, il y a celui-ci de poteau (photo de gauche), plus conséquent que le premier et qui se trouve être pile poil en face d’un nouveau terre-plein.
Seule issue sensée : ne pas respecter le marquage au sol, mais en se demandant dans quel état était celui qui les avait faits, ces marquages, et passage sur le passage piéton.
Mais tout cela n’est rien, je n’ai pas fini de traverser, je suis juste sur un terre-plein qui permet de passer d’un côté à un autre, avec pour moi encore, à traverser la zone où arrivent les bus, 4,5,7,8, ... Voyez plutôt !


Donc, poteau à l’horizon, puis de nouveau poteaux et barrières, pour faire bonne mesure.
Du côté du passage cycliste tracé au sol, à moins que vous ne soyez acrobate, passiez au travers des poteaux sans vous faire mal, puis que vous repoussiez de vos petits bras musclés les
véhicules qui attendent patiemment que le feu passe au vert pour eux, et bien bernique !
Allez, je crois que je fais du mauvais esprit là, que je suis de mauvaise volonté.

Encore une fois j’ai écouté mon bon sens et ne me suis fiée qu’à mon instinct de survie, je n’ai rien fait, ni tenté de faire de ce que je décrivais plus haut.
J’ai traversé côté piéton en slalomant du mieux possible.
Direction rue Marcel Proust en empruntant la rue Emile Zola.
Petits coups d’oeil envieux du côté de la gare.
Rien de neuf sous le soleil et le crâne de celui qui a conçu cela.

Il ne me reste plus qu’à éviter celà, et me voilà arrivée.
Waouh, elle est belle ma ville, hein ?
On y circule en toute sécurité, n’est-ce pas ?
Quant à celui qui a eu ces idées brillantissimes, je doute un peu de sa santé mentale, à moins que je n’ai rien compris et que ce soit encore un chef d’oeuvre en matière de circulation citadine qui nous est offert sans même que je m’en sois aperçue...
Cela doit être cela...
Sûr, même...
Vous croyez ?
* Ce billet fait suite à celui-ci ;
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