Existe-t-il une éthique internationale ?
L’ONU est sans doute une belle création, l’AIEA également, sans parler des diverses ligues pour les droits humains, mais je ne peux m’empêcher de me demander dans un instant de lucidité : existe-t-il réellement une protection des plus faibles en ce monde ?
Après une affligeante question à "Qui veut gagner des millions" intitulée : "Quel astre gravite autour de la Terre ?" avec un appel au public doté de 56% des votes pour le soleil, après un survol éclair de 2 minutes chrono de l’action israélienne au Liban et au moins 12 secondes sur les 40 morts quotidiens en Irak suivies de 7 minutes sur Sarkozy au Musée Grévin + propagande UMP sur les plages, je me lève groggy du pathétique ambiant.
Oui, je suis affligé. Affligé par la prise de position évidente des médias pour le camp du plus fort et la nullité totale des personnes qui se présentent face à la caméra (c’est fait pour je sais qui).
Avec 82% de réussite au Bac, on pourrait espérer mieux ; cependant, la société de la médiocrité, nous y sommes. Le véritable problème dans la médiocrité, c’est qu’elle n’a plus de repère et qu’elle croit dans des choses qui n’existent pas -ou plus- tout en défendant ce que les médias veulent bien lui distiller comme information prémâchée.
" Ces hommes et femmes sont tellement dépendants du système qui les asservit qu’ils sont prêts à se battre pour le protéger", disait Morpheus...
On parle régulièrement de "communauté internationale", ou plutôt d’agglomérats de lobbies constituant une grande famille internationale et faisant valoir ses privilèges sur le reste du monde. L’ONU comme l’AIEA font partie de ces organismes dont on se demande réellement ce qu’ils peuvent faire quand l’hyperpuissance américaine fait des choix ou même quand il s’agit d’intervenir, non pas pour faire de la politique, mais pour sauver des êtres humains.
Autant on peut encore espérer avoir dans des organismes comme Amnesty international une part d’intégrité, autant au sujet des super mammouths du type ONU on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une splendide façade pour mieux cacher la réalité.
Le conflit israélo-palestinien, le génocide au Rwanda, le Sierra Léone... où étaient les casques bleus ? Bien sûr, ils y étaient, en Yougoslavie, intérêts européens obligent, mais où étaient-ils lorsqu’il s’agissait avant tout de sauver des humains avant de sauver des intérêts ?
La question résonne aujourd’hui plus que jamais, quand on voit à quel point le parti pris, et la démesure, sont en faveur d’un belligérant ou d’un autre : USA, Israël... En ne jugeant que sur des faits, les actions d’une minorité poussée à bout par des politiques d’asservissement (mur, cloisonnement, barrages, assassinats, non-reconnaissance d’un gouvernement élu, même extrême) ne doivent pas occulter le fait que kidnapper deux soldats n’entraîne pas de fait une déclaration de guerre. En l’occurence, le Liban a mis quinze ans à se reconstruire, et le voilà à nouveau sous les bombardements pour ce type de prétexte.
Roquettes aveugles contre chars/aviation/marine ? N’y a-t-il pas un rapport de force évidemment déséquilibré ? Et si demain deux extrémistes FN séquestraient deux soldats américains, devrait-on voir le pillonage systématique des aéroports au prix de pertes civiles ?
Il y a dans ce monde des choses qui ne vont pas, et ce lobby du silence sur le conflit israélo-palestinien, outre qu’il est malsain, est terrible. Il est d’autant plus terrible que l’ONU ne dit rien, que l’AIEA demande des garanties à l’Iran alors que personne ne s’offusque du fait qu’Israël dispose de la bombe. Alors, y a-t-il des pays qui ont des droits que d’autres n’ont pas ?
Au vu des actions américaines au cours des cinq dernières années (Afghanistan, Irak, Amérique du Sud) et des résultats, doit-on plus avoir peur de l’Iran ou bien de ceux-là mêmes qui prônent la liberté mais enserrent dans une prison médiatique, politique et militaire tous ceux qui ne sont pas d’accord avec leurs choix ?
Attention, je ne cautionne ni l’Iran, ni S. Hussein, ni quiconque de cet acabit, mais je me pose la question de savoir si nous valons réellement mieux que ceux que nous montrons du doigt. De Sharon à W. Bush en passant par Berlusconi : sont-ils exempts de tout reproche, pour demander à ceux qu’ils pillent depuis des lustres de devoir suivre leurs plans de route, à défaut d’y laisser des morts sur le bas côté ?
L’ONU n’aurait-il pas, exactement dans ces situations-là, une indépendance à affirmer pour dire à ceux qui franchissent la ligne rouge qu’ils viennent de la franchir ?
Soyons clair : Israël dispose d’une armada militaire bien supérieure à tous les pays arabes, armada soutenue financièrement et politiquement par les Etats-Unis en mal d’allié interposé pour faire diversion sur leur politique mondiale globale d’exploitation des richesses énergétiques extérieures tout en conservant les leurs. Le choix de l’Europe se situe alors dans le fait soit de protéger ce qui peut encore l’être,sooit de se rallier au camp du plus fort pour en tirer les effets immédiats.
On l’aura remarqué, pour ceux qui font ce choix, le prix à payer est le terrorisme, tout simplement parce que la provocation de tous les jours aiguise les folies des plus déterminés ou déconnectés. Je ne cautionne absolument pas le terrorisme, je dis simplement qu’il ne sort pas de l’espace, et qu’il n’y a pas de terrorisme sans oppression.
Alors, peut-on laisser deux minutes d’informations sur un conflit qui génère plusieurs centaines ou milliers de morts par an et mine l’équilibre mondial, si tant est qu’il en existe un, depuis soixante ans ? Je pense que l’on est en droit, et même s’il s’agit d’un sujet "tabou" (donc trollisable à mort), de se demander ce que fait cette fameuse "communauté internationale" pour faire cesser ce conflit (un pipe-line en Turquie, par exemple ?!) et appliquer un arbitrage viable pour une situation qui se détériore chaque jour un peu plus.
Ce n’est pas une question d’hommes, mais une question d’éthique internationale. Ce n’est pas en rasant des maisons au bulldozer, en assassinant les représentants politiques élus, en bombardant les voisins, en laissant 50 000 soldats sur un sol étranger pour piller ses ressources, que l’on peut à terme installer la paix.
Les terreurs qui sévissent en Irak, en Palestine-Israël, au Liban, en Syrie,en Afghanistan, en Inde, au Pakistan, sont les tristes signes d’une déstabilisation mondiale qui est en train de se créer : mais bon sang, où est l’ONU ?
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