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Vers une nouvelle guerre de Crimée ?

Les bruits de bottes à l’Est ne semblent pas prêts de s’estomper. En faisant de la reconnaissance de l’autonomie des provinces russophones son cheval de bataille, les Russes ont ouvert une dangereuse boîte de Pandore. Le chancelleries européennes craignent que la crise Géorgienne, qui a démontré la faiblesse des démocraties occidentales, ne soit une porte ouverte à de nouvelles tentatives de redécoupages territoriaux. Le Commissaire européen à l’Elargissement, le Finlandais Olli Rehn a averti : « L’Ukraine pourrait être la prochaine cible des pressions politiques de la Russie ». Une vision partagée par Bernard Kouchner, selon qui la Russie pourrait avoir « d’autres objectifs dont la Crimée, l’Ukraine, la Moldavie. […] C’est très dangereux ».

Dans ce contexte l’Ukraine et sa province de Crimée prennent des allures de cas d’écoles pour la nouvelle stratégie expansionniste Russe. La Crimée est une presqu’île au sud de l’Ukraine qui plonge dans la mer Noire. Cette péninsule est peuplée de 2,5 millions d’habitants, dont 60% de russophones, 23% d’Ukrainiens et 10% de Tatars. Historiquement rattachée à l’Empire ottoman, puis à l’ Empire Russe, elle a été offerte à l’Ukraine par Nikita Khrouchtchev (lui-même ukrainien d’origine) en 1954. Depuis la disparition de l’URSS, elle est la seule région autonome de l’Ukraine. Autrement dit, le même statut que l’Ossétie du Sud par rapport à la Géorgie.

De façon informelle, elle fait partie de la conscience collective russe. Elle présente surtout un fort intérêt stratégique sur des plans militaires et commerciaux en constituant l’une des clés de la région. La ville de Sébastopol est depuis 225 ans la grande base navale de l’Empire et de l’Union soviétique. Fondé par l’impératrice Catherine II en 1783, le port de Sébastopol abrite toujours, moyennant location, la flotte russe de la mer Noire (12 000 hommes), selon un accord conclu pour vingt ans avec l’Ukraine en 1997. Si le terme du bail est connu, Moscou a toujours laissé planer des doutes sur son attitude en 2017.

Une telle base militaire ne saurait être rétrocédée à l’Ukraine d’autant que celle-ci est candidate à l’OTAN. Une adhésion à l’alliance atlantique impliquerait de facto le départ de la flotte russe, ce qui constituerait un véritable casus belli avec Moscou.
La situation actuelle n’est pas sans rappeler la première guerre de Crimée qui avait vu en 1854 se heurter les volontés expansionnistes du tsar Nicolas Ier à une coalition comprenant la France, l’Empire ottoman, le Royaume-Uni et le royaume de Sardaigne.

Se sentant à juste titre indirectement visée par les mouvements de troupes russe en Géorgie, l’Ukraine a fermement apporté son soutien à la république caucasienne. Une unité de façade car au même moment, une majorité des habitants de Sébastopol, a sans détours proclamé son attachement à la Russie. Le quotidien Helvétique Le Temps rapporte que ce week-end la majorité pro-russe des Sébastopolites a accueilli en véritables héros les navires de guerre russes qui ont combattu les Géorgiens.

La tension ne devrait pas redescendre de sitôt. L’exemple de l’Ossétie est dans toutes les têtes. A l’image des propos tenus par Sergueï Iourtchenko (source Le Temps), membre d’une organisation paramilitaire et pro-russe : « Nous attendons avec impatience que la Russie entreprenne des démarches pour récupérer la Crimée et Sébastopol. »

De l’autre côté les regards se tournent vers l’Ouest. “L’admission de l’Ukraine au sein du système de sécurité collectif et le Plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN demeure une bonne manière pour obtenir des garanties internationales pour sa souveraineté”, a annoncé le président Ukrainien Iouchtchenko. Le feu couve. Reste juste à savoir si Moscou va souffler sur les braises. Et si les occidentaux sont prêts à jouer les pompiers.


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11 réactions à cet article    


  • non666 non666 30 août 2008 18:05

    Oh que oui, le furtif.

    Est ce un hasard si cette liste comprends tous les membres du "devoir d’ingerence" à geométrie varianle ?

    Est ce un hasard si cette liste contient tout ceux qui voulaient que nous allions en Irak avec les anglo-saxons ?

    Est ce un hasard si ce sont ausi les memes qui justifiaient l’independance de la Bosnie, du Kosovo et qui se trouvent maintenant piégés par leur dialectique précédente ?

    Sarkozy croyaient que ces 6 mois de "présidence europèenne seraient les mois qui lui donneraient une aura de guide de l’Europe.
    La réalité est qu’il apparait de plus en plus comme le porteur de valise du departement d’etat US, lobbyiste ordinaire d’interets parfaitement cernés.

    Non seulement le costume de président français est trop grand pour lui, mais meme ses talonettes n’arrivent pas à lui donner une stature de leader europeen.
    Il n’y a vraiment que chez certaines minorités religieuses qu’il arrive a incarner "l’homme d’Etat de 2008".

    Pour la Crimée, le rattachement à l’Ukraine n’avait pas de sens et on se dirige fort logiquement vers un retour vers la mère Russie.

    Comme je l’ai dit dans un autre fils, la Moldavie, la Ruthenie subcarpatique et la region de lviv seront probablement les prochaines etapes si les Ukrainiens continuent leur jeu à la con de lecheur de botte des interets anglo-saxons.
    Car Lviv allant à la Pologne, la Ruthenie à la slovaquie, la Moldavie à la Roumanie, personne ne pourra dire qu’il s’agit d’une invasion russe...
    Ils auront beau jeu de dire qu’ils rende ces regions libre et à leur patrie d’origine, chose qui avaient été oubliée à la chute de l’Union soviétique.




     


  • douxdoux 31 août 2008 13:55

    Je t’assure c’est cela qui me faist rigoler aussi : on ne touche ni ne défait ce que STALINE a fait. lol


  • 5A3N5D 31 août 2008 14:19

    @ non666,

    "la Ruthenie subcarpatique"

    La Ruthénie subcarpatique, république indépendante autoproclamée, a été annexée par la Hongrie en mars 1939. 


  • non666 non666 31 août 2008 19:51

    Non, la Ruthenie dont je parle est toujours en Ukraine

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ruthenie


    "Cette zone avait fait partie du royaume de Hongrie depuis la fin du XIe siècle, et avait été appelée "Magna Rus’", "Karpato-Rus’" ou "Kárpátalja" (voir Ruthénie subcarpatique)."

    "Le traité soviéto-tchécoslovaque du 29 juin 1945 ("Traité au sujet de l’Ukraine subcarpathique" et "Protocole annexé au traité conclu entre l’URSS et la République Tchécoslovaque au sujet de l’Ukraine subcarpathique", voir le texte complet) force la Tchécoslovaquie à renoncer à la Ruthénie subcarpathique au profit de l’Ukraine soviétique, les Ruthènes étant considérés comme des Ukrainiens par l’URSS. Le 10 février 1947, le Traité de Paris annule formellement le Premier arbitrage de Vienne qui avait attribué ce territoire à la Hongrie."


  • sisyphe sisyphe 30 août 2008 17:05

    Personnellement, je pense qu’une question se pose : à quoi sert l’OTAN, si ce n’est à continuer de constituer un motif de tension, de guerre froide, voire pire, entre l’est et l’ouest ? 
    Constituée, au départ, pour " pour organiser la défense et la sécurité de l’Europe face à l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale.", face au Pacte de Varsovie, aujourd’hui défunt, et contre le communisme, aujourd’hui disparu, cette organisation est devenue désormais l’instrument politico-militaro-économique d’une guerre livrée par, essentiellement les Etats-Unis (et alliés) , pour la propriété des sources et des approvisionnements d’énergie mondiaux, au détriment des populations des pays concernés
    ( essentiellement les anciens pays de l’ex-urss), et pour empêcher et controler la montée en puissance économique de la Russie. 

    En un mot, l’OTAN est devenu le bras armé des USA et affidés pour la maîtrise des sources et circuits d’énergie dans toute l’Europe de l’est, pays baltes et anciennes républiques socialistes compris, continuant à créer l’opposition de blocs antagonistes, au mépris des souverainetés nationales. 

    Cette politique est une menace pour la paix ; non seulement dans la région, mais pour le monde entier ; créant les conditions d’une troisième guerre mondiale sur le territoire européen et des pays baltes et slaves. 

    Il serait grand temps que la communauté internationale, sous l’égide de l’ONU, mette fin à cette source de tensions et de conflits, dont seront toujours victimes les populations civiles, en supprimant cette organisation, que l’Europe édifie sa propre force militaire commune, et que soient reconnus les droits de chaque nation à disposer, pour elle-même, des possibilités d’accords commerciaux, économiques, et financiers, pour l’exploitation de ses propres sources d’énergie, ou des infrastructures d’approvisionnement (gazoducs, oleoducs), empruntant son territoire. 

    Le droit international doit remplacer la persistance d’organismes militaro-industriels provoquant l’affrontement permanent de deux "blocs" de puissances qui n’ont plus, depuis la chute du mur de Berlin, et la fin du communisme, lieu d’être. 


    • Céphale Céphale 30 août 2008 17:34

      La version des Américains est que la Russie a une politique expansioniste. La version des Russes au contraire est que la Russie se défend contre une politique d’encerclement menée par les Américains.

      La version des Américains, soutenue par les dirigeants européens, ne va pas de soi. Il faut savoir que lorsque la Russie, gouvernée par un ivrogne, était en pleine pagaille, des milliers de conseillers américains se sont répandus dans l’ancien Empire soviétique pour encourager les sentiments anti-russes et se faire des alliés dans la classe politique.

      Le cas de l’Ukraine est, comme dit l’auteur, un cas d’école. Mais le peuple ukrainien ne fait pas bloc derrière son président quand il demande l’adhésion de son pays à l’OTAN. Iouchtchenko est un Ukrainien de l’Ouest. Les Ukrainiens de l’Ouest n’ont jamais aimé la Russie. Les Ukrainiens de l’Est au contraire se sentent proches des Russes. Ils ne sont que 20%, mais ils détiennent les principales ressources industrielles du pays. Et ils ne veulent pas de l’OTAN.

      La Crimée a un statut spécial. Ses relations sont excellentes avec les Ukrainiens de l’Est, et naturellement avec les Russes. Il suffirait d’un incident pour qu’elle prenne son indépendance, ce qui a failli se produire en 2006 quand un navire de guerre américain a débarqué du matériel militaire dans le port de Théodosie.

      Mais les Russes ne sont pas pressés de jouer cette carte. Comme dans le cas de la Géorgie, ils attendent les Américains au coin du bois.


      • Internaute Internaute 30 août 2008 18:09

        Le plus raisonnable serait un partage le long du Dniepr. La partie russe pourrait faire un référendum sur son indépendance puis son rattachement à la mère patrie. Ce serait quand-même une situation bizarre que de voir l’Ukraine joindre l’OTAN alors qu’une bonne partie des industries d’armement et aérospatiales russes y sont implantées, même si les russes essayent de s’en passer.

        Le cas le plus intéressant est celui de la Biélo-russie. Il semble que le seul obstacle à la réunification soit Lukachenko lui-même. Si l’OTAN lui met des fusées sous le nez peut-être qu’il deviendra plus réceptif aux appels de Moscou.


        • Fergus fergus 30 août 2008 19:02

          On semble redécouvrir avec surprise et horreur que la Russie s’intéresse de très près aux républiques caucasiennes. Sauf erreur de ma part, cet intérêt se manifestait déjà du temps de la Grande Catherine et pour les mêmes raisons stratégiques et économiques.


          • Philou017 Philou017 30 août 2008 20:01

            Cette crainte sur la Crimée releve de la pure fantasmagorie anti-russe. C’est la Géorgie qui a bombardé les soldats de la force de paix en Ossétie, ce n’est pas la Russie qui a attaqué.
            Quans à craindre un conflit en Ukraine, cela releve d’une supposition qui pour l’instant ne repose sur rien, comme le montre le vide argumentaire de cet article.

            Ah si, j’oubliais, il y a l’inénarrable Kouchner et le fanatique Finlandais Olli Rehn qui a averti :
            « L’Ukraine pourrait être la prochaine cible des pressions politiques de la Russie ».

            Si on creuse un peu , on peut lire :
            Le commissaire européen à l’Elargissement, le Finlandais Olli Rehn, pense que l’UE devrait clairement soutenir une adhésion de l’Ukraine pour éviter que ce pays ne devienne, après la Géorgie, « la prochaine cible des pressions politiques » de la Russie.

            Rappelons que mr Rehn est un fervent partisan de l’élargissement. Il a par exemple activement participé à l’intégration de la Roumanie, qui se propose aujourd’hui d’acceuillir un bouclier anti-missile Américain.
            Il a fait égalemennt une partie de ses études aux USA.

            On peut d’ailleurs se poser la question de savoir si c’est le role de Mr Rehn, simple membre de la commission, de poser ce genre de question (sur l’Ukraine).

            Une vision partagée par Bernard Kouchner, selon qui la Russie pourrait avoir « d’autres objectifs dont la Crimée, l’Ukraine, la Moldavie. […] C’est très dangereux ».
            La on atteint des sommets d’hypocrisie et de mauvaise foi.
            Et les mêmes visées américaines sur la Géorgie, l’Ukraine, l’azerbaïdjan,et d’autres c’est pas inquiétant ? (déjà une guerre au compteur...)

            Un intérêt quand même : par ces déclarations, on voit clairement se révéler quels sont les opinions et penchants de certaines personnalités européennes.


            • Proudhon Proudhon 30 août 2008 20:41

              Moi, je suis pour que la Crimée revienne sous le giron Russe. La Crimée est Russe. Elle a été rattachée à l’Ukraine qu’en 1954. Et vu les crapules atlantistes qui règnent en Ukraine, il est normal que la Russie retrouve son bien.

              J’ai dit !


              • 5A3N5D 31 août 2008 14:03

                @ L’auteur,

                "elle a été offerte à l’Ukraine par Nikita Khrouchtchev (lui-même ukrainien d’origine) en 1954."
                 
                Krouchtchev n’est pas d’origine ukrainienne. Il est né dans l’ovlast de Koursk, en Russie soviétique.

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Henry Moreigne

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