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« Ils » font et défont les princes

L’affaire Douste-Blazy et le rôle des médias dans la vie politique.

Le journal Le Monde publie dans son édition du 28 avril un long article qui remet en cause les compétences de Philippe Douste-Blazy en tant que ministre des affaires étrangères. Il ne s’agit pas là de politique, mais plutôt d’un jugement sur les capacités personnelles de l’homme. L’article va même jusqu’à mettre en scène ses disputes conjugales pour tirer argument et qualifier le personnage. L’ensemble est d’une extrême sévérité. A l’évidence, vu le poids de la charge, il y a peu de chances que l’homme politique s’en relève. J’ai, pour ma part, une opinion sur cet homme depuis fort longtemps, et il ne me semble pas que les bruits de couloirs qui nous sont aujourd’hui susurrés à l’oreille, me soient utiles à quoi que ce soit. Le vide des discours publics de l’homme politique depuis plus de dix ans me suffisait, et me suffit encore pour savoir que penser de lui. Il est d’ailleurs à regretter que l’acuité du regard politique du journal Le Monde n’ait pas contribué à cette prise de conscience plus tôt. Je m’arrêterai là sur le sujet, car je crois inutile de m’en prendre nominativement aux compétences individuelles et collectives de ce journal, le débat public mérite mieux que cette médiocrité-là.

Quoi qu’il en soit, cette saillie est une première en la matière, et cela n’a rien d’anodin. Il n’est pas inutile de rappeler qu’il s’agit là d’un ministre en exercice, qui occupe, qui plus est, un poste éminemment sensible. Cela en dit long sur la crise de confiance et d’autorité politique au sommet de l’Etat. En annexe, on peut aussi rappeler que Douste-Blazy ne passe pas pour être un affidé du " sarkosysme triomphant ", mais qu’il est plutôt un égaré en " chiraquisme déclinant ". Une question... perfide... digne d’un journaliste à sensation... pourrait alors être posée : les journalistes du Monde auraient-ils trouvé absolument nécessaire de nous faire part de leur soudaine découverte, s’il s’était avéré que cet homme appartenait au camp des gagnants plutôt qu’à celui des vaincus ? Mais là aussi, laissons de côté mesquineries et médiocrité. L’essentiel n’est pas là. Cette anecdote est surtout une illustration du problème que pose à notre société le pouvoir grandissant des médias au sein de l’organisation de la vie politique. A un an d’une échéance politique cruciale, cela prend un relief particulier. La cristallisation médiatique sur les personnes de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal est un problème éminemment politique pour tous ceux qui ne pensent pas (et ils sont majoritaires, malgré les faux-semblants des sondages), que l’enjeu de cette élection puisse se résumer à ce que les médias en font. Il faut leur résister. Ceux qui se contentent de penser que passent les sondages, et que viendra bientôt le temps serein du choix démocratique, se font bien des illusions sur la progression vertigineuse du pouvoir de corruption du virus médiatique.

L’expression " Liberté, égalité, fraternité " n’est pas issue du brainstorming d’une équipe de conseillers en communication, mais d’une révolution sanglante. Les enjeux de la politique ne peuvent se résumer en une succession de slogans publicitaires et la démocratie mérite mieux que d’avoir à choisir entre un caudillo en devenir ou la reine d’un bal, tombée du ciel, en un jour et par hasard, sous les sunlights médiatiques. Cette reine, une fois élue, ne pourrait avoir d’autre rôle que celui assigné par ceux qui l’auront faite reine. De même, ou plutôt à l’inverse, ces médias, une fois le caudillo en place, auraient enfin un rôle à leur mesure : servir du mieux possible... la soupe... amère ! Le fait que l’on puisse se poser le problème en ces termes, montre à l’évidence que c’est l’idée même de démocratie qui est en jeu aujourd’hui. L’ordre social et politique dans lequel nous vivons est un héritage, un lourd héritage, fruit de l’histoire des hommes, de leurs guerres, de leurs rêves et de leurs compromis. La principale caractéristique et la force du système dont nous avons hérité au sortir de la deuxième guerre mondiale résidait dans une séparation efficace des pouvoirs politique, économique, judiciaire et autres. Force est de constater que ces principes sont mis à mal aujourd’hui parce que la logique marchande est en train de submerger l’ensemble de l’espace public. La place prise par le 4e pouvoir, le pouvoir informationnel, doit nous conduire à nous interroger sur les règles du jeu politique. L’OMC a admis le principe de l’exception culturelle. Réévaluons donc la place des entreprises de communication politique à travers ce prisme. La liberté de dire des uns ne peut conduire à la confiscation de la parole des autres. Le commerce des idées ne peut être régi par les mêmes lois que celui des pommes de terre.

Nous vivons une ère " de pensée unique ", et les médias en sont les principaux vecteurs. Leur discours complaisant sur le thème de la liberté d’expression n’est que l’aimable cache-sexe de leur réalité, qui n’est autre que celle d’une course effrénée à la concurrence. Un journaliste n’existe qu’en référence à un autre journaliste, et les médias dans leur ensemble, qu’à travers ceux qui leur font le mieux la courte-échelle dans la course au soleil... médiatique. Ils disent tous la même chose en même temps, quitte à proférer ensemble exactement l’inverse le lendemain. Ils ne nous disent que ce qui les sert, ils ne servent que ceux qui leur rapportent, en un mot, ils sont toujours du côté du plus fort. La démocratie " sondagiaire " est l’immense bras de levier de " leur " pouvoir grandissant. A travers les sondages, ils font et défont les princes. Cent fois, mille fois, des millions et des milliards de fois, ils ânonnent " Sarkozy ". Ils posent les questions et commentent les réponses. Ils sont, à la fois, juges et parties. A travers des sondages de plus en plus réducteurs, ils confisquent le débat public.

L’espace démocratique appartient à tous et c’est, bien évidemment, une immense difficulté que de le faire vivre. Pour réussir à y exercer une autorité, il faut y acquérir une légitimité. Mais lorsque le mot légitimité ne veut plus rien dire d’autre que de savoir se rendre visible, autrement dit, de savoir se vendre, il n’y a plus de place pour les idées. La dictature des sondages vide petit à petit la vie politique de toute forme de contenu.

Comment faire vivre un questionnement sur le pouvoir des médias lorsqu’on est tributaire de ces même médias pour dire ? Comment prendre la parole, lorsqu’elle est volée ? Ce sera sans doute un long combat. Peut-être pourrait-on commencer en faisant... un sondage... un immense sondage, en d’autres termes une pétition... ou mieux, un référendum ? Ce serait un sondage sur les sondages. La question serait formulée de la manière la plus neutre qui soit... bien évidemment, car il ne peut être question de tenter d’influencer la personne sondée à travers une formulation qui induirait la réponse qu’on souhaite. Je propose donc de formuler la question ainsi : " Êtes-vous pour ou contre la dictature des sondages ? ".

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20 réactions à cet article    


  • Yves (---.---.227.235) 28 avril 2006 18:17

    L’Union européenne va se coucher aujourd’hui officiellement devant la Turquie :

    les ministres des Affaires étrangères vont entériner la déclaration, ou plutôt la capitulation, que les ambassadeurs ont fini par mettre au point hier à Bruxelles, au terme de deux semaines de discussions faisant suite à l’échec répété des précédentes réunions ministérielles. Ce sont finalement les turcophiles, emmenés par la présidence britannique, qui l’ont emporté.

    Cette déclaration est censée répondre à la provocation turque de fin juillet, quand le gouvernement d’Ankara, étendant enfin son accord d’union douanière aux « nouveaux » pays de l’UE, a précisé que cela n’entraînait en aucune manière une reconnaissance politique de Chypre, et que l’accès au territoire turc resterait interdit aux bateaux et avions chypriotes. Or dans sa déclaration, l’Union européenne se contente de demander à la Turquie de reconnaître Chypre au plus tard au moment de son adhésion, et de l’avertir qu’elle doit pleinement mettre en œuvre l’accord d’union douanière, notamment laisser les navires et avions chypriotes accéder à ses ports et aéroports, pour que les négociations se déroulent au rythme prévu.

    Alors que ces conditions devraient être des préalables (c’est une évidence, au simple regard du droit international), on en reporte l’application à plus tard, au gré des Turcs. Car il faut à tout prix ouvrir les négociations d’adhésion à la date prévue, à savoir le 3 octobre prochain.

    Le Premier ministre Dominique de Villepin est donc un menteur. Le 3 août dernier, il affirmait qu’il ne lui paraissait « pas concevable qu’un processus quelconque de négociations puisse s’ouvrir avec un pays qui ne reconnaîtrait pas chacun des membres de l’Union européenne ». Et il répondait par l’affirmative à un journaliste qui lui demandait si cela voulait dire que les négociations ne débuteraient pas le 3 octobre si la Turquie campait sur ses positions.

    Le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy est donc aussi un menteur. Car le lendemain, dans Le Monde, il enfonçait le clou, soulignant que « ne pas vouloir reconnaître un pays de l’Union tout en voulant y entrer, ce n’est pas acceptable ». Et aujourd’hui, il signe une déclaration par laquelle il accepte le diktat d’Ankara.

    Le gouvernement turc peut crier victoire. Puisque c’est une défaite de l’Europe.


    • KOUINO Couineau 28 avril 2006 18:36

      Vous ne faites pas un commentaire sur cet article qui traite du rapport des médias et de la société, vous changez complétement de sujet. Cela ne présente pas d’intérêt sur ce forum.


    • Yves (---.---.129.53) 28 avril 2006 20:14

      Si, c’est pour montrer ce qu’est en réalité Douste-Blazy.


    • Nono_le_petit_robot (---.---.82.68) 29 avril 2006 11:20

      Là, en l’occurence, on a surtout appris ce qu’est Yves (IP:xxx.x7.129.53).....

      Il faut de tout pour faire un monde : Des gens honnêtes et escrocs de la sémantique. Merci Yvez pour avoir montré l’échantillon de votre personne.


    • Antoine (---.---.23.24) 6 mai 2006 22:30

      c’est vrai, cela n’a rien à voir avec l’article publié...

      ah les Turcs, les anglais et leur foutue Turquie....


    • Antoine (---.---.23.24) 6 mai 2006 22:34

      et puis après les turkmènes et ensuite les mongols...comme cela le tableau sera complet...Vive le Londonménistan !

      t’is zo tof mij het zeggen met vreiheid !


    • Romain (---.---.79.35) 28 avril 2006 19:15

      Fin d’article interessante et cela pose une trés bonne question. Comment faire pour contrer la force médiatique toute puissante ? Je pense qu’internet sera la solution mais si prise de conscience il doit y avoir ce ne sera jamais avant 2007...


      • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 5 mai 2006 18:51

        « Ils disent tous la même chose en même temps, quitte à proférer ensemble exactement l’inverse le lendemain. Ils ne nous disent que ce qui les sert, ils ne servent que ceux qui leur rapportent, en un mot, ils sont toujours du côté du plus fort. » Amalgame, généralisation abusive ! Trouvez-vous que l’on lise la même chose dans Libé et Le Figaro ?

        Quant à la dictature des sondages, vous me faites rire : tous les exemples récents ont montré que le favori des sondages a in fine perdu. Cette dictature est donc bien inefficace...

        Cordialement


      • Daniel Milan (---.---.168.12) 28 avril 2006 19:26

        Un prince, n’est jamais roi qu’assis sur son trône ! Je t’expliquerai !


        • Thirqual (---.---.15.86) 29 avril 2006 03:19

          M.Douste-Blazy, maire de Toulouse lors de l’explosion de « l’usine AZF », a dit qu’il fallait sortit les industries chimiques de la ville.

          Quand on a une idée du prix des installations, on se demande s’il s’agit de se faire bien voir, ou si c’est faire preuve de la plus complète incompétence en la matière. Surtout que Toulouse est une ville où la chimie est fortement implantée depuis plus d’un siècle, dans des zones isolées des habitations alors (et tant mieux vu les normes de pollution de l’époque).

          Et qui sinon la mairie a laissé se contruire des logements autour, et continue à construire ? L’industrie chimique comporte des risques, le moindre incident peut être catastrophique, comment peut-on décider de laisser constructibles des terrains à proximité ?

          (bien évidemment ça dépend de la production de l’usine en question, mais les engrais azotés ne brillent pas par leur stabilité).

          Etrangement les médias à ce moment qui doivent bien compter quelques conseillers scientifiques dans leurs rangs, ou quelques personnes au fait de ces réalités n’ont pas relevé. M.Douste-Blazy a dû attendre un peu avant d’être considéré comme un incompétent de haut niveau. La presse l’enfonce à présent. Une manipulation de plus pour affecter les sondages ?

          A votre question je répondrais d’ailleurs non, je suis contre, un sondage affectant l’opinion, donc nécessitant un nouveau sondage, puis un score à un sondage pouvant servir de justification pour changer une équipe ministérielle impopulaire...

          Comme le dit Romain, peut-être que l’internet, et le moyen de s’exprimer directement via des blogs, des forums de discussion parfois, des débats sans intermédiaires quelquonque pourra aider à se sortir de ce piège. Enfin si les projets du sinistre de la culture ne verrouillent pas cette forme d’expression.


          • Etrangère vous avez dit ! (---.---.197.223) 29 avril 2006 16:41

            Ce n est pas la faute des medias si un ministre des A E ne parle même pas au minimum une seconde langue ! Exception culturelle Française. Enfin un minstre des A E adulé il y a deux ans (Villepin) et aujourdhui dans le caniveau Les Français ont les hommes et les medias qu ils méritent !


            • Provocateur (---.---.197.223) 29 avril 2006 16:43

              Incompetents, instables , arrogants, prétentieux , donneurs de leçons, de qui parle -t-on ? Des français et de ceux qui les représentent ???


            • Th. (---.---.224.37) 30 avril 2006 00:03

              Sans doute un peu plus compliqué. Remettre en cause les compétences personnelles d’un ministre n’est pas en soi une mauvaise chose. Certes, il faudrait évaluer plus finement les résultats de son action (si résultats il y a ). Par ailleurs, je ne vois pas où dans l’article il est fait état de ses disputes conjugales. Aurais-je mal lu ? Th


              • KOUINO Couineau 1er mai 2006 18:43

                Bonjour Pour répondre à Th. sur le fait que l’article renvoyé en lien ne fait pas référence à la vie conjugale de Monsieur Douste-Blazy contrairement à ce que je disais, je précise que « Le Monde » consacre en fait deux pages complètes sur le personnage. Il y a plusieurs articles, dont un consacré à sa vie personnelle.

                La nouvelle affaire du jour, l’affaire « Cleastream-Villepin-Sarkosy » est une illustration encore plus frappante du rapport pervers des politiques et des médias et de l’impasse où cela nous conduit. L’article que j’ai écrit aurait pu s’appeler :Du « SarkoShow »... au « VillepinGate » plutôt que « Ils... font et défonts les princes » et figurer tout autant à la rubrique politique qu’à celle des médias ! Cette affaire Cleastream est à la politique ce que l’affaire d’Outreau aura été à la justice. Lorsque la justice ou la politique sont instrumentalisés pour ne plus devenir que les outils d’un spectacle global, la société tout entière est en danger. Il ne sortira rien de bon de tout cela : Les idiots crieront haut et fort qu’ils tiennent enfin un coupable en la personne de Dominique Villepin et les cyniques leur emboîteront le pas, tant ils sont persuadés que pour avoir raison il suffit de bien savoir remplir l’espace sonore. Sarkozy, Sarkozy, Sarkozy.... Sarkozy, Sarkozy, Sarkozy.... Encore et encore... des milliards et des milliards de fois... Et puisque d’affaire de justice il est question, il n’est pas inutile de souligner que les journalistes du « Monde » eux aussi, continueront de fouiller le plus tranquillement du monde et en toute impunité dans les poubelles des magistrats... au nom de la transparence et de la liberté de dire, bien sûr ! Outreau, n’aura servi à rien.

                Alors les solutions ? Internet ? Je ne suis pas un spécialiste d’Internet, pas plus que des médias. Mais je ne crois pas qu’Internet, même s’il est utile, soit en soit, une solution. Internet est un lieu où se développe une information horizontale. C’est formidable, mais c’est insuffisant. La difficulté du monde complexe dans lequel nous vivons est justement de savoir comment réussir à hiérarchiser les informations. Faudra t’il considérer que le simple fait de cliquer sur un lien implique une adhésion globale ? Ce qui est faut pour les sondages, l’est aussi pour internet. Les médias eux-aussi, au temps de leur montée en puissance dans les années 80 ont véhiculés ce même type d’illusion. La transparence était une solution en soit. Ils sont en train d’apporter la preuve du contraire. Le sujet n’est pas affaire de contenant, mais plutôt de contenu. Les médias n’ont fait que remplir le vide laissé par le vide des idées politiques.

                La première des idées politiques est que la société a besoin de se construire un espace collectif dans lequel tous peuvent se reconnaître. Le culte de l’individualisme roi a atteint toutes ses limites. Si le rejet des dogmes et la peur totalitarisme ne nous conduisent que sur le chemin de l’égoïsme, le fascime est devant nous. Les guerres en cours et celles qu’on nous promet, en Irak, en Iran et en Palestine nous préparent pour ce chemin là. Le sujet du dialogue démocratique est de savoir comment parler au plus grand nombre. Dans un monde en voie de globalisation économique, le plus grand nombre est composé de 6 milliards d’individus. Ce n’est pas de ça dont nous parle Monsieur Nicolas Sarkoszy dans sa course vers le pouvoir.

                Si les démagogues occupent le centre du terrain et ne s’adressent plus qu’aux faibles d’esprits, c’est parce que les autres leur ont cédé la place. Il ne peut exister de société sans idées, idéaux et idéologies.


              • ester (---.---.98.37) 30 avril 2006 15:17

                Cet article résume en tout point la réflexion que je m’étais faite sur les médias traditionnels. Il y a en effet une crise de fonction plus qu’évidente chez ces derniers. Ils sont passés du statut de contre-pouvoir à celui de pouvoir primo accédant :

                - Sur le peuple, par la façon dont ils formulent la problématique de départ par lequel il s’approprie l’information
                - Sur les évènements par les effets de « Larsen » médiatique qu’ils provoquent par leurs comptes-rendus émotionnels focalisés et répétitifs.
                - Sur la politique (au sens noble du terme) d’un pays. En simplifiant, focalisant et passant dans le domaine de l’émotionnel toute problématique, ils passent à la trappe toute celles ne leur paraissant pas commercialisables et empêchent par ailleurs toute analyse globale de la problématique traitées. Au final le gain en termes d’information est nul, ne reste au demeurant qu’une empreinte émotionnelle aigue sans distance (voulue ?) chez la lambda-cible.
                - Enfin plus graves encore, sur eux même. Leur statut de « journaliste » provoque bien souvent chez eux la sensation (encore l’émotionnel...) de « savoir » et pire « d’avoir » raison. Ce syndrome se démontre par l’expérience. La promptitude, avec laquelle une information circule entre les médias sans aucune vérification, approfondissement voir souci des sources, en est le premier symptôme. Le second plus visible est la difficulté qu’on peut avoir à les remettre en question : Les émissions télévisuelles telles que « l’hebdo du médiateur » ou « arrêt sur image » sont d’excellents postes d’observations (dont il faut remercier l’existence malgré le fait que leur rôle soit bien celui souvent celui d’un cache sexe pour les médias).

                Je m’emballe sans doute un peu mais il y a encore tellement à dire et dénoncer sur cette situation... : La com.’ , l’espace de cerveau disponible, la concomitance des mondes politiques et journalistiques...


                • Frédéric Mahé (---.---.117.249) 2 mai 2006 09:56

                  Article intéressant qui pose un problème de fond : doit-on traiter le « 4e pouvoir » comme un pouvoir structuré et organisé et lui demander de se réformer ? Peut-on exiger d’une multitude de rédacteurs une action et une stratégie commune ? La presse, (ou « les médias ») ne sont pas un gouvernement ou un parti politique : seule la déontologie est censée être commune aux journalistes (ainsi qu’un nombre de patrons toujours plus restreint, malheureusement). On sait qu’ils proviennent presque tous des mêmes écoles de journalisme, et qu’ils ont des opinions politiques similaires en majorité (voir l’excellent dossier de Marianne sur le sujet d’il y a deux ans à peu près [3], et leurs innombrables articles sur la pensée unique).

                  Je suis d’accord que les médias, soumis quoi qu’on en dise aux « lois du marché », doivent tendre vers des ventes « suffisantes » pour survivre, et donc succomber à un certain clientélisme, surtout s’ils sont ciblés « généralistes » (comme TF1 ou Le Monde). Et donc par pente naturelle, ils tendent à glisser du côté du plus puissant (soit en argent, soit en lectorat potentiel, soit en recettes publicitaires). La débandade actuelle du gouvernement (ou de ce qui nous en reste) n’est certainement pas étrangère à cette hargne subite du Monde (comme on disait dans nos villages : les mouches changent d’âne).

                  Parce qu’honnêtement, que Douste-Blazy soit ... euh... un peu léger (attention les termes)... tout le monde le sait depuis des années. Qu’il navigue même parfois à la limite du ridicule, on le sait. Le Canard Enchaîné l’allume régulièrement sur ce thème [1], mais aussi parfois l’Express [2] ou d’autres (rappelez-vous la polémique surles frais de l’opération de promotion de l’Airbus 380 à Toulouse), bon, on a son idée sur le bonhomme. Que sa compagne, la productrice de télévision Dominique Cantien, émarge à TF1 (encore une « collusion médiatico-politique », au passage, quoique la Ferme des célébrités, bon, comme message politique, c’est pas le 20 heures...), l’a peut-être protégé dans les médias pendant quelque temps, allez savoir...

                  Faut-il cependant en conclure que les médias « font et défont les princes » ? ça m’étonnerait ! C’est un fantasme classique, d’ailleurs entretenu par la presse : les médias peuvent « faire sauter un gouvernement », et de citer Jaurès, le Watergate, etc. Je vous conseille la lecture assez acide du monde la presse faite par Jean Duroud (!) il y aquelques années « ça bouge dans le prêt-à-porter », hélas pas facile à trouver. Actuellement, on constate que les médias suivent les puissants, et que s’ils attaquent un « prince », c’est qu’un autre « prince » puisant les y pousse.

                  Le seul vrai remède à cette situation, ce n’est pas Internet (la solution miracle à tout), mais l’esprit critique (et pas l’esprit de critique, nuance) du lecteur. L’Education a un rôle à jouer, ainsi que les presses dites d’opinion, principalement les titres non financés majoritairement par la publicité. Ne cherchez pas, il n’y a que trois titres : Charlie-Hebdo, Le Canard et Marianne, plus quelques feuilles plus confidentielles. Soyons sympa par respect pour nos jeunes années trublionnes, et mettons l’Huma dans le sac, mais vraiment par nostalgie (vu les nouveaux actionnaires, acquis comme chacun sait à la lutte féroce contre les forces ténébreuses du grand capital).

                  C’est curieux, de la part de la France, pays de la libre pensée (et des Droits de l’Homme, gna gna gna, etc.), d’être aussi peu garnie en journaux d’opinion.

                  Alors, éduquer le lecteur plutôt que réformer le monde médiatique ? C’est plus ingrat et plus difficile, d’accord, mais plus payant au bout du compte, n’est-ce pas ? C’est peut-être à ça que peuvent servir des initiatives comme Agoravox.

                  [1]http://info.france2.fr/people/19656725-fr.php [2]http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/villepin/dossier.asp?ida=432150 [3]http://www.marianne-en-ligne.fr/dossier/e-docs/00/00/02/E0/document_dossier.phtml


                  • Frédéric Mahé (---.---.117.249) 2 mai 2006 11:55

                    Excusez-moi, ce n’est pas Jean Duroud que je vous encourage à lire, , c’est Jean Dutourd ! Convulsion de clavier...


                  • JDCh JDCh 8 mai 2006 16:25

                    Voilà ce qu’en dit le International Herald Tribune (version française) http://jdch.blogspot.com/2006/05/starac-pour-douste-votez-1.html


                    • Anne (---.---.115.156) 8 mai 2006 17:20

                      Bon article. Vous soulevez un problème très grave.

                      N’oubliez pas non plus à qui appartient la presse Française pour vous faire une idée pourquoi on entend autant parler de Sarkozy : Dassault, Edouard de Rothschild ... et jusqu’à recemment le Group [infâme] Carlyle, entre autres. Sarkozy complémenterait l’axe Washington, Londres, Tel Aviv comme personne d’autre. Le candidat des guerriers.

                      A Frédéric Mahé, je dirait que ce serait dangereux d’imaginer que education et esprit critique suffiraient pour contrer la puissance « de suggestion » des grands médias.


                      • Anaximandre1 (---.---.181.181) 10 juillet 2006 16:45

                        Bonjour,

                        Je viens de lire un livre incroyable qui dévoile les secrets du monde politique, des médias, de la télévision, etc. Il est parfois ardu à lire, mais en fait, les révélations sont inouïes et même... désagréables à supporter, car on est pris complètement au dépourvu.

                        Bref, pour tous ceux qui veulent s’instruire sur les manipulations médiatiques, j’aimerais avoir car je suis plus que stupéfait.

                        il est en téléchargement libre ici :

                        http://www.manuscritdepot.com/a.david-millet.1.htm

                        Merci à tous !

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