Comment éviter le réchauffement climatique ? Les programmes des deux candidats au banc d’essai
L’enjeu environnemental du siècle est le problème du réchauffement climatique. Celui-ci est dû aux émissions de gaz à effet de serre, notamment de dioxyde de carbone CO2. Ces gaz à effet de serre sont générés lors de la production d’énergie. Nous, Terriens, consommons de plus en plus d’énergie depuis des décennies, et produisons beaucoup trop de CO2.
Etat des lieux
On mesure la consommation d’énergie en Tonne Equivalent Pétrole (tep). Une tep est la quantité d’énergie équivalente à l’énergie produite par une tonne de pétrole, soit 11630 kWh, ou 10 000 milliards de kcalories.
Dans le monde en 2004, on a consommé 11 milliards de tep, soit en moyenne 2 tep par habitant. Derrière cette moyenne se cachent des écarts importants qui vont de 0,1 à 24 tep par habitant.
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Consommation d’énergie (Millions de tep par pays) |
Consommation d’énergie/habitant (en tep par habitant) |
Monde |
11.200 |
2 |
Bengladesh |
23 |
0,1 |
Chine |
1.600 |
1 |
Danemark |
20 |
3,5 |
France |
275 |
4,5 |
Etats-Unis |
2.300 |
8 |
Qatar |
20 |
24 |
Source : Agence internationale de l’énergie. Key World Energy Statistics
Les émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent la planète sont directement liées à la consommation d’énergie. Mais si les économies d’énergies sont à encourager pour les pays développés, elles ne conduisent pas forcément, à elles seules, à une réduction des émissions de CO2, le point majeur à considérer lorsqu’il s’agit du réchauffement climatique.
Par exemple, un Chinois consomme quatre fois moins d’énergie qu’un Français, mais produit presque autant de gaz à effet de serre. Un Danois consomme moins d’énergie qu’un Français, mais produit plus de gaz à effet de serre (voir détail dans le tableau ci-dessous).
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Emissions CO2 2004 |
Emission de CO2/habitant |
Monde |
26.600 |
4 |
Bengladesh |
33 |
0,2 |
Chine |
4.800 |
4 |
France |
390 |
6 |
Danemark |
50 |
9,5 |
Etats-Unis |
5.800 |
20 |
Qatar |
40 |
50 |
Source : Agence internationale de l’énergie. Key World Energy Statistics
A consommation d’énergie égale, les émissions de gaz à effet de serre peuvent varier de 1 à 3 selon les pays. Le choix de la politique énergétique est très important.
Intéressons-nous plus particulièrement à un autre pays européen, le Danemark. Un Danois consomme moins d’énergie qu’un Français, mais il émet 9,5 tonnes de CO2 par an, alors qu’un Français en émet 6.
Dans le domaine des transports, l’énergie utilisée est quasiment exclusivement le pétrole. Il n’y a pas aujourd’hui d’alternative réelle. Tout reste à faire. L’électricité d’origine non fossile consommée par les trains ne représente que 3% de ce secteur en France.
Pour sa production d’électricité, le Danemark fait appel à 81% aux énergies fossiles : charbon, pétrole et gaz, émettant d’importantes quantités de gaz à effet de serre. 19% sont produits à partir d’énergies renouvelables : éolienne (12%), biomasse et déchets (7%).
Sources d’énergies utilisées au Danemark (électricité, transport, industrie). Source AIE
Dans le domaine de l’électricité, la France a fait d’autres choix : elle produit 90% de son électricité à partir de sources non émettrices de CO2. 11% d’hydraulique, et 79% d’énergie nucléaire. Les 10% restants sont générés à partir d’énergie fossile (gaz, charbon et pétrole).
Sources d’énergies utilisées en France (électricité, transport, industrie). Source AIE
Quelles sont les évolutions souhaitables ?
La stabilisation de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère suppose que l’émission annuelle moyenne au niveau mondial ne dépasse pas 1,21 tonne de CO2 par habitant. Il faudrait que les Français réduisent leurs émissions d’un facteur 5, et que les Danois les réduisent d’un facteur 8.
La France doit faire un effort modéré pour abandonner complètement les énergies fossiles dans la production d’électricité et de chaleur. Les éoliennes devront fleurir dans les prochaines années près de chez nous. La part du nucléaire devra augmenter un peu, et la biomasse devra alimenter les centrales thermiques. Dans les bâtiments, le chauffage électrique devra remplacer le gaz et le fuel. Cela fera passer de 6 à 4 tonnes par an l’émission de CO2 par habitant.
Pour arriver à 1,21 tonne de CO2 par an et par habitant, il faudra faire des efforts sur les transports : diminuer le kilométrage parcouru par les camions et les véhicules particuliers, et augmenter l’usage des transports en commun. L’utilisation de véhicules électriques ou hybrides électriques serait possible en France car la production d’électricité ne produirait plus de CO2.
Le Danemark est bien mal engagé dans la réduction des gaz à effet de serre avec sa politique énergétique refusant le nucléaire. Les énergies renouvelables sont déjà au maximum de leurs possibilités. Les économies d’énergie sont importantes car les Danois dépensent nettement moins d’énergie que les Français. La seule solution est une réduction drastique de la consommation d’électricité, mais on se demande comment. Il est sûr que les Danois n’auront pas droit aux véhicules électriques car ils doivent impérativement diminuer leur consommation électrique, et devront réserver les biocarburants aux véhicules utilitaires. Si le Danemark souhaite respecter l’environnement, il n’aura d’autre choix que d’interdire l’usage de la voiture particulière, même électrique.
Les programmes des candidats
Pourtant, les Verts et Ségolène Royal souhaitent mettre en place une politique énergétique qui prend (volontairement ou non) ce pays nordique pour modèle : désengagement du nucléaire et remise en cause de la génération actuelle des réacteurs nucléaires, l’EPR (voir l’article). Les économies d’énergie par le développement des normes de construction HQE et le développement des énergies renouvelables proposés par la candidate socialiste seront très insuffisants pour diviser par 5 les émissions de CO2, surtout si l’EPR n’est pas développé. Ce programme ne peut que conduire à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Nicolas Sarkozy souhaite développer le nouveau réacteur nucléaire, l’EPR, plus sûr et d’un meilleur rendement que les anciennes centrales nucléaires. En plus de préserver l’environnement, cette technologie de pointe française favorisera l’économie de notre pays.
De plus, Nicolas Sarkozy est le seul à avoir proposé un taux de TVA réduit sur les produits préservant l’environnement, de manière à rendre une voiture hybride électrique moins chère que son équivalent à essence. Ces véhicules ne sont moins polluants que si l’électricité est d’origine nucléaire.
Autre mesure importante, Nicolas Sarkozy souhaite mettre en place une taxe-carbone, appliquée aux produits en provenance de pays ne respectant pas le protocole de Kyoto, selon le principe pollueur-payeur.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser si l’on écoute les Verts et les partis de gauche, le programme de Nicolas Sarkozy concernant l’environnement est beaucoup plus pragmatique et réaliste que celui de Ségolène Royal. Le modèle énergétique danois, souvent paré de vertus illusoires et dont rêvent pourtant de nombreux antinucléaires français, est une catastrophe écologique. Même s’il encourage aux maximum les économies d’énergie et les énergies renouvelables.
Pour conclure, je cite Hervé Nifenecker, président du collectif Sauvons le climat (1).
« La consommation sans frein des énergies fossiles provoque, via les gaz à effet de serre, un réchauffement climatique dont les conséquences s’annoncent redoutables. Permettre le développement des pays émergents sans compromettre le climat de la planète constitue l’un des défis majeurs du siècle qui commence.
Les experts nous disent combien il est urgent de limiter les émissions de gaz à effet de serre : il faut donner plus de place aux énergies qui n’en n’émettent pas, nucléaire et renouvelables, d’ailleurs complémentaires entre elles.
Pourtant, le nucléaire souffre d’un déficit de popularité alors qu’aucun élément objectif dans le fonctionnement de nos centrales ne justifie ce scepticisme. Celui-ci est en réalité dû à la propagande persévérante d’organisations antinucléaires se réclamant de l’écologie et, aussi, à l’absence d’expression organisée d’une opinion divergente.
Cette querelle sur le nucléaire pervertit le débat sur les sources d’énergie et nous détourne de la question cruciale qui est de savoir comment diminuer au plus vite nos émissions de gaz à effet de serre.
Or, il est encore possible de préserver le climat de notre planète et, par lui, l’avenir des générations futures, en combinant l’utilisation de toutes les énergies qui ne produisent pas de gaz à effet de serre, en généralisant les économies d’énergie et en ne permettant la combustion des réserves fossiles qu’à condition que la captation et la séquestration du CO2 produit soient réalisées de façon systématique et satisfaisante. »
- Le collectif Sauvons le climat a été fondé en 2004 et a pour but d’informer de manière indépendante de tout groupe ou parti politique, sur les problèmes relatifs au réchauffement climatique et sur les solutions proposées pour le ralentir. Il est doté d’un comité scientifique, présidé par Michel Petit, ancien responsable du groupe français d’experts au GIEC, et compte plusieurs prix Nobel français. Son manifeste a été signé par plusieurs milliers de personnes.
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