Eric Woerth ne le dit pas, mais le sait bien : L’UMP est la victime des prétendus emplois du RPR
Même si devant les caméras de Canal plus, sous son sourcil de ouate blanche bien informé, l’énarque Jospin parle « d’ordonnance du juge » pour expliquer la bonne décision de Bertrand Delanoé dans l’affaire Juppé-Chirac. Restez serein !
« Si j’étais Président…de la République » l’émule de Gérard Lenormand qui s’est dépensé sans compter pour son parti, ne compte toujours pas. Il cultive l’art précieux de l’amalgame, sans conséquence, et la rhétorique du rien qui subroge le tout. Qui pourrait en vouloir à un si grand commis de l’Etat de classer la prise illégale d’intérêt parmi les contraventions de 5ème classe et de convertir un Tribunal de Police en Correctionnelle ?
Les faits constituant un délit au terme de l’instruction, l’ordonnance dont parle Lionel Jospin est prononcée par le Juge l’ayant conduite et, en l’occurrence, renvoie l’affaire Jacques Chirac devant le tribunal correctionnel afin qu’elle soit jugée. Elle ne condamne personne mais fait avancer la procédure pénale d’une case.
La réalité est : aucune condamnation de réparer le préjudice de la Mairie de Paris n’a été prononcée à l’encontre du RPR dans l’affaire Juppé. Peu importe que la Chambre de l’Instruction s’appuyant sur la déclaration des personnes concernées « évoque des financements illicites au profit d’une famille politique ». Elle ne nomme ni ne met en accusation le RPR. L’appel interjeté par Alain Juppé consiste à établir le bien fondé d’un jugement du 30 janvier 2004 dans lequel le RPR n’a fait l’objet d’aucune condamnation. De l’évocation à l’implication qui résulte d’une condamnation, le fossé est immense.
Ensuite, au sujet de Monsieur Chirac, la juge d’instruction estime, avec la plus grande prudence, que : « Les faits incriminés devaient servir ses propres intérêts ou ceux de son parti. » selon le communiqué de Bertrand Delanoé. Il n’est pas non plus question ici d’un jugement voire d’une affirmation catégorique mais d’une appréciation ouverte. Les justifications de « l’arrangement » ,que Bertrand Delanoé a soumis à l’approbation au Conseil Municipal dans le cas d’Alain Juppé et lui proposera dans l’affaire Jacques Chirac ne s’appuient sur aucun argument juridique établi désignant le RPR comme bénéficiaire des faits présumés. Cette parodie d’auto-justice s’exerce au détriment d’un parti adverse qu’elle diffame et dont elle affaiblit la trésorerie. Elle s’apparente à un lynchage politico-judiciaire et participe à protéger les responsables des délits soumis aux juges. C’est pourtant contre Jacques Chirac, déféré en Correctionnelle, et non le RPR ou l’UMP, que la Mairie de Paris s’est constituée partie civile.
A propos de cette affaire qui traîne depuis 13 ans, avant de commettre l’irréparable, la bonne question est, pour attiser les regrets, de savoir si le versement de 900.000 € par l’UMP à la Mairie de Paris pour sauver le Maire de Bordeaux constitue un dol ou tombe sous le couperet de la prescription pour frustrer les masses nostalgiques de guillotine ?
L’« implication civile du RPR », de Bertrand Delanoé spécialiste de la « com » et jovial promoteur de la bicyclette, est toute aussi fantaisiste que l’ordonnance du Dr Jospin, Diaphoirus prônant la saignée du mouvement populaire. Cette tentative d’intox oratoire en vue de dédouaner, sous couvert de pragmatisme et bonne gestion, le conseil municipal, ses collègues de l’UMP, et d’éviter de restituer les fonds, n’est ni d’une moralité ni d’une efficacité mitterrandienne sans égale. La Mairie de Paris n’a jamais porté plainte contre le RPR. Mais n’est-ce pas un ministre du front Pop qui déclarait à Léon Blum : « En somme, on ne prête qu’aux riches et ne prend qu’aux pauvres. » et l’intéressé de questionner « Ne sont-ils pas les plus nombreux ? »
En lisse dès 2005, M. Sarkozy, président de l’UMP a fait peu de cas des statuts de son association quand, après la condamnation d’Alain Juppé, son parti dédommagea la Mairie de Paris selon le protocole du 19 avril 2005.
Cet acte, qu’Eva Joly qualifie d’abus de biens sociaux, pourrait bien dans le cas Juppé être frappé de prescription triennale pour autant que les adhérents UMP ait été informés de cette dépense, lors de la présentation des comptes 2005 de l’association, et qu’il ne présente les caractéristiques d’un dol.
Mais voilà, à lire les statuts et le règlement intérieur de l’UMP, les adhérents ne se prononcent annuellement que sur les finances de la fédération départementale à laquelle ils sont inscrits. Le détail des comptes nationaux n’y apparaît pas. Le « congrès », sorte d’assemblée générale de l’ensemble des membres, se réunit tous les 3 ans (le dernier eut lieu le 14 janvier 2007). Son ordre du jour ne concerne jamais l’approbation des comptes nationaux des exercices passés.
L’opacité en matière financière est la caractéristique d’une telle organisation. Les instances nationales de l’association n’ont nul devoir d’expliquer leur gestion à la base, et, le trésorier nul nécessité de recueillir auprès d’elle quelque quitus blanchisseur de conscience.
Que le festin commence ! Au parti on roule sur la confiance et l’on dévore le patrimoine des membres à la table d’hôte. La cuisine financière est du ressort du Chef et des marmitons, parmi eux moult experts du droit. Alors pensez ou dépensez, karcher ou pas, dans la gamelle l’appétit vient en croquant !
Cette grande tambouille est la configuration idéale pour, comme l’Etat vient aux cigares de Christian Blanc et le tic au Président, permettre à celui qui représente l’UMP, à lui seul, de venir aux droits et obligations du RPR, dans un protocole d’accord vicié, aucune obligation n’ayant jamais été prescrite par la justice à son rassemblement. Le préjudice est requis par la Mairie de Paris, partie civile dans une action en justice pénale à l’encontre de particuliers, ex-membres dirigeants du RPR, élus de la commune de Paris, qui pour certain exerce encore une influence déterminante sur le parti, à l’époque. Toque ! Le Chef et son premier commis ont mijoté un virement à l’étouffé sans fumet. Comme l’aurait dit, un jour à table, Vespasien, précurseur des sanisettes : « l’argent n’a pas d’odeur ».
Le règlement de l’affaire Juppé montre que la décision de la Chambre des comptes régionale d’Ile de France http://www.ccomptes.fr/fr/CRC13/documents/Jugements/IFJ05-1208.pdf, prise en « formation restreinte », n’a fait, en son temps, l’objet d’aucun écho dans les médias hormis, la « Revue du Trésor » http://www.revuedutresor.com/ARTICLE08-06-ROCCA-SITBON-CHRO.pdf dans son numéro 8-9 d’août-septembre 2006. La Revue susnommée, prétendument publiée à 25.000 exemplaires par l’Administration Centrale, est diffusée confidentiellement dans 35 pays et s’enorgueillit de 7.000 abonnés de par le monde. Ce n’est pas exactement le quotidien le plus vendu sur la planète ! Elle est si élitiste et si pointue, que peu de professionnels du droit civil et du journalisme spécialisé la feuillettent. Le Canard lui-même ne la consulte pas et ne l’a pas trouvé pas dans la poubelle des cabinets qu’il inspecte régulièrement. Alors ! Sans vague, l’évanescent s’évanouit avec la crue sur le sable de Paris-plage.
Il était impossible à l’immense majorité des membres de l’UMP de connaître la convention passée avec la Mairie de Paris dont les conseillers municipaux se sont gardés, par ignorance ou sagesse, de contester l’implication mensongère du RPR dans l’affaire des emplois et d’en faire circuler le bruit jusqu’au Canard.
Les membres de l’UMP, spoliés par la décision de leurs plus hautes instances, n’ont même pas eu la possibilité de prendre connaissance de ce dédommagement illicite dans les comptes nationaux de 2005 publiés, sans détail, au Journal Officiel en janvier 2007. Ils ne pouvaient donc, avant la déclaration publique du prédédent "Juppé" pas tout à fait précise de Bertrand Delanoé, agir pour préserver le patrimoine de leur parti en consultant la gazette du Palais. Ils n’étaient pas au parfum.
En conséquence, dans l’hypothèse d’une plainte ou d’une dénonciation, même si ce qui ressemble comme un dol à un dol n’était pas retenu par le ministère public pour annuler le versement du remboursement de la dette municipale à Juppé, tout espoir ne serait pas perdu. Pour des infractions telles que l’abus de bien sociaux et le détournement de fonds, le délai de prescription de trois ans ne commence à courir qu’à « partir du moment où l’infraction apparaît et peut être constatée dans les conditions permettant l’exercice de l’action publique ». Mais prudence ! Ce « moment » est à l’appréciation de la justice. Quant au dol il ne se présume pas il doit être prouvé. Pas facile !
Hélas ! Les prétendues libéralités de la famille Bettencourt ne permettront pas de régler le préjudice de la Mairie de Paris. De tels subsides n’existent pas et n’ont jamais existé. Ils n’apparaissent pas dans la trésorerie, abandonnée en l’état, par Eric Woerth à son successeur, Dominique Dord, ex salarié de L’Oréal de 1985 à 1987. Ils n’ont donc pas profité à l’UMP mais à quelqu’un d’autre . Comme dit le proverbe chti’ qu’affectionnerait religieusement Martine Aubry : « Quand tout dépend d’un filet de brillantine on change d’homme, pas de parrain ».
Emile Wolf
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