Hadopi : Cas pratique après la censure
Censurée par le Conseil Constitutionnel la loi Hadopi reste, comme Sarko, une bête sauvage bien vivante et hautement dangereuse. Cas pratique, jusqu’au ridicule.
La loi Hadopi est donc retoquée. Elle est même proprement foutue en l’air par une décision pleine d’humour du Conseil Constitutionnel.
Avant son retoquage la loi Hadopi autorisait quelques obscurs fonctionnaires nommés par "on-ne-sait-trop-qui" à couper l’accès internet des internautes suspectés de piratage. Diable, c’était pourtant bien pratique dans un pays où "tout devient possible". Un simple signalement à Sarko et ses sbires par les majors du disque, et hop, dans la foulée, la Haute Autorité Administrative vous sucrait l’ordi, l’abonnement web et votre droit d’expression citoyen sur Agoravox ! Tout comme dans la Chine communiste de Hu Jintao. Une vraie rupture décomplexée de la connexion. Nos plus grands artistes, tels Enrico, Johnny et Doc pouvaient souffler, ils étaient vengés.
Las, la constitution de la République Française est bien trop compliquée, alambiquée et sibylline pour les esprits "pratiques" qui nous gouvernent. Ses vieux textes ésotériques datant de 1789 empêchent le premier venu, aussi volontariste soit-il, de tenir ses engagements de campagne. C’est un comble, surtout après "le triomphe" des élections européennes de 2009.
Dorénavant, selon le Conseil Constitutionnel, garant des institutions, c’est la justice qui devra, après enquête, prononcer une "très éventuelle" coupure de l’accès Internet. Chirac et Debré, membre et président dudit conseil sont vraiment des rigolos anti-sarko de haut vol. Refiler l’Hadopi à la justice... pour de la musique écoutée sur un PC... c’est un sketch qui ne manque pas d’originalité.
CAS PRATIQUE
La preuve. Dans la pratique on imagine à l’avance le tableau quand le petit Kevin téléchargera une chanson du chanteur Carlos pour faire rire ses copains de CM2 dans la cour de son école.
En premier lieu, et ayant constaté le délit de Kevin sur Emule, les ayant-droit (héritiers de Carlos ou major du disque), devront saisir le procureur de la République en se déplaçant en personne dans leur commissariat de quartier pour y déposer plainte. Sur place, une fois le procès-verbal rédigé et signé de leur main, un officier de police judiciaire contactera par téléphone le substitut du procureur qui décidera, en fonction des éléments implacables recueillis, d’engager ou non des poursuites judiciaires contre l’écolier pirate. La sauvegarde des intérêts de nos créateurs évadés fiscaux étant un engagement de campagne du magistrat suprême de l’Élysée, il est possible qu’une infraction soit constatée. Kevin peut trembler.
Le cas échéant ce dossier brûlant sera, selon la procédure, confié à un juge d’instruction. Celui-ci pourra utiliser à sa guise les moyens de la police judiciaire afin d’effectuer "des actes d’enquête", notamment "en délivrant des commissions rogatoires" ou "en ordonnant des perquisitions" sur les disques durs de Kevin et de ses copains de l’école primaire de Tarnac. Les services de police scientifique et d’expertise judiciaire, qui n’ont certainement rien d’autre à foutre de leurs journées, se feront alors une joie de participer à ce barnum pour débusquer "les terroristes" et dénicher des éléments confondants. Efficacité.
Si, par hasard, cette joyeuse armada venait à trouver les traces d’un "Papayou" ou de "La cantine" sur un lecteur MP3, notre bon juge d’instruction serait alors, et sans rire, en mesure de rendre une ordonnance de renvoi devant les juridictions pénales. Rien que ça.
LICENCE GLOBALE ? DANS LEUR CUL !
Et là, gare au "volet sanction" de la fameuse loi Hadopi ! La procédure publique, contradictoire et orale avec ses bataillons d’avocats, de témoins et d’experts, à défaut d’éviter le ridicule, permettra peut-être aux ayant-droit de Carlos de couper l’accès internet de Kevin. "Vae victis", mais pour autant les plaignants ne toucheront pas un sou, faute de licence globale. La loi Hadopi, qui bourrera bien le cul du petit Kevin, ne remplira pas pour autant le porte-monnaie de nos évadés fiscaux. En somme elle sonnera creux dans leur cul à eux aussi.
Voilà. Le méchant est en prison. C’est tout, c’est bien, c’est la rupture, c’est du sarkozysme, c’est du cirque bling-bling, du bougisme et du vent. Kevin téléchargera ailleurs, ou il empruntera la clé USB de Dylan, son copain de CM1. Et douze millions de Français continueront, comme vous, comme moi, comme madame Cillibert, à télécharger des conneries sur internet. Reste juste à suggérer à Sarko de rouvrir les 152 tribunaux fermés par Rachida Dati au nom de la réforme de démolition néolibérale. Il pourrait en avoir besoin si la loi Hadopi était réellement mise en application.
Le Conseil Constitutionnel a vraiment de l’humour.
Peachy Carnehan, Nordenstar.com
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