Haro sur les sondages
Après F. Bayrou, le candidat de l’UDF à la présidentielle qui s’estime mal traité par les média, c’est au tour de Claude Allègre, scientifique renommé et ancien ministre, de clouer au pilori, dans les colonnes de L’Express du 7 septembre, les sondages.
L’homme n’a pas changé. Le style non plus. Celui d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Dans sa courte chronique, Claude Allègre sonne une charge particulièrement violente à l’encontre des sondages. Le titre résume tout et donne le ton : "Madame Soleil et le pifomètre".
Si le constat de départ semble correct, le poids des sondages sur la vie politique, l’analyse qui suit n’est pas à la hauteur, et emprunte des raccourcis peu honorables. Vraisemblablement en service commandé pour son ami Jospin, Claude Allègre, drapé dans la respectabilité de sa qualité de scientifique de haut niveau, assène avec force de conviction des contrevérités opportunes. "...il est clairement établi, désormais, que les sondages se trompent très souvent, mais, plus encore, que leur réalisation n’obéit pas à des principes scientifiquement très solides. On est par conséquent dans le règne de la patascience, car les chiffres donnent une illusion de rigueur mathématique et il y a donc là un dévoiement de la démocratie."
La solution alternative proposée est tout aussi courte : créer un organisme d’Etat indépendant, contrôlé par des statisticiens, des politologues et des journalistes, chargé de faire les sondages politiques majeurs. Comme si le statut d’organisme d’Etat garantissait l’indépendance politique...
On peut ne pas aimer les thermomètres, ils demeurent pourtant l’un des moyens les plus fiables pour connaître avec justesse une température à un moment delta. Le reste n’est qu’un problème d’extrapolation, de diagnostic, avec toutes les possibilités d’erreurs inhérentes. Si une critique est à formuler, elle se situe bien là. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Oui, actuellement S. Royal est mieux située dans les sondages que l’ancien premier ministre Jospin. C’est un fait. La pilule est sans doute difficile à avaler pour C. Allègre qui fut son ministre "de tutelle" et qui entretint avec elle des rapports difficiles.
Certes, le rabachage médiatique autour du couple Royal-Sarkozy tend à creuser l’écart avec les autres candidats. Mais entre le fond et la forme, C. Allègre omet de s’interroger sur les sources de la popularité de S. Royal. Un aveuglement qui va de pair avec son absence d’analyse sur les raisons de l’échec de L. Jospin à la dernière présidentielle, peut-être parce qu’il faisait partie du staff du candidat.
En attendant, il est plus facile d’accuser le thermomètre d’être responsable de la fièvre du patient.
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