L’étonnante indulgence envers La France Insoumise
Après les propos de la députée La France Insoumise (LFI) de Paris Danièle Obono le mardi 17 octobre dernier qualifiant le Hamas de « mouvement de résistance » faisant suite au refus de la porte-parole de ce parti politique, Mathilde Panot, de qualifier ce mouvement d’organisation terroriste (pourtant défini ainsi par l’Union Européenne notamment), l’accord de la Nouvelle Union Populaire, Ecologique et Sociale (NUPES) commençait enfin à s’éroder.
En effet, le secrétaire national du Parti Communiste Français, Fabien Roussel, notamment après s’être fait insulter de collaborationniste par deux députés de LFI a acté le fait de tourner la page de cette union.
Déjà, le jeudi 5 octobre, les militants du Parti Socialiste ont entériné l’idée d’une liste commune NUPES aux élections européennes du 9 juin prochain.
Mais étonnamment, ce n’était pas le premier dérapage retentissant ou les premières prises de positions controversées de LFI qui auraient déjà dû faire vaciller cette union de circonstance. D’ailleurs, aujourd’hui encore, les députés de la NUPES restent dans ce groupe malgré l’attitude nauséabonde de LFI.
Les masques étaient pourtant déjà tombés
Le comportement violent de Jean-Luc Mélenchon n’était pas passé inaperçu aux yeux de l’opinion publique lorsqu’en octobre 2018, il avait agressé avec ses équipes des membres de l’autorité judiciaire réalisant une perquisition au siège de son parti. D’autres événements auraient dû aussi alerter une partie de la gauche, de l’opinion ou de la sphère médiatico-politique. Une vidéo montrant par exemple Jean-Luc Mélenchon, pourtant élu à l’époque de la cité phocéenne, railler l’accent du sud d’une journaliste de France 3. Ce dérapage jugé méprisant par certains auraient pu aussi commencer à décrédibiliser l’image de ce leader politique. Ces deux événements ne sont pourtant pas des actes isolés.
En novembre 2019, des élus LFI décident de participer à « une marche contre l’islamophobie » à côté par exemple d’une association proche des Frères Musulmans ou d’un ancien imam prônant le viol des femmes non voilées. Encore une erreur disaient les plus naïfs ou les plus cyniques. La réalité est pourtant encore accablante pour ce parti politique : soutien de la dictature cubaine dès 2010, soutien de la Chine dans sa politique expansionniste à Taïwan, admiration pour le Venezuela du Général Chavez, soutien de la Russie de Vladimir Poutine trois ans après l’annexion de la Crimée, listes communautaires des insoumis aux législatives, soutien de la Burqua, participation à des manifestations contre la police, refus de condamner les violences urbaines, contestation des résultats d’élections, soutien à leur député pourtant condamné pour violence conjugale, appel à la décapitation du Président de la République, invitation de l’ancien leader travailliste Jeremy Corbyn exclu pour de nombreuses frasques au sujet de l’antisémitisme. Cette liste de méfaits n’est malheureusement pas exhaustive. Nous aurions pu rappeler aussi par exemple le fait que le député LFI Thomas Portes avait posé pour une photo avec la tête d’un ministre à ses pieds ou encore parler du soutien au rappeur Médine qui s’amuse à se prendre en photo en faisant des quenelles.
Alors pourquoi cette attitude inquiétante qualifiée parfois à juste titre, mais de façon quasiment confidentielle, de « populiste de gauche » tardait et tarde encore à disqualifier ce parti ?
Effectivement, le leader des Insoumis pourtant sans mandats depuis 2021 a été l’invité de plusieurs rédactions à des heures de grandes écoutes malgré la bordélisation revendiquée de la société ou la conflictualisation assumée de tous les débats comme en témoigne les propos de leur leader dès 2012. Le fait que nous soyons dans « la société du spectacle » comme le théorisait Guy Debord explique en partie pourquoi ce parti qui prône le chaos soit invité sur les plateaux de télévisions car les excès de ses membres offrent ce divertissement dont les consommateurs de médias et les réseaux asociaux raffolent.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » disait Albert CAMUS.
Le parti politique La France Insoumise, avec toutes ses frasques devra-t-il encore être répertorié dans les grilles de nuances politiques pour les prochaines élections comme étant une organisation politique de gauche ou comme force politique à part entière ? Le qualificatif de « Divers extrême gauche » paraitrait beaucoup plus adapté compte tenu de l’ensemble de son attitude récente et de ses prises de positions pour éclairer les électeurs lors de leurs votes.
Aussi, les commentateurs de la vie politique ou même certains spécialistes s’accordent en cœur sur les plateaux de télévisions pour qualifier LFI de gauche radicale. Pourtant, la gauche radicale existe bel et bien déjà en étant représentée par le Parti radical de gauche (PRG) tout en prenant ses racines dans le radicalisme depuis près d’un siècle et demi. Qualifier LFI de gauche radicale, c’est gommer en un qualificatif mal choisi le plus vieux parti de France et dévoyer sa longue lutte pour la défense de la République et de la laïcité.
Alors pourquoi cette incapacité à bien nommer cette formation politique ?
La personnalité du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui électrise une certaine partie de la population par sa maîtrise de la rhétorique tout en lui conférant ce statut de « bon tribun » joue beaucoup dans cet aveuglement persistant. Outre le fait que cet homme politique s’inscrit malheureusement dans ce que l’Antiquité connaissait déjà et qualifiait de sophistes, ces professeurs de rhétoriques justement capables de s’exprimer sur tout en défendant tout et son contraire, le mal semble plus profond.
En effet, outre aussi la connivence de certains médias dont les journalistes se sentent proches de cette idéologie et outre le fait qu’une partie des politiques membres de la NUPES se sont alliés par calcul politique froid, il existe une certaine tendresse à l’égard de ce parti car il s’inscrit dans une idée révolutionnaire.
Depuis la tendre enfance, dès l’école, nous apprenons que notre modèle républicain prospère est né d’une révolution. Notre longue histoire révolutionnaire et tumultueuse fait partie de nous indéniablement. Pour beaucoup, la posture révolutionnaire de LFI et ses frasques sont donc enveloppées de cette couverture culturelle qui en vient à faire tolérer les outrances à certaines personnes. « La révolution ne s’est pas faite sans violence » peut-on entendre parfois dans des conversations anodines dans nos cercles de socialisations respectifs.
Mais malheureusement pour LFI, nous ne sommes plus sous l’Ancien Régime comme ils s’évertuent à nous le faire croire. Ce parti politique ne fait que jouer avec les ressentiments de nos concitoyens et les difficultés qu’ils ressentent tout en profitant de leur culture révolutionnaire ancrée. Ils bénéficient aussi d’une hémiplégie mentale qui consiste notamment avec le wokisme à penser qu’il y a les bons et les mauvais. Ce manichéisme s’illustre tout particulièrement avec le conflit actuel au Proche Orient dans lequel il y aurait le camp des méchants, Israël et l’Occident contre les gentils ou les persécutés, les pays du Sud et la Palestine. C’est bien connu, s’adresser aux passions tristes des personnes dépassées par leurs conditions et par les enjeux géopolitiques est plus facile car ils recherchent des solutions simplistes pour comprendre leur réalité.
Ce populisme de bas étage dangereux pour notre cohésion nationale devrait alerter tous les citoyens sensés. A l’heure où nos démocraties sont attaquées par des régimes totalitaires, ne laissons pas leurs idiots utiles nous saboter de l’intérieur.
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