Le programme de Mélenchon est le plus économique de la campagne
Le coût de la solidarité
De nombreux observateurs bien pensants nous expliquent que le programme du front de gauche coûte cher : smic à 1700 euros, constructions de logements sociaux, 500.000 places en crèche à financer, rendez vous compte ! Pour les comptables du dimanche, les crèches sont toujours superflues pour les autres, mais pas pour leurs propres enfants dont ils refusent les souffrances d'une socialisation trop tardive. Ils n'ignorent pas non plus le manque à gagner du conjoint privé de travail et les ressources dont il prive à son tour la collectivité. Pour ces raisons, l'égalité de la petite enfance ne saurait constituer un choix onéreux mais bien un investissement sur l'avenir. Les nouvelles crèches ne couteront pas un seul centime de plus à la collectivité, car l'effort investi pour nos enfants récompensera davantage la nation solidaire qu'elle ne pénalise la nation indigne qui les sacrifie. La lourde charge qui pèse sur la société ce n'est pas celle de l'enfant chéri mais celle de l'enfant damné, et par récurrence celle du deuxième, du troisième... et ainsi de suite jusqu'au dernier enfant laissé à l'abandon de son sort. Quelle épouvantable charge morale que de priver un demi million de nouveaux nés de fraterniser avec leurs semblables ! Curieusement, cette facture là ne nous est jamais présentée en terme comptable, de quoi sérieusement effrayer une France qui renie depuis trop longtemps son devoir de fraternité en abandonnant ses propres enfants dans la précarité.
La précarité est le fléau de la nation, c'est le regard d'autrui qui nous divise et le malheur qui nous guette tous. Sauf à considérer que la précarité est le moteur d'une compétition dont les bénéfices finiraient par l'emporter sur les méfaits. Mais la combativité de la jeunesse est éphémère, et le moment venu nul n'est garanti d'échapper à l'esprit de prédation de ses pairs surtout après en avoir fait l'apologie. Peu leur importe aux chantres du libéralisme de glorifier les règles d'un système qui produit une majorité de perdants sans la moindre garantie de pouvoir se relever. Et la première de ces garanties n'est elle pas de pouvoir accéder aux besoins fondamentaux en toute circonstance ? Chaque être humain nécessite de boire, se nourrir, se laver, se chauffer, d'habiter, se soigner... Ces besoins sont incompressibles en terme de coûts, celui qui creuse les dépenses de santé sur le long terme est il celui qui se soigne ou celui qui n'a pas de quoi payer la franchise médicale ? Lorsque le revenu minimum ne permet plus de vivre dans la dignité il n'y a pas d'autres solutions que de l'augmenter. Chaque euro de plus apportera à son bénéficiaire la part de dignité indispensable au retour de la prospérité morale et économique de notre pays.
Comment ? Selon la théorie de la relance, l'augmentation du smic peut générer le scénario suivant : ceux qui bénéficient de la hausse de salaire consomment davantage, l'activité économique augmente mécaniquement, le chômage diminue, les salaires de l'échelon suivant vont à leur tour augmenter et ainsi de suite... On peut aussi imaginer un autre scénario moins heureux : les propriétaires augmentent les loyers et captent une partie des hausses de revenus pour grossir leur épargne. Comme lors d'un lancement de fusée, l'échec n'est pas moins probable que le succès, il dépendra de la réactivité des politiques à piloter intelligemment le plan de relance (par exemple en contrôlant la hausse des prix et des loyers).
Bien sûr que le changement de paradigme annoncé par les mesures révolutionnaires du front de gauche s'annonce difficile et semé d'embuches, mais il finira par s'appliquer par la force des choses car la dignité se gagne au prix d'un effort non négociable.
Le problème de la dette posé par l'école de pensée dominante
Le service public nous est souvent présenté comme une pompe à richesse qui pénalise la libre entreprise. Richesse qui proviendrait pour l'essentiel de la production des biens et des services du secteur privé. Dans ce schéma, le secteur public produirait si peu de richesses qu'il est obligé de se financer en prélevant des taxes et des impôts. Voila en résumé comment les idéologues qui nous dirigent considèrent et perçoivent nos services publics. Pour eux le rééquilibrage des comptes de la nation du fait de l'augmentation constante de la dette, passe obligatoirement par une politique de réduction de l'activité du secteur public, ce qu'ils appellent aussi "austérité". La logique d'austérité tient pour prémisse le fait que le transfert de richesse se fait dans le sens du privé vers le public, à défaut de quoi, c'est l'activité du privé que la logique d'austérité choisirait de réduire pour alléger la dette.
Le montant total de la dette c'est le cumul de la différence au fil des années entre ce que dépense l'État et ce que l'économie est prête à supporter comme niveau de prélèvement pour le financer. Cette dette c'est de l'argent prêté par de valeureux épargnants qui daignent si généreusement prendre des risques pour financer notre défaut de trésorerie, il ne faut donc surtout pas les décevoir sinon ils cesseraient de nous aider.
Présenté sous cet angle d'analyse, tout paraît limpide comme de l'eau de roche et les solutions semblent s'imposer d'elles mêmes : austérité, austérité, austérité ou si on traduit : "l'éternelle revanche de la classe dominante contre les acquis sociaux des travailleurs Français", vieux démon qui resurgit chaque fois que nous baissons la garde républicaine.
Un autre angle d'analyse, une autre facette de la réalité
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France est détruite il faut reconstruire le pays, le conseil national de la résistance planifie les orientations industrielles, l'investissement productif et la recherche. Puis s'enchainent les grands projets comme le Concorde, le TGV, Ariane, le nucléaire, les grandes infrastructures routières, ferroviaires, portuaires... et ça nous a plutôt bien réussi.
Le financement était assuré par des emprunts à taux nul à la banque de France, la dette était remboursée par les Français qui en retour ont bénéficié de l'amélioration constante de leur niveau de vie. C'est ainsi que la puissance publique a atteint une capacité productive digne des plus grandes nations de ce monde, le résultat de cette force est visible dans tout ce qui nous entoure. Mais dans les années 70 s'est opéré le virage libéral qui nous a fait basculer d'une économie où l'industrie était planifiée à une économie financiarisée dont nous pouvons aujourd'hui mesurer tous les méfaits. En 1973, Giscard ministre des finances et de l'économie sous Pompidou réforme les statuts de la banque de France (Loi n°73-7 du 3 janvier 1973 sur la Banque de France). Sous couvert de modernité et de lutte contre l'inflation, la loi prive notre république de son droit régalien de création monétaire et d'autofinancement par le biais de sa banque centrale. Depuis cette date la France n'a plus le droit d'emprunter à sa propre banque centrale et doit se financer sur les marchés, lesquels peuvent se financer directement à la banque de France, le comble ! Si cette explication est nouvelle pour vous, je vous suggère de lire cet article qui le vulgarise : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-pouvoir-invisible-104666
Privée de sa capacité monétaire, la France a été obligée de se financer sur les marchés en émettant des obligations : « On est pris à la gorge, prêtez nous vite l'argent que vous auriez dû payer en impôts, on vous le remboursera avec des intérêts ». Chaque année, la France a ainsi emprunté ses besoins en fond de roulement ainsi que le montant nécessaire pour rembourser les échéances de l'année précédente. C'est ainsi que la dette est devenue un énorme monstre qui se nourrit de lui même. Aujourd'hui, la France n'emprunte plus que pour payer les intérêts lesquels constituent aujourd'hui la quasi totalité de notre dette. Un chiffre pour marquer les esprits, sans la loi Pompidou-Giscard de 1973, aujourd'hui les comptes de la nation seraient excédentaires d'une centaine de milliard d'euros.
A l'heure où la dette menace notre système social d'effondrement, les politiques d'austérité visent à planifier - pour mieux perpétrer - le pillage des nations et des peuples au profit des marchés financiers. La dette de la France résulte d'une escroquerie qui s'est institutionnalisée au niveau Européen avec le traité de Maastricht puis le traité de Lisbonne. Il n'y a pas de fatalité, il n'appartient qu'aux peuples de mettre le bon bulletin dans l'urne pour mettre fin à cette comédie. Avec le front de gauche, les traités européens qui ont rendu légal cette guerre contre les peuples seront abrogés à l'issue d'un bras de fer avec nos partenaires européens sur la réforme des statuts de la banque centrale européenne. Hantés par le cauchemar hyper-inflationniste de la république du Weimar, les Allemands sont les plus réticents à l'idée que les États puissent se financer directement à la banque centrale européenne. Ce combat nous sommes certains de le remporter, tant l'absurdité du remède a déjà conduit les plus conservateurs à réviser leur position. Les économies à réaliser sont faramineuses, elles correspondent pour la France aux intérêts annuels de la dette qui s'approchent dangereusement du montant de 60 milliards d'euros, à titre de comparaison l'impôt sur le revenu n'a rapporté que 48 milliards de recettes en 2010.
La dette ou l'inflation ?
La loi Pompidou-Giscard devait officiellement servir à protéger l'État de ses propres excès pour limiter l'inflation monétaire. L'inflation apparait dès lors qu'un État abuse de sa planche à billet et se retrouve dans l'impossibilité de détruire l'excés de monnaie qu'il a créé. Forcer l'État à s'endetter au profit des banques privées revient à soumettre le budget souverain au véto de celles-ci. C'est surtout le moyen de détourner légalement des sommes considérables au profit des banques privées, lesquelles n'ont fait que prêter à l'État Français à des taux élevés de l'argent qu'elles ont emprunté à la banque de France (donc à l'État) à des taux très bas.
La supposée garantie qui interdit aux États de se financer directement à leur banque centrale pour contrer le risque inflationniste est une escroquerie intellectuelle, elle s'apparente à l'argument du truand qui s'empare de vos biens pour vous en protéger de ses mauvais usages. Comment la république peut elle accepter pareille mise sous tutelle, comment privé de sa capacité à définir ses propres objectifs et les moyens de les atteindre, le peuple tout entier a t-il pu se laisser insulter et dépouiller de la sorte ?
Si le taux d'inflation moyen a été de 5% de 1960 à 1973, il a été de 11% dans les dix années qui ont suivi ! Nous avons donc troqué notre souveraineté et une inflation raisonnable pour une hyper-dette et la soumission aux marchés financiers pour le résultat que l'on connait. Et comme les dettes souveraines atteignent des proportions qui rendent le défaut de paiement inévitable dans de nombreux pays de la zone euro (ça a déjà commencé par la Grèce) nous aurons au final l'hyper-dette et l'hyper-inflation, le chômage de masse, la misère sans compter la menace d'un conflit armé comme ça a souvent été le cas lorsque de telles situations se sont produites dans l'histoire.
Quand la France capitule
Ne nous laissons jamais culpabiliser sur nos acquis sociaux, le passé nous ayant déjà enseigné quel usage il avait été fait de ce procédé :
« L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. »
Nicolas SarkozyPétain, 25 Juin 1940
En culpabilisant les maigres acquis sociaux conquis par les travailleurs à savoir les deux seules semaines de repos, Pétain a trouvé la force de justifier la capitulation de la France face à l'Allemagne et l'humiliation qui en a résulté : le plan d'austérité de 1940.
L'option Mélenchon c'est la voie de la raison qui nous oppose à une réalité absurde, parce que je la refuse, parce que je crois que ma France vaut mieux qu'un terrain de chasse pour les prédateurs de la finance, je voterai le programme de l'humain d'abord au premier tour et au deuxième tour de l'élection présidentielle.
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