Petites considérations de philologie politique post-électorales
Ce qui s'est passé durant plus d'un an lors de la campagne présidentielle, et qui s'est conclu par la victoire de la gauche à travers celle de François Hollande, devrait susciter certains constats, tant les mots & méthodes employés en furent l'impeccable démonstration.
En effet, on a pu comprendre quelle était cette fameuse différence majeure entre la gauche et la droite, en dehors des idées, et qui tient au rapport "au chef" (de meute) : sans son "chef" la droite est KO, perdue, sans projet, tandis que la gauche peut aligner plusieurs candidats, en perdre un "majeur" et le remplacer par un "mineur normal", et gagner tout de même des élections (DSK ou Aubry auraient de même gagné).
C'est que la gauche se fédère autour d'idées communes ensuite incarnées par tel ou tel, alors que la droite se fédère autour d'un seul individu porté au pinacle dont on prône ensuite ce qui lui tient lieu d'"idées".
Contrairement à une conception trop largement répandue, philosophiquement, c'est la même différence qu'entre l'idéalisme "religieux" dont la droite est héritière malgré ses grands discours sur le sens des responsabilités et sa "lucidité" autoproclammée, et le réalisme analytique qui anime la gauche plus apte à diagnostiquer les problématiques du réel, collectivement subies... D'où le besoin, pour la droite, de continuer à se réclamer d'un "héritage chrétien", de "valeurs spirituelles" et autres attachements à un passé fastueux, glorieux, totalement idéalisé.
Et c'est pourquoi, dans un Etat laïque, la droite est intellectuellement discréditée d'avance : elle n'a pas de programme ; elle n'a que des opinions. Tandis qu'il suffit à la gauche de se revendiquer de l'humanisme dont elle est héritière et qu'elle est contrainte de mettre en oeuvre jour à jour. La droite appelle à l'adoration d'un seul mythifié au nom de valeurs ancestrales : la gauche se contente d'en appeler à des valeurs concrètes, rendues nécessaires par les circonstances, au nom du bien-être de tous. La droite fantasme le réel collectif pour n'en satisfaire qu'un seul et les intérêts qui lui sont liés. La gauche part d'une analyse du réel pour prôner des solutions profitables au plus grand nombre.
Il n'y a donc pas de gauche ou de droite plus ou moins démocratiques : seule la gauche est démocratique dans ses idées et sa démarche, la droite n'étant qu'une longue survivance d'un autoritarisme archaïque à l'agonie.
Tuez enfin définitivement l'idée d'un Dieu transcendant, quel qu'il soit, et vous tuez la droite. A la gauche suffira toujours la transcendance d'un destin collectif choisi en commun. Partant, pas besoin de préciser vers lesquels se portent naturellement les "suffrages" cachés de la finance, ni quel camp a toujours besoin de la peur organisée (l'ancienne "terreur sacrée/religieuse")
Il n'est pas douteux que ce siècle verra enfin l'achèvement de l'onde de choc de la révolution française, et qu'il sera celui de la disparition des droites réactionnaires du monde entier qui ont tenté une dernière fois de verrouiller les états et les consciences lors de la première décade (GW Bush, Berlusconi, Sarkozy, etc.).
L'élection de François Hollande est donc un signal de "renaissance" des vertus révolutionnaires, et un "séisme tranquille" dont nous n'avons pas fini de mesurer les effets, en France d'abord, en Europe ensuite, puis dans le monde assurément par l'exemple qu'elle donne toujours.
Au-delà des défis de la crise économique, largement organisée par la finance internationale ne sachant plus comment garder le contrôle sur des peuples soumis, à résoudre par la gauche sans en passer par un abus d'austérité ligaturant les peuples, c'est là que réside la "bonne nouvelle" de l'élection de François Hollande, et qui n'a rien à envier à celle agitée par ces conservateurs qui ont voulu trop longtemps se faire passer pour les papes de nos consciences.
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