Présidentielle : en 2012, on change de mode de scrutin ?
Depuis la Grèce antique, les systèmes électoraux ont fait l'objet de débats, et aujourd'hui encore, on questionne régulièrement l'intérêt d'introduire "une dose de proportionnelle" à l'assemblée nationale française. Cependant, certaines règles sont si fortement ancrées chez nos concitoyens que même devant l'évidence, ils restent cois, comme une poule qui a trouvé un cure-dents.
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Pour preuve, un expérience qui m'est arrivée récemment, à l'occasion d'un vote sans histoires.
Dans l'entreprise où je travaillais voilà un an fut organisé un vote pour choisir la destination du prochain voyage d'entreprise.
Quatre villes (Edimbourg, Istanbul, Casablanca, Coppenhague) avaient été choisies pour concourir.
Le mode de scrutin utilisé tacitement était l'uninominal à deux tours.
Il nous fut bien précisé qu'il fallait éviter de voter pour plusieurs villes à la fois, car ça "risquait de compliquer les choses".
Je n'ai pu m'empêcher de provoquer le débat en choisissant deux villes.
"Mais pourquoi as-tu mis deux villes, il faut savoir faire des choix dans la vie, Martin !"
Je souhaitais exprimer une intention, celle d'éliminer Copenhague et Casablanca, tout en laissant au jeu du scrutin le soin de choisir entre les deux restantes (si elles recueillaient chacune assez de suffrages).
J'avais donc clairement indiqué ce que je voulais, et CE QUE JE NE VOULAIS PAS. Si la première intention est souvent exprimée dans le suffrage uninominal à choix unique, la deuxième ne l'est quasiment jamais.
Il existe un système, que vous connaissez forcément, car il est utilisé couramment par les enquêtes d'opinion et la presse. Il s'appelle indûment la "cote de popularité" ou les "opinions favorables".
Pourquoi la presse utilise-t-elle ce système si régulièrement, alors qu'aucun système de suffrage en vigueur ne permet, mystère.
Prenons l'exemple de cette dépêche :
Le 10 août, Nicolas Sarkozy est à 36% d'opinions favorables, c'est à dire moins que Hollande (50%), Juppé (47%), Borloo (46%), Hulot (45%), Aubry (45%), Bayrou(38%), et seulement un point de plus que Villepin !
On notera aussi avec intérêt qu'Eva Joly avait alors 28% tandis que Marine Le Pen était seulement à 21%.
Ces chiffres, vous l'aurez remarqué, ne correspondent absolument pas aux suffrages habituellement obtenus par les partis ou les candidats qui les représentent, et font la part belle aux "petits candidats".
Imaginez un système électoral dans lequel le nombre de candidats ne mettrait pas en péril le rassemblement des français autour d'une ou d'un président de la république. Un système où il serait possible de signifier les candidats qui nous conviennent, mais aussi d'éliminer ceux qui ne nous conviennent pas du tout. C'est tout simplement le scrutin des "opinions favorables" !
J'ai eu beau chercher, je ne l'ai pas trouvé sur cette page, pourtant fort fournie en systèmes alambiqués, qui semblent avoir été conçus pour ne jamais être appliqués.
Le mode de scrutin que je propose est simple :
- Il se déroule en un seul tour
- le nombre de candidats par parti n'est pas limité
- on peut voter pour autant de candidats à la fois que l'on veut, mais seulement avec une seule voix par candidat.
- le candidat gagnant est celui qui aura réuni le plus de suffrages, et pour lequel au moins 51% des électeurs auront voté.
Le résultat :
- la formation d'un véritable consensus, car beaucoup de candidats obtiendraient facilement 60, 70, 80%.
- au lieu de s'affaiblir en ayant de multiples prétendants, un camp ou un parti augmenterait ses chances de gagner, par la diversité de ses personnalités et de ses tendances.
- le système permet l'éclosion de candidatures atypiques, inclassables à gauche et à droite, et porteuses de propositions innovantes.
- il sera possible de voter pour tous sauf un(e), ceci permettant d'exprimer un refus catégorique de voir un candidat accéder à la fonction suprême. Ce refus serait une sorte de garde-fou aux candidatures allant à l'encontre des valeurs de la république.
L'élection présidentielle est pour Avril 2012. Si vous voulez changer de mode de scrutin pour être représentés par une personne qui nous rassemblera au lieu de nous diviser, et qui ne sera pas nécessairement issue des partis majoritaires, il serait peut-être intéressant de porter cette proposition sous la forme d'une pétition !
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