Rachid Nekkaz, candidat apolitique
Chaque élection présidentielle connaît son candidat illuminé. En 2007, il semble acquis que le jeune trentenaire Rachid Nekkaz, originaire de Choisy-le-Roi, se présentera aux votes des Français avec ses cinq cents parrainages d’élus en poche. Mais ce chef d’entreprise n’a rien d’un illuminé, au contraire, il prône une république citoyenne et laïque. Explications sur cette démarche surprenante et attrayante.
Rachid Nekkaz est, avant tout, un jeune chef d’entreprise, passionné d’histoire, âgé de seulement trente-quatre ans. Après avoir étudié la philosophie, il se lance dans l’Internet dès le début, en 1997. Il crée Vudunet en 1998. Cette agence de conseils en création de sites Internet est son premier succès, avec ses succès associatifs comme la publication du livre Quel avenir pour l’humanité ? en 2000, reprenant les questions de jeunes internautes du monde entier et les réponses des dirigeants les plus puissants, notamment Bill Clinton et Jacques Chirac. Il est aussi le président-fondateur du club des Elus Allez France. Son combat consiste à mettre en place l’inscription automatique de tous les citoyens sur les listes électorales. En effet, plus de trois millions de citoyens français ne figurent pas sur ces listes (vous avez jusqu’au 31 décembre : dépêchez-vous !). Il obtient le soutien d’une grande partie des élus de tous bords politiques mais le gouvernement ne suit pas. Il décide alors de faire le tour de France pour rencontrer les élus et s’engage en politique. Mais il a une certaine idée de l’engagement : le sien ne porte pas d’étiquette, si ce n’est celle de la citoyenneté.
Son programme n’est pas encore complet, mais il s’attache à le diversifier et à l’enrichir. Il propose un gouvernement d’union nationale englobant l’ensemble des courants politiques démocratiques pour donner priorité au pragmatisme. Il veut aussi apporter quelques modifications à la Constitution pour, notamment, rééquilibrer le rapport entre l’exécutif et le législatif. Rachid Nekkaz veut donner plus de pouvoir aux parlementaires en rabaissant les conditions d’acceptation des propositions de lois. Il veut aussi changer le mode d’élection des députés : plus que cent députés élus au niveau national. Il se veut favorable à la proportionnelle à l’Assemblée nationale, et projette aussi de remplacer le financement des partis politiques par un remboursement plus systématique des campagnes. Il prône une démocratie électronique de proximité, soumettant au tirage au sort des conseillers municipaux parmi les inscrits aux listes électorales et favorisant l’acte citoyen par Internet, qui se généralisera au cours des dix prochaines années.
Mais le point culminant de son programme est la suppression de la fonction de président de la République. Il propose un président du Conseil des ministres qui conduirait la politique du pays avec le soutien de ses trois vice-présidents : l’un à l’activité (salariés), le second à la jeunesse (jeunes) et le dernier à la reconnaissance (retraités). Son président du Conseil des ministres nommera aussi cinq ministres : ministre de l’Intérieur, ministre des Affaires étrangères, ministre de la Justice, ministre de l’Economie et ministre de l’Economie. L’autre point essentiel est le rôle de soutien que doit jouer l’Etat envers ses citoyens : l’Etat se portera caution pour les locataires, l’Etat prêtera à taux zéro aux chômeurs et aux étudiants, l’Etat versera des bourses à tous les étudiants majeurs...
Il veut aussi aider la vie associative en facilitant les démarches associatives, regroupées sur Internet, et en centralisant les coordonnés des bénévoles libres. Il propose aussi le dépôt des plaintes sur Internet. Pour lutter contre le racisme, le candidat Nekkaz propose la création de juridictions régionales de lutte contre les discriminations, et d’un registre national du logement, où chaque citoyen pourra consulter les logements vacants et postuler d’un simple clic de souris. De plus, tous les Français disposeront d’un compte citoyen virtuel pour communiquer plus facilement avec les administrations. Bref, c’est le candidat du numérique et de la « démocratie participative », si chère à Ségolène Royal, candidate du Parti socialiste.
On peut penser ce que l’on veut d’une telle candidature, mais elle s’avère indispensable pour montrer aux citoyens qui se désintéressent de la politique que chacun d’entre nous peut accéder à cette élection et que chacun peut être représenté. Rachid Nekkaz ne se risque pas au jeu des pronostics, mais il peut - au mieux - atteindre 3% des votes lors du premier tour des élections présidentielles, dans 150 jours. Peu importe ; si les cinq cents maires de France qui lui ont promis leur parrainage tiennent parole et qu’il est sur la ligne de départ en mai prochain, Rachid Nekkaz aura remporté son pari citoyen.
NDLR : Rachid Nekkaz avait annoncé les motivations de candidature à la présidentielle le 16 juin 2006 directement sur AgoraVox.
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