L’ère d’influence de la prélature de l’opus terminée
Il y a du chambardement dans le système d’information du Vatican dont la salle de presse contrairement à ses habitudes de bon ton, bruisse de commentaires interrogatifs sur le départ du porte-parole officiel du Souverain Pontife. le Dr Joaquim Navarro-Vals, premier laïc nommé à son poste en raison probablement de ses liens étroits avec l’Opus Dei, dont il est un membre numéraire.
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« Sic transit gloria mundi » est une remarque tirée de texte rituel illustre bien la situation qui prévaut au lendemain de la décision pontificale de prendre congé du « laïc » , ancien chef de presse de Jean Paul II, en le remplaçant par un Jésuite prestigieux et de grande culture , le RP Féderico Lombardi, 63 ans, Cet éminent religieux et qui plus est ancien provincial (élu) de la Compagnie de Jésus en Italie de 1984 à 1990, nommé récemment en 2005,, directeur général de la Radiotélévision du Vatican
Le père Lombardi avait la haute main sur toutes les activités de l’organisme de radiodiffusion de l’Église catholique qui a commémoré en février dernier son 70eme anniversaire. Parfaitement conscient , comme il l’a déclaré récemment dans une interview diffusée par la Radiotélévision du Vatican, que cet organisme , « créée et dirigé de tout temps par la Compagnie de Jésus - dont la mission dès son origine a été la propagation de la Foi - est la voix universelle et multilingue, du catholicisme, car il est capable de se faire entendre partout dans le monde ,sur ondes courtes, , via satellites ou au moyen d’Internet, les correspondants la presse mondiale au Vatican voient partir avec regret - ne serait-ce par cette démission qui marque une rupture dans de vielles habitudes -
Dr Joaquin Navarro-Valls qui avait été l’ami de la presse et souvent leur complice depuis 22 ans, savait faire perdre de vue sous un air conciliant, en harmonie avec l’ambiance créée par Jean Paul II, l’orthodoxie inflexible qui est le propre aux membres de l’Opus Dei.
L’arrivée sur le trône de Saint-Pierre d’un nouveau Souverain Pontife qui n’en demandait pas tant, va rendre nécessaire une nouvelle accoutumance.
La décision du Saint-père, va bien au-delà d’un changement de hauts fonctionnaires.
L’ère d’influence de la Prélature de l’Opus vient, semble-t-il ,de prendre fin. au Elle sera désormais moins visible.
Personne n’ignore dans les milieux catholiques la haute compétence de nombreux Jésuites et la soif de prépondérance à travers les âges de leur Compagnie fondée par Ignace de Loyola, avec pour mission de devenir la véritable aile marchante de l’Église catholique.
Le fait que Benoît XVI ait confié à l’un de ses membres les plus éminents, sinon le plus connu, aura une portée considérable. Le lien entre le souverain pontife et le monde à travers ses moyens techniques de diffusion et de propagation des faits de l’actualité vaticane ou catholique sur un plan international va changer de nature. Il faut également s’attendre à voir son contenu exprimé dans un autre style.
Il sera intéressant d’observer comment ce style va évoluer quand il va s’agir de s’adresser à une jeunesse internationale qui - la mort de Jean Paul II - a perdu un guide paternel qui utilisait souvent un mode théâtral - comme forme d’apostolat, pour capter son attention. Il avait en cela parfaitement réussi, étant capable de rassembler devant lui des millions de fidèles - plus de cinq millions aux Philippines et deux millions à Paris, capitale de la laïcité.
Son nouveau pasteur, peu à l’aise devant les multitudes, réservé, aux bons yeux étonnés, au geste étroit, ne sera pas volontiers un « animateur ». On verrait plutôt en lui un magister, ferme gardien, sans effets oratoires, des grands principes inviolables de l’Église catholique .
Il paraît évident que le temps aimable des « Woodstocks pontificaux » inauguré par son prédécesseur, appartient désormais au passé, et qu’un nouveau mode de recueillement et de pratiques religieuses va être institué.
On l’a déjà vu à Cologne but de son premier voyage, puis en Espagne, lors d’une première visite à Valence - endeuillée après la mort accidentelle de quarante Espagnols au Métro de la Station de Jésus, lors du déraillement d’un train rendu incontrôlable par le décès subit de son conducteur.
Le nouveau Pape n’était pas plus à son aise en présence des grands de ce monde laïc, que devant des foules pourtant, par définition, déjà acquises à lui mais qui ne savent pas encore, comme aborder ce nouveau chef de leur église.
Timide ? peut-être, mais il lui a fallu de l’audace diplomatique , une obstination semblable à celle de Paul à Corinthe, pour aller prêcher « la sainteté de la famille chrétienne dans un pays - à peine sorti de sa movida , où tout, ou presque est permis, au débouché de la transition effectué entre une dictature bigote et une démocratie sans religion reconnue., qui autorise toutes formes de mariages entre homosexuels des trois sexes et la plupart des permissivités à l’ordre du jour dans une société postmoderne, érodée par deux mille ans d’histoires judéo-chrétienne.
Ce prince de l’église, issu d’une stricte petite bourgeoisie bavaroise, va sans doute provoquer quelques surprises dans le monde des bien pensants. Sous cette enveloppe d’humble serviteur de son Dieu, se cache, pressent-on, un diplomate de talent que rien ne rebute. Il l’a prouvé en prononçant des homélies de plusieurs heures au cours desquelles il a préconisé exactement « l’opposé de la politique familiale gouvernementale postmoderne fondée sans intervention divine que le chef du gouvernement espagnol, M. Luis Zapatero, souhaite instituer dans son pays - « celui de Saint Jacques de Compostelle », comme disait le roi Juan Carlos en tentant de démontrer que chrétienne depuis des siècles malgré les apparences, un peu d’indulgence.
Avec la disparition de Jean Paul II, surnommé déjà « le Grand », le « Saint » par des centaines de millions de chrétiens à travers le monde, est mort le grand-père, ce brave homme souriant, qui n’avait pas oublié le goût des planches et se plaisait au contact d’immenses foules d’enfants mal aimés par le siècle, qui lui demandaient l’impossible et ne lui tenait pas encore rigueur de ne pas l’avoir obtenu.
Et voici que Joseph Ratzinger, cet ancien cardinal, théologien d’exception, heureux dans une bibliothèque vaticane, musicien disciple de ce jeune franc-maçon prodige, Wolfgand Amadeus Mozart, qui ne demandait rien à personne, est confronté à une épreuve à laquelle il n’avait jamais été soumis : Celle de faire front à des millions d’exaltés, dans son pays même, et leur dire que maintenant il doit en être terminé avec « l’amateurisme religieux » et les a peu près d’une mystique hasardeuse empruntée à tous les vents de la pensée humaine contemporaine.
© Bertrand C. Bellaigue Juillet 2006
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