Pour une réflexion sur la laïcité
On parle beaucoup trop de réligions ces derniers temps... et de laïcité. Je ne cherche pas à revenir sur la signification du mot, j'y reviendrai plus tard et sur la charia qui fait baver bien de gens. Le pape avait eu l'idée de lancer un débat sur la laïcité ; c'est sur cette question que je voudrais poser ma pièrre à l'édifice d'une réflexion... sur la laïcité.
Le Pape appelle à une redéfinition de la laïcité et je crois comprendre qu’elle n’en avait pas, qu’elle n’en a jamais eue que celle que la doctrine, du reste très imprécise et infondée, lui a donnée. Je n’arrête de m’interroger sur ce qui fait penser à « une séparation de la religion de l’Etat » dans la loi de 1905 dans laquelle je vois plutôt la renaissance de la religion, une réhabilitation de la catholicité après les traumatismes qu’elle a connus sous l’aveuglement révolutionnaire. Je vois dans la loi de 1905 beaucoup plus une harmonisation de la relation de la religion avec l’Etat qu’une séparation, la religion étant, dans tous les cas, un droit légalement protégé.
La déclaration du pape soulève, à mon sens, la question de la liberté du culte, cette liberté qu’on a voulu taire. On avait voulu la taire parce que, avec la laïcité, elle aurait pu signifier que l’on laisse chacun exercer son droit à la religion sans aucune restriction tant que ce droit ne porte pas atteinte à celui d’autrui d’en faire le même usage. Ce qui soulève incontestablement un débat nouveau, celui de la nature actuelle de la France, qui n’est plus seulement catholique, de la dimension de la laïcité de l’Etat. Doit-il intégrer les religions, toutes, en ce qu’elles sont un ensemble de droits ou les ignorer ? Doit-il les admettre toutes ou seulement certaines d’entre elles ou encore les reconnaître tout en les niant, tout en les diabolisant, tout en les endiguant, tout en les travestissant ?
Parler de réflexion sur la laïcité, eu égard aux propos du Pape, c’est indirectement évoquer l’amour (Allah est Amour), ce mot que je trouve le plus approprié pour traduire le terme arabe rahman رحمن, lequel n’est autre que le réhima de l’hébreux. Bismmilahi arrahman arrahim بسم الله الرحمن الرحيم, je le traduirais bien volontiers par « au nom d’Allah, l’Amour, le miséricordieux ». De cet Amour là dépend la laïcité, de cet Amour là la religion sera un moyen de libérer l’homme pour ne pas être un autre pour l’asservir. Cet Amour là manque à la laïcité française, un manque qui cause son imperfection, tant il est avéré que l’intolérance, qui caractérise de plus en plus une large partie de la pensée française, en est une négation. L’amour, dirais-je, fait défaut à la laïcité française, défaut qui endigue la liberté pourtant même qu’elle est un principe de la déclaration de 1789, incorporée qu’elle est dans la constitution. Ce défaut d’amour qui crée l’intolérance au travers de quoi on entend imposer la liberté.
C’est faire du tort à l’humanité que de le vouloir car imposer la liberté, revient à la combattre. Instaurer la liberté c’est plutôt laisser chacun libre de la choisir, sans pression aucune. Une liberté sans limites est pour autant particulièrement dangereuse puisqu’elle aboutit également à sa négation. Je voudrais dire qu’étant un attribut de chacun et pouvant faire l’objet des abus de qui le peut, pourvu qu’il soit intouchable pour sa force ou sa fortune, la liberté serait un non sens si elle devait être sans limites. Celle des afghans de porter leur burka ou celle des pygmées de se promener nus, même conforme à leur propre ordre public, celle de certains peuples à vouloir vivre sous une dictature, une monarchie, peut devenir une cause de destruction de Choa, de pogrom, d’holocauste. C’est bien dans l’esprit de cette liberté sans limites que l’Afghanistan, l’Irak et aujourd’hui la Libye ont été détruits et leurs populations soumises aux massacres les plus capricieux commis par le monde « civilisé », qui alors a eu toute la liberté d’exposer sa barbarie.
La république des droits de l’homme qui, par crainte d’un simple tissu sur la tête d’une adolescente, comme le dirait un député français, l’exclut de l’école, au mépris de la laïcité et de la déclaration des droits, lui refuse le légitime droit à l’éducation, cette république qui refuse le halal dans le restaurant universitaire ou secondaire, cette république là, est intolérante. La devise de la France aurait pu être Amour, liberté, égalité, fraternité, la république aurait été un peu plus tolérante, elle serait plus humaine, elle formait autour d’elle un empire au lieu d’être conduite à larguer ses bombes sur des innocents, pour seulement une histoire de vernis aux ongles, et épargnait à ses soldats une revanche de leurs victimes. Revanche qui ne peut leur être reprochée, ils sont allés les attaquer chez eux. On ne reproche pas à l’abeille d’avoir dardé celui qui va cueillir son miel. A plus forte raison, on ne peut reprocher à quelqu’un d’avoir défendu sa dignité, sa conviction, sa foi. La réflexion sur la laïcité aurait pour mérite d’aider à une correction des errements politiques qui la détruisent substantiellement.
Mahamat Seid Abazène Seid
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