Comment j’ai perdu 30kg en 5 mois
Bonjour le monde,
Pour une fois je vais parler d’un truc bien terre-à-terre, qui ne devrait pas provoquer de questionnement et ne pas faire couler beaucoup d’encre, mais récemment une amie m’a demandé comment j’avais fondu, et vu qu’en période pré-estivale tous les magazines de santé nous sortent un numéro « spécial minceur », je me suis dit que j’allais apporter ma pierre à l’édifice. Si jamais ça sert à quelqu’un, tant mieux, sinon, que ça se perde dans les limbes de l’internet, tant pis...
Bon, commençons par le commencement.
Nous sommes fin octobre 2007, je viens de prendre un mois de vacances, et j’ai aucun projet. Ni voyage, ni hobbie, ni lubie, ce mois de vacances vient de me tomber dessus un peu à l’improviste. J’ai un mois devant moi, je décide, comme ça, de faire un régime.
Alors, pourquoi un régime ? Quand on mesure 1m75 et qu’on pèse 99kg, on se trouve gros. Y en a qui le vivent très bien, moi pas. Je ne me suis pas regardé dans une glace depuis mes 14 ans. A l’époque c’était l’appareil dentaire. Puis ça été l’acnée. Puis les désarrois amoureux compensés par la nourriture, et la dépression encore compensée par la nourriture. [TF] Quand on mange, on pense a rien d’autre, et quand on a trop mangé au point d’avoir mal au ventre, pareil.
Puis j’ai eu un boulot, position assise quasi-permanente. Ajoutez à cela une grande paresse physique, et vous aurez a bout de 12 ans un gros surpoids. Si on compte, c’est pas tellement surprenant, 500g par mois, c’est facile à gagner.
J’avais déjà essayé de faire des régimes, et du sport, mais j’avais très rapidement arrêté. Impensable de faire un régime quand la bouffe représente une échappatoire à la réalité, et impossible de faire du sport quand on est aussi fainéant.
3 mois avant, c’était mon anniversaire, et j’avais fait mon Ribéry avant l’heure. Ma Zahia (majeure), au détour d’une conversation, m’a conseillé de faire du jogging. Sur le coup j’ai ricané, forcément, mais finalement avec le recul c’est elle qui m’a convaincu alors que tous les médecins du travail me le disaient depuis des années. (au passage, j’ai jamais pu te remercier, Merci Félianne, sincèrement). [TF] médecins, si vous voulez vraiment convaincre vos patients, vous savez ce qu’il vous reste à prescrire...
Bref, nous sommes fin octobre 2007, j’avais un mois de vacances devant moi, et j’avais décidé de perdre du poids. Je tablais sur 4kg, un par semaine, histoire de pouvoir monter les escaliers un peu plus facilement. 5 mois plus tard (jour pour jour), j’en avais perdu 29 (le titre est mensonger), j’avais un rapport presque normal avec la bouffe (je ne cache pas que la crème glacée a encore une forte valeur symbolique de refuge sentimental) et je pouvais me regarder dans un miroir sans systématiquement détourner les yeux (c’est plus facile pour se raser. Au fait, oui, je suis un homme, mais je pense pas que ça change quoi que soit mon témoignage).
Pour résumer la recette : jogging + régime. Pas du tout original. Le truc c’est que ça été beaucoup moins dur qu’on pourrait le croire quand on a déjà essayé et échoué. En fait, y a eu que 3 moments difficiles : le début, le milieu et la fin. Là c’est désespérant, alors je précise : les 2 premières semaines, une semaine a la fin du 2eme mois, et les 2 dernières semaines. Soit 5 semaines sur 21, moins d’un quart du temps.
Le début :
L’avantage du jogging, c’est qu’il ne nécessite quasiment aucun matériel particulier. Une bonne paire de godasses, une tenue, une route. Si on veux perdre du poids, c’est utile aussi d’avoir une balance, mais c’est à double tranchant. J’y reviendrai.
Pour les godasses, j’ai pas radiné sur le prix (dans les 100€) et j’ai pris une option "semelle intérieure en gel". Je regrette pas, 3 ans plus tard je m’en sers encore, et elle en ont fait des kilomètres. [TF] si les godasses coutent cher, on aura plus envie de les rentabiliser, et donc plus de remords à les placardiser.
J’insiste sur les bonnes godasses, parce que c’est déjà assez dur de commencer, surtout la 2eme séance, sans rajouter un problème d’ampoules.
Pour la tenue, j’ai pris un survêt un peu flottant plutôt qu’une tenue en licra, évidemment. Note : j’ai jamais essayé de courir avec ces trucs hyper moulant, même maintenant. Si ça se trouve c’est vraiment plus confortable.
Pour la route, j’ai commencé sur les bords de Loire. On n’est pas gêné par les voitures, et pas trop par les piétons (en novembre). Mais j’ai surtout choisi cet endroit parce que c’est l’un des rares coins d’Orléans où je me voyais courir. J’en ai trouvé des mieux depuis.
Je vais pas rentrer dans le détail de chacune de mes séances de jogging, je ne m’en souviens plus.
Mon "plan de route" était le suivant : courir tous les jours de la semaine, sauf le week-end. Et régime tous les jours de la semaine, sauf le week-end.
Quelques observations en vrac (presque des [TF]) :
-> au début, mieux vaut se concentrer sur l’amélioration de ses performances que sur la performance elle-même.
-> la perte de poid n’est malheureusement pas immédiate.
-> les courbatures disparaissent miraculeuseument au bout de 5 minutes de course.
-> quand on fini son jogging sans avoir l’impression d’être réellement fatigué, c’est le moment d’allonger le parcours.
La première fois, j’ai du courir 500m, avec une pause pour reprendre mon souffle tous les 100m. Ce qui me gênait le plus, a part les mémés goguenardes qui me doublaient, c’était ma grande difficulté à synchroniser les respirations avec la foulée. Mais ça a été beaucoup mieux dès que j’ai dégagé le lecteur MP3 de ma "tenue de combat". Puis, peu a peu, j’ai couru plus facilement, et un peu plus longtemps. A la fin de chaque semaine j’allongeais mon parcours et a la fin du mois, je courrais 1/2h (pause à mi-parcours comprise) sur une distance d’à peu près 4km (j’ai jamais vraiment mesuré). J’étais loin du niveau olympique, mais comme je ne me comparais qu’a moi-même, c’était très satisfaisant.
A propos du régime, je ne suis pas un grand fan des formules miracles. De toute façon, la bouffe saine, elle est connue : on prend un repas normal, on vire le sucre, on vire le gras (sauce surtout) et on vire l’alcool (la dessus, pas de soucis, j’en bois qu’en situation festive). Finalement, après avoir tenté de varier le quotidien, j’ai fini par tomber sur la routine : dinde-salade. Sans sauce la salade, sans beurre ni huile pour la dinde. Pour l’anecdote, comme mes plaques chauffantes font sauter le disjoncteur une fois sur deux, c’est devenu "dinde crue". Et ben c’est pas mauvais la dinde crue. Y a moins de gout, certes, mais c’est pas filandreux comme quand c’est cuit et y a pas ces petits morceaux agaçants qui restent coincés entre les dents.
A propos de la motivation, parce qu’en fin de compte, c’est surtout ça qu’il faut soigner. Comme je l’ai dit en intro, j’ai jamais été sportif, très loin de là, et jusque là, j’avais jamais tenu un régime plus d’une semaine. D’autant que j’habite un quartier rempli de restos, de pizzerias et de kebabs.
La 1ere fois, c’est facile, j’étais porté par l’enthousiasme du "je m’y mets". Mais après ça se gâte. Le courbatures arrivent, les paquets de gâteaux et les glaces commencent à envahir mes rêves, le léger flottement mental du à la "faiblesse" devient permanent, et c’en est agaçant...
Finalement j’ai pu passer mon 1er mois grâce à quelques astuces mentales, globalement illogiques, mais pleines de sens quand on les prend individuellement à un instant t :
(mantra pour se motiver à courir)
Je suis en vacances, la seule chose a faire aujourd’hui c’est de courir. Ca me prendra 1h, 90min tout au plus (en comptant la douche), et après c’est quartier libre. En plus, je me retiens de manger des bons gâteaux uniquement pour courir, ce sacrifice doit-il être vain ?
(mantra pour se motiver à tenir le régime : quand je fais les courses alimentaires, que je passe devant une boulangerie, ou que j’ai un coup de blues)
Je suis tout courbaturé, parce que je cours. Je souffre, c’est une torture (c’était pas si extrême bien sûr, mais j’ai une tendance à l’emphase). Cette douleur doit-elle être vaine ? Tout ces sacrifices depuis le début de la semaine annihilés par les 15min de bonheur dus à l’empiffrage d’une tarte aux fraises ? non, tu peux tenir 1h de plus. Et d’ailleurs dans 1h tu iras courir...
(mantra quand les 2 premiers ne marchent plus, en général le jeudi ou vendredi)
On est en semaine, rappelle-toi, la permission c’est le week-end. Et le week-end c’est bientôt... très bientôt. Tarte, numérote tes parts, et profite de ta journée, demain tu sais ce qui t’attend...
La notion de permission du week-end m’a bien aidé à tenir sur la durée. L’inconvéniant, c’est que ça a eu sans doute un petit coté néfaste sur ma santé globale, a cause de l’irrégularité de mon mode de vie. Pour un peu quantifier les choses, globalement, la semaine je perdais 3kg, et j’en regagnais 1.5 le week-end.
Note la balance :
J’avais pris l’habitude de me peser tous les matins, au réveil (vu que c’est là que je suis le plus léger). La plupart du temps, mon poid baissais jour après jour, sauf le week-end, permission oblige. Toutefois, il m’est arrivé à plusieurs reprise un évènement hautement démoralisant. Et j’insiste sur le "hautement". Gagner, sans aucune raison, plus d’un kilo par rapport à la veille. Alors que justement, la veille j’avais bien courru, tout en aillant vraiment pas envie, et en plus j’avais même pas fait d’écart de régime. Ca fout le moral à plat, ça donne envie de tout arrêter. La première fois que ça m’est arrivé, j’ai fais mon homme politique : "si les chiffres ne me donnent pas les résultats que j’attends, je change ma façon de les interpréter". Et de comparer le poids du jour, non plus avec le poids de la veille, mais avec celui du jour correspondant de la semaine précédente. Ouf, l’honneur était sauf, et la tendance négative revenait. Je gagnais même le luxe d’avoir du négatif lors des relevés du week-end. Hourrah !
[TF] j’explique ce regain de poids de manière assez simple : le corps ne contient pas seulement des os, des organes, des muscles et du gras. Il contient aussi de la flotte, et un bon paquet. Je dirais 8-10kg. Quand on court, c’est surtout de la flotte qu’on perd. Ca tombe bien, on la regagne très vite. Mais faire de l’exercice régulier, surtout la course, fait baisser le niveau de flotte tout au long (regardez a quoi ressemble le champion du monde de marathon, un p’tit mec d’1m60, et sec ! mais sec !). Et quand le corps passe au dessous du seuil de tolérance, y a une alerte qui se lance. On se reveille la nuit en ayant soif. On boit, On se rendort. On se réveille le matin avec la même soif, on boit, mais elle nous quitte pas de toute la journée. Finalement on boit sans arrêt, et dans cette journée on aura bu 2 litres de plus que ce qu’on aura évacué. Alors du coup on peut faire tout l’exercice qu’on peut, et ne quasiment rien manger, au final, sur cette journée, on aura gagné du poid.
Voilà pour le début. Passons à la routine du "milieu" :
A la fin du premier mois, mes vacances s’arrêtaient. Ca a pas été vraiment facile de continuer avec le boulot qui reprenait, vu que je ne pouvais plus courir que le soir avec la fatigue de toute la journée dans les pattes. En plus on arrivait début décembre, et l’exceptionnellement doux mois de novembre faisait maintenant place à de la pluie très froide et du gel. Mais curieusement, au cours de ce mois de vacances, [TF] et peut-être parce que j’avais pris un rythme semaine-weekend, mon obligation purement informelle de courir étaient devenue beaucoup moins informelle. Un peu comme si dans mon cerveau, le jogging avait la même place que le travail. Qu’il pleuve, ou pas, que j’ai envie ou pas, j’y allais. En grognant et pestant, parce que je reste un gros fainéant, mais j’y allais. Après je n’y étais pas forcément très performant, c’est sûr, mais un petit peu, c’est déjà largement mieux que rien du tout. Surtout que "rien du tout" peut facilement devenir "c’est la perm, empiffrons-nous".
Avec le recul, j’aurai pu m’épargner une bonne partie des difficultés en commençant en mars plutôt qu’en novembre. Ainsi, la bascule rythme de vacances - rythme de travail aurait été atténuée par un temps plus clément, et des journées plus longues.
Le moment difficile du milieu, ça a été vers Noël. Dur de tenir un régime en cette période quand on adore le chocolat, même quand dans la tête ça a basculé de "facultatif" à "obligatoire". Et surtout, j’ai commencé à ressentir les effets du cumul de 2 mois de fatigue. J’avais déjà perdu plus de 12 kilos, et j’étais bien chaud pour continuer. Du coup, comme un con, j’ai réveillé une vieille entorse. A ce titre, un conseil, pas du tout fumeux lui : quand on commence à ressentir une douleur bizarre et inhabituelle, prendre soin de l’identifier et de l’analyser avant de choisir ou non de l’ignorer. Mon attitude, ça a été "je continue de courir, si ça persiste demain j’aviserai". Et de le répéter jusqu’à ce que je ne puisse plus courir. Bref, j’ai reveillé une entorse, il m’a fallu 2 semaines et demie de repos total pour la calmer, évidemment pendant cette période y a eu des entorses aux régimes (ça fait beaucoup d’entorses), et au final j’ai perdu un bon mois, avec une semaine très difficile où j’ai cru que j’allais bien arrêter pour de bon. Aux premières douleurs, j’aurais mieux fait de prendre 2 semaines de pauses, tranquille...
Sur la fin :
Je suis un gros fainéant rappelez-vous. Courir j’aime pas ça, même si je reconnais que ça me fais du bien. Mais niveau horaire ça devenait vraiment difficile : grâce à l’entrainement, mes séances quotidiennes duraient 1h, pour un trajet d’environ 9km. Rajoutez à cela une demi-heure de douche, et en plus de ça mes 3h de trajet domicile-travail et vous aurez une journée déjà remplie. J’avais donc décidé d’arrêter le 1er avril (pas pour la blague, mais c’était le 1er jour de mes nouvelles vacances, et j’allais rendre visite à mes parents), et d’atteindre les 70kg pour cette date. Les deux dernières semaines ont été vraiment dures. J’ai fait le forcing pour atteindre mon poid visé, soutenu surtout par l’idée que j’allais arrêter juste après. Une sorte de "dernière ligne droite" en somme. En plus j’avais arrêté de maigrir à 73kg. Du coup, j’ai presque fait une grève de la faim pour atteindre les 70kg. Finalement atteint, mais avec quelle fatigue.
[TF] la notion de "poid idéal" est censée. Après, la formule que donne certains sites du genre "prenez votre taille en cm, retirez x et multipliez par y" est peut-être grossière, mais le poid idéal d’un individu donné existe bien. Quand on est au dessus, c’est relativement facile de perdre du poid, mais quand on l’atteint ou qu’on est en dessous, ça devient vraiment infernal. Et surtout on remonte tout de suite au moindre relachement. C’est d’ailleurs une bonne façon de le reconnaître. J’ai gagné beaucoup de pitié pour les top-model qui doivent se faire gerber pour garder "la ligne".
Epilogue : je suis parti en vacances, j’ai gagné 6kg en une semaine, alors j’ai repris la course. J’en ai reperdu 3 en deux semaines, et je suis resté à 73 depuis. Quelque part, pendant ces 5 mois, j’ai perdu le besoin le bouffer dès que j’ai un coup de blues. Au retour des vacances d’avril j’ai commencé à réduire les séances : le mercredi est devenu un jour de perm. Puis j’ai graduellement laissé tomber le régime pour manger a peu près ce qui me plait. Quitte à courir un peu plus le lendemain. Au niveau performances, j’ai jamais atteint un truc remarquable, mon "record" étant 1h25 pour 16km (mesurés ce coup-ci), pause à mi-parcours comprise. Aujourd’hui, fin juillet 2010, j’ai arrêté de courir de manière régulière, je ne le fais plus qu’occasionnellement, le week-end si je m’ennuie par exemple. Ou 2-3 fois par semaine pendant 3 semaines. Le souffle n’est plus là au début mais c’est a peu près tout ce qui a changé. Et c’est plus vraiment une corvée d’ailleurs.
Ah oui, je ne suis plus gêné quand je me vois dans la glace en me rasant.
Voilà voilà, tout cela est véridique.
Je sais bien que la formule "exercice+régime" est d’un classique, mais elle est monstrueusement efficace. Le plus dur c’est d’y croire. Trouver et entretenir la motivation.
Tiens, à ce propos, un autre mantra utile en cas de coup au moral : "ce que j’ai gagné en 10 ans, je peux bien prendre un an pour les perdre".
En annexe, une série de trucs et astuces inutiles pour la course proprement dite. Inutiles parce qu’il suffit de courir 2 ou 3 fois pour les découvrir :
- ne pas avoir mangé dans les deux heures qui précèdent. Risque de vomir.
- avoir bu un ou deux verres d’eau un quart d’heure avant de commencer, pour alléger la soif et la sécheresse qui viendront, mais attention...
- ne pas boire dans les 5 minutes qui précèdent. Risque de gros mal de ventre.
- commencer par 5 petites minutes de marche, histoire de vérifier que les jambes fonctionnent bien. Risque de claquage sinon.
- quand on est essouflé, ralentir. Si ça enlève pas le point de coté, marcher. Ne pas s’arrêter complètement, les muscles refroidissent et reprendre sera d’autant plus difficile.
- passer aux toilettes juste avant. Même si on a pas envie. Courir facilite énormément le "transit intestinal", j’aurai une anecdote cocasse a raconter, mais pas ici, et pas sobre.
- si vraiment on doit s’arrêter, en profiter pour faire des étirements. Ca empêche les muscles de trop refroidir, et ça limite les courbatures le lendemain.
- dans tous les cas, s’étirer en arrivant. De toute façon ça sert a rien de se ruer sous la douche, vu que si on se presse trop, on sue encore en en sortant.
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