L’éthique de la génétique
La meilleure hygiène de la population, le soin apporté à une nourriture diversifiée, et l’apparition des vaccins, et par là l’éradication d’un certain nombre de maladies, la variole par exemple, et au-delà l’ensemble des progrès de la médecine, permettent une augmentation considérable de l’espérance des vie des populations pour lesquelles ces règles et ces progrès sont accessibles. Et ceci en l’espace de moins de cinquante ans. Les travaux sur la génétique interviennent dans ce contexte général de reflux des maladies infectieuses et virales. La génétique se pare alors de beaucoup d’atours ; son développement présumé et les perspectives qui l’entourent peuvent paraître quasi miraculeux.
Le début de la génétique vient avec Gregor Mendel au XIXe siècle, qui met en avant le principe de l’hérédité. L’autre évolution majeure vient avec la découverte de Watson de la société ; la tendance à l’individualisme, avec une montée en puissance des expérimentations scientifiques, force au questionnement éthique.
Plusieurs évolutions majeures proviennent du génie génétique.
-le diagnostic pré-implantatoire.
Cet examen effectué avant la fécondation in vitro permet de
sélectionner, de trier des embryons, afin de n’implanter que des
embryons sains. Il est utilisé par exemple dans le cadre de la chorée de Huntington.
Cette maladie se déclare vers l’âge de 40 ans chez les porteurs. Elle
conduit à la mort par démence, et se caractérise par les symptômes de
la maladie de Parkinson, d’Alzheimer et de la sclérose latérale réunis
chez une même personne. Son caractère autosomique dominant rend la
maladie inéluctable. Au-delà de la question de la personne touchée se
pose celle de la reproduction. Dans notre société, chacun dispose du
droit à avoir un enfant. Cette reproduction est même encouragée,
privilégiée, soutenue financièrement, socialement, culturellement. Dans les
faits, moins de 10%, en ne comptant pas les couples infertiles, de la
population en capacité de procréer ne le fait pas. Cependant, pour un
porteur de la chorée de Huntington, ou qui en perçoit le risque parce
que l’un de ses parents est touché, la responsabilité est grande, et le
questionnement dantesque : dois-je essayer de donner la vie quand, ce
faisant, je peux condamner mon enfant à mourir dans d’atroces
souffrances ? Face à ce dilemme, la science a considérablement avancé
grâce à la génétique de la potentialité de la maladie, et le
résultat aussi. Alors enceinte, la femme est confrontée à des moments de
tensions psychologiques que l’on peut aisément qualifier d’effroyables.
La décision appartient alors aux parents de continuer la grossesse ou
pas...
- pour des raisons éthiques. Or, dans ce cas de
dépistage positif, l’on sait que 95% des décisions sont de procéder à
une interruption médicale de grossesse (IMG). N’existe-t-il pas alors
une dérive eugéniste, dangereuse sur bien des points, et surtout
illégale en l’espèce en référence au droit français ?
- pour des raisons de fiabilité.
La génétique a réalisé d’énormes progrès, mais elle ne peut pas tout.
Sur le cas du diagnostic pré-natal généralisé, sur lequel le Comité consultatif national d’éthique a donné un avis, près de la moitié des
cas, en raison de la multiplicité des variantes de la maladie,
passeraient au travers de cette recherche. Impossible donc de promettre
avec certitude la non-apparition de la maladie.
- pour des raisons organisationnelles.
Le consentement des individus, en l’occurrence ici, les parents, est
obligatoire pour débuter le dépistage. Cela suppose non seulement que
les parents soient informés de manière claire, précise et loyale, mais
aussi que le personnel soignant soit formé en conséquence aux
techniques, à l’aspect psycho-relationnel, ce qui n’est pas une mince
affaire.
- pour des raisons plus générales, qui conduisent à
se poser la question de savoir, quand une technique est disponible, quelle en est l’efficacité
(il y a moins besoin d’embryons créés pour arriver à une naissance). Si
l’on se place dans le cas d’un nombre d’embryons disponibles en
décroissance : comment imaginer que des recherches
scientifiques pertinentes du point de vue de l’amélioration de la santé
publique puissent s’arrêter, une fois débutées, par manque de « matière
première » ? Que se passera-t-il quand il n’y aura plus d’embryons
surnuméraires, qui de toutes façons étaient voués à la destruction ? La
recherche s’arrêtera-t-elle, ou bien essaiera-t-elle de trouver de
nouveaux embryons pour sa consommation ? Certains, politiques,
scientifiques, s’interrogent sur l’après. Existe-t-il un risque de
marchandisation de l’embryon ? Ce point est essentiel, et mérite une
réflexion sereine qui n’en est qu’à son commencement.
Toute vie vaut-elle la peine d’être vécue ?
Bien
d’autres exemples sont possibles, le clonage thérapeutique,
reproductif... pour parler de l’impact des évolutions de la génétique
dans notre société. Deux courants de pensée s’opposent par essence : le
courant objectiviste et le courant subjectiviste. Le premier donne de
l’importance à la dignité de la vie. La vie, par nature, vaut la peine
d’être vécue et doit donc être respectée en tant que telle. Le courant
subjectiviste, quant à lui, insiste sur l’utilité de la vie. Toute vie
vaut-elle la peine d’être vécue ? Non, répond-il. Il importe de prendre
en considération la qualité de la vie. Qualité qui dépend des critères
que l’on prend pour la déterminer.
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