Le nutri-score, encore une supercherie ?
Inventé par l’épidémiologiste Serge Hercberg, le nutri-score est un système d’étiquetage nutritionnel entré en vigueur en 2019 en France. Il catalogue les aliments en fonction de leur valeur nutritionnelle, avec une notation allant de A à E et du vert au rouge.
Pourtant depuis quelques jours, le sujet fait polémique chez les consommateurs. Pourquoi McDonald’s, géant de la restauration rapide connu pour sa nourriture transformée, a-t-il choisi volontairement d’afficher le nutri-score sur ses produits ? Comment des frites peuvent-elles être classées B et des hamburgers répertoriés C ? Alors que l’étiquetage s’étend aux marchandises bénéficiant du label AOP et fait un scandale parmi les producteurs du terroir, les critères d'attribution du nutri-score questionnent.
Vous pensiez que les frites étaient mauvaises pour la santé ? Apparemment, c’est un aliment sain puisque la note B leur a été décernée par le nutri-score ! Les frites chez McDonald’s ne seraient faites que de pomme de terre et ne contiendraient qu’une faible quantité de graisses saturées (1,3 gramme pour 100 grammes) ainsi que peu de sel (0,47 gramme pour 100 grammes).
Mais il y a des critères que ce nutri-score délaisse, pour ne se concentrer que sur sept éléments :
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l’énergie ;
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le sucre ;
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les acides gras saturés ;
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le sel ;
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les protéines ;
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les fibres ;
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la portion de fruits et légumes.
À aucun moment, le taux de micronutriments (vitamines et minéraux) présents dans la nourriture n’est mesuré par le système d’étiquetage. Ces éléments sont pourtant importants pour conserver une immunité correcte, ou pour assurer le bon développement cérébral de vos enfants.
Les additifs qui composent les aliments ultras transformés que servent des enseignes comme McDonald’s ou KFC ne sont pas non plus considérés par le nutri-score. Les frites chez McDonald’s sont évaluées B, mais qu’elles ne contiennent pas moins de 19 ingrédients. Ce n’est donc pas seulement de la pomme de terre ! Quand vous mangez des frites, il y a peu de chances que vous ayez envie de retrouver du diméthylpolysiloxane (ou agent anti-mousse) pour les agrémenter.
Ce manque de rigueur dans l'évaluation des produits laisse place à des incohérences dans les rayons des supermarchés : les huiles d’olives ou de colza présentent des notes C ou D, alors qu’elles apportent des antioxydants qui améliorent la santé cardiovasculaire.
Le Coca-Cola zéro est quant à lui noté B, alors qu’il contient de l’aspartame. Ce substitut remplace le sucre dans de nombreuses boissons, mais est controversé pour plusieurs raisons : il est soupçonné d’entraîner une augmentation du stress oxydatif et de provoquer une neurodégénérescence.
- Roquefort
- Du Roquefort, fromage de l’Aveyron Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International
Les produits AOP tels que le roquefort ou le parmesan seront désormais obligés d’arborer le nutri-score sur leurs emballages. Il est évident que ces fromages, gras et salés, obtiendraient la note de D ou E. Cette approche est jugée comme punitive par les producteurs de ces mets traditionnels français et italiens. Il est peu probable que les consommateurs mangent de grandes quantités de roquefort ou de parmesan à chaque repas.
Finalement, ne semble-t-il pas préférable de goûter un roquefort riche en vitamine A plutôt que des frites assaisonnées à l’agent anti-mousse ? Ce n’est pas comparable. C’est pourtant ce que fait le nutri-score, il évalue des aliments qui n'ont aucune similarité.
Ne vaudrait-il pas mieux suivre d’autres systèmes de notation, comme l’indice Siga, qui mesure le degré de transformation des aliments ? Car si les protéines, les fibres et les glucides sont des facteurs importants dans un plat, l’absorption de vitamines et de minéraux l’est tout autant.
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