Les antidépresseurs : Drogues légales ?
8,9 millions de consommateurs en France dont 3,8 millions qui en consomment régulièrement. Comment en est-on arrivés là ?
La consommation d’antidépresseurs et de tranquillisants est trois fois plus élevée en France qu’en Europe, et elle augmente chaque année.
Sans bénéficier d’un suivi régulier et sans connaître leurs effets secondaires, des centaines de milliers de personnes ne souffrant d’aucun troubles psychiatrique, mais vivant des périodes difficiles, se voient prescrire des antidépresseurs sur de longues durées, alors que ces produits devraient être réservés aux véritables crises anxieuses et la durée du traitement rester la plus brève possible.
Plus de 15% des femmes entre 18 et 24 ans sont déjà accoutumées à ces drogues et ce pourcentage augmente avec l’âge. Les hommes semblent beaucoup plus raisonnables sur ce point jusqu’à 65 ans, mais ensuite patatras, les pourcentages s’envolent, avec 25% des hommes et 34% des femmes qui en prennent régulièrement.
Comment fonctionne un antidépresseur ? Les principaux agissent par l’intermédiaire de la Noradrénaline ou la Sérotonine en modifiant certains processus biochimiques et physiologiques cérébraux. En clair, c’est comme n’importe quelle drogue, et il est curieux de constater que les consommateurs de ce genre de produits vont contester l’usage de drogues illégales alors que le résultat à la longue est peu ou prou le même. Déconnexion de la réalité, du monde environnant, manque d’intérêt pour la vie, sa famille, les autres etc…
Toute les études qui en font l’apologie ont été commanditées par les laboratoires qui fabriquent ces drogues sans se préoccuper de leur éventuelle toxicité ni de leur capacité à induire des phénomènes de dépendance.
Déjà en 1995, à la demande de Simone Veil, alors Ministre de la Santé, le docteur Edouard Zarifian, professeur de psychiatrie et de psychologie médicale à l’université de Caen, avait mené une étude sur l’abus de ces médicaments. Ces révélations auraient dû alerter toutes les instances de santé mais les résultats alarmants qu’il a alors publiés semblent n’avoir rien changé, puisque cette tendance à la surconsommation de ces drogues légales serait actuellement en hausse, en dépit de contestations fréquentes sur leur efficacité et leur innocuité.
L’industrie pharmaceutique porte une grande responsabilité dans cette affaire, mais elle n’est pas la seule coupable, sinon les autres pays seraient victimes de la même frénésie de consommation, ce qui est loin d’être le cas, bien que la situation se dégrade un peu partout.
Les patients français, sont donc particulièrement fautifs, non seulement d’accepter de les prendre, mais surtout de les réclamer aux médecins qui n’osent pas les leur refuser.
Le Prozac depuis 1987, tient la vedette. Fabriqué par Eli Lilly. Appelé la pilule du bonheur, cet antidépresseur à base de Fluoxétine est à présent vendu dans plus de 70 pays pour la somme annuelle de deux milliards de $. Joli pactole. Plus de 20 millions d’utilisateurs, presque le quart de la population française. Six ans après sa mise sur le marché , 28 623 cas d’effets collatéraux, et 1885 suicides ou tentatives. Sans compter les actes de violences, trouble digestifs, éruptions cutanées, nervosité, insomnies, surexcitation, mais aussi somnolence. Pas mal, la roulette russe quoi. Une pilule et hop, avec un peu de chance on roupille (sauf au volant, quoique…), un peu moins on devient trop nerveux, et puis si on est carrément malchanceux on saute du 3ème étage….. Caricature ? Non, malheureusement bien réel.
Les scandales n’ont pas ralenti la consommation de cet antidépresseur. Envers et contre tout il reste le médicament sur ordonnance le plus dangereux du marché et il est remboursé à 65% par notre « chère » sécurité sociale. Le pire est que, depuis le 5 février 2008, cet antidépresseur, qui était jusque là réservé aux adultes, peut être prescrit pour les enfants âgés de plus de 8 ans, car selon l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), les études menées « ont montrés un bénéfice pour les patients ». La prescription de l’antidépresseur pour les enfants ne pourra se faire que par un psychiatre ou un pédopsychiatre (Ce qui ne nous rassure pas du tout), alors que pour un adolescent, elle pourra être faite par un généraliste.
On ne comprend pas bien la position de l’Afssaps, car d’un côté elle admet que le Prozac peut engendrer des effets secondaires désastreux, et de l’autre elle permet une prescription à des enfants et des ados. Cherchez l’erreur…. Mais si le Prozac est en chef de file des antidépresseurs dangereux, il est suivi de près par l’Halcion, le Rohypnol, et bien d’autres. L’Halcion, sans entrer dans le détail est un somnifère à base de Triazolam. « Détail » intéressant, la firme américaine Upjohn l’a massivement vendu dans 90 pays pendant 5 ans avant de l’écouler sur son propre territoire en 1982. En effet, les USA considéraient les citoyens des autres pays comme des cobayes sur lesquels leurs produits pouvaient être testés, avec l’assentiment des pouvoirs publics étrangers. En France il est apparu en 1988. Le Rohypnol est un anxiolitique extrêmement utilisé dans la pratique quotidienne, en cas d’insomnie et d’anxiété. Après une cure régulière, les patients ont du mal à s’arrêter. Ils sont accrocs comme avec une drogue illégale. Autre détail intéressant, depuis mars 1996, le Rohypnol est considéré aux USA comme une drogue car il est largement utilisé par les toxicomanes américains. En revanche, il n’est pas enregistré ni autorisé comme médicament dans ce pays, alors qu’il l’est dans une soixantaine de pays dont la France.
Cela souligne bien le flou artistique qui entoure la plupart de ces médicaments ….
En fait, on est tous responsables car on accepte une surmédicalisation de ces produits miracles. Bien sur que les laboratoires pharmaceutiques sont à blâmer, car ils ne sont intéressés que par le profit. Bien sur que les psychiatres, pédopsychiatres, et consorts sont à blâmer, car prescrire un antidépresseur reste une solution de facilité. Une angoisse, et hop une pilule… Bien sur que les médecins généralistes sont à blâmer car trop souvent démissionnaires devant des patients qui ne supportent rien et qui veulent oublier le stress de la vie quotidienne. Mais il n’en reste pas moins que si les gens refusaient en bloc ces produits en prenant en main leur santé, il y aurait moins de drogués légaux dans ce pays et donc moins d’accidents. Mais voilà, encore faut-il accepter d’être responsable avant tout, car le problème aujourd’hui est cette déresponsabilisation de chacun face à la vie courante.
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